Chapitre 42
Le temps est en suspends, on attends toutes les trois la réaction de mon père. Il a trois paires d'yeux sur lui, il sais qu'il va devoir faire attention à ce qu'il va dire sinon il risque de ce prendre deux paires de claques.
Il secoue un peu la tête, il revient enfin sur terre. Un sourire apparaît sur son visage, un sourire qui ce veut rassurant. Mais je sais très bien qu'il est faux.
-Waouh. Je ne pensais pas que ma fille pouvais finir avec une femme. Je suis surpris.
-Pas de mauvaise réaction ?
-Non. Luisa, je ne suis pas l'homme que tu penses.
Je lève les yeux au ciel, je sais qu'il ment. Je regarde maman, elle secoue un peu la tête et retourne sur son assiette.
-Sinon, ça fait combien de temps que vous êtes ensembles ? Demande mon père apprends un long blanc. Et combien de temps que vous vous connaissez ?
-On se connais depuis début Octobre, on s'est rencontrés à l'atelier de dessins. On a continuées à se fréquenter et on ne s'est pas lâchées. Et on est un vrai couple que depuis quelques temps.
-Vous faites un beau couple vous deux, dit ma mère avant que mon père continue son interrogatoire. Et vos personnalités ont l'air de bien coller.
-Merci maman.
Heureusement que ma mère est la tendresse incarnée, elle calme le jeu. Le repas continue, c'est surtout maman qui fait la conversation. Et elle permets de garder une bonne ambiance.
Je jette quelques coups d'œil à mon père, je vois bien qu'il a changé de regard sur Charlotte et moi, ce qui me dérange. J'irais lui parler plus tard, soit ce soir, soit un autre jour, histoire qu'il me dise le fond de sa pensée. Je ne veux pas rester sur des non-dits avec lui.
Bref. Je profite quand même de la fin de mon repas, le plat principale a bien descendu. C'était vraiment bon et on s'est tous resservis. Je pense que je vais prendre ça pour ce soir, ça ira très bien si ma mère n'a rien prévue. Mon père s'échappe rapidement avant le dessert, il prétexte un appel urgent à passer. C'est faux, puisque, sauf s'il a un contrat sur le feu, il ne bosse jamais les week-end, comme maman.
-Bon les filles, qu'est-ce que vous faites de votre après-midi ?
-On va regarder les photos de moi petite, faire un tour du propriétaire et je pense qu'on va profiter de la piscine.
-Je savais pas qu'il y avait une piscine. Tu me l'avais pas dit.
-C'était la petite surprise, dis-je en me tournant vers elle.
-Tu sais que j'ai pas pris de maillot ?
-J'en ai un pour toi dans ma valise.
J'entends ma mère rire un peu, ce qui nous fait la regarder.
-Bon les filles, je file. Profitez bien de votre après-midi.
-Merci maman.
Elle récupère les derniers couverts et elle sort de la salle à manger. Je me lève à mon tour, j'ai envie de retrouver le confort de mon lit. Charlotte me suis et me prends la main.
-T'as peur de te perdre ?
-Elle est grande ta maison. Alors oui, j'ai peur de me perdre.
-Ne t'en fait pas, tous les couloirs mènent ici ou dans le jardin. Moi aussi j'étais impressionnée, mais au bout de 48 heures, ça allait.
-Je te rappelle qu'on reste à peine 24 heures ici.
-Et je vais te coller aux fesses, ne t'en fait pas.
Elle pouffe de rire, je me mets derrière elle et je pose mes mains sur ses fesses quand nous sommes dans la chambre.
-Hé ! Mais ça va pas de me tripoter les fesses comme ça ?! Surtout ici.
-Je t'ai dit que j'allais te coller aux fesses.
-Pas comme ça chérie, dit-elle en se retournant.
-OK. Comme tu veux.
Je m'allonge sur mon lit et tape la place à côté de moi.
-On finit de regarder les photos ?
-Ouais.
Elle vient s'allonger à côté de moi et nous finissons de regarder les photos. J'ai un peu des photos de moi à 14-15 ans, je n'aime pas ma tête. On ne peut pas dire que j'ai souffert de l'acné ou que j'ai été ronde, mais j'aime pas ma tête. Je ne savais pas me maquiller, je ne parle même pas de mes cheveux que j'ai finie par faire couper très court parce qu'ils me saoulaient et je n'avais aucun sens du style. En 7 ans, j'ai beaucoup évoluée pour être la femme que je suis aujourd'hui.
-Ça va, t'étais pas moche à l'époque. T'étais même déjà très mignonne à 15 ans.
-Tu veux rire ou quoi ? Je me trouve si moche sur ces photos.
-On se trouve jamais beau sur les photos de notre enfance ou de notre adolescence, j'ai la même attitude quand je revois mes photos. Je me trouvais trop pâle, trop rousse, trop grosse, puisque j'étais un peu rondelette à l'époque. Bref, j'étais mal dans ma peau, jusqu'à ce qu'un garçon veuille de moi. Toi, t'as eu la chance d'être belle petite, ado et adulte.
Un petit sourire gênée me prends et je rougis. Personne n'avais dit ça avant, aussi sincèrement. Je regarde Charlotte, elle me semble fière d'elle. Nous continuons notre petite après-midi tranquillement, à papoter de nos enfances et adolescences. Parler de ça me permet de réfléchir de nouveau à mes ex, mais aucun n'est manipulateur, vraiment. On finis par s'allonger confortablement, mon ordinateur entre nous et nous regardons une série.
* * *
Un bruit me réveille, je ne m'étais même pas aperçue que je m'étais endormie. Je me redresse un peu, je m'étais endormie sur le ventre de Charlotte. Un nouveau coup se fait entendre, c'est quelqu'un qui toque à la porte. Je regarde ma copine, elle dort profondément visiblement, donc je me lève discrètement et je file voir qui est derrière la porte en baillant. Je suis surprise de voir mon père derrière la porte, je m'attendais à voir ma mère.
-Papa, qu'est-ce que tu veux ?
-Te parler.
-De quoi ?
-De plusieurs choses. Tu viens avec moi ?
-Ouais.
Je regarde vite fait Charlotte, elle dort encore profondément. Je ferme donc la porte en sortant de la chambre et je suis mon père jusqu'à son bureau. Je suis surprise, je ne pensais pas qu'on allait discuter dans son bureau. On s'installe dans le canapé de la pièce, je me tourne vers mon père.
-Alors, de quoi tu veux me parler ?
-Charlotte.
-T'es sérieux ? Qu'est-ce que tu veux me dire ? J'espère que tu vas pas l'insulter, dis-je en soupirant.
-Non. Je ne suis pas comme ça. Mais je voulais juste te dire que j'étais choqué que tu sortes avec une femme. Je te pensais hétérosexuelle, non pas lesbienne.
-Papa, je ne me considère pas comme lesbienne à cent pourcent. Je me cherche juste, je cherche avec qui je suis heureuse, avec qui je me sens vraiment bien.
-Mais pourquoi une femme ?
-Parce qu'elle est parfaite pour moi. Et si ça te dégoûte, j'en ai rien à faire. C'est ma vie.
-Luisa, une chose. Je ne suis pas dégoûté, arrête de croire ça. Ensuite, je suis seulement choqué. Je ne te pensais pas capable de te mettre avec une femme.
-Hé bah je le suis. Papa, je ne suis plus une petite fille, j'ai 22 ans, mes études se passent très bien et j'ai besoin de quelqu'un dans ma vie, comme t'as besoin de maman. Et pour moi, c'est Charlotte qui me plaît et me satisfais. Qu'importe ce que tu diras.
-Tu crois que je vais te forcer à te séparer et à aller avec quelqu'un que j'ai choisi ?
-Je te connais. Je te rappelle que ça fait quelques mois que tu insistes pour que je me fiance avec un homme que je ne connais pas.
-Et j'ai fini par comprendre le ''non'' catégorique que tu m'as souvent rabâché. J'ai contacté la famille qui m'avais proposé les fiançailles avec leur fils et j'ai dit que tu refusais et que j'étais de ton côté.
-Sérieux ? Pourquoi tu me l'as pas dit plus tôt ?
-Disons que ça m'est sortie de la tête quand j'ai su que ma petite fille était avec une femme.
-Une chose comme ça, ça ne s'oublie pas papa. T'aurais pu m'appeler ou bien me le dire quand je suis arrivée.
-Je voulais te le dire en face à face, à un moment calme.
-OK. En tout cas, merci d'avoir fait ça. Et s'il te plaît, ne te mets pas entre Charlotte et moi. J'aime vraiment cette femme.
-Ça va, je ne suis pas un monstre non plus.
-Presque, tu sais être insupportable.
-Ça veut dire que je suis un bon père si je t'embête. Mais je serais toujours avec toi ma puce.
-Je ne suis pas ta puce. Pas quand t'es infecte.
-Mais si.
Il me tire dans ses bras, je me laisse faire en riant.
-T'es mon petit bébé, ma petite puce. Même si je vois que tu deviens une vraie femme, qui a ses envies.
-Hé ouais, je grandis. Je prends en maturité.
-Je vois ça.
Il passe sa main dans mes cheveux, ça fait plaisir de le voir comme ça. C'est très rare les moment comme ça, où on parle et où on réussis à s'entendre. Et les papouilles, c'est rare aussi.
-Et Luisa, ne t'en fait pas, je serais toujours cool avec Charlotte. Y compris si elle a besoin d'aide pour un boulot ou une bêtise comme ça. Je ne vais pas me mettre entre vous deux. Je veux que tu sois heureuse.
-Merci papa.
Je me cale contre lui et il reprends ses papouilles. Je profite d'un bon moment avec mon père, puis je me redresse, me souvenant que Charlotte risque de se réveiller dans une maison qu'elle ne connais pas du tout.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top