chapitre 14 : chat noir
CHRISTIAN
Christian arqua le pied pour enfoncer un énorme coup dans la porte qui céda sous sa force. Il se mit ensuite un peu sur le côté pour laisser Seth entrer, qui le regardait d'un air béat.
- La porte était ouverte, pourquoi est ce que vous avez fait ça ?
- J'en ai toujours rêvé.
- Les proprios vont être contents...
- Je crois qu'on peut arrêter de s'inquiéter pour ça.
Le Major d'unité d'élite indiqua le salon qui regorgeait de mouches. L'odeur était putride, pestilentielle, et malheureusement pour eux, c'était quelque chose qu'ils ne connaissaient que trop bien.
D'instinct, ils firent un rapide tour de la maison pour bien vérifier qu'il n'y avait pas d'intrus indésirables. Christian s'occupa de l'étage et Seth du bas. Il n'y avait pas à dire, la maison en elle même était magnifique, luxueuse, avec de jolis meubles en cuir et bois... De grands plafonds arqués qui accueillaient de belles fenêtres... Parfait pour une bonne position de tir, à défaut qu'elle serve à présent de lieu d'habitat. Alors que Christian était en train d'observer, une main sur le manche de la rampe d'escalier qu'il descendait, Seth revint du fond du salon, visiblement dégoûté.
- Vous devriez venir voir ça.
Christian lâcha le bois et suivit le Sergent jusqu'à l'endroit indiqué. S'il était habitué à côtoyer la mort, là, l'odeur était juste insoutenable. Il était encore à quelques mètres du corps en question et devait déjà détourner la tête, le nez froncé.
- Oh putain...
- La maison a un générateur, il a dû prendre le relai après les coupures de courant et...
- ça a réchauffé le corps et accéléré la décomposition, merci, Seth, je sais. Aussi surprenant que ça puisse paraître, moi aussi je suis militaire !
Face à son sarcasme, le tireur d'élite de l'armée de Terre plissa à demi ses yeux et pesta en se tournant à nouveau vers le cadavre.
- Pas de doutes. Vous avez bien servi avec Jay et Shayne... Ce que je veux dire c'est que regardez ce qu'il voulait prendre avant de rendre l'âme.
L'homme devait surement avoir la quarantaine, même si c'était dur à dire à cause de la décomposition quasi totale de sa tête qui laissait déjà paraître les os du crâne. Le trou qui lui ornait l'entre deux yeux était rempli de vers, cette vue, fit rapidement détourner le nez du Major qui se concentra sur ce que lui montrait Seth. La main de l'homme était posée sur la porte semi ouverte d'un coffre fort. Christian enjamba le corps et s'agenouilla près de la boîte fortifié où il découvrit d'immenses liasses d'argent. Au moins 40 000 euros.
- Je suppose qu'il n'aura plus besoin de ça...
- Plus personne, en fait.
- Hm.
Il repoussa l'argent, qui en effet, n'était plus que des morceaux de papier avec une valeur oubliée, et s'arrêta lorsqu'il vit l'objet qui avait suscité la curiosité de Seth. Un fin sourire vint se plaquer sur ses lèvres et tendit la main pour l'attraper.
- Putain. Voilà qui est intéressant.
C'était des grenades pour RPG.
Christian se tourna vers le Sergent et lui ordonna.
- Cherche le lanceur.
- A vos ordres.
Quand Seth fut parti et qu'il resta seul dans le salon putride, il laissa les grenades de RPG sur le côté. Il vida le coffre pour voir ce qu'il y avait d'autres mais à part des papiers, des passeports, deux lingots d'or et 7 grenades, il n'y avait rien d'autre. Il ignora toute cette petite fortune, qui normalement pourrait faire vriller plus d'une tête et se concentra sur la raison du décès de l'homme. Il y avait visiblement des traces de lutte, à en juger les coussins du canapé à terre, la table basse en verre brisée et quelques vases cassés. Christian se releva donc avec difficultés, déposa tout son attirail, et pointa son fusil d'assaut sur les traces de sang qui menait dans un couloir vide. Il avança doucement, à pas feutrés, longeant le mur pour plus de sécurité et d'un coup de pied ouvrit la porte qui donnait sur la seule pièce. Grossière erreur puisqu'une fois ouverte, il sentit un relent de cette maudite odeur de cadavre lui envahir les narines. Alors qu'il cacha son nez dans sa manche, il plissa les yeux, qui lui brûlait, et recula quand il vit le corps d'une jeune femme joncher près du bain. Elle aussi, envahie d'asticots, il remarqua quand même avant de partir qu'elle tenait dans sa main quelques billets de 500 tâchés de sang coagulé.
- Les gens sont donc vraiment prêts à tout pour du putain de blé, hein...
- C'est bon je l'ai !
Résonna la voix de Seth depuis le salon. Christian enjamba le corps et referma la porte de la salle de bains pour retourner dans la pièce où en effet, le Sergent portait un lanceur RPG sur l'épaule.
- Très bien. Ramène ça en haut et postons nous pour les tirs. On ne peut pas perdre plus de temps.
***
Les voilà, sur le sol de la plus haute chambre de la grande maison Italienne, allongés côté à côte sur la pierre, l'œil collé contre les viseurs de leurs fusils de précision. Seth avait percé deux trous dans les fenêtres, de la taille de leurs canons ce qui leur empêchait d'être trop vite repérés. Les choses semblaient bien se passer apparemment pour les autres troupes, à en juger tout leur parcours qu'on pouvait entendre sur les radios accrochés à leurs épaules. Christian ajusta justement la lunette de son fusil pour voir au delà de la rue en question et aperçut une grosse vague de Texans venir accueillir Jay et sa troupe. C'était une bonne chose. Ils avaient l'air complètement déboussolés et incompris, et à premier abord très méfiant, mais les choses se présentaient bien. Le Major sourit donc sur le coup, rassuré qu'ils ne resteront pas en territoire hostile plus longtemps qu'ils ne devraient et étira ses coudes déjà à vifs. Soudain, du mouvement dans la ruelle où ils étaient attira son attention. Il tourna son regard vers le mouvement en question et laissa tomber.
Ce n'était rien d'autre qu'un chat.
- C'est un chat noir.
Remarqua Seth en pointant son fusil sur l'animal qui laissa des mini traces de coussinets sur l'étendue de neige qui recouvrait la rue ascendante de la ville Italienne.
- Ne me dis pas que tu es superstitieux ?
- Je ne mentirai pas.
Mais l'animal ne sembla pas avoir un problème quelconque avec qui que ce soit. Au contraire même, il sembla attiré par les deux tireurs, plus particulièrement le faisceau lasérisé du fusil de précision de Seth qui pointait. Le matou sautilla sur le petit point vert mais Seth le bougea. Et il recommença. Christian ne put s'empêcher de rire sur le coup, emporté par cette petite pointe de légèreté dans une journée pourtant chargée de lourdeur.
Mais ce moment où il décolla l'œil du viseur lui coûta cher.
Ni une, ni deux, le verre de la vitre se brisa et une balle le toucha à la gorge.
Ce n'était que quand le coup résonna, à cause du temps et de la distance, que Seth réagit et le poussa violemment sur le côté pour sortir de leur position. Christian essaya de reprendre l'air, coupé par le choc et la douleur et porta immédiatement ses mains à sa gorge pour évaluer l'étendue des dégâts. Du sang coula entre ses doigts et il gémit. Seth sortit un bandage de son kit et la pressa contre la blessure, tout en inclinant la tête vers la radio de son épaule.
- Sortez de là, on est encerclé ! Tireur ennemi repéré, je répète, tireur ennemi repéré !
La voix de Jay grésilla un instant, accompagnée de plusieurs coups de feu, résonnants aussi bien à la radio qu'à l'extérieur. Celle de Sarah suivit, disant qu'elle était la doc la plus proche et qu'elle arriverait dans la seconde. Christian insulta une bonne minute absolument tout ce qu'il y avait autour de lui et se releva, repoussant Seth au passage.
- Restez couché, Major, vous...
- Je vais l'exploser ce fils de pute de ricain !
Il se repositionna derrière son fusil, chercha un bon moment vers où le tir eut lieu, maintenant que la vitre était explosée et il eut sa confirmation quand un autre tir se fit. Il se baissa sous le coup et alors que Seth descendit l'étage pour aller les protéger d'éventuels intrus, il redressa la tête. OK, il voyait un peu trouble et que c'était pas le meilleur des moments d'agir impulsivement mais tant pis, il était trop en colère. Il tendit la main vers le RPG qu'ils venaient de trouver, vissa une grenade dessus et visa l'immeuble où se trouvait le tireur qui venait de lui tirer dessus et murmura.
- Dis adieu à la vie, connard de facho...
Sur ce, il appuya sur la détente et la grenade fut propulsée dans un vacarme assourdissant vers la maison en question qui explosa. Christian lâcha le lanceur, plaquant une main sur son oreille qui résonnait sous l'explosion. Se venger, c'était quitte à devenir sourd. Il dut néanmoins s'appuyer contre le mur, sentant le liquide visqueux et chaud s'échappant de sa plaie à la gorge pour s'infiltrer dans son uniforme. Soudain, Les marches grincèrent et il se retourna vers la docteure en question qui avait promit de venir au plus vite à la radio, celle-ci, en uniforme blanc n'avait que le bout de son nez légèrement pointé qui dépassait de son visage doux. Elle se dirigea vers lui et le força à relever le menton pour examiner la blessure en question, ses yeux bruns épineux plissés sous la concentration. Il grimaça sous la douleur et ironisa.
- Tant de tact...
- Tu survivras. Continue à t'appliquer ce bandage dessus.
- Merci, doc. Mais je crois que je passe pas prioritaire pour l'instant.
- Je suis d'accord. On devrait filler.
Elle repartit aussi vite qu'elle était venu, reprenant en main son fusil d'assaut et Christian sourit en la regardant faire.
Quelle hargne.
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