— Je pense toujours qu'on aurait dû rester sur cette colline, soupiré-je en descendant de la voiture

— J'y serais restée toute ma vie, si je le pouvais. Mais on a des obligations, monsieur je me plains tout le temps, rit Amber en sortant à son tour

Il n'est pas loin de neuf heures du matin. Oui, on a dormi dehors et on a passé l'une des meilleures nuits de nos vies. Il n'y avait aucun humain, aucun bruit, uniquement Amber et moi, seuls au monde. La vie parfaite.

Tout m'avait manqué chez elle, et cette fois, j'ai tout récupéré. On est de nouveau ensemble et c'est la meilleure chose qui aurait pu m'arriver cette année.

S'il y a deux mois on m'avait dit ça, j'aurais sûrement ri. Mais la magie de John a eu son effet, et maintenant, je suis officiellement comblé.

J'ai passé la nuit à convaincre Amber d'emménager chez moi jusqu'à la fin du tournage, pour se retrouver enfin seuls. Mais cette fille au grand cœur ne veut pas abandonner ses amis. J'avoue que l'ambiance est bien meilleure depuis que ce connard de Jackson a décampé, mais passer du temps seul à seul avec ma blonde, ne serait pas de refus.

Dans une semaine, tout le monde va rentrer chez soi pour le week-end de Thanksgiving. John souhaite le passer en famille et a donc autorisé tout le cast à faire de même. Le tournage sera en pause pendant quatre jours et reprendra tout de suite après. De toute façon, il ne nous reste pratiquement plus rien à tourner.

Je ne sais pas encore ce qui va se passer après ça. Comment la relation entre Amber et moi va fonctionner. Je sais très bien qu'elle va retourner à New York, moi je vais rester à Los Angeles et cette relation à distance va reprendre.

Ça ne nous a jamais fait de mal, mais comme on vient de se retrouver, je préférais qu'on passe les prochains mois ensemble.

Peut-être que je devrais lui proposer de partir en voyage, rien que tous les deux. On pourrait même aller en Australie pour aller voir sa famille. Je sais qu'elle y retournera sûrement pour les fêtes et pour la naissance de son neveu. Peut-être qu'à ce moment, je l'accompagnerai. Ça fait deux ans que je n'ai pas vu Maya, et j'avoue qu'elle me manque beaucoup. Et puis, ça me fera une occasion d'entrer à nouveau dans les bonnes grâces de sa famille.

Enfin bon, pour l'instant, ce n'est pas le sujet. Aujourd'hui, on tourne en fin de matinée. J'ai une scène avec Matt, une avec Emily, qui sera aussi sa dernière et le reste se passe avec Amber. Logan a terminé toutes ses scènes et il n'en reste que quelques-unes à Madison.

Ça sent vraiment la fin, et, bizarrement, ça me rend nostalgique.

Ce film aurait dû être un parmi tant d'autres, et pourtant, il restera gravé dans ma mémoire. Surtout parce qu'il m'a permis de retrouver la femme de ma vie, et ça, ça n'a pas de prix.

En parlant de femme de ma vie, cette dernière se précipite à l'intérieur de la villa. Elle a culpabilisé toute la nuit pour avoir fui la surprise de Madison. Elle sait qu'elle n'a rien contrôlé, mais elle aurait dû leur dire que son anniversaire n'était pas quelque chose qu'elle aimait fêter. Pour moi, elle n'a rien à se reprocher, mais vous la connaissez, elle s'en veut pour tout et n'importe quoi.

— Tu crois que les autres sont réveillés ? me demande-t-elle en entrant dans la cuisine

— S'ils ne sont pas là, probablement pas. Ou alors ils sont en train de prendre leur douche.

— Hmm, pas bête. Je vais préparer le petit déjeuner pour me faire pardonner. Tu m'aides ?

Je ris en secouant la tête, elle n'a pratiquement rien dormi, mais est plus en forme que jamais.

— D'accord, mais seulement si tu promets d'arrêter de culpabiliser. Tu n'as rien fait de mal.

— Facile à dire, ce n'est pas toi qui t'es totalement paralysé, alors que tes amis ont passé la journée à te faire une belle surprise, répond-elle d'un air peiné

Je prends alors l'initiative de l'attraper par la taille et de la serrer contre moi. Elle se laisse aller et garde le silence, pendant que je m'imprègne de sa délicieuse odeur. On s'apaise mutuellement, sans prononcer le moindre mot, et j'aime tellement ça.

— Madison est ton amie, elle t'aime et a compris que tu fais face à beaucoup de problèmes, depuis pas mal de temps. Elle n'avait peut-être pas conscience que c'était aussi grave. Mais elle ne t'en voudra jamais d'aller mal.

J'attrape son visage entre mes mains et dépose un simple baiser sur ses lèvres. Elle retrouve le sourire et m'embrasse à son tour.

— Tu es parfait.

— Je sais, c'est un travail à plein temps.

Elle lâche un rire cristallin en me donnant un léger coup de coude.

— Allez monsieur le prétentieux. On a des crêpes à faire, s'écrie-t-elle en sortant un saladier

— Hmm, très français tout ça.

— C'est ce que je suis à moitié, tu te souviens.

— Évidemment, mon chéri, réponds-je en prononçant ce dernier mot dans cette langue

Amber éclate de rire, je ne sais pas si j'ai dit n'importe quoi ou si c'est mon accent, mais il y a définitivement un problème avec mon français. Pourtant, Amber me répétait ça à longueur de journée quand on était ensemble.

— Tu es peut-être parfait, mais ton français ne s'est toujours pas amélioré. On dit ma chérie, pour une fille, me corrige-t-elle

— Ouais bah vous n'avez qu'à pas genrer tout ce que vous trouvez, râlé-je

— C'est ce qui fait la beauté de la langue. Ce n'est pas si compliqué.

— Facile à dire pour une fille qui est bilingue.

Elle m'adresse un sourire fier en haussant les épaules.

Amber est à moitié française. Antoine, son père, vient de là-bas, mais n'y vit plus depuis qu'il est tombé amoureux d'Ashley, sa mère qui est australienne. Cependant, ils ont tenu à ce que leurs enfants apprennent les deux cultures, surtout parce que leurs grands-parents vivaient toujours en France.

Je n'ai jamais eu l'occasion de rencontrer son grand-père, car il est décédé un an avant notre rencontre. Sa grand-mère, par contre, est une femme adorable et hyper drôle. Elle m'a fait passer tout un tas de tests pour être sûre que j'étais digne de sa petite-fille. Évidemment, l'homme parfait que je suis, a tout réussi haut la main, et petit à petit, une bonne relation s'est instaurée entre nous.

La barrière de la langue n'était pas affreuse, car Camille maîtrisait un minimum l'anglais. J'ai tenté de parler leur langue a de multiples reprises, et en soit, je m'en sortais plutôt bien, mais je galère toujours sur les genres. Non mais sérieux, quelle idée de dire qu'une table est féminine et qu'un sac est masculin ? C'est une chose que je ne comprendrai jamais. Cependant, niveau compréhension, je suis assez calé. On peut me mettre une conversation et je serais en mesure de tout comprendre.

— Je n'arrive pas à déterminer ce qui te rend le plus sexy ? Ton accent australien ou français, poursuis-je en m'approchant d'elle

— Hmm, peut-être mon accent américain ? Il n'est pas mal celui-là.

— Oh il est carrément irréprochable. Une chose en plus, qui fait de toi une actrice phénoménale.

Elle m'adresse son plus beau sourire en guise de remerciement, puis commence à verser la farine dans son saladier.

— Comment vont tes parents ? Ils t'ont appelé hier ? demandé-je en cassant des œufs dans un bol, pour l'aider

— Oui, bien qu'ils sachent qu'il faut me laisser de l'espace ce jour-là, ils appellent toujours pour me souhaiter un joyeux anniversaire et me rappeler à quel point ce jour sera toujours important pour eux.

— Le jour où leur petite princesse est née. C'est irremplaçable. As-tu toujours détesté ton anniversaire ?

Son corps se tend à nouveau, je devrais arrêter avec mes questions, mais ma nature curieuse est parfois trop forte.

Je m'apprête à m'excuser pour avoir ramené le sujet sur le tapis, mais Amber m'arrête très vite en posant sa main sur la mienne.

— Non, c'était quelque chose que j'aimais beaucoup fêter lorsque j'étais plus jeune. Seulement, certains événements ont fait que fêter ce jour, m'est devenu insupportable. C'est une chose de plus que je ne contrôle pas. Mon corps réagit en premier et il a perpétuellement le dessus.

— D'accord, je n'en demande pas plus. Étape par étape, on a dit.

— Merci d'être aussi patient. Je sais que ce n'est pas facile. Devoir être présent pour gérer des choses aussi compliquées, alors que tu ne connais même pas le point de départ de tout ça... Mais je peux te promettre qu'à la fin du tournage, tu sauras tout, dans les moindres détails. Je ne te cacherai rien, je serais totalement transparente. Et après ça, il n'y aura plus jamais de secrets entre nous.

J'essuie mes mains et entoure sa taille de mes bras, pour la serrer contre moi.

— Pas de pression, bébé. J'attendrai le temps qu'il faudra

Elle dépose un doux baiser sur ma main puis se remet au travail.

***

— Wow, c'est quoi tout ça ? s'exclame Matt en entrant dans la salle à manger

— Des vraies crêpes à la française !! ajoute Logan en se précipitant vers le plat

Emily le rejoint, et pour une fois, je crois qu'elle va se laisser tenter par quelques calories en plus. La dernière à entrer est Madison, ses yeux se posent immédiatement sur Amber, et j'arrive à lire beaucoup d'inquiétude et de tristesse dans le regard de la métisse.

— Maddy...

Elle ne la laisse pas terminer et fonce dans ses bras. D'abord surprise, Amber ne réagis pas, mais finit par resserrer son étreinte un peu plus fort.

— Ne me refais plus jamais ça, Amby. Je me suis tellement inquiétée, souffle-t-elle sans la lâcher

Ma copine se redresse quelques secondes après, pour lui faire face. Madison a l'air épuisé, j'imagine que sa nuit a dû être compliquée. Voir son amie faire une crise ingérable et s'enfuir au beau milieu de la nuit sans donner de nouvelles, ce n'est pas commun.

— Pardonne-moi d'avoir complètement ruiné tout ce que tu avais préparé, poursuit Amber

— Roh mais on s'en moque de ça. C'est pour toi que j'ai eu peur. Te voir partir en quatrième vitesse alors que tu venais de te figer devant mes yeux. Sans parler du fait que tu n'es pas rentrée de la nuit. J'ai tenté de vous appeler mais...

Cette fois, c'est à mon tour d'intervenir pour éviter une nouvelle crise. J'attrape Madison par les épaules, pour la calmer et la rassurer.

— Eh, du calme. Amber était avec moi, il ne lui est rien arrivée. J'aurais dû vous appeler pour vous rassurer, désolé, je n'y ai pas pensé.

La métisse me fixe un instant sans rien dire, puis finit par hocher la tête. Je la relâche et retourne me poster près d'Amber.

— Alors, où étiez-vous ? Vous avez passé la nuit ensemble ? nous questionne Matt en se tartinant une crêpe

Je jette un coup d'œil à ma copine, pour savoir si elle souhaite garder ce qu'il s'est passé pour elle. Mais, vu son sourire, je comprends le contraire.

— On a passé la nuit ensemble, sourit Amber

— Hmm cool.

Ils n'ont définitivement rien compris. Ce qui m'amuse plus que ça ne le devrait.

Logan est le premier à remarquer nos sourires et fait rapidement le lien.

— Attendez, quand vous dites « ensemble », vous voulez dire...

— Oh ça va, Logan, on ne va pas te faire un dessin non plus, grogne Amber sans perdre son sourire

Madison comprend immédiatement et réagit un peu plus fort que tous les autres. Me cramant un tympan, par la même occasion.

— Oh, bordel de merde !!! C'est de nouveau officiel entre vous ?!!! s'écrie-t-elle comme si on venait de lui annoncer qu'elle avait gagné au loto

Amber acquiesce en se faufilant dans mes bras, pour illustrer ses propos. Madison hurle à nouveau et Matt affiche un sourire fier lorsque Logan lui tend un billet de cinquante.

— Attendez, vous avez parié sur nous ? demandé-je

— Évidemment. Logan a parié qu'Amber allait te faire attendre jusqu'à la fin du tournage, tandis que je savais que ce n'était qu'une question de jours, fanfaronne cet imbécile de Matt

— Tu aurais pu attendre un peu, Amby, on y était presque, râle Logan

Ma copine croise ses bras et fusille son ami du regard.

— Logan Theo Taylor, Matthew Evan Reynolds, pariez encore une seule fois sur moi et je vous ferai tellement mal à une certaine partie, qu'il vous sera impossible de ressentir du plaisir à nouveau, les menace-t-elle d'un ton assez drôle

Nous rions tous, alors que les concernés prennent la menace au pied de la lettre, en s'excusant.

Ma copine n'est peut-être pas la plus imposante physiquement, mais elle fait son effet.

— Bon, maintenant, on va manger les crêpes que je vous ai préparées pour me faire pardonner, ajoute-t-elle en tirant une chaise pour s'y assoir

— C'est toi qui as tout préparé ? demande Madison

— J'ai mis la main à la pâte, mais c'est la recette de notre franco-australienne qui fait toute la différence, précisé-je

— Tu es française ? la questionne Emily

— Oui, mon père vient de là-bas et ma grand-mère y vit toujours.

— De Paris ? demande à son tour Logan

Ma copine soupire d'agacement. Elle déteste cette question. Parce que très souvent, les américains n'y connaissent rien en géographie.

— Non Logan, la France n'est pas seulement composée de Paris. Elle vient d'un peu plus bas, de Lyon.

— Connais pas.

— Évidemment, va réviser ta géographie au lieu de te goinfrer.

Il ignore Amber superbement et se tartine une nouvelle crêpe. Je n'ai même pas envie de savoir combien il en a englouti, rien qu'en y pensant, j'ai mal au ventre.

Un regard persistant se fait ressentir depuis quelques secondes, et je repère sans difficulté Madison, qui nous fixe Amber et moi. J'avoue que son sourire est carrément flippant.

— Pourquoi tu nous fixes comme ça, toi ?

— Je suis juste contente de vous voir aussi heureux. J'attendais ça depuis le premier jour.

Les lèvres d'Amber s'étirent pendant que ses joues changent de teinte. J'attrape alors sa main et y dépose un petit baiser. Moi aussi j'attendais ça depuis le premier jour.

Depuis deux ans, pour être exact.

***

— Elle est incroyable, pas vrai ? lance Matt en s'asseyant à mes côtés

Je hoche la tête, sans lâcher ma copine du regard. Il n'est pas loin de cinq heures de l'après-midi, on tourne depuis ce matin et on n'a pas chômé. Amber et moi avons eu le plus de scènes, mais ma dernière était avec Matt. Il joue mon meilleur ami, alors on a eu l'occasion de beaucoup tourner ensemble, et c'est toujours un plaisir. Il joue peut-être les fanfarons dans la vraie vie, mais quand il est sur scène, c'est une vraie bête. Il rentre dans son rôle mieux que personne.

J'ai donc laissé ma place à Amber, qui tourne actuellement avec Maria, l'actrice qui joue sa mère. Elle n'avait pas énormément de scènes, alors elle les a toutes tournées entre avant-hier et aujourd'hui.

— Plus qu'incroyable, m'entends-je dire en souriant

— Alors ? Content de l'avoir retrouvé ?

Je quitte enfin ma blonde des yeux pour les poser sur mon ami.

— C'est tout ce que je voulais. J'ai vraiment cru que notre histoire s'était terminée, il y a deux ans. Au fond de moi, j'espérais qu'elle reviendrait, mais avec le temps, j'avais fini par perdre espoir. Et voilà que John, notre bonne fée, a utilisé sa baguette.

Il rit de ma comparaison, ce qui ne l'empêche pas de me donner raison.

— Tu n'as pas tort. Elle était vraiment mal, elle pensait que tu l'avais trompée, que tu avais tout détruit. Jamais elle n'aurait imaginé en être la cause.

Je fronce les sourcils et m'apprête à lui demander comment il est au courant, mais il ne m'en laisse pas le temps.

— Elle m'en a parlé, il y a quelques jours. Elle ne se confie pas à tout le monde, mais elle l'a toujours fait avec moi. Je l'aime comme une sœur et ça sera toujours le cas. Alors même si tu es plus costaud que moi, je me dois de te mettre en garde. Ne lui brise pas le cœur.

En temps normal, j'aurais ri, mais je connais la relation qu'entretiennent Matt et Amber, alors je me contente de hocher la tête.

— Plus jamais. Je ne laisserai rien le briser. Sûrement pas moi. Quand elle m'aura enfin avoué ce lourd secret qui la hante, je m'assurerai qu'elle vive sa vie à fond.

— C'est tout ce que je voulais entendre, mon pote. Mais n'oublie pas de prendre soin de toi aussi. Elle n'est pas la seule à avoir souffert, ces dernières années. Faites ressortir le meilleur de l'autre, rien d'autre.

Je lui adresse un tendre sourire, en guise de réponse et le remercie d'être un ami aussi dévoué.

Matt est un chic type, il a rencontré Amber avant moi et c'est elle qui a fait les présentations entre nous. Il n'y a jamais eu de jalousie, car ses sentiments étaient clairs. Leur relation est plus fraternelle que sentimentale, alors la jalousie n'avait pas sa place. Et rapidement, ce petit farceur est devenu un véritable ami. Même s'il restera toujours plus proche de ma copine, il sera toujours là pour moi.

— Et toi, alors ? Tu as peut-être dupé les autres, mais ce n'est pas mon cas.

Il hausse un sourcil, se demandant où je veux en venir. Alors je lui rafraîchis très vite la mémoire.

— La fille qui te plaît.

— Emily ? Ce n'est un secret pour personne. Mais bon, elle est totalement amoureuse de toi, alors je dois faire avec.

Je ris parce qu'il se les joue sarcastique quand il sait qu'il a été démasqué. C'est ce que je fais aussi, alors il ne m'aura pas.

— Tu crois vraiment que je te parlerais d'Emily, alors qu'on sait tous que tu la veux dans ton lit depuis le premier jour ?

Il ne répond pas et détourne le regard.

— Bon, ok. Mais je ne voulais pas qu'il y ait d'embrouilles entre nous, mec, souffle-t-il

— Des embrouilles ? Pourquoi ?

— Bah, même quand vous vous détestiez, je savais que tu l'aimais toujours. Et tu vois, j'ai toujours dit que je la considérais comme ma sœur, mais tu as raison, je suis amoureux d'Amber.

Le petit con.

Il explose de rire en voyant mon air outré. Le pire, c'est que j'ai bugué pendant quelques secondes. Pas parce que je le croyais, mais parce que je pensais qu'il allait vraiment être honnête.

— Enflure, grogné-je sans réprimer un sourire

— Oh, tu aurais vu ta tête. Épique, rit-il de plus belle

Je lui assène un coup dans le bras, assez fort pour le calmer.

— Je parlais de Madison, mec, finis-je enfin par lâcher

Eh ben, il a vite perdu son sourire, ce qui amplifie évidemment le mien. L'homme est faible.

— T'en a d'autres des conneries pareilles ?

— Oh un tas, mais celle-ci n'en n'était pas une.

— Tu divagues, mec. La sorcellerie Amby a déjà fait effet, à ce que je vois.

Je ris de nouveau, pas lui. C'est mignon, j'ai enfin réussi à le faire taire.

— Allez mon pote, je ne suis pas une nana. Je ne vais pas me mettre à crier dans tout le studio à quel point c'est trop génial !! dis-je en tombant dans les aigus, pour illustrer mes propos

J'arrive enfin à lui arracher un sourire, et peut-être un aveu.

— T'es con. Et même si c'était le cas, en quoi cette information te servirait ? Tu t'empresserais de le dire à Amby, qui foncera vers Madison. Non, je ne marche pas, ajoute-t-il sans me regarder

Je n'ai pas envie de faire le malin, mais il vient de faire un aveu sans s'en rendre compte. Le plus surprenant, c'est qu'il s'agit de Matt. Le mec a une queue à la place du cerveau. Quand une fille lui plaît, il ne va pas se gêner pour le faire savoir. Alors pourquoi cacherait-il ça ?

— Pourquoi ne lui dis-tu pas ? demandé-je d'une voix plus rassurante

Il souffle, balade ses yeux sur la concernée, qui est maintenant en pleine conversation avec ma copine.

— Parce qu'elle va bien. Parce qu'elle est heureuse et qu'elle est loin d'être aussi bousillée que moi.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas vraiment où il veut en venir. Alors, il poursuit :

— Tu sais déjà que je n'ai pas toujours été ce gigolo qui baise tout ce qui bouge. Une fille m'a fait perdre toute confiance en l'amour. Depuis ce jour, je me suis promis de ne plus le donner à personne. Madison est une fille bien, ce n'est pas le genre qu'on utilise une nuit pour s'éclater et qu'on jette le lendemain. Sauf que je fonctionne comme ça, et ça briserait tout.

Je crois bien que c'est la première fois que Matt se montre aussi transparent. Évidemment que j'étais au courant de la tromperie, mais je ne savais pas que ça l'avait autant détruit. Matt est tout le contraire de moi. Il était sérieux dans ses relations dès son plus jeune âge et est devenu volatile à cause d'une personne. Moi, j'ai commencé par jouer avec les filles puis la bonne m'a fait comprendre que les relations sérieuses et monogames étaient bien meilleures.

— Pourquoi tu ne changes pas ça ?

— Parce que ça fait trop mal, mec. Revivre ça, c'est inimaginable. L'humain n'est pas fiable, alors pourquoi se prendre la tête ?

Il n'a pas complètement tort. Même les couples les plus stables peuvent se détruire. Si on regarde Amber et moi, ces deux ans le montrent bien. Sauf que ces derniers mois ont prouvé que l'amour n'a pas qu'une chance. Qu'il n'y a pas de date d'expiration, ni de moment parfait. Il faut juste vivre, faire des erreurs et apprendre.

— Et ne commence pas à me comparer à Amber et toi, souligne-t-il, comme s'il lisait dans mes pensées. Vous ne vous êtes pas séparés en ayant pour but de vous blesser.

— C'est vrai, mais même si ce n'était pas intentionnel, le mal était fait. Mais on n'a pas abandonné. On a savouré la deuxième chance qui s'est offerte à nous. On a tout pris sans penser au futur. Tu es trop jeune pour renoncer à ça.

Il me considère un instant, alors je continue :

— De quoi as-tu vraiment peur ? Parce que si tu renonces à une relation par peur d'être blessé, ça ne marchera jamais. Je ne te dis pas de foncer t'enfermer dans quelque chose avec n'importe qui, ça non. Avant la phase « couple », il y a la découverte de l'autre, les moments importants, mais pas assez pour être mal si ça ne marche pas. C'est par là que tu dois commencer.

Je pointe discrètement Madison du doigt avant de conclure.

— Regarde cette fille. Oh oui qu'elle est chiante, un peu trop directe, complètement perchée, mais après presque deux mois à la côtoyer, je peux te dire qu'elle est sincère. Oui elle a eu pas mal d'expériences sexuelles, mais ça ne l'empêchera jamais d'aimer. À toi d'en être digne.

— Et si ça finit mal ?

— Alors tu auras le droit de me botter le cul.

Il éclate de rire avant de me serrer dans ses bras, pour me remercier. Ouais, je suis devenu une vraie fleur bleue à force d'être amoureux d'Amber. Mais putain ce que c'est bon.

***

— Hmmm. Non, non.

Je me réveille en sursaut lorsque des gémissements parviennent à mes oreilles. Je tourne ma tête et remarque que le sommeil d'Amber est plutôt agité.

Elle tremble, transpire et...

— Je t'en prie reviens !! Ne m'en veux pas. Je suis désolée Avery, je suis désolée...

— Amber, Amber réveille-toi !!

Je l'entoure de mes bras et caresse ses cheveux pour tenter de la calmer.

— Où est-elle, Liam ? Où est Avery ? s'écrie-t-elle en pleurant de plus belle

La panique me gagne. Elle a déjà fait des cauchemars, mais jamais d'aussi forts ? Elle gémissait, mais ne pleurait, ni ne parlait jamais.

— Qui est Avery ?

— J'ai tout gâché, j'ai tout détruit. Je suis un monstre.

Mon cœur se serre à l'entente de ces quelques mots. Mais Amber n'est pas elle-même, je n'ai pas le droit de profiter de son état pour comprendre. Alors je me contente de faire ce que j'ai l'habitude de faire pour lui montrer qu'elle n'est pas seule : la serrer contre moi jusqu'à ce qu'elle soit de nouveau apaisée.

— Je suis là, mon amour, je suis là.

🎬🎬🎬

Heyyyy !!

Bon, une fin de chapitre qui nous laisse assez perplexe ? Mais qui nous aide vachement dans notre enquête, non ?

De nouvelles théories ?

En ce qui concerne le reste du chapitre, c'est à nouveau du point de vue de notre Liam ❤️

Ils sont mignons nos bébés hein ?

Et ce petit cachotier de Matt ? Vous l'avez vu venir son crush pour Madison ?

Va-t-il se passer un truc entre eux ? 🤫