Sous le regard de France

Lorsque l'on entra dans la pièce principale du penthouse où se déroulait la soirée privée, je vis les neuf autres fans tirées au sort -toutes des filles bon sang !!- nous regarder intensément. Le reste des invités nous jetèrent également un rapide coup d’œil pour retourner aussi sec à leur conversation. Nous avions à peine avancé dans la pièce que je vis les neuf filles s'avancer vers nous -enfin plutôt vers Taylor à vrai dire- en gloussant comme des dindes.

- Taylor...waouh !

- Le voilà ! Taylor ! Taylor !

- Un autographe s'il te plaît ! 

- C'est bon les filles le beau gosse est de retour ! dit-il en leur adressant un sourire de crooner.

Je m'éclipsais discrètement dans un coin pour mieux le regarder faire son séducteur. Il souriait, serrait les mains et lorsqu'une des filles lui sauta au cou, il la posa gentiment et l'embrassa sur la joue. Une autre lui demanda de signer sur son tee-shirt au niveau de ses seins, une autre encore 
demanda un selfie et je me mis à penser : que c'est dur la vie de star, adulé et aimé de tous doit être vraiment compliqué !

Comme promis un peu plus tôt à Lucie, et pendant que monsieur la star draguait à tout va, je pris mon portable et fis de nombreuses photos de la pièce et de la soirée. En faisant un tour sur les invités et sur ce qu'il se passait, je vis que l'attaché de presse ne lâchait pas Dave d'une semelle et qu'ils se tenaient même la main ! Maintenant c'était sûr, ils étaient ensemble et ce n'était pas que des rumeurs. Je pus aussi voir qu'Oliver et Steve étaient accompagnés de leur petite amie respective et discutaient tranquillement un verre à la main. La soirée était calme pour le moment, les petits groupes d'invités étaient dispersés dans chaque espace de la pièce. Au bout de quelques minutes, je me dirigeai vers le buffet, plus précisément vers les boissons, mon portable dans une main et de l'autre j'attrapais adroitement une coupe de champagne. Lorsque je me retournais, mon regard fut attiré par Taylor qui s'était débarrassé de ses groupies et avait rejoint ses acolytes. Il était vraiment à tomber... Ses yeux croisèrent les miens au moment où je le reluquais discrètement -du moins j'avais pensé être discrète- et amusé il fit un signe de tête vers moi en souriant en coin. Je lui adressai un sourire timide en retour, puis je vis son doigt me pointer et me faire signe de venir vers lui. D'une démarche mal assurée, je m'approchais de lui et me retrouva rapidement avec le groupe au complet, leurs yeux figés sur moi.

- Les mecs, je vous présente France, dit Taylor.

- Salut France ! répondirent en cœur les membres du groupe.

Je leur adressais un petit signe de la main, un peu intimidée de me retrouver avec toutes mes idoles d'un seul coup. Je reportais ensuite mon regard sur Taylor.

- Elle te mange littéralement des yeux mon pote ! dit Dave avec une pointe d'amusement dans la voix.

- Ouais je sais, lui répondis Taylor d'un ton enjoué. Apparemment, je suis comme un fondant au chocolat, quand on me voit on a une irrésistible envie de me lécher...

Oh merde ! Par pitié dites-moi qu'il n'a pas dit ça devant tout le monde ?!

Heureusement Taylor ajouta rapidement : 

- Ah oui et j'ai trouvé mon guide pour visiter la ville ces prochains jours !

- Super ! Et qui est-ce ? Répondit Dave.

Taylor me prit alors par les épaules, me colla un peu à lui, puis baissa la tête tandis que je levais la mienne pour que nos yeux se croisent. Il me dévisagea avec un petit sourire malicieux aux lèvres qui me cloua sur place.

- France, commença-t-il. Tu veux bien être mon guide pour découvrir la ville ?

Je fus tellement surprise que je failli avaler ma salive de travers. Je ne m'attendais absolument pas à cette réponse ! 

Taylor continuait de me fixer en plissant les yeux comme s’il essayait de lire en moi. Je n'avais toujours pas donné de réponse et mon cerveau tournait à plein régime : Est-ce que je suis en train de rêver ? Est-ce que le mec que j’idolâtre depuis ma jeunesse vient sincèrement de me proposer  cinq à jouer les guides touristiques avec lui ? 

- Alors ? s'impatienta-t-il.

Il fallait que je me décide car j'étais en train de passer pour une cruche à ne pas répondre ! Mon cœur et ma petite voix me hurlait de dire oui, oui à cinq de pur rêve et de fantasmes inavoués. 

- Ok, je suis d'accord, répondis-je d'une petite voix.

Taylor m'offrit alors un sourire éblouissant, ses belles dents blanches m'attirèrent comme un aimant. Puis, il me lâcha et mon cerveau pu enfin remettre de l'ordre dans ses idées. Étonnement, à chaque fois que j'étais près de lui je me transformais en petite chose molle et incapable de réfléchir convenablement. Bon sang je venais d'accepter de passer cinq jours avec MON Taylor ! C'était complètement dingue et surréaliste ! Combien de filles au monde rêveraient d'être à ma place !

Je lui jetais un petit regard en coin pendant qu'il fouillait dans la poche arrière de son jeans et soudain je sentis mes joues chauffer et rosirent. Mes hormones, depuis bien trop longtemps en sommeil, 
commencèrent à se manifester à la vue de ce bel Apollon et je sentis au creux de mon ventre les petits picotements de désir et d'envie.

- Ok, alors donne-moi ton numéro de téléphone.

Je le lui donnai en tentant de dissimuler au mieux mes émotions, il le rentra dans ses contacts, m'envoya ensuite un message et mon téléphone bipa.

- Enregistre-moi.

Ce que je m'empressai de faire, après tout c'était exceptionnel d'obtenir le numéro personnel de Taylor Black !

Il me regarda faire la manipulation sur mon téléphone puis me planta là pour se diriger vers une petite table. Il grimpa avec agilité sur celle-ci et fit un signe au DJ, qui en réponse à son geste, augmenta le son d'une bonne dizaine de décibels. Mes oreilles se mirent subitement à bourdonner, Taylor mit ses mains en porte-voix.

- FIESTAAAA!! cria-t-il à l'assemblée qui se tenait à ses pieds.

Enfin l'ambiance fut lancée, l'alcool coulait à flot et tout ce qui suivit montrait bien une soirée organisée par des musiciens. Un peu intimidée par tant de démesure et soudain peu sûre de moi et de mon corps, je partis m'asseoir dans un coin pour 
observer tout ce beau monde danser et s'amuser. Les membres de groupe dansèrent avec leur moitié, leur verre à la main tandis que Taylor dansait un peu avec toutes ses fans. Il n'y avait pas de drogue, ni degroupies
 hystériques mais que des amis du groupes et leurs fans qui s'amusaient et se saoulaient. Plusieurs chansons passèrent, je battais du pied en rythme avec les différents tempos, et quand arriva un autre style de musique, je pus voir les hanches de Taylor se déchaîner et la fan qui l’accompagnait le dévorer
 littéralement des yeux. C'est vrai qu'il avait un sacré coup de hanche,
 maîtrisé et dynamique. Qu'est-ce qu'il devait être bon au lit ! 

Merde ! Je me flanquais une claque mentale pour me punir de ces pensées impures qui me venaient sans cesse lorsque j'étais près de lui.

Pour éviter d'avoir des pensées trop coquines, je reportais mon regard sur la fille qui dansait avec lui et pus constater qu'elle était aux anges, un sourire niais plaqué sur le visage et s’agrippant à Taylor comme une branche de lierre, mais certainement agacé par ce comportement,Taylorla dégagea
gentiment pour la remettre à bonne distance. Mon regard n'arriva pas à le lâcher une seconde, j'étais comme envoûtée par son déhanchement. 
Quand il se retourna dans ma direction, nos yeux se croisèrent, il me sourit et avec son index et son majeur me fit signe qu'il m'avait vu. Et merde ! Il fallait absolument que j'arrête de le dévorer des yeux. Je haussai les épaules, mais avec son index il me demanda de venir danser. Je lui fis non de la tête car je ne voulais pas me ridiculiser, puis regardais l'heure sur ma montre. 

Mince ! Il était déjà cinq heures du matin, je devais rentrer. Je me levais rapidement et à regret car j'aurai aimé rester auprès de mes stars, puis me dirigeais vers le vestibule pour récupérer mes affaires.

- France ? Tu pars déjà ? Tu veux qu'on te ramène ? me dit une voix désormais familière. Je perçu une petite pointe de déception dans sa voix douce.

Je fis volte-face, un grand sourire aux lèvres. 

- Je ne suis pas une star Taylor, je travaille lundi matin et je ne peux pas me permettre d'y aller la gueule 
enfarinée. Et non merci, je vais appeler un taxi.

Le son augmenta d'un cran et comme à toutes les bonnes soirées, je vis du coin de l’œil des couples se former. Indifférent à ce qu'il se passait derrière lui, il s'approcha de moi et me glissa à l’oreille :

- Je t'appelle, d'accord ?

Un petit frisson me parcouru la nuque lorsque je sentis son souffle chaud sur moi. Son parfum d'homme envahit mes narines et j'inspirais pour garder son odeur en mémoire. Je crus percevoir une esquisse de sourire sur sa jolie bouche mais il s'écarta de moi brutalement et repris en quelques secondes son masque de rock star arrogant et séducteur. Le Taylor doux et mélancolique que j'avais pu voir à certains moments durant toute la soirée avait disparu pour laisser place à ce masque de scène qu'il arborait quasiment non-stop.

- Ok pas de soucis, dis-je dans un souffle.

Je me reculais et restais bêtement devant lui quelques secondes, puis enfin, après un long soupir je m'en allais et appelais mon taxi. 

Quand j'arrivai enfin chez moi, fatiguée physiquement et émotionnellement de toute cette superbe soirée, je pris une douche, enfilais mon pyjama puis allais au lit. Mes rêves furent, sans surprise, hantés des souvenirs que j'avais de Taylor.

****************

Le lundi matin quand j'arrivais à la librairie, Jeremy et Lucie m'attendaient de pied ferme. Je savais que j'allais devoir répondre à un interrogatoire, surtout après avoir raccroché au nez de mon amie sans plus d'explications. Je franchis le seuil de la boutique et avant même que je ne puisse dire un mot, Jeremy me tendit le journal local et Lucie planta ses yeux dans les miens. 

- Je veux des explications jeune fille ! Et tout de suite, dit-elle très sérieuse en croisant les bras.

- Je suis désolée, je ne voulais pas... commençais-je pas trop sûre de savoir comment expliquer la situation finalement.

Lucie me sourit et ses yeux se remplirent de malice. 

- Je ne te parle pas du coup de téléphone.

Elle me montra le journal. 

- C'est quoi ça ?

Je pris le journal et commença à le lire. En première page on y voyait Taylor, à moitié tourné vers une femme qu’il tenait par les épaules. Je dus m'y prendre à deux fois pour reconnaître que cette femme n'était autre que moi ! Mon regard glissa sur le titre écrit en gros au-dessus de la photo :

Qui est cette jeune inconnue aux bras de notre beau batteur Taylor Black du groupe Ghost ? Sa nouvelle petite amie ?

Je levai les yeux, Lucie avait les mains posées sur ses hanches, ses sourcils froncés au maximum.

- Alors j'attends ?

- Tu ne vas pas me croire Lucie... 

Jeremy s'avança, prit Lucie par les épaules et ajouta plus doucement que sa compagne :

- Explique-nous et on verra. 

Alors je me lançai dans l'explication la plus irrationnelle et dont j'avais encore du mal à croire. Je vis les yeux de Lucie s'agrandir de plus en plus et sa bouche former un « o » de surprise. 

- Mon dieu France ! Mais c'est génial et vous vous revoyez quand ?

- Lucie... je ne sais pas et puis ce n'est pas sûr qu'il me rappelle. Après réflexion il a peut-être demandé mon aide pour avoir un sujet de discussion lorsqu'on était avec ses amis.

- Mais bien sûr que oui il te rappellera. Après tout c'est lui qui a pris ton numéro. Je suis sûre qu'il le fera et que ce bel Apollon a craqué sur toi ! 

Je haussais les épaules, la nuit m'avait éclairci les idées et je doutais désormais qu'une grande star comme lui fasse appel à une petite fan insignifiante comme moi. Après tout il pouvait avoir toutes les filles qu'il voulait pour lui faire visiter la ville !

Ne souhaitant pas poursuivre cette conversation, je filais dans l'arrière-boutique pour poser mes affaires et me mettre au travail.

**************

La journée avançait tranquillement mais longuement. Les clients qui venaient à laboutique 
chercher " L'Avenue de l'Est " me regardaient et me posaient la question "Est-ce que c'est vous sur la photo ?'"

Cela commençait à me mettre un peu mal à l'aise, mais je restais polie et souriante pour ne pas froisser la clientèle. Au bout d'un moment, je demandais à Jeremy si je pouvais aller dans la réserve ranger et classer les invendus de la semaine passée. 
Témoin du manège incessant des clients, il m'autorisa à m’éclipser et pris le relais des encaissements.

Cela faisait au moins deux heures que je travaillais à l'arrière de la boutique, très concentrée sur ma tâche lorsque la voix de Jeremy arriva à mes oreilles.

- Oh bon sang ! Regardez ce qui vient de se garer devant la boutique ! La vache il y en a qui ne perdent pas de temps. C'est la dernière Porsche Cayenne toute option, dit-il avec beaucoup d'envie dans la voix.

Je sortis alors de ma cachette et jetais un rapide coup d'œil à l'extérieur. 

Je stoppais net lorsque j’aperçus
 Taylor nonchalamment appuyé sur le capot de sa voiture de luxe. Jean délavé, polo dont la capuche était remontée sur sa tête et des lunettes noires pour ne pas être reconnu, il était à tomber par terre !

- C'est lui n'est-ce pas ? me demanda Jeremy.

Je hochais la tête sans détourner les yeux, encore un peu surprise de le voir devant la boutique alors que je pensais qu'il ne m’appellerait ou ne me reverrait jamais. Lucie et Jeremy me regardèrent surpris non seulement de voir une rock star devant la boutique mais pas n'importe laquelle celle du groupe Ghost.

- Taylor ? voulu vérifier Lucie.

Je hochais de nouveau la tête positivement tout en les regardant et Jeremy ajouta : 

- Allez ! Qu'est-ce que tu attends ? Prend ta pause et vas le voir. 

Je pris ma petite veste et sortis de la boutique. Je m'avançais vers lui, il m'accueillit avec un grand sourire.

- France, il faut qu'on discute un moment.

Son ton un peu froid me fit ralentir le pas, même s’il essayait d'atténué son ton avec son sourire. Il m'ouvrit la portière côté passager, attendit que je monte pour ensuite faire le tour du véhicule et s'engouffrer à son tour dans la voiture. 

Je posai mes mains sur mes genoux pour les empêcher de trembler et me calas le dos contre la portière pour pouvoir le voir. Lentement il se tourna également vers moi pour que l'on se retrouve les yeux dans les yeux, mon genou droit contre son genou gauche. Il passa sa main dans ses cheveux tout en cherchant 
visiblement ses mots. Il semblait nerveux, ce qui n'augurait rien de bon pour moi.

-Tu as vu la photo dans le journal ?

Je souris heureuse qu'il l'ait aussi vue. Franchement ce n'était pas tous les jours que j’apparaissais dans le journal local. Lui par contre ne semblait pas très content.

- Ne souris pas France, si ton nom arrive jusqu'aux paparazzis, tu ne seras plus tranquille. Ils te harcèleront jusqu'à ton travail, ils seront devant chez toi, tu ne pourras pas faire un geste ni un pas sans être harcelée de questions, traquée pour obtenir la meilleure photo de toi. Ces charognards fouilleront dans ton passé et ressortiront une photo
 embarrassante ou compromettante
 que toi-même tu as oublié. Crois-moi France, je sais de quoi je parle. 

A la fin de son monologue, mon sourire avait disparu. Merde je n'avais pas vu la situation sous cet angle. En même temps, qu'est-ce que j'y connaissais moi en star et en paparazzis ? Prenant doucement conscience de ce qu'il risquait de se passer si mon nom arrivait à leur oreille, une boule se forma dans mon ventre. Non je ne voulais pas être traquée et harcelée !

- Tu n'as cas démentir cette rumeur alors, tentais-je en réfléchissant.

- Parce que tu crois que ça marche comme ça ? En plus on va nous voir ensemble pendant une semaine. A ton avis quelles seront les prochaines rumeurs.

Je haussai les épaules, j'étais abasourdie et puis comment ça une semaine ? Je croyais qu'ils ne devaient rester que cinq jours.

- ça ne devait pas être que cinq jours ?

- Non. Il y a eu un changement de dernière minute, mais là n'est pas le problème France, me dit-il un peu durement.

Encore une autre facette de son comportement : autoritaire et impatient !

- Ok ! Que proposes-tu alors ? Si tu es venu jusque-là c'est que tu as une idée ?

Il prit une grande inspiration, posa délicatement sa main sur la mienne et me regarda de nouveau dans les yeux. Ils avaient pris une teinte douce et séductrice mais je pus aussi y déceler une lueur espiègle qui ne rendit un peu nerveuse.

Lorsqu'il ouvrit la bouche pour parler, j'étais loin, très loin de m'imaginer ce qu'il allait me dire.

- Viens vivre avec moi pendant une semaine et deviens ma petite amie.

Bêta lectrice MegWild
Corrigé loulllloute

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