chapitre 11 : merde sur merde
SHAYNE
C'était horrible. De devoir se tenir là, dans cette sale aux viles courants d'airs, entouré d'anciens militaires de tout genre qui, un à un, montaient sur le podium pour confesser leurs terribles expériences sur le terrain. La plupart d'entre eux étaient assez âgés, probablement encore issus des vagues du Moyen-Orient, d'autres plus jeunes, qui parlaient de leurs expériences plus récentes. Mais peu importait, Shayne n'écoutait que d'une oreille ce qu'ils disaient, il était bien trop occupé à maudire chaque seconde de son passage. Fort heureusement pour lui, il y avait pas mal de monde et lui et Nala s'étaient assis en fon de sale, les rendant donc pas vraiment visibles. Tant mieux. Il ne manquerait plus que quelqu'un vienne lui demander de cette voix pitoyable de ce qui l'emmenait en ce bon jour... Peu importait s'il se recevrait les foudres de Nala en retour, mais il était bien déterminé à ne pas rentrer dans ce petit jeu de lamentation.
Il n'avait besoin que de son flacon de whisky, de son lit et rien de plus.
***
Quand la réunion s'arrêta au bout de deux heures, ce qui paraissait pourtant comme une éternité, Shayne s'étira un petit moment sur sa chaise, comme s'il s'était endormi et se leva avec rapidité en pressant Nala de faire la même chose.
- Dépêches toi, je refuse de rester plus longtemps ici ! Sinon va y avoir l'un d'eux qui va dire "tiens, on a des nouvelles têtes aujourd'hui" et si j'entends tout le monde dire "bonjour Shayne" je te jure que je fais un génocide !
Nala remonta son air faussement outré vers lui et rigola finement, bien forcé, ce qui l'agaça encore plus et alors qu'il se dandina d'un pied à l'autre, il lui demanda.
- C'est quoi le problème ? Qu'est ce qui est drôle ?
- Ce qui est drôle, c'est que tu crois que c'est la seule fois qu'on va venir ici.
- Quoi ?
- Oh oui, peut être qu'en cette première fois, tu t'es juste contenté à me rendre dingue avec ton genou qui tressautait mais crois moi bien qu'on reviendra.
Shayne gémit sous la souffrance de cette extrêmement mauvaise nouvelle et se rapprocha d'elle pour ne pas avoir à élever la voix.
- Mais pourquoi est ce que tu me tortures autant ? Tu n'as pas le droit de me forcer à venir ici, tu sais, cet endroit c'est fait que pour les gens qui sont tenus par un accord avec le Tribunal, ou pour ceux qui se sentent prêts à venir ! Et moi, jamais, mais vraiment jamais, je ne serai prêt à venir ici !
- En temps normal je t'aurai laissé dans ton vomis et tes problèmes, Shayne... En temps normal j'aurai juste prétendu avec toi que tout allait bien... Mais sauf que ce n'est plus vraiment ton choix. Tu dois faire ça pour quelqu'un d'autre.
Il aurait voulu l'étrangler à ce moment précis mais il ne trouvait juste pas les mots pour contester ce qu'elle vint de dire. Il souffla alors avec exaspération et se contenta de la suivre à l'extérieur. Une fois en dehors de la salle, il fouilla dans la poche interne de sa veste et en sortit son flacon de whisky que Nala lui arracha immédiatement des mains.
- J'espère que tu n'es pas sérieux là ?
- Nala, redonnes moi cette flasque.
- Ou sinon quoi ?
elle le défia du regard et Shayne chercha la meilleure réplique à donner avant de la trouver et de se redresser de toute sa taille pour se donner plus d'autorité.
- C'est un ordre.
- Tu te fous de moi ?
- Sergent-Major Quinn, c'est une véritable offense de répondre de la sorte à votre officier supérieur.
Elle ouvrit la bouche pour répliquer mais la referma de sitôt, le front plissé sous la haine à son égard. Elle releva les bras en l'air et sans pour autant lui rendre la flasque, tourna les talons pour déguerpir.
- Je t'attends dans la voiture, espèce de crétin...
- gamine.
Il s'apprêta à la suivre dans le long couloir qui s'annonçait devant lui, qui rejoignait les quartiers juridiques de la base, mais surement à cause de sa non sobriété, il ne calcula pas vraiment bien l'espace nécessaire pour marcher correctement sans bousculer quelqu'un au passage. Il cogna donc dans un homme qu'il n'avait pas vraiment vu et lui fit tomber les dossiers qu'il portait.
- Fais chier... Pardon.
- Non, c'est moi, c'est... Shayne ?
Alors que le Lieutenant-Colonel s'était agenouillé avec difficulté, à cause de son atèle encombrante, il releva son air surpris vers la personne qu'il venait de bousculer et sa surprise ne fit qu'accroître lorsqu'il reconnut Nolan. Celui-ci se releva en passant les feuilles en brouillon dans les pochettes des dossiers et reposa ses yeux sur lui, le lorgnant de haut en bas, moqueur.
- Tu as l'air terrible !
Fit il en en abordant l'un de ses sourires... Nolanesques. Shayne aurait bien voulu riposter, comme il le ferait en temps normal mais... Qu'est ce qui l'était, à présent ? Pourquoi il haïrait Nolan ? Il n'y avait juste plus de raisons. La raison même de leur compétition se trouvait sous les blizzards d'Italie...
Loin d'eux deux.
L'officier s'excusa donc une énième fois et laissa Nolan là, alors qu'il semblait attendre quelque chose. Il s'apprêta à pousser la porte de la bâtisse pour sortir, quand sa voix surprise le rattrapa.
- Quoi, pas de ripostes, Shayne ? Wow, c'est donc vraiment la fin du monde, hein ?
Shayne ferma les yeux un instant, mais il n'avait pas le temps ni la force de devoir faire face à une provocation certainement pas de Nolan. Pas tant Nolan en soit, mais juste un avocat dans une enceinte judiciaire.
Il avait déjà la tête qui explosait assez comme ça.
Alors il plaqua ses deux mains contre la vitre de la porte, la poussa avec efforts à cause du vent contraire et sortit de la bâtisse, laissant l'avocat militaire et le reste derrière lui pour s'aventurer dans les tumultueuses feuilles hivernales.
Quelle journée pourrie.
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