One More Day (3)
Sous le regard de France
Taylor était assis en face de moi et me regardait fixement. Je le regardais en retour, le téléphone toujours collé à l'oreille. J'avais en face de moi l'homme qui avait bercé mes rêves d'adolescente et soudain je fis un bon en arrière de dix ans et me revis à cette époque, lors de leur premier concert. Je me revois faire la queue pendant des heures pour être la mieux placée, courir comme une folle pour être la première dans la fosse afin de les voir le plus près possible. Je me souviens des petites peluches atterrissant sur scène, des fans qui hurlaient leurs noms et jetaient des sous-vêtements à leur pieds. Je me rappelle des gouttes de transpiration que je recevais lorsqu'ils bougeaient -d'accord c'est un peu dégouttant mais on est une fan ou on ne l'est pas-, je me souviens aussi de mes petites mains que je tendais vers la scène, espérant être touchée en retour. Et si à cet instant je ferme les yeux, je peux encore entendre les hurlements et les sifflements des fans. Je revois aussi leur dernier concert, il y a cinq ans, Dave avait pris un soutien-gorge tombé à ses pieds pour le mettre dans sa poche, pendant que Steve accrochait un string à sa guitare. Et puis à un moment donné, le regard de Taylor avait croisé le mien. Un regard charmeur et envoûtant, un regard qui vous donne l'impression d'être l'unique, la seule. Le regard qui faisait que plus rien n'existait autour de moi, sauf lui. C’était aussi à ce concert que j'avais obtenu ses baguettes, lorsqu'il les avait lancées à la fin du show. Bien sûr, ça n'avait pas été simple ! J'avais dû lutter, sortir mes griffes et mes dents pour les obtenir, mais ça en valait vraiment la peine et aujourd’hui encore je les conservais précieusement.
Perdu dans mes souvenirs aussi beaux que lointains, je ne m’aperçus pas tout de suite que Lucie continuait de parler dans le vide.
- Allô ? Allô ? France tu es toujours avec moi ?
Sa voix légèrement agacée fini de me ramener dans le présent et à l'endroit où je me trouvais. Mais surtout en face de qui je me trouvais !
- Excuse-moi Lucie, je dois raccrocher, dis-je précipitamment sans jamais quitter Taylor des yeux.
- Quoi ? Ne t’avise surtout pas de me raccr...
Je n'écoutais plus la suite et coupais la communication avant que Lucie eu terminé sa phrase. Je rangeais mon téléphone dans la poche arrière de mon jean et entendis la seconde suivante la sonnerie m'indiquant un appel. Certainement Lucie qui n'avait pas apprécié que je lui raccroche au nez sans plus d'explication. Je l'imagine d'ailleurs excitée comme une puce et furieuse de ne pas savoir ce qu'il m'arrive.
Taylor n'avait pas bougé d'un millimètre et continuait de me regarder fixement assis sur son fauteuil. Seigneur qu'il était beau ! Avec ses cheveux bruns mi-longs, ses yeux noirs en amande, son tee-shirt noir en col V où on pouvait lire « Cachez vos filles, j'arrive. », un jeans délavé et une paire de converse rouge, il était la rock star et le bad boy le plus sexy de la planète. Un sourire coquin apparut au coin de ses lèvres, certainement avait-il vu mes yeux le détailler. J'avais encore du mal à croire que j'avais MON Taylor en face de moi et mon cerveau tournait en rond à force de réfléchir.
Il se leva d'un bond, et avança vers moi d'un démarche gracieuse et masculine tout en décapsulant une bouteille de bière qu'il me tendit une fois arrivé à mes côtés. J'étais captivée par ses yeux noirs d'encre, hypnotisée par ce visage aux traits parfaits et mis quelques secondes avant de réaliser qu'il attendait patiemment que je récupère la bouteille. J'arrachais mon regard du sien avec toute la volonté que j'avais et lui lança un timide merci. Mes mains tremblaient lorsque je tendis la main et même s’il avait remarqué ce détail, il ne fit aucun commentaire. Taylor alla ensuite s'accouder à la balustrade et je le suivi en m'approchant un peu de lui pour être certaine de ne pas rêver.
Incroyable ! C'était bien lui et non un sosie. J'étais enfin officiellement en train de vivre mon rêve. Je me rappelais de ce poster représentant les quatre membres du groupe et que j'avais accroché au mur de ma chambre. En premier plan il y avait Dave qui hurlait dans un micro. À sa droite, Oliver jouait de la basse. Devant lui Steve était à la guitare électrique. Et derrière eux, jaillissait une lumière qui faisait apparaître Taylor torse nu, une baguette dans chaque main, tapant sur sa batterie et sur une cymbale. La douce lueur que diffusait le penthouse à travers la baie vitrée et qui se répercutait sur Taylor me rappela se poster que j'aimais tant. Sur l'affiche, je me souviens aussi parfaitement des quelques tatouages qui étaient dessinés sur ses bras et de ses veines saillantes qui remontaient jusqu'à son coup. Il était beau comme un dieu. Combien de fois, allongée sur mon lit, j'avais contemplé se poster. Et maintenant il était là, devant moi, accoudé
nonchalamment à siroter sa bière. Soudain, il releva la tête et me sourit gentiment. Mon cerveau dérailla, ce mec avait une bouche à tomber
et deux petites fossettes firent leur apparition alors que ses yeux brillaient d'amusement.
- Salut, je m'appelle Taylor, dit-il d'une voix un peu rauque.
Je m’aperçus alors que c'était la première fois qu'il prenait la parole, jusqu'à maintenant il n'avait fait que me regarder silencieusement.
- Je... Je sais, répondis-je en bégayant.
Son sourire s'élargit.
- Alors on s'ennuie ?
Il s'étira lentement, sa silhouette mince et musclée s'approcha encore un peu plus de moi. Il me dépassait d'au moins dix centimètres, ce qui m'intimidait encore plus. Ses bras de batteur musclé menaçaient de faire craquer son tee-shirt et je le dévorais littéralement des yeux. Merde, il fallait que je réagisse avant qu'il ne prenne pour une petite midinette sans cervelle.
- C'est quoi ton petit nom ? enchaîna-t-il avant que je n’aie pu répondre à sa dernière question.
Même sa voix était à tomber. Des frissons me parcouraient le corps à chaque intonations et vibrations de sa voix.
- Euh...moi ?
Ben oui toi, qui d'autre ! me souffla ma vilaine petite conscience.
Il était si près de moi maintenant,
que nos coudes se touchèrent presque. Je pouvais admirer ses tatouages qui représentaient des rosiers grimpant comme du lierre sur ses bras. Au début de ses poignets, les roses étaient encore en boutons puis plus cela montait plus les fleurs s'ouvraient, jusqu'à l’éclosion totale des roses en haut de son épaule. C’était magnifique de les voir d'aussi près. Il me regarda étonné et amusé.
- Oui, toi. Je me suis présenté, même si apparemment tu savais déjà qui j'étais. Mais moi je ne connais pas ton nom.
- Ça se voit tant que ça que je t'ai reconnu ?
Idiote ! Tu en as d'autre des âneries pareilles ? Décidément ma conscience ne me faisait pas de cadeau ce soir.
- Oui, on dirait que tu as une folle envie de me dévorer... dit-il avec un clin d’œil.
Oh mon dieu ! Je le regardais comme Lucie regardait Jeremy. Je grimaçais face à cette constatation plus que désolante. Ayant visiblement remarqué mon trouble, il me dit :
- Il n'y a rien de mal, j'aime la manière dont tu me regardes.
- Je m'étais promis de ne jamais le faire, répondis-je moi-même étonnée par ma sincérité.
- Faire quoi ? demanda-t-il.
- De regarder un garçon comme une pâtisserie.
Il fût pris d'un fou rire qui me fit sourire. Waouh ! Je faisais rire Taylor Black !
- Alors quel est ton petit nom ? reprit-il une fois calmé de son fou rire.
- Françoise, mais je préfère que l'on m'appelle France.
Il me tendit la main et lorsque nos doigts se touchèrent et que nos paumes se frottèrent, un long frisson de plaisir me parcouru, du bout des pieds jusqu'à mon épine dorsale. Je le vis tressaillir légèrement lui aussi mais il se reprit rapidement et me demanda :
- Alors quelle pâtisserie aimes-tu, France ?
- La tarte aux fraises... non ...le tiramisu...non j'adore le fondant au chocolat. Celui qui une fois coupé, laisse le chocolat chaud s'échapper et se répandre dans ton assiette. A chaque fois, si je ne me retenais pas, je lécherais l’assiette pour effacer toute trace de cette merveilleuse pâtisserie.
Une image de lui et de chocolat fondu me vint à l’esprit. Je l'avais imaginé tellement de fois nu ... Oh mon dieu la honte ! Je devais avoir l'air d'une idiote ! Un grand sourire illumina son visage. Il leva sa bière, je fis de même avant d'entrechoquer nos bières.
- Au fondant au chocolat ! dit-il.
Je bus une gorgée de ma bière, priant pour que mes mains ne tremblent pas trop. J'aurai peut-être dû prendre un alcool plus fort, parce que parler avec une rock star demandait beaucoup de sang-froid... Non la bière était très bien, inutile de finir ivre et de vomir devant lui, ce serait la honte absolue.
- Qu'est-ce qui t'amène ici ?
Sa question me surpris quelque peu. Il le faisait exprès non ?
- Et bien je fais partie des dix gagnants au tirage au sort, finis-je par dire, pas très sûre de savoir s’il se payait ma tête ou non.
- Ah oui c'est vrai ! Le fameux tirage au sort. Et tu es contente d'être ici ?
- Oui... enfin non... euh...si... enfin.... C’est l'ambiance qui est un peu...
- Oui ou non, France ? me demanda-t-il en me regardant avec ses yeux ardents.
- Oui, répondis-je en soufflant.
Il se tourna vers la vue et regarda les lumières de la ville, il paraissait
soudain soucieux et mélancolique.
Ah ! Les rock star et leurs sautes d'humeur. Sur le net, il était considéré comme le dragueur du groupe, le tombeur de ces dames. Mais le garçon que j'avais devant moi ne reflétait pas du tout l’image qu’en faisaient les paparazzis. Il était sombre et mystérieux, et j'avais l'impression que son coté dragueur n'était qu’une façade.
- Dis-moi, je ne te regardais pas comme une pâtisserie, si ?
J'avais sorti la première phrase qui me venais pour briser le silence qui s'était installé, mais quand je réalisais ce que je venais de dire, je me mordis les lèvres.
Il se tourna vers moi et me sourit, son visage s'était brusquement adoucit.
- En fait... si ! dit-il avec un sourire joueur.
Oh merde quelle cruche je faisais.
- Où est-ce que tu travailles, France ?
- Dans une librairie à Montréal, mon patron est vraiment gentil et c'est aussi mon meilleur ami.
- C'est gentil d'être venu nous voir en tout cas.
Son changement de sujet me déstabilisa un peu et j'avais envie de lui répondre : "Imbécile ! Ça faisait dix ans que je vous suis. Cinq années de concert et cinq années à vous attendre, alors encore heureux que je suis venue ce soir !"
Il s'approcha de moi et me dit :
- Tu recommences.
- À faire quoi ? dis-je naïvement.
- À me regarder comme une pâtisserie.
- Oh... désolée.
- Alors, pourquoi es-tu venu ce soir ? me dit-il en changeant encore de sujet.
J'inspirai. Je ne pouvais quand même pas lui dire la vérité, mais comme j'étais une piètre menteuse il le verrait tout de suite.
- Je vous suis depuis le début en fait.
Mes joues se mirent à rosir.
- Une grande fan alors, dit-il en souriant.
Oui et de toi tout particulièrement, pensais-je.
- Oui une grande fan du groupe, préférais-je répondre à la place.
- Mmh...
- Dave va mieux ?
Il haussa les épaules.
-Ça va. Si tu veux savoir s'il a arrêté ses conneries, la réponse est oui.
Je le regardai avec un grand sourire aux lèvres.
- Donc cela veut dire reprise des tournées et des grands concerts ?
- On fait un break de cinq jours , on est posés ici. Dave nous a fait une extinction de voix.
- Ah zut !
- Tu connais bien la ville ?
- Je connais bien Montréal oui puisque j'y habite.
- D'accord, se contenta-t-il de répondre.
Un silence s'ensuivit, puis Taylor se redressa et regarda par la baie vitrée. Il m'indiqua l'intérieur du penthouse de la main, m'invitant silencieusement à rentrer. Je compris alors qu'il mettait fin à notre petit moment privilégié mais je n'en connaissais pas la raison.
Merci a ma super bêta-lectrice MegWild..
Corrigé par loulllloute merci à toi aussi 💘
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