chapitre 42 : le monde est bien trop petit, le Texas encore plus
NASHVILLE
Créer des armes pendant une période de clause anti-inimité, n'était pas si compliqué que ça. Il suffisait d'aller voir une autre grande tête de compagnie, de leur proposer une collaboration et voilà, le tour était joué.
C'était d'autant plus simple pour Nash, qui était parmi l'une des personnes avec qui tout le monde voulait travailler.
Les armes qu'il créait figuraient dans la liste des plus fonctionnels du monde entier. D'ailleurs, personne ne comprenait pourquoi la compagnie mère ne voulait pas se tuer corps et âme pour le garder et se plier à ses exigences.
Alors quand Harison McKay, dirigeant de la compagnie d'armes à feu McKay, avait eu l'extrême honneur de savoir qu'il était l'homme avec qui il voulait travailler pendant la déchirure de la compagnie Glock, il avait sauté sur l'occasion en moins de deux.
Depuis son au revoir avec Nala, Nash ne faisait que deux choses : travailler et aller se défouler chez Billie. C'était très bien comme ça. La douleur avait même fini par disparaître. Il n'y pensait plus du tout. Enfin, ça, c'est ce qu'il essayait de se convaincre. Il n'en parlait même plus avec Billie et petit à petit, au fur et à mesure des jours, il se surprit même à passer un bon temps avec son ex. Ils parlaient plus, riaient plus... Pourtant, pour eux deux, les sourires sincères avaient déjà depuis longtemps disparus de leurs fonctions motrices.
Mais pour Nash, le bonheur est toujours de très courte durée. Il n'y a jamais un instant où il allait pouvoir profiter pleinement de ce que tout le monde rêvait d'avoir si on était à sa place : l'argent, les femmes et la gloire.
Et c'est toujours les femmes qui viennent tout détruire.
Là, ce fameux jour de pluie et de vent, ce jour où il ne se sentait déjà pas bien à cause de toute la bureaucratie à laquelle il avait dû faire face et cette marrée d'hommes d'affaires et leurs voix condescendantes... Parmi ce déluge d'ennui et de fatigue... Il y avait elle.
Nala.
Elle était tel un rayon de soleil... Un vrai rayon de soleil, pas au sens cucul du terme, non, elle était puissante et nocive en même temps. Un poison qui s'injecta dans ses veines et réveilla toutes les douleurs qu'il avait pourtant mis un bon mois à enterrer parmi toutes les autres. Chaleureuse, oui, magnifique à souhait, oui... Mais dangereuse. Une tentation à la peau laiteuse aux teints halées et dont les yeux bleus pouvaient perforer l'acier. Avec cet uniforme de Sergent-Major et l'attitude qui allait avec, elle avait un réel éclat de froideur qui le fit questionner. Pourtant, en dessous de ces épaisses couches de glace et de véhémence, il savait qu'elle était là, cette femme resplendissante au rire léger et au toucher rassurant... C'était de cette femme-là qu'il avait peur, auprès de cette femme-là qu'il appréhendait chacun de ses mouvements.
En bref, quelques secondes d'échange de regards et il avait déjà été anéanti à l'état de cendre.
Le fait qu'il allait travailler dans cette base, avec elle, pendant encore quelques jours, le remettait en doute. Il ne savait même pas s'il était l'homme le plus heureux du monde ou s'il devait juste prendre l'une des armes qu'il venait de créer pour se tirer vite fait une balle dans le crâne. Et pourtant, il s'y abstint. Il guettait le moindre recoin de couloir, le moindre grade, la moindre chevelure jais afin de recevoir encore l'un de ses sourires irradiants. Oh et puis merde, autant souffrir jusqu'au bout, non ?
Le soleil atteignit justement son zénith quand il prit enfin congé de toutes ses affaires. Il était tellement fatigué qu'il se demandait s'il avait un jour dormi... C'était très peu le cas ces derniers temps. Il étouffa donc un bâillement dans le pli de sa chemise et enleva sa veste de costume afin de se donner un peu de liberté. Peu importait, si c'était taillé sur mesure, il n'avait jamais été aussi enfermé dans un vêtement de toute sa vie. C'était comme une étiquette, une étiquette à 5000 dollars dont les plus grands stylistes y ont mis du leur, mais une étiquette quand même. Il desserra sa cravate bleu marine assortie et pris une grande inspiration avant de se diriger vers la salle de bains de la nouvelle base militaire.
Alors qu'il se glissait entre les différents militaires occupés qui lui adressèrent quand même un regard respectueux, il passa devant une pièce ouverte. Sentant quelque chose de vraiment suspect, il revint sur ses pas et retrouva son soleil irradiant et...
Putain, mais non...
Là, c'était juste certain, quelqu'un s'amusait à tirer des ficelles vraiment machiavéliques, au-dessus de lui.
Billie.
Les deux femmes étaient en train de tranquillement prendre un café, discuter ensemble... Comme deux vieilles copines d'Académie.
Nash était tellement paralysé qu'il ne remarqua même pas que Nala s'était tourné vers lui et le salua.
Non, non, non, non !
Il aurait bien voulu s'enfuir, mais il était déjà trop tard pour ça. Billie regarda le geste de la jeune femme d'un air complexe et après avoir posé ses mains sur ses hanches moulées sous son uniforme militaire de Capitaine, elle demanda, le sourcil arqué sur ses yeux de biche.
- Nash ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?
Oui, qu'est-ce qu'il foutait là ?! Courir serait ridicule. Il essaya donc d'expirer tranquillement et alors qu'il rentre dans la pièce d'un pas hésitant, il passa sa main dans sa nuque qui commençait à se couvrir de sueur.
- Et vous... Vous connaissez ? Ah, mais oui, je suis bête ! Jay !
Nala aussi, commença à ressentir le malaise, elle remonta une main gênée sur son bras et continua dans la même vibration enjouée de voix.
- Et vous deux... West Point, j'en conclus donc ?
- Oui, nous étions...
- Amis ! On était amis, Nala, Billie était mon amie.
Pourquoi il disait une chose pareille ? Mais c'était un cauchemar, il allait se réveiller ! Billie plissa ses yeux et il savait que là, il allait se faire griller. Quand elle faisait ça, c'était comme si elle savait lire dans l'âme des personnes qu'elle analysait. Et là, Nash était une véritable méduse, on voyait tout à travers sa nervosité alors ses yeux arrêtèrent de se faire petits et étaient à présent grandement écarquillés. La jeune femme au grade de Capitaine se tourna avec désarroi vers Nala qui se contenta de siroter bruyamment sa tasse de café pour briser le silence, et s'excusa.
- Il faut que je file, Nala, on se revoit au briefing.
- D'accord mais...
Elle n'avait pas le temps de contre argumenter, car Billie avait déjà tiré Nash dehors. Ses doigts fermement noués autour de son poignet, elle l'embarqua dans le couloir avant de bifurquer sur la droite dans une petite pièce discrète de laquelle elle ferma la porte. Elle se tourna, hors d'elle, vers lui et s'écria.
- Elle ?! Elle ?! Non mais tu te moques de moi ?!
- Billie, je t'en supplie, juste baisse d'un ton !
Au lieu de ça elle porta ses mains à sa tête et commença à tourner sur elle-même.
- Mais putain, Nash, quand tu disais compliqué, je croyais une employée de ton travail, une femme mariée... Mais elle, non seulement elle est prise, mais c'est...
- Je sais qui elle est, Billie, putain, je le sais, je t'avais prévenu que c'était infect, comme situation !
Elle s'arrêta brusquement de tourner et revint se planter face à lui, l'œil si fou que ses pupilles étaient quasi invisibles. Elle pointa son doigt sur son sternum et se contenta simplement de siffler entre ses dents serrées.
- T'as merdé. T'as merdé grave. Elle a une enfant, Nash, une enfant ! On ne touche pas aux enfants ! C'est déjà assez mal ce que toi et moi faisons, mais on ne détruit pas de vies, à nous deux ! Mais elle, cette petite elle ne mérite pas ça ! Toi, plus que n'importe qui devrait savoir à quel point c'est important pour un enfant d'avoir une famille stable ! Et toi tu arrives comme... Comme je sais pas quoi, et tu me parles d'amour ?
Sentant l'agacement l'atteindre, il feula à son tour.
- Hey, ne me parle pas de ça, ok ? J'aime cette petite, je l'aime vraiment !
- Mais Nash, c'est pas à toi de l'aimer ! C'est quoi ton problème ?
Nash releva son visage au plafond et croisa ses bras derrière la nuque. Tous ses efforts, tout ce pour quoi il se battait... Pourquoi, mais pourquoi fallait-il que ça lui arrive ? Mais ce n'était pas fini... Billie avait encore du venin d'outrance à cracher. Un petit air de dégoût et d'horreur traversa son visage quand elle lui demanda.
- C'est par vengeance, c'est ça ?
- Quoi ?
- Pour tout ce que Jay t'as fait ? Tu veux te venger de lui ?
- Mais non !
- C'est encore pire... C'est un paiement ! Tu veux recevoir ta récompense pour tout ce que tu as fait en échange !
- Putain, mais tu t'entends parler ?!
- Avoue-le ! Avoue que tu n'aimes cette femme que pour ça !
- Ferme-là !
Nash avait crié si fort que Billie en sursauta. Il en haletait même. Ses yeux se voilèrent de larmes de colère et il se rapprocha d'elle pour murmurer, la voix empreinte de lourdeur.
- Tu ne sais pas de quoi tu parles. T'es juste jalouse parce que je ne t'aime pas.
- Ça n'a rien à voir !
- Au contraire. Tu sais quoi, Billie ? Voilà pourquoi ça n'aurait jamais marché entre nous ! Tu voulais que je sois tout à toi, que je t'appartiennes à 100%, comme une putain de poupée que tu pouvais juste te trimbaler partout où tu allais, parce qu'être avec moi, te faisais sentir importante !
Ses mots étaient comme la foudre. Il voyait qu'elle se blessait, il voyait la douleur dans son regard, mais il n'allait pas s'arrêter.
- Et le moment où je te donnais pas ce que tu voulais, que tu recevais pas de réponses à tes questions... T'es allé faire quoi ? Baiser avec l'autre enculé !
- Je t'interdis de me parler comme ça...
- Comme quoi ? Comme une salope ?
Il ne vit pas la gifle venir. Il se la prit si violemment que sa tête en tourna au quart de tour.
- T'es qu'un connard, Nash ! Mais tu sais quoi ? Ça ne me surprend pas vraiment... Des mecs comme toi, il n'y a que ça, dans le monde ! Des sales connards égoïstes !
Elle le bouscula du bout de l'épaule et s'en alla, ses yeux d'habitude pétillants de vie, embrumés de larmes de douleur et de colère. Il attrapa le premier objet qui lui vint sous la main et le balança si fort contre le mur que le bruit en fut strident. Quelle journée de merde !
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