10.
Elena.
Il est 10h du matin. Ils m'ont encore laissé là. Mes poignets sont bandés fermement et des menottes en plastiques recouvrent les bandages en me maintenant sur le lit. Si j'en oublie les médicaments, les piqûres, et les douches froides... dormir attachée est le pire. Cela fait déjà 4h que je ne dors plus et le médecin n'est toujours pas venu pour me détacher. Je suis ici pour la sixième fois de l'année alors je sais que l'appeler en hurlant ou bien essayer de me détacher aggraverait mon cas. Alors j'attends. Je n'ai pas faim mais je sais que mon corps à besoin de nourriture puisque mon ventre gargouille. J'observe le plafond entièrement blanc depuis 4h et je déteste ça. Ce silence. Me laisser seule et éveillée est mauvais. Je ne peux pas m'empêcher de penser et mes démons envahissent ma tête. J'ai mal. J'ai mal. J'ai tellement mal que ça m'en déchire l'estomac. Je me retiens un maximum car sinon, je vais exploser. Et... faire une crise à un jour de ma sortie serait vraiment con.
-Mademoiselle Brooks.
Le médecin Green déverrouille enfin la porte avant d'entrer. Je ne dis rien en contrôlant ma respiration. Il faut que je reste normale. Je dois paraître normale. Je dois sortir, j'en ai marre. Il ne faut pas que je reste un jour de plus ici. Green m'observe attentivement et je repousse mon angoisse au plus profond de moi pour qu'il pense que je suis bien.
Au bout de quelques longues minutes, celui-ci me détache enfin. Il détache les menottes et je me lève pour m'asseoir. Comme d'habitude, il me donne deux petites coupelles. Une avec deux cachets blancs et l'autre avec un plus gros cachet bleu. Ces médicaments me foutent en l'air. Ils m'assomment et avec, j'ai l'impression d'être tout le temps dans les vapes. Mais si je ne les prends pas, les médecins (dont Green) vont penser que je suis toujours aussi malade. Et ils vont me garder des jours en plus. Alors je tends le bras et je les prends pour les avaler, un par un. Green me tend ensuite un verre d'eau en plastique, parce-que oui... ils ont peur de me donner un verre que je pourrais casser. J'avale difficilement et je perçois le sourire satisfait du vieil homme.
Mes mains tremblent. Je les dissimule sous mes cuisses pour ne pas me faire voir. Je dois sortir un peu. Je ne peux plus rester dans cette chambre.
-Le programme est simple aujourd'hui. Infirmerie, déjeuner et psychologue.
Je hoche doucement la tête et je suis le docteur Green. Le couloir est blanc et totalement propre. Il y a encore cet horrible silence. Comme ces deux derniers jours, je vais à l'infirmerie pour qu'un des médecins désinfecte mes plaies et refasse mes bandages. Je me lave là-bas et je suis ausculter pour voir si j'ai besoin de plus ou moins de médicaments. Ma tête est lourde et je n'arrive plus à parler. Les médicaments que je prends sont trop forts.
Après ça, je vais déjeuner et la nourriture n'est jamais bonne. Les gens ne parlent pas beaucoup et je me retrouve toujours avec d'autres malades. Certains pires que moi. Et ça me fais peur. Et après avoir mangé, je vais voir une psychologue qui essaye de me faire parler. Mais je n'ai jamais compris ce concept. Pourquoi vouloir me faire parler ? Pourquoi raconter ma vie à une inconnue m'aiderait ? Pourquoi cette femme veut-elle tout savoir de ma vie ? Pourquoi veut-elle que je me lâche jusqu'à en pleurer ? Je ne le ferais pas de toute façon. Si je craque, je resterai ici. Et je ne veux pas rester, je veux sortir.
Puis il y a la fin de la journée, le moment où j'ai du temps libre avant de devoir aller dormir. C'est ce moment que je consacre pour parler avec ce garçon. Je n'ai accès à aucun réseaux sociaux, tous sont bloqués sur les ordinateurs de l'hôpital. Le site avec lequel je correspond avec ce Harry est un site éducatif, pour le lycée. C'est un des seuls où j'ai le droit d'aller. C'est alors le seul moment de la journée où mon cœur se met à battre parce-qu'il est amusé et non pour permettre à mon corps de survivre.
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N'hésitez pas à laisser vos avis en commentaires, zoubi !
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