Était-ce un ou une adolescente ? Lisa était en plein doute et ne sut pas déterminer son sexe sur le moment. Cette personne avait les cheveux courts et portait très bien son bonnet rouge. Son jean était troué de partout - la mode me direz-vous – et son pull pourrait être une robe tellement il était long. Lisa remarqua aussi les badges et les autocollants qui décoraient son sac à dos, cela ressemblait à un style de rebelle.

En tout cas, elle s'assit sur un siège à l'avant du bus en adressant à peine un regard à notre Lisa, comme si elle avait l'habitude de prendre ce bus, comme si tout était normal.

Les portes du bus se fermèrent et on entendit le discours habituel. Lisa put voir des bras se lever au loin puis les ceintures se verrouiller.

Le trajet fut long, beaucoup plus long qu'habituellement. Lisa se sentait timide et vulnérable, elle essayait par tous les moyens de regarder cette personne avec la plus grande discrétion. Elle ne savait pas exactement pourquoi, mais elle avait envie de la regarder, de lui jeter des regards tout le temps, elle en tremblait. C'était une sensation étrange pour notre héroïne.

Au moment de la descente, elle fut la première à descendre. Et Dieu sait comment se fut dur pour elle de ne pas jeter un dernier regard à la personne derrière elle. C'était comme si tout son être voulait regarder une dernière fois cet inconnu. De loin, on aurait pu croire qu'elle courait tellement elle se déplaçait vite. Son seul objectif était de rentrer chez elle et au plus vite.

En passant la porte d'entrée de sa maison, elle entendu des cris, sûrement ses parents en train de se disputer à cause du travail de son père, cela commençait à devenir une habitude ces temps-ci.  Elle n'y prêta même pas attention et monta directement dans sa chambre.

Lisa pouvait enfin souffler, elle était dans son élément, dans son endroit à elle entourée de son monde. Elle resta bien au moins une heure allongée dans son lit sans bouger à réfléchir et rêver. Qui est-ce ? Pourquoi a-t-elle pris ce bus ? Pourquoi ne l'a-t-elle jamais vu au lycée ? Elle qui pensait connaître tout le monde, il faut croire qu'elle s'est trompée. Elle ne connaissait même pas cette personne, mais elle occupait déjà toutes ses pensées.

Pour s'occuper l'esprit, Lisa commença à regarder une nouvelle série. Et cela fonctionna : elle ne pensa plus à cette inconnu du reste de la soirée.

Mais son visage resta même encré dans son esprit toute la nuit. Dans ses rêves, cette personne la sauvait du méchant sorcier qui voulait sa mort. Un rêve, certes basique, mais extrêmement révélateur du coup de foutre qu'elle a eu pour ce fameux inconnu.

Le réveil du lendemain demanda un effort surhumain à Lisa. Elle s'était levée avec l'énorme envie de ne pas bouger, de se rendormir comme elle pouvait le faire un jour de week-end, mais nous étions un mardi ce qui signifie que c'était jour d'école à son plus grand désarroi.

La routine matinale se fit alors dans une lenteur inhabituelle pour Lisa, tellement qu'elle dût courir le sprint de sa vie pour avoir son bus. Elle ne cacha d'ailleurs pas sa déception quand elle vu que son mystérieux inconnu n'était pas là. Elle en oubliait même que Candice n'était pas là non plus. D'ailleurs, Candice ne vint même pas en cours ce jour-là.

Durant toute la journée, Lisa essaya de repérer ce mystérieux inconnu sans grande réussite. A chaque récréation elle observait autour d'elle remplie d'espoir, elle finit même par ne plus écouter un mot de ce que racontait ses amies. En fait, elle n'écouta personne de la journée, ni son professeur, ni ses camarades.

Mais alors que Lisa était plongée dans ses pensées, deux gigantesques hommes armés firent irruption dans la salle de classe.

« Il y a-t-il des jeunes filles se prénommant Lisa dans cette classe ? »

Les deux Lisa présentes s'échangèrent un regard de peur, qui sont-ils ? Et surtout que veulent-ils ?

« Oui, il y en a deux, Lisa Brajia et Lisa Martin, deuxième et troisième rang à droite messieurs.

- Ont-elles plus de 16 ans ?

- Elles ont toutes les deux atteintes les 16 ans cette année.

- Cela fera l'affaire, mesdemoiselles veillez-nous suivre s'il vous plaît. »

Effrayées, nos deux Lisa se levèrent de leurs chaises et ramassèrent leur affaire. Elles suivirent sans broncher les hommes armés qui les conduisirent dans un petit bus d'environ vingt personnes où était déjà installé une dizaine de jeunes filles qui devait avoir entre 18 et 30 ans. Elles prirent des places au milieu du bus, toujours sans un mot et soucieuses.

Le trajet fut long et silencieux. Toutes les jeunes filles affichaient une mine triste, certaines retenaient même leurs larmes. Elles savaient sans doute ce qui se passait ce qui ne rassura pas nos Lisa. S'ils n'y avaient pas eu les hommes armés à l'avant du bus, elles les auraient sûrement questionnées de milliers de questions.

Quand le bus s'arrêta enfin au bout de longues et ennuyantes heures de trajet, le rythme des battements du cœur de Lisa s'accéléra. Elle ne savait pas du tout à quoi s'attendre et espérait que son père arriverait bientôt pour la sortir de là.

Les deux hommes firent sortir toutes les jeunes filles du bus, aucune d'elles n'était attaché mais c'était tout comme, aucunes d'elles ne voulaient être là et on le savait à leurs expressions faciales très parlantes.

Devant elles se dressait un immense bâtiment moderne recouvert de peinture blanche et noir. Lisa pu affirmer qu'ils n'étaient là où travaillait son père, ce qui l'inquiétait d'autant plus.

Un homme en costume sortit du bâtiment, Lisa le reconnu immédiatement : il s'agit du président Briand, président actuel du pays et par la même occasion le patron de son père.

« Bienvenue mesdemoiselles, bienvenue dans votre nouveau chez-vous pour les mois à venir. »