Chapitre 12 : Un travail d'équipe

Pour comprendre comment nous en sommes arrivés là, il faut revenir trois semaines en arrière.

Les binômes de travail s'étaient remis au travail après le départ de leur chef. La coach était à fond, elle comptait bien sortir celui qu'elle considère presque comme son fils de la prison dans laquelle il était enfermé.

Les entrainements furent durs, pour tout le monde. Les jeunes étaient épuisés, la coach aussi. Mais ils ne pouvaient pas s'arrêter, sauver Logan était devenu la priorité.

Heureusement, le travail avait porté ses fruits : les binômes étaient tous sur la même longueur d'onde et arrivaient à combattre ensemble sans aucun problème. Chacun avait trouvé ses points forts, ses points faibles. Chacun savait les exploiter.

Cependant, il y eu un jour, un dimanche, où tout le groupe était pris d'un coup de mou immense. Leurs muscles et leurs articulations réclamaient du repos. Ainsi, après concertation, un jour de repos fut accordé aux apprentis combattants et à Maria, leur entraineuse.

Au départ, Lisa comptait le passer au lit, à ne pas bouger, à se reposer. Mais dès huit heures, une personne vint déranger son sommeil.

« Lisa ! Dépêche-toi ! On va à la piscine !

-A la piscine ? M-mais je ne comprends pas, on a le droit ?

-Officiellement ? Je ne pense pas, vu qu'on compte aller dans une abandonnée.

-Sans moi.

-S'il te plaît ! En plus ce sera l'occasion parfaite pour enfin te réconcilier avec ta meilleure amie.

-Elle ne veut plus entendre parler de moi, ça ne sert à rien Ezra.

-Tu n'es pas du genre à baisser les bras à ce que je sache. Je suis sûr que tu arriveras à trouver les mots justes.

-Qu'est-ce que tu en sais toi ?

-T'es mon binôme. Je te connais par cœur maintenant. Et en ce moment plus que jamais, tu as besoin de ta meilleure amie. »

Iel avait raison. Et puis, qui ne tente rien n'a rien comme on dit. Ne restait plus qu'à trouver un maillot de bain potable dans les affaires que sa mère avait ramené de chez elles.

En entrant dans l'immense studio de sa mère et sa copine, elle ne s'attendait pas à découvrir un bordel pareil. Il y avait des vêtements, des chaussures et des draps partout. Surtout, ne parlons de l'état du bureau. Elle ne pensait pas sa mère si bordélique, Tamara encore moins.

« Faudrait penser au rangement un jour !

-Demain on s'en occupe, c'est promis ! Répondit Tamara au loin.

-Tu ne saurais pas où sont mes affaires par hasard ?

-Premier placard dans le dressing. »

Sans même un merci, elle fonça dans la direction indiquée. Elle n'était pas encore tout à fait passée à autre chose concernant la relation entre elle et sa mère, après tout, elle n'était même pas certaine que son père soit mort et sa mère était déjà ouvertement dans une autre relation. Elle n'était pas très joyeuse vis-à-vis de cette situation. Bien sûr, elle voulait sa mère heureuse, mais elle aurait aimé qu'elle ne trompe pas son père, ou au moins qu'elle le respecte un minimum, avec une période de deuil par exemple.

Au plus grand malheur de Lisa, elle ne trouva aucun maillot de bain dans le placard, sa mère avait dû les oublier. Elle ne pouvait définitivement pas se rendre à la fameuse piscine sans un maillot, ce serait ridicule.

Il ne lui restait qu'une solution. Elle savait que Candice et elle faisait la même taille – bien qu'elle soit plus grande et plus fine – et cela pourrait même être l'occasion parfaite d'une réconciliation.

Ainsi, après une grande inspiration, elle toqua à la porte de la chambre de ses amies et manque de chance, c'est Cassie – anciennement Lisa – qui lui ouvrit.

« Lisa ! Tu viens avec nous ? C'est trop cool, on va trop s'amuser ! Viens, entre. »

Lisa la suivit alors dans la chambre. Cassie avait le droit à une chambre à elle seule puisque sa mère était la chef, ce qui faisait d'elle sa demi-sœur. Cela lui faisait toujours aussi bizarre, même avec le temps.

« Tu es venu pour quelque chose de spécifique ?

-Candice est là ?

-Tu t'es enfin décidé à lui pardonner ! Il était temps !

-Lui pardonner quoi ?

-Tu sais, le fait qu'elle m'avait laissé m'assoir à ta place et qu'elle est passée plus de temps avec moi qu'avec toi. Tu as enfin compris qu'on a simplement eu un coup de foudre.

-Je ne lui en ai jamais voulu pour ça ! C'est à moi qu'elle doit en vouloir pour avoir fait cette crise de jalousie ridicule. »

C'est le moment que choisi Candice pour sortir de la salle de bain. Évidemment, elle avait tout entendu. Aucun mot n'avait eu besoin d'être prononcé entre les deux amies, un regard suffit. Elles se prirent ensuite dans les bras, se serrant jusqu'à n'en plus respirer. Elles s'étaient manquées, elles avaient toutes les deux vécues des choses qui sortent de l'ordinaire, elles n'avaient eu personne à qui se confier, et ça leur avaient manqué. Elles avaient des choses à rattraper.

« Hum hum, je comprends la réconciliation et tout ça, mais ça reste ma copine donc on se sépare s'il vous plaît.

-Première crise de jalousie ? » Répondit Lisa.

« Faut croire. »

Toutes les trois rigolaient de bons cœurs, en oubliaient leurs problèmes. Les sourires qu'elles avaient au visage n'étaient pas réapparus depuis un moment.

« Bon tout ça c'est bien beau mais on va se baigner maintenant !

-Justement, à propos de ça, je n'ai pas de maillot de bain, vous n'en aurez pas un de trop ? »

Lisa regretta par la suite d'avoir posé cette question. Elle s'était retrouvée avec un bikini contenant très peu de tissu qui appartenait à Cassie. Il faut dire que ce maillot sur elle devant être magnifique et tout à fait son style mais pour Lisa, c'était un cauchemar. On voyait tout : sa cellulite, ses vergetures, ses cuisses trop grosses et j'en passe. Lisa n'osait même pas enlever la serviette qu'elle avait enroulé autour de son corps. Tous ces regards, tous ces gens, elle stressait.

« Tu ne vas pas recommencer ! Tu es magnifique dans ce maillot !

-N'importe quoi, je suis trop grosse pour porter ça. Je préfère les jeans et les pantalons, au moins on ne voit pas mes énormes cuisses, mes vergetures, ma cellu-

-Lisa ! Tout le monde ici s'en fiche de tes cuisses. Viens, on a des choses à se raconter je te rappelle. »

Après un autre moment d'hésitation, elle enleva sa serviette et se jeta le plus rapidement possible dans l'eau.

« Tu vas faire tomber tous les garçons par terre comme ça !

-Abuse pas Candice.

-Je suis sérieuse. Enfin même si on sait tous que ce n'est pas vraiment un garçon qui t'intéresse.

-De quoi tu parles ?

-Ezra. »

Lisa fit les yeux ronds, comment avait-elle deviné ? Jusque là elle avait pensé être discrète.

« Arrête, c'est tellement évident.

-Garde ça pour toi.

-Comme tu voudras, mais tu loupes quelque chose. »

Lisa se dépêcha ensuite de changer de sujet de conversation. Elles parlèrent d'ailleurs toutes l'après-midi, se racontant toutes les mésaventures qu'il leur est arrivé durant les derniers jours. Lisa raconta donc chaque détail de son séjour au Centre, de son père à Lilian.

« Tu en as bavé toi dit donc.

-C'est clair. Et toi alors, pourquoi tu n'étais pas dans le bus ce soir-là ? Et comment tu es arrivée ici ?

-Mes parents. Ils ont appris pour mon homosexualité, va savoir comment. Ils sont venus me chercher au lycée ce jour-là et j'ai passé le trajet entier à me faire gueuler dessus, j'en avais mal aux oreilles. Pour faire simple, ils m'ont viré de la maison. Ils m'ont dit : « Fais ta valise, pars et ne reviens jamais. ».

-Mais c'est horrible !

-Je dirais plutôt prévisible. J'avais espoir que ce moment arrive plus tard, mais un jour ils auraient su de toute façon. Enfin bref, ensuite, alors que j'errais dans les rues sans but précis, je suis tombée sur Tamara. Elle m'a reconnu puisque apparemment Cassie lui avait déjà parlé de moi. Elle m'a accueilli, et je ne la remercierais jamais assez pour ça. »

Elles échangèrent un sourire. Chacune venait de se libérer d'un poids.

« Maintenant, on profite ! »

Ainsi, la journée se finit en bataille d'éclaboussement en binôme - le travail n'était jamais très loin – ainsi qu'avec un magnifique coucher de soleil.

Ils rentrèrent ensuite tous au camp, sourire aux lèvres. Ce repos, ils l'avaient mérité et ils avaient profité. Mais ils savaient tous que le lendemain, le travail reprenaient, parce que malgré tout, quelqu'un était toujours prisonnier là-bas.

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