Chapitre 40 - AMBER

— Café ? me propose mon père en s'asseyant à mes côtés

Je lui montre ma tasse déjà prête en souriant, avant de reporter mon regard droit devant moi. Voilà un peu plus de trois semaines que je suis en Australie. Le mois de janvier nous a ouvert ses portes : une nouvelle année, une nouvelle vie... Mais je ne pourrai jamais commencer cette nouvelle année sans avoir fait mon deuil. En trois semaines, je n'y suis toujours pas parvenue. Après l'épreuve du journal intime, je n'ai pas eu la force d'aller plus loin. Mes proches ont compris et ne m'ont pas forcé la main. 

Ils ont tout fait pour me changer les idées. Liam et moi avons profité des saisons inversées pour se prélasser à la plage. Nous avons même tous passé quelques jours dans notre maison de vacances. Aaron, papa, Liam et Dan ont passé leurs journées à surfer. Maman, Addie, Maya et moi à peaufiner notre bronzage. On a célébré les fêtes de fin d'année. Liam s'est excusé auprès de sa famille pour son absence. Chose qu'ils ont comprise et m'ont envoyé tout leur soutien pour mon deuil.

Je n'ai peut-être pas réussi à avancer sur ce dernier, mais je n'ai pas cessé d'être entourée. Ma famille ne m'a mis aucune pression, ni Liam. En ce qui nous concerne, tout a été parfait. On s'est redécouvert, on a passé nos journées à visiter, à rire, à s'aimer. Il a été mon plus gros soutien, ma plus grande force et sa patience était irréprochable. Il s'est réveillé pour mes cauchemars, ses bras étaient là pour me réconforter, ses baisers pour m'apaiser. Ça m'a montré à quel point sa présence était un cadeau et que je n'aurais jamais dû le repousser, quand tout allait de travers. 

Je suis actuellement dans mon jardin, il ne doit pas être loin de six heures du matin. Ma nuit n'a pas été très longue. Malgré la chaleur des étreintes de mon copain, mes insomnies continuent d'en faire qu'à leur tête. Mes pensées sont sans arrêt tournées vers ma sœur, vers ses mots dans son journal que je n'ai pas réussi à me sortir de la tête. J'ai été une piètre sœur et c'est difficile pour moi de ne pas culpabiliser.

— Tu t'es levée tôt, constate-t-il

— J'avais du mal à dormir. 

— Submergée par tes pensées ?

Un petit sourire s'étire sur mon visage, à la suite de sa phrase. Que serait Amber Adams sans sa capacité à trop penser ? Mon père louche sur le journal entre mes mains et comprend très vite.

— Ne me dit pas que tu penses encore à ce journal ? 

— Je n'y peux rien. Chaque mot me rappelle que j'ai été horrible avec elle et que j'ai entaché ses derniers souvenirs.

Ses sourcils se froncent avant de porter ses mains à son visage. Il lutte contre quelque chose, je connais par cœur ses petites mimiques. Il a envie de parler, mais se retient, attisant ma curiosité au passage. 

— Qu'est-ce qu'il y a papa ?

— Argh, je ne sais pas si c'est le bon moment pour te parler de ça. En réalité, je n'ai jamais su quand c'était. Tu as toujours été tellement fragile puis tu t'es renfermée sur toi-même et tu nous interdisais d'évoquer ta sœur. Alors je n'ai jamais pu t'en parler. Mais maintenant que tu t'ouvres enfin, que tu essaies de faire ton deuil, je pense que tu dois savoir, avoue-t-il, me perdant un peu plus

Je ne comprends absolument rien à ce qu'il raconte. Qu'est-ce qu'il ne me dit pas ?

— Parle papa, je t'en prie. Quoi que tu aies à me dire, je suis prête.

— Es-tu vraiment prête à revenir douze ans en arrière ? Au moment où tout a basculé ? demande-t-il en serrant sa main dans la mienne 

Je déglutis et hésite un instant. Parler d'Avery c'est une chose, mais parler de l'accident... Suis-je vraiment prête à affronter cela à nouveau ? J'ai besoin de réponse, d'avoir toutes les informations si je veux vraiment avancer. Alors j'opine lentement, autorisant mon père à tout me raconter.

Douze ans plus tôt

Pdv Omniscient

La voiture des Adams venait de cracher. Antoine fut le premier à ouvrir les yeux. Par chance, son airbag avait amorti sa chute et ses blessures étaient minimes. Il mit quelques secondes à comprendre ce qu'il s'était passé, mais en voyant la moitié du corps de sa plus jeune fille enfoncé dans le pare-brise, le choc fut immédiat. Il osa un regard sur le côté où sa femme était, elle aussi, inconsciente, mais par chance, protégée par son airbag. Puis un dernier en arrière, où son autre fille était dans un état aussi grave que celui de sa jumelle. Amber était coincée entre la fenêtre gauche, d'énormes morceaux de verre incrustés dans sa peau.  

Antoine voulait crier, mais le choc était si fort qu'aucun son ne sortit de sa bouche. Il tenta de bouger pour décrocher sa ceinture, mais cette dernière était bloquée.

— Amber, Avery !

La personne la plus proche de lui était Avery, le bas de son corps était en dehors de la voiture, mais son visage ensanglanté se trouvait au-dessus de l'airbag passager. Son cœur battait encore et ses yeux luttaient pour rester ouvert.

— Papa... tenta d'articuler Avery, malgré la douleur

Antoine sursauta à l'entente de la voix de sa fille puis s'empressa d'attraper sa main.

— Avery, je suis là mon amour, je suis là.

— Papa, j'ai... J'ai très froid.

Avery tremblait, la moitié de son corps était quasiment gelée à cause des faibles températures des montagnes. De gros morceaux de verre avaient pris refuge sur la partie droite de son corps, perforant ses organes un à un. 

— Les secours arrivent ma princesse, garde les yeux ouverts, tout va bien se passer.

Mais Antoine n'avait pas beaucoup d'espoir. Le bouton d'urgence avait appelé les secours, mais il ne savait combien de temps ça leur prendrait pour les trouver.

— Amber...

Antoine tourna la tête en direction de son autre fille, toujours inconsciente.

— Tout va bien aller pour elle. Pour vous deux, accroche-toi, Avery.

Un petit sourire se dessina sur le visage de sa fille. Elle admirait l'optimisme de son père, mais elle n'en était pas dupe pour autant. Elle savait que ses minutes étaient comptées.

— Papa, je vais mourir. 

Les larmes montaient aux yeux de son père instantanément. Il ne pouvait pas croire une telle chose, il devait garder espoir.

— Non, ma fille, non. Je t'interdis de dire ça, on va te sauver, on va toutes vous sauver. Tu dois y croire et te battre. Je t'en supplie, Avery.

Elle essaya de bouger sa main afin de caresser la joue de son père. 

— Tout va bien se passer, papa. Je n'ai pas peur.

Les larmes inondaient le visage d'Antoine, il refusait de laisser sa fille s'en aller. Elle était trop jeune, n'avait même pas encore découvert la vie.

— J'ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi, lui dit-elle d'une voix douce 

— Tout ce que tu veux.

— Si Amber s'en sort et que moi non, elle va s'en vouloir. Elle va se reprocher l'accident, elle va penser que je la détestais avant de mourir et ça va la détruire. J'ai besoin... J'ai besoin que tu lui ôtes ce fardeau. Dis-lui que je l'aime, que je n'ai jamais cessé de l'aimer et que peu importe la dispute, elle a toujours été la personne la plus importante de ma vie. Dis-lui qu'elle est formidable, qu'elle va accomplir de grandes choses et que je serai toujours fière d'elle. Dis-lui d'arrêter d'essayer de changer pour plaire aux autres. Qu'elle est unique et qu'aucun de ces idiots ne la mérite. Mais surtout, dis-lui que je ne lui en veux pas, que je ne pourrai jamais lui en vouloir. Dis-lui que mon cœur n'a toujours battu que pour elle, qu'elle est mon âme sœur et que je suis partie en ne gardant que nos bons souvenirs. 

— Avery...

— Promets-le-moi, papa !! S'il te plait, j'en ai besoin.

Ses yeux se fermaient progressivement, ses organes lâchaient un par un. Son heure était venue. 

— Ok, je te le promets.

— Merci pour tout, papa. Ne me pleurez pas, vivez votre vie et restez aussi soudé. J'ai eu une belle vie et je vous en serai à jamais reconnaissante. Je... Je t'aime...

Puis Avery ferma les yeux à jamais, brisant le cœur de son père en mille morceaux.

Mon père avait terminé son récit depuis un moment, mais je n'ai toujours pas retrouvé l'usage de la parole. Je pensais que je n'avais plus de larmes en stock, mais j'étais loin du compte. J'ai passé douze ans à croire que ma sœur était morte en me détestant, à penser que j'avais ruiné sa mémoire, ses souvenirs, ses derniers instants. Mais même au bord de la mort, Avery est restée parfaite. Même quand j'ai été la pire des sœurs, elle a trouvé le moyen de continuer à m'aimer inconditionnellement, à me trouver génial et à être fière de moi.

— J'avais prévu de te le dire à ton réveil, mais tu as fait cette crise, puis tout s'est enchaîné très vite : ta dépression, ton internement, ton déni, tes nombreuses crises... Je suis désolé, Amber...

Je ne le laisse pas terminer et le prends dans mes bras. Mon père ne pleure que rarement, mais quand il s'agit d'Avery, il est incontrôlable. Ils avaient une relation très fusionnelle et il a été le dernier à la voir en vie. Sa fille est morte sous ses yeux et il devra vivre avec ça pour le restant de sa vie. Il a dû en gérer une autre, tout en portant ce fardeau. Comment pourrais-je lui en vouloir ?

— Je ne t'en veux pas, je ne pourrais jamais t'en vouloir.

Je resserre un peu plus fort mon étreinte, caressant son dos pour tenter de l'apaiser. J'ai toujours été celle qui pensait avoir besoin de réconfort, sans se soucier de la peine que pouvaient ressentir mes parents. Je pense qu'eux non plus n'ont pas totalement fait leur deuil et qu'ils n'y arriveront jamais.

— Excuse-moi, ma fille, c'est moi qui devrais te réconforter, je...

— Chut, chut, ne dis pas de bêtises, papa. Tu as aussi perdu ta fille, tu devrais avoir le droit de la pleurer autant que tu le souhaites, insisté-je en caressant sa joue

Il referme sa main sur la mienne puis m'attire contre lui. J'entoure mes bras autour de sa taille, me blottissant un peu plus dans ses bras réconfortants.

— Avery savait qu'elle allait mourir et même en souffrant le martyr, elle a trouvé le moyen de s'inquiéter pour toi. Ne doute jamais de l'amour qu'elle te portait. Rien ni personne n'aurait jamais changé ça, susurre-t-il près de mon oreille

— Elle me manque tellement, papa... Comment suis-je censée vivre sans elle ?

— En vivant pour elle. 

Lisant l'incompréhension sur mon visage, il se lève et revient quelques minutes après, une feuille en main.

— Cette liste t'aidera, me dit-il en me la donnant

Intriguée, je m'empresse de l'ouvrir pour en découvrir le contenu. La première chose qui attire mon œil est le titre : « 50 choses à faire avant de mourir, par Avery Rose Adams ». 

— Elle a fait cette liste lorsqu'elle avait treize ans. Elle me l'a donné et m'a demandé de lui remettre quand elle serait assez grande pour réaliser toutes ces choses.

Je m'apprête à répondre lorsqu'une nouvelle silhouette apparaît derrière mon père. Liam est réveillé et nous observe d'un œil interrogateur.

— Je dérange ? demande-t-il 

— Absolument pas, je vous laisse les tourtereaux, répond mon père en se levant

Il m'adresse un dernier sourire, une tape amicale à Liam puis retourne à l'intérieur. Mon copain me rejoint sur la balancelle et m'attire tout de suite contre lui.

— Bonjour, toi. Tu t'es levée tôt. 

— J'avais du mal à dormir, mais j'ai eu de la compagnie, réponds-je en souriant

Il louche sur le papier entre mes mains et fronce les sourcils. Il fait toujours ça quand il est en pleine interrogation. C'est adorable.

— Qu'est-ce que c'est ? 

— Une liste de choses à faire avant de mourir. Ça appartenait à Avery, mon père la gardait rangée.

Il hoche la tête et je profite de ce silence pour parcourir la lettre du regard. Certains points sont assez évidents et réalisables, d'autres sont plutôt farfelus et m'amuse.

— Faire un câlin à un koala, manger des insectes en Thaïlande, gravir le mont Fuji. Ta sœur n'avait peur de rien, plaisante Liam en souriant 

Je ne peux réprimer un petit rire en opinant. C'est vrai qu'Avery avait l'âme d'une aventurière et chaque point ne m'étonne pas une seconde. C'était la fille la plus courageuse et la plus déterminée que je connaissais. Cette liste, elle l'aurait réalisée avec brio. 

— Rien n'aurait pu l'arrêter. Elle était incroyable, lui confié-je

— J'aurais vraiment aimé la rencontrer.

— Tu l'aurais adorée, tout comme elle l'aurait fait. 

Il sourit puis dépose un long baiser sur mes lèvres. J'entoure sa nuque de mes bras et prolonge ce moment intime. J'aurais tellement aimé qu'Avery rencontre l'homme époustouflant qu'est Liam. Elle l'aurait validé en un rien de temps, elle avait l'œil pour ça. Mais j'aime à croire qu'elle veille sur moi, qu'elle voit à quel point Liam me comble de bonheur et qu'elle est fière de moi. Je veux y croire, j'ai besoin d'y croire.

***

— Bonjour, Avery, lancé-je d'une petite voix, en m'agenouillant

Après de longues semaines à redouter ce moment, je me suis enfin lancée. Ma conversation avec mon père m'a motivée à me bouger les fesses et à faire ce que je désirais. Je ne peux pas faire le deuil de ma sœur si je n'y mets pas du mien. Ce n'est pas en pleurant tous les jours que les choses changeront.

Alors après avoir discuté longuement avec Liam, nous avons décidé que la meilleure chose à faire, était de se rendre là où je n'ai jamais réussi à mettre les pieds. L'endroit où ma sœur repose : au cimetière. 

Je suis restée vingt minutes dans la voiture garée devant le cimetière. Vouloir quelque chose et le faire sont deux choses totalement différentes. Mais j'ai finalement opté pour la seule chose à faire : prendre mon courage à deux mains et me lancer.

J'ai attrapé la main de Liam et je nous ai guidés à l'emplacement indiquée par ma sœur Addie.

Liam est resté quelques minutes avec moi pour me transmettre toute sa force, puis a décidé de m'attendre plus loin, afin de m'accorder un moment d'intimité avec ma sœur.

Sa présence a beau me réconforter, il sait aussi que j'ai besoin de faire cela seule.

— Je sais que j'arrive un peu tard, mais je suis sûre que tu comprends pourquoi. Tu as toujours été très compréhensive, même quand j'étais vraiment bornée. Je ne voulais pas venir, car il m'était impossible d'accepter ta mort. Si j'étais venue ici, ça aurait rendu les choses réelles et je n'étais pas prête pour ça. Et je peux te dire que douze ans après, je ne le suis toujours pas. Comment accepter de laisser partir la personne qui faisait de moi quelqu'un de vivant ? Qui me comprenait et m'aimait plus que n'importe qui. Qui me faisait rire quand j'allais mal, qui me réconfortait après un cauchemar, qui restait à mes côtés lorsque j'étais malade. Tu as toujours été là pour moi sans jamais te plaindre. Tu as fait de mon monde un endroit plus sûr, plus beau, plus mémorable. Tu étais une part de moi et en te perdant, je l'ai perdu. Tu étais ma joie de vivre, ma raison d'être, mon âme sœur, ma moitié... Ton départ était si soudain, comment étais-je censée vivre dans un monde où tu n'étais plus là ? 

Je laisse une larme couler sur ma joue, esquisse un petit sourire avant de reprendre :

— Puis j'ai enfin compris... Tu ne m'as jamais abandonnée, tu n'étais peut-être plus là physiquement, mais tu étais toujours dans mon cœur. Nos deux âmes se sont liées lors de notre premier jour sur Terre. J'ai toujours eu cette chance d'avoir ce lien unique avec toi et je n'ai jamais compris ce qu'il signifiait. Jusqu'à aujourd'hui. Tu étais cette autre partie de moi, qui vivais dans un corps différent et lorsque tu as fermé les yeux, tu n'as pas disparu. Tu es simplement venu rejoindre la partie manquante. Si je suis là aujourd'hui, c'est pour te remercier. Merci d'avoir été une sœur incroyable, généreuse, bienveillante, soucieuse. Merci d'avoir toujours cru en moi, si j'ai réussi, c'est grâce à toi. Si j'ai eu le courage de réaliser mes rêves, c'était pour préserver ta mémoire. Tu as été ma plus grande force et tu le resteras toujours. Aujourd'hui, je te fais le serment de vivre pour toi. D'honorer ta mémoire chaque jour et de t'aimer inconditionnellement jusqu'à mon dernier souffle. Je te promets d'aller de l'avant, de rire, de sourire comme tu aurais voulu que je le fasse. J'aurais aimé que tu rencontres Liam, cet homme merveilleux qui a redonné un sens à ma vie, quand tout allait mal. Vous vous serez tellement bien entendu, j'en suis persuadée. Il ne m'a jamais abandonné, il a toujours été patient, à moi de mériter son amour maintenant. À moi de devenir la femme qui le comblera. Je suis prête, Avery. Prête à te laisser partir, prête à vivre. Ce qui ne signifie pas que je t'oublierai. Impossible. Je te garde près de moi, je vais réaliser tes rêves et je m'autoriserai enfin ce bonheur dont je me suis privée, ces douze dernières années. Je t'aime, Avery. Pour toujours et à jamais. 

Je laisse de nouvelles larmes s'échapper en caressant sa pierre tombale.

Ici repose Avery Rose Adams 

Une fille aimante, une sœur dévouée et la personne la plus extraordinaire.

Chaque mot est véridique. Avery était un cadeau dans la vie de chaque personne qui a croisé son chemin. Elle nous a tous sauvés et personne ne l'oubliera jamais.

Je dépose une fleur sur sa tombe, lui lance un dernier coup d'œil avant de tourner les talons pour rejoindre ma nouvelle moitié.

— Tu vas bien ? me demande Liam en entourant ma taille de ses bras 

— Tant que je t'aurai près de moi, j'irai toujours bien.

Il m'attire contre lui et capture mes lèvres dans un baiser passionné, ardent et rempli d'amour. 

Après ça, nous prenons le chemin du retour et arrivons chez moi une vingtaine de minutes plus tard. Je salue ma famille, embrasse ma nièce et leur adresse un sourire signifiant que tout va bien. Je leur demande ensuite de m'excuser et attire Liam dans le jardin, sous la véranda. J'ai besoin de lui parler de quelque chose d'important. J'y ai réfléchi toute la journée et je pense que c'est la meilleure décision possible. Mais avant ça, j'ai besoin d'avoir son avis.

— Alors, de quoi voulais-tu me parler ? demande-t-il, assez nerveux

— Tu te souviens de cette liste qu'Avery a écrite ?

— Sachant que tu m'en as parlé ce matin ? Hmm, oui.

Je ris de l'évidente réponse. J'ai toujours du mal à formuler ce que je veux dire, voilà pourquoi quatre-vingt-dix-huit pour-cent du temps, je me ridiculise. Mais Liam ne s'en formalise pas et me demande de poursuivre.  

— J'ai eu pas mal de temps pour y penser. J'ai pesé le pour et le contre, j'ai discuté avec Lexie. Mais ce qui m'a vraiment motivé, c'est ma visite à Avery dans le cimetière. En lui adressant mon petit monologue, j'ai vu ça comme une évidence. Comme la clé manquante pour enfin terminer ce deuil. Mais je voulais aussi t'en parler, parce que ça va chambouler nos plans et notre relation. 

— Tu veux accomplir chaque point de la liste, devine-t-il aisément

J'ouvre la bouche, assez surprise de la vitesse à laquelle il a deviné mes pensées. Je pensais devoir peser mes mots, lui adresser tout un monologue explicatif, mais encore une fois, Liam Cooper a réussi à me surprendre. C'est comme s'il l'avait deviné depuis le départ.

— Quand je te dis que je te connais par cœur, Amber, ce n'est pas un euphémisme. Lorsque tes yeux ont parcouru cette liste, j'ai vu cette lueur, ce désir d'aller plus loin. J'avais compris avant même que tu ne réalises que tu comptais le faire. Tu dis qu'Avery était courageuse et ne reculait jamais devant rien, mais c'est aussi des adjectifs qui te décrivent. Tu es la fille la plus bornée, la plus tenace et la plus brave que je connaisse. Alors ça ne m'a pas surpris du tout, me confie-t-il, amplifiant mon sourire 

Oh oui, il me surprend de jour en jour. Il a compris ce que je voulais faire avant même que je n'y pense. Encore une preuve qu'il est mon âme sœur. 

— Tu sais que ça va remettre nos plans de tour du monde à un autre moment ? Dans cette liste, il y a des choses à réaliser dans les quatre coins du monde et je dois...

— Le faire seule ? Je le sais, ça me parait évident. 

Il attrape mon visage entre ses mains, dépose un petit baiser sur le bout de mon nez avant de plonger son regard dans le mien.

— Tu vas réaliser les dernières volontés de ta sœur. Tu prendras le temps qu'il te faut pour guérir, pour te redécouvrir et pour apprendre à être heureuse à nouveau. Tu es une battante, tu ne reculeras jamais devant rien pour atteindre tes objectifs. Je crois en toi, mon amour, plus que n'importe qui. Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée et j'ai besoin que tu t'en souviennes, si un jour tu as un coup de mou.

— Pourquoi tu me parles comme si on allait couper contact ? Je pars seule, mais je t'appellerai tous les jours, d'accord ?

Un petit triste sourire prend forme sur son visage pendant que les larmes lui montent aux yeux. 

— Non, Amber, tu ne m'appelleras pas. Je t'aime plus que tout au monde et cette distance, ça va me tuer, mais elle est nécessaire pour toi. Si tu m'appelles tous les jours, je ne tiendrai pas et je plaquerai tout pour te rejoindre.

— Ça ne me dérange pas.

— Je sais, mais ce n'est pas bon pour toi. Cette aventure, tu dois la vivre pour toi, tu dois apprendre à vivre pour toi. Tu ne dois plus être dépendante de personne. Tu dois faire ça pour Avery.

Quelques larmes coulent sur ses joues, et les miennes ne tardent pas à faire de même. Est-ce que Liam est en train de me quitter ?

— Tu... tu veux rompre avec moi ? demandé-je, sentant ma voix se briser 

— Rompre avec toi ? Amber, tu es l'amour de ma vie, mon unique âme sœur dans ce monde. Il n'y a rien ni personne qui brisera ce lien, d'accord ? Quand on devra se retrouver, on se retrouvera. Dans six mois, un an, deux ans, je sais que tu me reviendras, alors je ne m'inquiète pas. Tout ce que je veux, c'est qu'une fois cette aventure terminée, tu redeviennes la Amber qu'Avery a toujours connu. Que tu sois enfin en paix avec toi-même et qu'on la vive cette putain de belle histoire. 

Il essuie mes larmes avant de plaquer furieusement ses lèvres sur les miennes. Nos dents claquent, nos langues s'entremêlent rapidement. J'embrasse Liam avec toute la colère, l'amour, la passion, la chaleur que je possède. J'aspire et titille sa langue, je mordille sa lèvre jusqu'à ce que le goût métallique de son sang se mêle à nos langues brûlantes de désir. 

— Comment vais-je faire sans toi ? demandé-je en collant mon front au sien 

— Tu vas y arriver, tu es forte et indépendante. Tu l'as toujours été, il faut que tu t'en souviennes. Tu n'as besoin de personne, Amber June Adams. 

— Je t'aime, Liam. Merci, merci d'avoir été mon plus grand soutien. Merci de ne pas avoir fui dès que je t'ai montré mes faiblesses. Merci d'être l'homme le plus patient, le plus compréhensif et le plus génial de l'univers. Tu as changé mon monde et je t'en serai à jamais reconnaissante.

Il dépose un nouveau baiser sur mon front et esquisse le plus beau des sourires.

— Ne crois pas que tu n'as jamais rien fait pour moi. Tu m'as appris à aimer, et ça signifie beaucoup pour moi. Tu as été ma lumière dans toutes ces ténèbres qui logeaient en moi depuis le jour où mon père à lever la main sur moi. Je t'aime, Amber. Tu es digne d'être aimée. Et à chaque fois que tu l'oublieras, je serai là pour te le rappeler. 

Sur cette dernière phrase, il joint de nouveau ses lèvres aux miennes. Scellant notre amour à jamais. Gravant son âme à la mienne.

— Eh, Amby. Regarde. 

Il tourne la tête et me laisse apercevoir des torrents d'eau couler du ciel. Un énorme sourire s'étire sur mes lèvres lorsque je comprends ce que cela signifie. Il se souvient...

— Prête à hurler ? demande-t-il en me tendant sa main

— Prête à tout, tant que c'est avec toi. 

Son sourire s'élargit alors que ma main rejoint la sienne. Nous nous mettons à courir comme deux fugitives jusqu'au fond de mon jardin, alors que la pluie nous inonde instantanément. Liam est le premier à hurler aussi fort qu'il en a besoin et m'invite, par la même occasion, à l'imiter. Nous hurlons à gorge déployée, rejetant toute cette colère et cette tristesse accumulée depuis que notre vie a tourné au cauchemar. On a tous les deux vécus des moments difficiles, eu des blessures incurables. Mais nos chemins ont fini par se croiser, comme ils étaient destinés à le faire. On a appris à aimer, à vivre, et même si nos chemins vont se séparer le temps de guérir complètement. Ils finiront par se recroiser. 

Parce que notre amour est inconditionnel, intemporel. Il n'a pas de date d'expiration, pas d'explication... Il est unique, magnifique, insensé, extraordinaire, farfelu, passionné, avide, effervescent, électrique, fou, mais surtout... Il est nôtre.

🎬🎬🎬

Ouaip, je pleure encore...

Un dernier chapitre fort en émotions.

Je voulais vraiment mettre ce flashback d'Avery pour qu'Amber comprenne une fois pour toute qu'elle n'est pas responsable et que sa sœur ne la détestait pas.

Maintenant elle va vraiment se prendre en mains et aller de l'avant comme elle le mérite.

Un dernier moment sur nos Liamber. Cette fin de chapitre montrait vraiment l'étendu de leur amour et de la connexion qu'il partage.

J'ai pleuré en l'écrivant et en la relisant des dizaines de fois.

On se retrouve ce week-end pour dire un dernier adieu à nos bébés avec les deux épilogues !

Je vous garantie un sourie béa jusqu'au dernier mot ❤️❤️

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