chapitre 75 : la tombe de Dallas
NASHVILLE
- "Ceci n'est pas un exercice, ceci n'est pas un exercice. Veuillez rejoindre vos abris anti-bombardement le plus proche au plus vite. Ceci n'est pas un ex..."
Soudain, la voix robotique de l'alarme s'arrêta. Nash, qui était en train d'aider à faire sécuriser la salle, renversant les tables pour construire des petits abris, releva le bout de son nez vers le couloir principal qui menait à la sortie. Plongé dans l'obscurité, n'ayant plus que la lumière verte des sorties de secours pour s'éclairer, il était figé.
Et puis une secousse. Ce n'était rien, mais cela suffisait à faire monter de la foule un petit cri de détresse. Par automatisme, il regarda autour de soi pour trouver Nala, après tout, celle-ci avait eu une terrible réaction rien qu'en entendant des tuyaux tomber d'un camion, qu'en était-il de véritables bombes ?
Mais la jeune femme était déterminée. Sans aucune peur, elle aider à monter les obstacles et à rassurer les gens.
Fallait-il avoir vu l'horreur absolue pour être effrayé du calme et être calme lorsque la peur fracassait son toit.
Littéralement, en l'occurrence.
Une autre secousse se fit, cette fois-ci plus violente encore que la précédente et par instinct, tout le monde se baissa au sol. Nash fit un signe à Nala et ensemble, vinrent s'asseoir sous une masse de tables, afin de se protéger.
Quand la foule se tut, on pouvait entendre les alarmes des voitures se déclencher dehors, ainsi que des cris.
Des cris.
Un frisson parcourra l'échine de Nash et il se tourna vers Nala qui s'attachait furtivement ses cheveux en une queue de cheval haute.
- Bonnie ?
- Elle sera en sécurité aux abris militaires. Elle sera en securité. Oui.
Même si elle tentait d'être ferme lorsqu'elle répondit, il vit qu'elle n'arrêtait pas de jeter des coups d'yeux furtifs sur l'écran de son téléphone. Il le lui prit doucement des mains, l'éteignit et lui chuchota.
- ça ne durera pas longtemps.
Comme pour faire écho à sa voix, un vrombissement de moteurs se fit au-dessus d'eux. Un son connu pour les deux anciens militaires qui annonçaient la venue de leur propre aviation de défense.
Crissant et puissant, il fit trembler l'édifice au point où la lumière des sorties de secours faisait étinceler la poussière qui tombait des plafonds.
- Il fallait bien que ce jour vienne, non ?
- Oui. Malheureusement.
- On est tous ici à connaître les armes à feu par cœur... Mais quand la guerre vient, on se cache tous sous des tables.
Le dédain de Nala fit taire Nash qui ne fit que la regarder. Il déglutit silencieusement face à son visage abattu et se mordilla le bout de la lèvre pour ne pas tendre la main vers elle et lui essuyer la mèche rebelle qui lui refermait la joue.
Il avait déjà essayé de l'embrasser, il ne manquerait plus qu'il fasse ça.
Qu'est-ce qui se serait passé si l'alarme à la bombe ne s'était pas déclaré ? Qu'est-ce qu'elle aurait dit ?
Voulait-il vraiment le savoir ?
Cependant, Nash ne revint pas sur le sujet. Pour l'instant, il était sous une table avec elle. Pour l'instant son bras frôlait le sien.
Pour l'instant, il la protégeait. Et c'était tout ce qui comptait.
Il tourna brièvement le bout du menton vers la manche de sa chemise et marmonna, à peine audible, comme s'il ne voulait pas élever la voix sur les bombes qui retentissaient dehors.
- Tout ce qu'on peut faire pour l'instant, c'est attendre.
Oui. Attendre.
***
Sa cravate en mains, les cheveux ébouriffés volant au gré du vent glacial, Nash resta figé en plein milieu de la route. Il ouvrit ses paumes et des flocons vinrent se poser avec délicatesse sur sa peau.
Seulement, ce n'étaient pas des flocons. C'étaient des cendres.
Dallas était en cris. Dallas était en pleurs.
Dallas brûlait aux sons de la terreur.
Ils avaient passé toute la nuit, cachés dans la salle de réception et à chaque fois, les bombes semblaient se rapprocher de plus en plus d'eux. Nash avait même cru l'espace d'un instant que quelque chose allait s'abattre sur eux, au bout d'un moment... À présent, il voyait ce que c'était. Ce n'était nul autre qu'un hélicoptère de combat qui était venu s'écraser sur l'un des immeubles... Embrasant ainsi la ville encore un peu plus.
Bloquant la route parsemée de débris de béton et de voitures enflammées, les hélices encore un peu battantes de l'engin de guerre soulevaient des épais nuages de cendres.
Pourtant, tel un zombie, Nash avançait. Tout le monde partait en criant et en courant et lui il avançait.
Après s'être assuré que Nala rentrait chez elle s'assurer que sa famille allait bien, il avait pris la direction opposée pour pouvoir aider les gens dans le besoin...
Mais à peine sorti et le jeune homme ne savait pas par où commencer.
Le chaos était omniprésent. Il n'avait jamais aussi bien porté son nom qu'en ce jour là.
La seule chose qui avait disparu... C'était la comète ensanglantée du ciel. Plongée dans le pénombre, la ville n'avait plus que le feu pour s'éclairer. Un feu ravageur qui devait se voir depuis l'espace.
Nash revint à lui lorsqu'il se fit bousculer par des furies hystériques et tandis qu'il était en train de se masser l'épaule, il remarqua que l'hélicoptère enflammé réagissait de plus en plus au contact de la chaleur.
Il recula de quelques pas, mais au moment où il se tourna, l'explosion éclata avec tellement de véhémence que sous l'onde de choc, Nash fut propulsé jusqu'à la portière d'une voiture.
La douleur ne le fracassa qu'au bout d'une seconde entière sans respirer. Figé dans l'espace temps, le jeune homme ne sentit plus rien, n'entendit plus rien, quant à voir.... Tout ce qu'il voyait, c'était des ombres dansantes, des couleurs abstraites qui se bousculaient devant ses yeux.
Puis vint la douleur. Aguisée et monstrueuse, elle lui arracha un leger cri alors qu'ik se laissa glisser jusqu'au sol recouvert de décombres. Le visage plaqué contre des graviers ardents, les lèvres parsemées de suie et de cendres, Nash rampa en se tenant le flanc. Nul mot sortit de sa bouche, que des étouffements ensanglantés.
Et quand il se roula sur le dos pour reprendre son souffle, ses mains toujours sur son flanc, il sentit quelque chose humidifier le bout de ses doigts.
Ainsi qu'un bout de métal.
Paniqué, Nash tenta du mieux qu'il pouvait de se redresser sur ses coudes, mais c'était bien ce qu'il croyait. Il se souvenait de cette douleur. Il se souvenait du malheur.
En plein dans le rein.
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