Chapitre 22 : Négociations sous tension

Le petit groupe s'assit sur les places qui leur étaient réservées. Tamara prit place en bout de table, opposée à son adversaire.

« Résumons la situation. Nous avons tenté d'expérimenter une solution pour sauver notre pays du manque de naissances. Cette solution ne vous a pas plu alors vous avez décidé d'envoyer des bombes sur le Centre pour tuer tous ceux qui s'y trouvait. Résultat de cette opération, trois soldats et dix-neuf civils sont morts. Et vous voulez que nous vous accordions du pouvoir ?

-Je pense que vous résumez mal la situation monsieur le président.

-Ah oui, vraiment ? Pourtant, ce ne sont ce que vos actes laissent penser.

-Nous voulons la même chose au final, résoudre le problème des naissances et redonner à la France la paix qu'elle avait autrefois.

-Et vous avez une solution miracle ? Nous avons tout essayé madame ! Tout ! Si tout le monde était comme toi mon fils, tout serait tellement plus simple. »

En prononçant cette phrase, il porta son attention sur Lilian. Il était si fier de lui pour ne pas s'être laissé pervertir par le monde extérieur. Il était le meilleur fils qu'il aurait pu imaginer avoir. Il était si intelligent, si malin. Il était son héritier parfait.

« Qu'est-ce que tu veux par « comme moi » ?

-Intelligent, obéissant, hétéro... Normal quoi ! »

Ce fut la douche froide pour Lilian. Faire son coming-out était définitivement impossible pour lui. Il pouvait sentir le regard de celui qu'il aimait sur lui. Lilian n'osait même pas le regarder en retour, honteux de son père homophobe.

« Il est là le problème.

-Quoi ?

-Vous n'êtes pas tolérant, vous n'acceptez que les gens comme vous. Et c'est la même chose qui se produit entre les hommes et les femmes. Ils sont différents et ne s'acceptent pas. Les préjugés ont tué la relation entre les deux sexes. J'imagine que vous pensez que les homosexuels sont des personnes répugnantes et contre-nature ou je ne sais quelle connerie. Pourtant, vous en côtoyez sans même le savoir et vous ne pensez pas cela d'eux.

-Je ne côtoie pas d'homosexuel, votre exemple ne tient pas la route. »

C'était le moment. Lilian pouvait aidé la cause. Ce n'était pas de la manière dont il le souhaitait mais c'était ce qu'il pouvait faire de mieux : soutenir la thèse de la chef des Rebelles. Alors pris d'un élan de courage, il se leva et annonça haut, fort et distinctement :

« Moi papa. Je suis gay. »

L'expression du visage de son père traduisit l'étonnement. Il n'y avait pas vraiment d'énervement, juste de l'étonnement. Il remarqua également que le regard de son fils n'était plus porté sur lui mais sur un autre jeune homme de la pièce.

« Puis-je savoir qui tu es toi ?

-Logan Collin monsieur le président. » Annonça-t-il en se levant à son tour.

« Depuis combien de temps ?

-Je vous demande pardon ?

-Depuis combien de temps ça dure vous deux ? »

Logan ne sut pas quoi répondre sur le coup. Comment avait-il deviné ? Heureusement que son petit-ami vint à sa rescousse pour répondre à la question posée.

« Depuis le début, quand il était enfermé.

-Depuis ce fameux jour ou avant ?

-J'imagine avant. »

Le père de famille hocha la tête, une expression neutre au visage. Il ne paraissait pas énervé mais Lilian pensait simplement qu'il se retenait pour ne pas éclater de rage devant ses ministres.

« Vous deux asseyez-vous, on en reparlera plus tard. Madame Sinerine, je vous en prie, continuez. »

Les deux jeunes garçons obéir, appréhendant d'avance la conversation qui les attendait.

« Les femmes ont des préjugés sur les hommes qui se transmettent de génération en génération. Et le fait qu'il n'y est aucune femme au pouvoir va dans ce sens !

-Ce n'est tout de même pas de ma faute si les femmes ne sont pas élues !

-Nous ne pouvons pas nous présentez ! Les demandes pour se présenter sont toutes rejetées pour problèmes administratifs !

-Alors allez voir l'administration !

-Vous croyez que nous n'avons pas déjà essayé ?

-Madame, avez-vous une solution concrète à nous présenter ou non ? Je veux bien vous écouter mais si vous n'avez pas de choses concrètes cette entrevue est inutile.

-J'en ai une. » Affirma Lilian. Il avait beaucoup réfléchi au problème pendant le discours de Tamara et espérait que son père l'écouterait malgré son orientation sexuel.

Le président prit quelques secondes de réflexion avant de confirmer :

« Nous t'écoutons mon fils.

-Ce n'est qu'un début mais peut-être que la solution est simplement de partager les pouvoirs présidentielles.

-C'est-à-dire ?

-Avoir deux présidents : une femme et un homme. Comme ça, tout le monde serait représenté et personne ne se sentirait délaissé. Peu à peu, les femmes reprendraient confiances en le gouvernement. Et en collaborant, au plus haut niveau, entre les femmes et les hommes nous pouvons espérer qu'en bas niveau la même chose se produise : cela commencera sûrement avec de la simple amitié mais peu à peu chacun pourrait décider librement de son orientation sexuelle sans peur de jugement. Aujourd'hui, la plupart des enfants ne font que copier l'orientation sexuelle de leurs parents par crainte de se faire rejeter : la solution est d'enlever cette crainte en nous rassemblant, en nous acceptant les uns les autres. Elle est là la solution ! »

L'ensemble de la table se tut, réfléchissait à la proposition. Ce fut Logan qui cassa le silence le premier après seulement quelques secondes de silence en tapant dans ses mains. Il était fier du chemin qu'avait parcourue sa moitié depuis qu'il l'avait rencontré dans cette fameuse chambre.

Très vite, il fut suivis par l'ensemble du groupe des Rebelles, puis les différents ministres. Lilian devint alors rouge de honte et se rassit dans son siège avec un petit sourire de timidité.

« Je suis d'accord si vous l'êtes monsieur le président. Je suis prête à travailler main dans la main avec vous et l'ensemble du gouvernement.

-Avant que vous concluez l'accord j'aimerais dire quelque chose. » S'exclama Lisa en se levant. Elle avait réuni tout son courage pour le faire.

« Toutes mes condoléances pour votre père d'ailleurs. C'était un homme bon.

-Je sais qu'il n'est pas mort à cause de Cassie.

-Qu'insinuez-vous ?

-Elle n'avait pas visé un endroit vital, j'ai beau avoir eu extrêmement peur pour sa vie quand elle lui a enfoncé le couteau, avec le recul je sais que ce n'était pas elle.

-C'est pourtant de ça qu'il est mort d'après les rapports qu'on m'a transmis.

-Quelqu'un d'autre l'a tué. Je ne sais pas qui mais je compte bien le découvrir rapidement. Dans tous les cas, ce n'est pas de ça que je voulais vous parler aujourd'hui. Pendant l'expérience, il y a quelque chose dont vous êtes sûrement au courant qui m'est arrivée. J'aimerais vous raconter mon point de vue et j'imagine que les autres jeunes filles qui ont subis la même chose que moi ont le même.

-Je suis tout ouïe.

-Après qu'on m'est capturé à nouveau, M. Wilson m'a forcé à retourner dans la chambre qu'on m'avait attribué et avait ordonné à votre fils de mettre enceinte, peut importe le moyen. Comme je refusais catégoriquement, M. Wilson m-m'as attaché au lit par la force et- »

Lisa en perdait sa voix. C'était dur à raconter sans fondre en larme. Lisa sentait des gouttes sortir de ses yeux et descendre ses joues. Toute la table la regardait attentivement excepté Logan qui fixait sa moitié d'un air sévère tandis que ce dernier baissait le regard vers le sol. Logan avait du mal à croire que son petit-ami soit responsable de l'état dans lequel Lisa était quand Ezra, Candice et Cassie l'avait trouvé alors, avant faire quelque chose qu'il regretterait certainement, il attendait patiemment la suite de l'histoire. Lisa sentit la main d'Ezra arriver dans la sienne, cela lui redonna le courage dont elle avait besoin.

« Bien sûr, Lilian n'a pas cautionné cela et à refusé de me laisser comme ça. Mais M. Wilson la fait sortir de la pièce grâce à des gardes qu'il avait à sa disposition. Il ne restait plus que lui et moi dans la pièce et- »

Elle prit une grande inspiration de courage, serra la main d'Ezra un peu plus fort et balança une bombe :

« Et il m'a violé. »

La bombe était lâchée et tout était plus clair dans l'esprit d'Ezra : tout s'expliquait. Alors, dans un élan de rage, iel se jeta sur le violeur de son amie. Il le frappa et malgré les tentatives de défense de M. Wilson, il n'eut aucune chance. Au bout de quelques dizaines de secondes, deux militaires arrivèrent pour séparer les deux personnes.

« Espèce de garce ! J'ai bien fait de tuer ton père !

-S'il vous plaît mettez-le en détention. » Ordonna le président. Il se sentait mal par rapport à tout cela. Il avait autorisé cet homme à faire ces choses horribles, il l'avait laissé violer ces jeunes filles sans réagir. Quel monstre il était.

« Avons-nous un accord monsieur le président ? » Demanda confirmation Tamara.

« Nous avons un accord madame la présidente. » Accepta M. Briand en serrant la main de sa désormais partenaire d'affaire.

« L'entrevue est terminée. Madame, je vous donne rendez-vous dans mon bureau demain matin aux alentours de 10h pour discuter des termes de notre collaboration. Lilian, toi et ton petit-ami vous restez. Pour les autres, je vous remercie d'être venue et vous dis à bientôt. »

La table se vida de tout ses membres. Il ne restait que les trois hommes dans la pièce. Le couple se tenait face au président, la tête droite.

« Je suis désolé de t'avoir laissé penser que tu ne pouvais pas te confier à moi sur ce sujet Lilian. Tu es mon fils quoi qu'il arrive et je t'aime. Quant à toi, Logan Collin, brise le cœur de mon fils et tu le payeras cher. J'espère m'être fait comprendre.

-Tout est clair monsieur.

-Appelle-moi Thierry. Je dois vous laisser, j'ai une réunion. On se voit ce soir. »

Il partit sur ses mots après avoir embrassé le front de son fils. La vie de président devait être vraiment très dur. Partager le boulot n'était peut-être pas une mauvaise chose.

Les deux jeunes hommes se retrouvèrent seuls dans la salle de réunion. Ils se regardaient, sans oser casser le silence. Ce n'est qu'au bout d'une minute que Logan se décida enfin à parler et à exprimer ce qu'il ressent.

« Je suis désolé de t'avoir repoussé. C'est juste que je me sentais coupable pour Cassis, si j'avais été plus attentif, elle serait peut-être encore en vie.

-Tu sais que ce n'est pas de ta faute Logan.

-Oui je sais. Mais à ce moment-là, j'étais perdu et je doutais de moi. J-je suis tellement désolé de t'avoir mis de côté comme ça, je ne voulais p-

-Ne t'inquiète pas pour ça. Juste, ne me repousse pas la prochaine fois, d'accord ?

-Promis.

-Et je ne suis pas parti à cause de toi.

-Comment ça ?

-Je n'avais nul part où dormir après que Tamara m'ait viré du camp.

-Elle a fait quoi ?!

-Ne lui en veut pas. Je restait le fils de son ennemi.»

Lilian se rapprocha de Logan jusqu'à coller leurs fronts. Il pouvait entendre son cœur battre et sa respiration sur son visage tellement ils étaient proches.

« Lilian ?

-Hum ?

-Tu voudrais bien être mon petit-ami ?

-Je le suis déjà. »

Pour appuyer ses propos, Lilian colla ses lèvres sur celles de Logan. Elles commencèrent une danse endiablée qui dura jusqu'à ce que l'air commençait à manquer. Mais dès qu'il reprirent l'air dont ils avaient besoin, la danse repris. Logan porta Lilian et le posa sur la table de réunion. Les T-shirts volèrent dans la pièce dont la température paraissait de plus en plus chaude.

« On ne va quand même pas faire notre première fois dans une salle de réunion. » S'exclama Lilian après avoir réussi à s'éloigner des lèvres de son amant plus de quelques secondes.

« Et pourquoi pas ? Tu n'en as pas envie ? »

Lilian haussa des épaules et se relança à l'assaut des lèvres de son amant. Il en avait terriblement envie et son cerveau ne pouvait plus penser correctement. Tant pis pour le lieu romantique, mais le moment fut tout autant magique.

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