chapitre 1 : traître
- ça va aller, Bonnie, tout va bien, personne ne te fera du mal.
Bonnie s'accrocha fermement à sa mère en entourant sa taille de ses jambes et son cou de ses bras tandis que Nala restait dans le coin de sa maison. La jeune femme était tellement paralysée par ce qu'elle venait d'apprendre, qu'elle ne pouvait même plus bouger.
"Le Capitaine Jimson Carter a abandonné son poste sans autorisation et est actuellement porté disparu en Europe"
"à l'encontre des ordres reçus".
"Trahison".
Trahison ?
Les mots résonnaient bizarrement. Trop bizarrement. Ils n'avaient pas de sens. Plus les hommes autour d'elle bougeaient, plus elle serra Bonnie contre elle. Et pourtant, Nala n'aurait jamais cru que la journée allait prendre une telle tournure. Elle s'était levée comme d'habitude et s'apprêtait à préparer un bain à Bonnie.
Rien de plus.
Certainement pas des hommes de la police militaire qui venaient fouiller sa maison sous les ordres de la Cour Martiale pour d'éventuels preuves de désertion.
L'un des hommes fit d'ailleurs tomber un vase sur le sol qui vint se casser dans un fracas insupportable et Bonnie se mit à pleurer plus fermement.
- Vous pouvez pas faire attention, bon sang ? Vous faites peur à ma fille !
- Vous auriez peut être dû dire ça à votre homme avant qu'il ne fuit en volant du matériel appartenant à l'Etat.
- Eh, couillon, moi aussi je faisais parti de l'armée et à mes derniers souvenirs, le respect nous ai enseigné, non ?!
Il allait répliquer mais son supérieur lui assainit un violent coup dans le bras pour
- Je suis désolée, madame Quinn...
"Madame" ?!
-... On ne fait que notre boulot. On est désolé pour le désordre, je me chargerai de rappeler le respect à mes hommes. Toutes nos excuses, encore une fois.
Nala prit Bonnie dans ses bras pour la faire arrêter de pleurer et la fillette vint enfoncer son visage dans le creux de son cou en s'y accrochant fermement de ses deux petits bras. Elle aurait voulu elle-même pleurer mais c'était certainement pas le moment de montrer un signe de faiblesse, à qui que ce soit de présent, d'ailleurs.
- Vous trouverez rien ici, ça je peux vous l'assurer parce que je l'aurai su et je l'aurai moi-même tué, croyez-moi.
L'officier de la police militaire regarda un instant autour de lui, jetant un coup d'œil frustré sur le bordel que ses hommes avaient créé, les mains sur ses hanches avant de rappeler les autres pour partir. Il s'arrêta devant elle et lui ordonna d'une voix compatissante mais pas moins ferme.
- S'il vous contacte d'une quelconque façon, vous êtes dans l'obligation de nous en informer. Si vous tentez quoi que ce soit pour le couvrir vous serez complice de son acte de trahison et jugé par la Cour Martiale. Est-ce que c'est bien clair ?
- Je connais la loi. Vous pouvez partir maintenant.
- J'ai besoin que vous me le confirmiez.
Nala se mordilla avec force pour se retenir de lui mettre son poing dans la figure et très franchement si elle n'avait pas Bonnie dans les bras, elle l'aurait fait.
- Oui. J'ai bien compris.
- Bonne journée.
- Vous me l'avez gâché.
Elle claqua sur ce la porte avec beaucoup de force mais c'était surtout pour échapper aux regards inquiets de tous ses voisins qui avaient décidé de parader devant leurs maisons respectives pour savoir de quoi il s'agissait, après tout c'était pas tout les jours où on voyait des hommes de la Cour Martiale débarquer dans leurs quartiers...
- Maman ? Il a dit quoi le monsieur ? Il a fait quoi papa ?
Comment répondre à une telle question ?
- J'en sais rien, ma chérie... J'en sais rien.
***
Ces couillons avaient laissé un bordel de l'enfer derrière eux... Ils avaient pas hésité à retourner la maison sens dessus dessous. Nala regardait l'endroit d'un air désespéré tellement qu'elle ne savait pas par où commencer. Quand elle rentra dans le dressing et qu'elle voyait ses anciens uniformes, ceux qui dataient encore de Halley, éparpillés sur le sol comme de viles torchons, son désespoir se mua en colère, une rage rouge qui lui donnait envie de balancer son poing dans un mur. Elle s'agenouilla pour ramasser le cadre triangulaire qui gardait son Bonnie Blue Flag de service et vit que le verre s'était fracturé.
Ce cadre, elle l'avait depuis qu'elle était sortie de West Point.
Ce cadre avait vu son frère, avait vu sa jeunesse, avait vu la période où la guerre n'existait que dans les contrées lointaines du Moyen Orient et l'Afrique.
Mais bon, tout change tôt ou tard, apparemment...
Soudain on sonna à la porte et la peur vint l'assaillir. Qui est ce qui ça pouvait être encore ? Ils étaient revenus pour plus de fouille ?
Bonnie gémit et vint immédiatement se réfugier près de sa mère. C'était donc ça, hein, d'instaurer la peur aux enfants dès leurs premiers pas dans ce monde de chaos...
Nala saisit l'un de ses armes qui était sur l'étage d'au-dessus du dressing et d'un pas rapide se dirigea vers la porte d'entrée qu'elle ouvrit d'un coup ce qui dévoila non pas les policiers militaires mais Nash qui était même entrain de bailler aux corneilles.
- Oh, j'avais complètement oublié le boulot aujourd'hui, putain...
Il arrêta de bailler quand Bonnie lui sauta dans les bras, heureusement qu'il avait appris à anticiper ses câlins et il la rattrapa de justesse.
- Nash ! Y'a des monsieurs méchants qui sont venus !
- Quoi ?
- Oui ! De la Cour Martienne !
- De la Cour Martiale.
Corrigea Nala en allant jeter le cadre fracturé dans la poubelle avant d'aller se servir un verre de whisky dans la cuisine. Nash reposa Bonnie par terre et s'approcha de sa mère, sans quitter sa petite main.
- Pourquoi la Cour Martiale était là ? Il s'est passé quelque chose de grave ?
La jeune femme se pencha un peu pour attraper le décret de trahison officiel pour Jay et le lui tendit.
- Ils sont venus nous annoncer une ravissante nouvelle.
Il prit le papier en mains et parcourra les lignes officielles de ses yeux bleus froncés mais quand il releva le bout du nez vers elle, elle y voyait toutes les émotions du monde sauf le choc.
- T'es pas surpris ?
- Hein ? Si, si ! Je le suis, c'est juste que...
Nala reposa son verre sur le comptoir et il avoua.
- Bon, OK, non, je le suis pas. Mais Nala, je suis sûr qu'il a eu des puta... Des très bonnes raisons de faire ça.
- Ouais, ouais je l'ai déjà entendu, ça.
Il ouvrit la bouche pour rajouter quelque chose mais Bonnie le prit de court et vint demander à sa mère en lui tirant la manche de sa chemise ouverte sur son débardeur.
- Maman, mon bain !
- Ah oui, c'est vrai, désolée, faut d'abord que je range, puis il est quelle heure ? J'en ai marre...
Cette nouvelle l'avait complètement déboussolé, elle en avait perdu le nord de ce qu'elle devait faire. Alors que la panique était en train de la gagner et qu'elle faisait des allers retours dans la cuisine, une main posée sur sa hanche et l'autre sur son front, Nash reprit celle de Bonnie et lui assura.
- Si tu veux je peux l'aider à se préparer le temps que tu... Que tu voilà, quoi.
- Tu ferais ça ?
- Mais oui, c'est juste mettre de l'eau dans le bain, pas vrai ? Je crois que j'ai eu des tâches plus complexes que ça à faire dans ma vie. Puis quelque chose me dit que j'ai affaire à une spécialiste très enthousiaste comme assistante, non ?
- Oui !
Nala les regarda s'éloigner ensemble vers la salle de bains, Bonnie le tirant tellement par la main qu'il devait en trottiner donc elle finit par se retrouver seule bien vite. Elle s'assit alors sur l'un des tabourets et essaya de prendre des petites bouffées d'air, une à une pour que ses poumons aient le temps de les absorber.
Mais qu'est ce qui avait bien pu se passer, bon sang...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top