Chapitre treize: les yeux sont le reflet de l'âme.

L'autre jour, quand j'avais demandé à Luke pourquoi il était là, il m'avait regardé avec des yeux mauvais, puis était partit, sans rien dire, surement énervé par ma question, qui ne l'aurait pas tué pourtant. Je l'avais regardé partir puis, je m'étais retourné vers Calum qui avait baissé la tête, et qui, à son tour était partit sans m'adresser la parole, même pas un au revoir, rien du tout, depuis nous n'avions pas reparlé, il m'avait juste évité quand j'allais vers lui: il me laissait.

C'était tellement étrange de ne plus avoir la chaleur de Calum juste à côté de moi quand je montais sur le toit, c'était tellement étrange de ne pas entendre son petit rire et de voir ses yeux se plisser alors qu'il souriait maladroitement, parce qu'il avait oublié comment faire. C'était étrange de s'asseoir et d'attendre que le monde passe, que le monde défile sous mes yeux impuissant. C'est étrange d'être seule, c'est un sentiment étrange d'être vide.

Les médecins me donnent des médicaments, parce que je fais un début de dépression et que je suis en sous-alimentation. Foutaise. Je ne fais pas une dépression, je n'ai juste envie de rien faire, je n'ai pas envie de vivre. Ils me forcent à manger, mais je refuse toujours, je n'ai pas envie de manger. Je n'ai pas envie de me forcer à avaler quelque chose, que je sais, rejeter quelques minutes ou bien quelques heures plus tard. Je n'ai plus envie de manger, ou du moins encore moins qu'avant, je n'ai plus envie de rien, je veux juste rester avec Ashton et ne rien faire.

Il était tard cette nuit là, et les infirmiers de garde n'allaient pas faire le rondes avant longtemps, je m'étais donc empressé d'aller sur le toit pour voir la forêt et la ville dormir, c'était un peu devenu un rituel de venir quand je n'arrivais pas à dormir, et cette nuit je n'arrivais pas à dormir. Je suis monté dans mon pyjama, des cernes apparentent sur mes yeux, des cheveux sales, qui me tombaient sur le visage, je suis montée et je me suis assise, et j'ai regardé le sol, je l'ai regardé un long moment. C'était haut, le toit était haut, vraiment haut. Si je sautais je ne survivrais probablement pas. Je l'ai regardé encore et encore, le trouvant de plus en plus attirant, comme si un aimant nous liait. Puis Ashton est apparu.

« Qu'est-ce que tu regardes Courtney ? » Me demanda-t-il en regardant le sol à son tour.

« Mon échec. » Soufflais-je bas.

« Quoi, quel échec ? »

« L'échec de ma vie. Dis, Ashton. Si je ne l'avais pas tué je ne serais pas là. » Je soupirai.

« Mais elle méritait de mourir, elle méritait de souffrir Courtney, tu as fait le bon choix crois-moi. » Il hocha la tête.

« Tu as fait le choix à ma place, Ashton. » Soufflais-je.

« Non, elle le méritait. » Cria-t-il se qui déchira mes oreilles.

Je plaquai mes mains sur mes mains alors que cette voix me répétait sans cesse elle le méritait, elle le méritait, elle devait mourir Courtney, ne doute pas des bons choix que tu as fait. Cette voix est la pire chose que j'ai connu, elle est froide, c'est celle que Ashton prend quand il est en colère, mais il y en a plusieurs des fois, elle me rabaisse, me plongeant dans le néant alors que je suis déjà au fond du gouffre, c'est ces voix qui me donnait encore plus envie de me tuer ce soir là.

« Sors, sors, sors ! Sors de ma tête Ashton ! »Criais-je en me tenant allongée sur le béton froid du toit.

Je me suis levée, toujours les mains sur mes oreilles, je les ai plaquée encore plus fort alors que mes pieds ne traçaient pas le chemin correctement demandé. J'ai marché jusqu'au bord et j'ai regardé le sol quelques instant. J'ai repensé à ma misérable vie, j'ai repensé à ma mère, à mon père -mort-, à la seule amie que j'avais, qui n'est plus mon amie. J'ai repensé à chaque échec de ma vie, chaque défaite et chaque bataille que j'ai menée. J'ai repensée à ma maladie, à mon cœur qui battait de moins en moins vite, qui s'affaiblissait, et qui bientôt, s'arrêtera de vivre.

J'ai mis un pied dans le vide, mais au moment de mettre le deuxième quelqu'un m'a tiré vers l'arrière, et j'ai voulu crier, mais une main se plaqua sur ma bouche, m'empêchant d'arrêter Ashton qui continuait. Je pensais d'abord à Calum alors je me suis accroché à lui comme si ma vie en dépendait -ce qui était le cas-, et je l'ai supplié de faire sortir Ashton de ma tête. Je me suis accroché à lui, et j'ai relevée la tête parce qu'il ne me disait pas les doux mots qu'il m'aurait dit avant. Luke.

Merde.

Il a prit mon visage entre ses mains et a plongé son regard océans dans le mien.

« Écoute moi Courtney, écoute moi attentivement, ne quitte pas mes yeux une seconde, d'accord ? Ne les quitte pas, ne les lâchent pas, ne pense qu'à eux, ne pense qu'à leur couleur. Ashton n'est pas vraiment là Manson, il est simplement dans ta tête et si tu veux qu'il parte il partira. Tu auras juste à fermer très fort les yeux et à chuchoter d'un ton calme je veux que tu partes. Peut-être qu'il ne partira pas très longtemps, mais quand il te dit ces choses blessante qui te font mal, au plus profond de ton cœur pense à mes yeux, pense à leur couleur océan, et répète le plus calmement possible je veux que tu partes. Et à ce moment là il partira, pas pour toujours, mais il te laissera et se rendra compte qu'il t'a blessé. » Mon visage était encore entre ses doigts, et il le tenait fermement, me regardant dans le plus profond de ses yeux. « Alors, je vais lui dire quelques chose à Ashton. Je veux que tu l'as laisse tranquille. » Et les voix partirent au plus profond de ma tête.

On dit souvent que les yeux sont le reflet de l'âme, ce soir là j'ai vu les étoiles de Luke s'éteindre pendant qu'il me parlait.

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