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C'est une belle journée. Une de ces journées avec un grand soleil, une légère brise, qui sent l'odeur du gazon fraîchement tondu et du linge qui sèche à l'air libre. Mais elle ne peut pas être parfaite. Je m'en rends compte dès que j'ouvre les yeux. On est dimanche, ma mère et Aaron ont du aller au marché. Je m'assied à la petite table de la cuisine et me sert du café. J'adore ça. J'ouvre ma playlist et la lance en tournant une page de mon livre, avant de recevoir une notification.
Alors ? Pas trop excitée ??
C'est Abby. Je lève les yeux au ciel et répond vite.
Tu te fais des films.
Mais je me demande quand même ce qu'il est devenu.
Je repose mon téléphone, ferme mon livre et pose ma tasse dans le lave vaisselle. J'ai passé les deux dernières semaines à convaincre mes amis que je me sentais comme d'habitude par rapport au retour de mon meilleur ami. Ancien. Ancien meilleur ami. Lee a explosé de joie en apprenant son retour. Ils se sont toujours extrêmes bien entendu, se considérant plus comme des frères que de simples amis. C'est Lee qui a aidé Hayden à s'épanouir et à faire connaissance avec d'autres enfants. Mais tout le monde est persuadé que c'est moi la plus impatiente. Ils connaissent tous la relation que j'ai entretenu avec lui, et ils espèrent tous secrètement qu'on sera pareil.
Moi aussi, au fond, même si je sais que ça va être compliqué. Ça fait des années. On est plus des enfants.
Je me lève pour monter dans la salle de bain. Je me douche, me maquille très légèrement et choisis une tenue simple. Je passe 10min devant le miroir de la salle de bain pour m'assurer que je n'ai pas l'air de sortir du lit. Je ne fais pas partie de ces bombes qui vérifient toutes les 20 secondes que leur gloss n'est pas parti et qui en rajoute une couche pour en être sûre. La plus part du temps, je rehausse mes cils avec du mascara et laisse mes cheveux détachés. Mais aujourd'hui, pour une raison inconnue, je tiens à me trouver jolie. Je veux qu'il me trouve jolie.
Même s'il s'en fichera probablement.
Lorsque je sors de la salle de bain, la joyeuse troupe est de retour, les bras chargés de divers poivrons et courgettes. A table, Aaron ne tiens pas en place et demande l'heure à ma mère toutes les 20 secondes environs. Elle part d'un grand éclat de rire.
- Calme toi, mon grand ! Il n'est que 13h. Ils arrivent vers 15h, elle ajoute dans ma direction.
Comme si j'avais pu oublier...
Aaron est plus excité pour moi que pour lui même de revoir Hayden, il arbore un énorme sourire durant tout le repas, et me saute dessus après avoir débarrassé. Il geint en s'agrippant à moi.
- Noaaaaa on peut faire un gâteau, Noa ? Un avec du chocolat qui coule dedans, tu sais. S'il te plaiiiit.
Je rigole et me débarrasse de cette petite sangsue. Après avoir enfourné le fameux gâteau, je me rend dans ma chambre. J'ouvre ma lecture du moment, mais mon esprit ne cesse de divaguer vers Hayden et son retour. Je lance petits regards frénétiques à ma fenêtre, guettant toute trace d'eux. L'heure tourne, et je deviens de plus en plus fébrile. Est ce que mes cheveux sont OK ? Si je rajoute juste une petite touche de maquillage... J'ai eu le temps de faire des aller retour dans toutes mes applications pour faire passer le temps. Je n'ai jamais cherché son nom sur Instagram. Par peur de ce je découvrirai, j'imagine. Je me mord la lèvre et laisse mon doigt en suspend, hésitant à taper son nom. Je tape en tremblotant la première lettre, puis la deuxième. "Hayd..."
- NOA!
Et puis le son d'une voiture qui passe devant ma fenêtre. Elle continue encore un petit instant, avant de se garer dans l'allée de la grande maison blanche.
Je ne respire plus. C'est comme si le temps s'était arrêté. Je fixe les portières, les yeux grands ouverts. J'ai l'impression qui si je respire et fait du bruit, cette situation va disparaître. Mais non. Et lorsque la portière avant s'ouvre, tout me revient. J'inspire, me retourne brutalement et m'assied sur le lit. Pourquoi ça me fait tant d'effet ? Je pense à toutes ces années, et je commence à sentir quelque chose gonfler dans ma poitrine. Doucement, je descend les escaliers. Ma mère me souris tendrement et tend la main à Aaron qui sautille en criant.
Lorsque je sors de la maison, je n'arrive pas à distinguer qui s'active derrière la voiture. Et quand Kristen apparaît en faisant le tour de celle là, mon cœur s'arrête. Elle me voit, et sa bouche s'ouvre en un petit "oh".
Je ne me souvenait plus de son parfum. Ni de sa voix. Mais quand elle me serre contre son cœur, tout me reviens. Mes yeux se remplissent de larme, et elle me couvre de baisers.
- Noa... Elle me prend le visage entre ses mains et me regarde avec tendresse. Tu as tellement grandi... Elle laisse échapper un petit rire, et me serre une dernière fois contre elle, émue. "Tu est si belle !"
Elle s'éloigne de moi pour mieux de contempler.
- Oh.. Tu es devenue magnifique, ma belle. Déjà que petite tu était rayonnante, tu es eblouissante. Tu m'a tellement manquée, Ly.
Je souris en entendant ce surnom qu'elle me donnait déjà petite. Le fait qu'il se prononce exactement comme le nom de mon copain est plutôt ironique, sachant qu'elle adore aussi Lee. Mais ces deux lettres veulent dire beaucoup. Petite, je plantait des Lys avec elle. "Les Lys sont les reines des fleurs, me disait elle. Les roses sont méchantes et orgueilleuse. Les Lys sont douces, justes et persévérante" Je rigolait et l'écoutait, en me disant que malgré tout ça, elles restaient des fleurs.
Après leur départ, j'en ai planté beaucoup. De toutes les teintes, formes. Elles me faisaient sentir comme je me sentais avec elle. Bien.
- Et toi ! Rugit elle en soulevant Aaron, tu était un petit pois la dernière fois que je t'ai vu ! Qu'est ce qui s'est passé ? Sa bonne humeur fit sourire ledit petit pois, qui émit un rire sincère. Puis elle croisa le regard de ma mère. Elles tombèrent dans les bras de l'autre en rigolant aux éclats. D'émotion, je pense.
Une portière claqua. James en sortit, en traînant un gros sac derrière lui. En nous voyant, ses yeux formèrent deux grandes billes et il marqua un temps d'arrêt. Je me souvenait de lui, mais en tant que nourrisson. Il ne devait avoir aucun souvenir de moi. Pourtant, il cria mon nom, avant de s'approcher de nous avec son énorme sac.
- Noa ? C'est toi ? Il sourit, et commença à parler en faisant de grands gestes avec ses mains. Je ne me souvenait pas de ta tête, mais on parle beaucoup de toi à la maison ! Tu nous a tous manqué, ajouta t'il timidement.
Je le sera à contre moi, les yeux embués. Il parut un instant décontenancé, mais finit par me serrer de ses bras.
Ils étaient rentrés. Enfin. Mais évidemment, il en manquait un. C'est toujours celui qu'on attend le plus qui arrive en dernier. En l'occurrence, je l'entendit d'abord avant de le voir.
- Maman ? Tu as pris les clés ?
Une voix grave, mais pas trop. Un ton doux, souciant. Avant même que je ne puisse imaginer une tête qui pourrait correspondre tout ça, une chaussure apparut. Comme dans les films, quand le personnage apparaît avec un halo blanc au ralenti avec du Miley Cyrus en fond sonore. Sauf que la, Miley Cyrus n'est pas la, il n'y a pas d'halo et tout va très vite.
Hayden sort de la voiture avec un sac dans chaque mains, et se stoppe quand il nous voit. Ils regarde sa mère, la mienne, puis tout le monde. Quand son regard glisse puis se stoppe sur moi, mon système interne s'arrête. Purement et simplement. Je ne respire plus. Je le regarde, il me regarde. Et vous savez quoi ?
Il est beau.
Affreusement beau.
Je le reconnaît. Les mêmes yeux gris, les mêmes cheveux en bataille et les mêmes minuscules taches de rousseur sur son nez. Tellement minuscules qu'on pourrait ne pas les voir. Mais je les vois. Je le vois. Et j'ai attendu tellement longtemps pour le voir que j'en suis complètement sans voix. Il a changé. Il est plus grand, plus musclé, plus sur de lui. Malgré tout, au fond, j'ai l'impression de revoir le même petit Hayden d'il y a 10 ans devant moi. La même peau hâlée et la même fossette sur la joue droite.
Et puis il sourit. Comme ça, naturellement.
Le même sourire, bordel.
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