chapitre 29 : une nouvelle douleur
NASHVILLE
Ni Nash, ni Billie dormaient. Et pourtant, chacun faisait semblant, roulés de leurs côtés du lit. Pour Nash, qui détestait parler de lui, savait très bien que la soif de savoir de sa... Compagne régulière, disons ça comme ça, allait lui tomber dessus d'un moment à un autre et il essayait de retarder ça le plus longtemps possible. Pour Billie, elle essayait de garder sa langue pour elle, ayant peur de devoir faire face à un mur, celui à qui elle faisait face depuis qu'elle le connaissait. C'était assez difficile cependant d'ignorer alors qu'à chaque toucher de son flanc, il grimaçait de douleur, tant ses nerfs étaient encore à vif de l'accident.
Et puis juste partir serait rendre les choses encore plus gênantes.
En fin de compte, tout ce que Billie fit c'était rouler vers lui et coller sa tête dans le creux de son dos, se blotissant ainsi contre lui. Son souffle chaud lui caressa la peau et elle dit, d'une voix douce.
- je sais que tu ne le feras pas... Mais tu sais que tu peux tout me dire. Non ?
Nash sentit les doigts de Billie se resserrer autour de son flanc valide mais même ça, le fit frissonner. Non pas que c'était désagréable mais parce que de là où il était dans sa tête... C'était qu'un problème supplémentaire. Il lui prit donc la main et l'enleva de son flanc, que pour mieux se tourner vers elle. Alors qu'elle redressa sa couverture sur sa poitrine cicatrisée, il s'allongea en plein sur le dos et croisa ses bras derrière sa nuque.
- j'ai... J'ai passé la nuit chez elle.
- tu as...
- non. Non, non, pas comme ça, je veux dire... Après ce qui s'est passé, elle m'avait demandé de rester.
- et tu l'as fait ?
- c'était compliqué.
- ça m'en a tout l'air.
Grogna Billie en reluquant son flanc encore bien blessé. Nash fit la même chose mais avec douleur et se couvrit lui aussi du drap soyeux.
- j'ai pas du tout réussi à dormir et je crois que... Je crois que je ne l'aime pas.
La jeune femme se redressa sur un coude et se passa l'une de ses grosses mèches brunes débraillés derrière l'oreille. Nash sentit une boule de stress à nouveau lui serrer la gorge alors il tourna la tête vers les reflets de la ville nocturne à travers les grandes baies, histoire de se reprendre un peu.
- tout ce que j'ai ressenti c'était de la douleur. Un truc... Horrible qui m'écrasait. De la peur, de...
Billie réprima un rire avant de s'écraser de nouveau dans ses draps, passant ses mains sur son visage. Nash fronça les sourcils et lui demanda, un peu agacé.
- je peux savoir ce qui est drôle ?
- parce que ce que tu décris, Nash... Ça, c'est de l'amour.
- c'est pas possible. Je devrais être heureux, si c'était le cas. Je sais pas, des papillons dans le ventre, ce genre de conneries !
- non. Non. Crois moi, j'en sais quelque chose.
Nash la regarda continuer de frotter son visage et après une rapide inspiration pour se donner du courage, il demanda.
- pourquoi ?
- pourquoi quoi ?
- pourquoi tu m'aimes ?
Billie s'arrêta mais ce n'était pas pour autant qu'elle enleva ses mains de ses yeux.
- c'est quoi cette question ?
- sérieusement. Qu'est ce que j'ai bien pu faire pour que tu continues ? Même après tout ce temps ?
- je te l'ai dit. T'es plutôt compliqué à oublier.
- oui. Mais pourquoi ?
C'était en effet une question étrange. Mais à ce stade dans sa vie, il n'en avait plus grand chose à faire. Tout n'était qu'étrange, de toute façon... Et plus le temps passait, plus la douleur poignante dans sa poitrine l'empêchait de garder les idées claires.
A un moment, tant elle ne répondait pas, Nash reposa sa concentration sur les lumières de la ville. Depuis que la guerre avait été déclarée, de grands spots jonchaient le ciel à la recherche d'aviation ennemi et le bruit des hélicoptères militaires résonnait au loin comme un écho menaçant.
- parce qu'avec toi, on se sent plus léger. C'est comme si aucun problème au monde n'a d'importance. Tu écoutes, tu fais attention, tu ne t'en fous jamais... Et tu es toujours prêt à te sacrifier pour qu'il n'ai aucune ombre dans le ciel... Comment est ce qu'on ne peut pas être heureux ?
Nash se retourna vers Billie, ses yeux de biche brillants dans les lumières et il demanda, passant sa main dans ses cheveux fins qui lui bloquaient, comme d'habitude, la vue.
- alors pourquoi ça ne t'avais jamais suffi ? Pourquoi est ce que tu voulais absolument tout savoir sur moi ?
- parce que, Nash... Même si le fait d'être au centre de l'attention d'un gars, c'est un putain de rêve... Il faut aussi qu'il y ai un partage.
- ça n'a aucun sens.
- je voulais que tu me dises tout sur toi parce que... Parce que j'avais l'impression que tu ne me faisais pas confiance. Et maintenant, je sais que ce n'était pas le cas et que ça ne le sera jamais.
Voyant qu'il fronçait les sourcils, Billie continua, replongeant sa tête dans le creux de son cou, faisant au passage balader le bout de ses doigts sur ses vieilles cicatrices.
- il y a si peu de choses que les gens savent sur toi... Mais je suis sûr qu'elle, elle en sait déjà un peu plus.
Là, il ne fallait juste plus mentir. Elle avait raison. Cette perspective ne lui plaisait pas du tout, par contre... Il était dans une merde encore plus profonde qu'il ne le pensait. Une migraine lui empoigna violemment la tête et de sa main libre, il se masse le tympan. Donc il était bel et bien amoureux. Putain, rien que ça... Et là, il se mit à rire. Billie redressa légèrement la tête vers lui, dubitative et demanda.
- quoi ?
- non, c'est juste que c'est... Pathétique. Je veux dire, les gens crèvent dans le monde, on est au bord d'un envahissement, et moi... Je suis au lit avec toi, en train de parler de quelqu'un qui me donne envie de me jeter par la fenêtre à chaque fois que je la vois...
- c'est ça le problème avec toi, Nash.
- quoi, d'être totalement égoïste ?
- non. Tu penses toujours que tu n'es pas important. Que ce que tu ressens, c'est secondaire.
- mais ça l'est.
- non.
Son ton était si ferme que Nash en ferma le bec. Billie lâcha un juron marmonné et lui attrapa les deux joues pour lui dire, ses yeux rivés dans les siens.
- même si le monde s'écroule, tu es toujours toi et les autres sont toujours les autres. Tu es tout aussi important que n'importe qui.
Nash posa ses mains sur celles de la jeune femme dont l'emprise devint plus légère. Elle osa quand même rapprocher ses lèvres des siennes et y déposa un doux baiser avant de se recoucher dans la même position.
- qu'est ce que je vais bien pouvoir faire, Billie ?
- je ne sais pas. La seule chose que je sais vraiment c'est n'est que le début de ta souffrance.
- super.
Super en effet.
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