chapitre 18 : stupide chien

En effet, de plus en plus de civils étaient demandés à venir aux centres de recrutement de l'armée. On se serait cru dans un vieux film portant sur la deuxième guerre mondiale... Nala était devenu si méfiante, encore plus qu'avant, vis à vis de ses voisins que ça faisait un moment qu'elle n'était pas sorti pour autre chose que les courses où les balades du soir avec Bonnie, Neil et Bear. Et même là, elle avait l'impression d'être observée, même par les gens qu'elle ne semblait pas connaître et qui regardaient en fait dans un tout autre sens. La jeune femme en avait même oublié le travail. 

Et puis la lettre...

Décidemment ces stupides lettres de l'armée ne présageaient jamais rien de bon.

La boule avait trouvé le même sort que l'autre lettre, quelque part, dans un coin poussiéreux de la pièce...

Elle ne l'avait même pas ouverte. 

Elle ne voulait pas savoir ce qu'était dit à l'intérieur parce qu'elle savait déjà. Alors à quoi bon ?

Nala fit donc ce qu'elle savait faire de mieux. Se torturer l'esprit tout en prenant soin des petits. Après tout, ils étaient l'avenir de cette génération qui prenait la direction du diable, donc...

Elle était justement en train de les préparer pour aller au lit, l'horloge indiquant 19h. Même si en fait, Bonnie était toujours dans son pyjama devant la télé en prétendant qu'elle n'avait pas entendu l'ordre de sa mère... Elle était en train de chercher le doudou fétiche de Neil sous son canapé tout en grognant de nouveau.

- Bonnie, je ne me répèterai pas, va dans la salle de bains, je t'y rejoins dans deux secondes, le temps que je retrouve Blou.

Oui, oui, Blou, c'était le nom du doudou de Neil. Mais encore une fois, son ordre toucha du vide car Bonnie ne fit rien du genre et se contenta de serrer son chien près d'elle. Nala se releva, épuisée de sa recherche et éteignit la télé, ce qui la fit crier.

- Mais maman ! 

- Je ne veux rien entendre ! Dépêches toi !

- Bordel !

Là, Nala vit rouge. Elle attrapa Bonnie par son bras alors qu'elle s'apprêta à fuir après son gros mot et siffla de colère.

- Je ne veux plus jamais t'entendre dire ce mot, tu m'entends ? Alors ce soir tu te coucheras sans histoire !

La fillette se mit à pleurer d'un perçant sanglot manipulateur mais elle n'allait pas se laisser faire. Si elle même se faisait punir par son père à ses cinq ans pour avoir dit "connasse" à sa mère, Bonnie n'allait pas y échapper non plus. Elle la regarda alors sans broncher, quitter la pièce, hurlant presque à la mort et ce n'était qu'une fois qu'elle fut hors de portée que Nala se rongea un ongle sous la culpabilité. Comment est ce qu'elle pouvait gronder sa fille ? Cette petite bouille aux yeux doux qui se rapprochait à ça même d'une raison de vivre ? Cependant elle n'eut pas le temps d'y penser car une sonnerie à sa porte résonna. Nala poussa un cri de rage et se rendit dans son dressing. Faisant peu attention aux jappements du chien, elle fit le code de son coffre fort, en sortit le premier arme qu'elle y trouva, le chargea, referma le coffre et alla ouvrir la porte.

- Quoi ?!

Mais ce n'était autre que Nash qui levait doucement les mains en l'air, amusé.

- Je crèverai donc buté par ma propre arme... Intéressant. 

Elle s'empressa d'enfourner l'arme dans un tiroir et l'invita à rentrer, rassurée et surtout très heureuse d'enfin voir un visage amical.

- Oh mon Dieu je suis désolée, Nash, vraiment !

- C'est pas grave, ça m'arrive bien plus souvent qu'on ne le croit...

- Je suis vraiment contente de te voir, si tu le savais...

- Hm hm, tu me verrais encore plus si tu venais au boulot... Je me suis inquiété, ça faisait trois jours, et je... Désolé pour l'heure.

- Oh non, ne t'en fais pas ! 

Elle allait dire autre chose mais c'est là que Bonnie revint, son doudou à la main, les yeux rougies par les larmes et les joues mouillées. Elle vint se refugier dans les bras de Nash et Nala roula les yeux au plafond. Et ça y est, elle allait passer pour une maudite sorcière qui devrait depuis longtemps être sur le bucher... 

- Pourquoi tu pleures ?

Demanda Nash en lui essuyant ses larmes. Bonnie pointa du doigt Nala et minauda.

- Elle est méchante !

- Tiens donc...

Nala trouva enfin Blou derrière un coussin et répliqua, comme si elle devait se défendre vis à vis de sa propre fille en bas âge...

- Elle a prononcé le mot qui commence par B.

- Le mot qui commence par B ? Ah ! Ah, OK, je comprends mieux ! Donc l'arme que tu pointais sur moi c'était destiné plutôt à Shayne, hein ?

Alors que la jeune femme acquiesça en riant à moitié, Nash se tourna à nouveau vers Bonnie qui avait enfoui sa petite mine dans son épaule, s'accrochant fermement à ses épaules.

- Tu penses que ta mère est méchante parce qu'elle t'as engu... Rouspété après que tu lui ais dit un gros mot ?

- Oui ! 

- Et bien je vais te dire c'est quoi un vrai mauvais parent... Tu sais ce que faisais ton... Grand père à ton papa ?

Nala sentit ses veines commencer à palpiter sous l'adrénaline tandis que le jeune homme d'affaires continua, très sérieusement.

- Il lui faisait tout le temps du mal. Lui disait pleins de mots que personne ne devrai jamais entendre un jour, ne le laissait pas dormir la nuit et surtout le pire du pire... Lui déchirait son doudou devant lui.

Bonnie s'écria en s'accrochant à son doudou aussi fermement que possible et protesta.

- C'est pas vrai ! Tu mens !

- J'aimerai... Mais il disait tout le temps que les doudous c'était pour les tape... Les faibles et qu'il n'éduquait pas de faibles. Alors, tu penses toujours que ta maman n'est pas gentille ?

La fillette descendit des genoux de Nash et se rua dans les bras de sa mère pour enfouir son visage dans le creux de son cou.

- Je suis désolée maman, pardon, pardon !

Nala était encore trop perturbée par ce qui venait de se passer pour répondre à l'étreinte subite de sa fille. Elle poussa donc un petit soupir et le rendit avant de la déposer par terre et de lui caresser ses cheveux tressées. 

- C'est oublié. 

- Bon ! Ben moi je vois que tout va bien, que vous êtes vivantes et que la maison n'a pas brûlé...

- Tu osais croire que je brûlerai ma maison ?

- Ben oui... Parce que ça voudrait dire qu'il faudrait que je recommence tout !

Répliqua Nash avec un délicieux sourire bien sadique. Nala lui assainit un petit coup dans le bras qui tira une moue endolorie comme si ça avait été d'une force extrême et elle alla lui ouvrir la porte. Sur le pas, il se tourna vers elle et lui demanda à voix basse, le front plissé sous l'inquiétude.

- T'es sûre que ça va ?

- Oh, c'est juste à cause de ce qui se passe... De la demande de civils au front, ça...

Elle coupa sa phrase en jetant un coup d'œil anxieux sur le quartier qui s'obscurcissait, couvert d'un banc de nuages bas qui menaçait de le plonger sous une grasse pluie, avant de continuer.

- ça met tout le monde à cran.

- Ah oui, ça...

- Ne me dis pas que tu es appelé à...

Nash la rassura tout de suite en secouant la tête et porta une main en bas de ses côtes, là où se trouvait ses cicatrices.

- Non, je pourrai plus, même si je le voulais...

Elle ne pouvait s'empêcher d'être rassuré, même si c'était une chose assez cruelle à se l'avouer, surtout quand on connaissait, ou presque l'origine de ce refus. Il lui adressa un dernier sourire rassurant et s'apprêta à s'en aller, les mains dans les poches de sa fine veste quand une voiture arriva à toute vitesse dans le quartier.

Faisant jaillir le chien sur la route...

Bonnie à sa suite.

Ensuite, le temps s'arrêta.

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