Chapitre 50

PDV Roxanne

    Brice restait la bouche ouverte pendant de longues secondes. Mais la voix de l'autre côté du téléphone continuait encore de parler, pourtant visiblement, il y'en avait un qui avait bien perdu sa voix.

    Je ne l'avais jamais vu avec cette tête là, avant. Pour être choqué, il l'est. Et finalement, la discussion s'arrêta enfin plus tard. Brice restait encore droit comme un I, les bras tombant et la bouche encore ouverte. Eh bien, ça devait vraiment être très intéressant pour qu'il soit comme ça. En plus, c'est qu'il commençait à devenir vraiment pâle, dis donc...

— Tu vas t'évanouir... ? demandai-je, en le fixant encore.

    Étrangement, le grand Brice ne disait plus rien, comme s'il semblait s'être statufié. Je décidai donc, vu son état, de me lever. Je posai une main sur son front.

— Tu n'as pas l'air brûlant, pourtant... Euh... ça va ?

    Il était en train de nous faire un malaise debout, ou quoi ? Il ne réagissait plus. Mais plus du tout, et je ne rigolais même pas.

— Brice ? T'es encore là ? demandai-je, avant de lui tapoter la joue.

   Toujours aucune réaction. Bon. Je décidai donc d'enclencher les grands moyens : je déposai un baiser sur ses lèvres. Je restais quelques petites secondes, puis me reculai ensuite. Et... il cligna des yeux. Un peu. Beaucoup. Et alléluia, il me regarda enfin droit dans les yeux.

— C'est bon ? Tu es revenu ? questionnai-je, avant d'être plaquée contre son torse d'un geste brusque.

    Brice me serrait avec force dans ses bras, en prenant une grande inspiration contre mes cheveux.

— Je crois que je vais m'évanouir. Sérieusement.

— Pourquoi ? C'était qui cet appel ? Mon père qui accepte enfin le mariage, c'est ça ?

   Pour que Brice soit dans cet état-là, c'est quand même très rare. Ce coup de fil a dû annoncer quelque chose de très important. Et donc, je le connaissais assez bien pour dire que le mariage pourrait peut-être lui faire cet effet-là.

Quoique je me doute que mon père ait finalement accepté ; quand même, on parle encore de Tristan Smith...

— Roxanne... Tu t'imagines même pas...

— Euh non... Mais j'ai un peu peur vu ton état et ton intonation de voix...

— Roxanne Wilson. J'ai une grande nouvelle à vous annoncer, déclara-t-il, ce qui me mit quelques frissons dans le dos.

Le fameux « Wilson » ne m'avait même pas gêné. Après tout, j'étais maintenant habituée à ce que mon nom de famille soit transformé par ses lèvres. Mais les deux mots « grande nouvelle » ne m'annonçaient rien de bon, eux.

Désormais je me méfie beaucoup avec cet homme.

— Dis-moi que tu n'as pas préparé ce mariage et notre voyage de noces...

— Non pas encore mais on peut s'organiser dès maintenant, si tu veux... dit-t-il avec des yeux brillants, alors que je secouais la tête de droite à gauche.

— Non ça va aller, merci. Dis-moi plutôt la nouvelle que je me prépare à fuir ou non... repris-je, avant de le voir prendre une grande inspiration.

   Brice inspirait quelques secondes, et ses yeux bleus se bloquèrent ensuite sur les miens. Avec sérieux. Oula.

— J'ai reçu un appel de mon ancien coach du lycée, m'annonça-t-il finalement.

— Oh mais c'est génial, tu l'adorais et lui de même. Il voulait te dire quoi ?

— Il vient de me dire que j'avais été repéré par un autre coach... Non mais j'y crois toujours pas... C'est John Netz...

John Netz... John Netz... Hum. Cela me dit quelqu'un...

— Ce n'est pas ton coach favori du monde entier ? Celui qui entraîne l'équipe des Lions ? questionnai-je, tandis qu'il hochait rapidement la tête, avec un sourire niais au lèvres.

— Oui c'est lui ! Bordel, j'ai été repéré par lui, quoi ! Non mais tu t'imagines, Rox ! Il m'a vu jouer et... et il a envie de me revoir ! Merde, quoi ! s'exclama-t-il avec puissance, avant de me porter dans ses bras et de me faire tourner quelques instants dans l'air.

    Finalement reposée à terre, je gardais toujours mes mains sur les avants-bras de Brice.

— Je vais le rencontrer ! Et ce soir en plus ! Bordel, je suis grave heureux !

      Pour être heureux, il l'est. C'est à peu près le même visage et expression lorsque je lui avais dit mon fameux je t'aime.

— C'est génial, sincèrement Brice. Mais il va se passer quoi, en fait ? questionnai-je, un peu perdue.

— Bah on va discuter et je ne sais pas après ! Déjà ça c'est trop génial ! Après on verra, mais j'ai trop trop hâte d'y être ! Faut d'ailleurs préparer les bagages et zou ! On y va ! continua-t-il, en se jetant ensuite toutes les affaires dans les valises.

    Je le regardais faire, toujours aussi dynamique dans ses gestes. Quelques minutes plus tard, il ferma les valises. Il me prit ensuite la main pour descendre en bas, dans le salon familiale.

— Bon on va partir plus tôt que prévu mais ce n'est pas grave, ma famille comprendra. Et puis tu as appris à bien les connaître, maintenant c'est bon. Tout le monde se connaît et le mariage ne sera que plus génial, maintenant, déclara Brice entre les marches d'escaliers, en regagnant la pièce où son père se trouvait.

    Immédiatement Brice se jeta sur lui, pour le serrer dans ses bras. Romane arrivait quant à elle, quelques secondes plus tard dans la pièce, en me demandant du regard ce qu'il se passait.

— John Netz veut le voir ce soir. Mais je ne sais pas si tu vois qui il est...

    Eh bien... C'est que ce fameux John faisait vraiment son effet dans la famille des Wilson. Romane avait un grand sourire aux lèvres. Mais je me demandais néanmoins ce qu'il se passerait, après ce rendez-vous très attendu...

    Après plusieurs paroles échangées, des bisous et des accolades, nous étions enfin prêt à repartir. Christophe me serrait une dernière fois dans ses bras, en me glissant ensuite une chose dans ma poche.

— Tiens, c'est pour toi. C'est un bijou qui appartenait à mon épouse. Elle a toujours rêvé de voir ses fils en couple et de se marier. Je sais que vous n'en êtes pas encore là, mais je tenais néanmoins à te le donner. Romane a aussi hérité d'un bracelet. Et toi, tu auras donc ce joli collier.

— Oh... il ne fallait pas... murmurai-je toute chamboulée, pendant qu'il me glissait le collier dans la poche.

    Je ne cessais plus de le remercier, avant de lui donner un dernier câlin. Plus tard, je câlinais aussi les petits, puis venais le tour des parents. Loïs me donna une bonne tape dans le dos, puis me chuchota quelques mots à l'oreille :

— Surveille bien ce gamin, s'il te plaît. Et fais quand même gaffe de ne pas te retrouver marier dans les jours qui suivent...

Ha ha. On va donc encore se méfier, n'est-ce pas...

   Je lui donnai une dernière accolade, puis Romane venait ensuite me serrer contre elle, me disant à quel point elle avait été heureuse de me connaître.

— J'espère que votre relation va durer très très très longtemps. En tout cas, vous m'avez l'air très amoureux. Surtout le petit gamin aux yeux bleus, là. Continuez votre petite vie ensemble et on se revoit vite, Roxanne.

   Je les remerciais tous encore une fois, et nous montions donc quelques minutes plus tard, dans la voiture. Brice klaxonna à toute sa petite famille, puis démarra ensuite avec énergie.

— Et c'est parti ! On rentre à la maison ! s'exclama-t-il, sous les aboiements des chiots.

— Tu as sauté dans la voiture sans même dire au revoir à ton frère. Tu n'es pas un peu trop pressé, par hasard ? demandai-je, pendant qu'il posait une main sur ma cuisse gauche.

— Oh bien sûr que si ! Je vais rencontrer mon idole ! C'est trop le feu, ça !

   Je souris face à son bonheur immense, puis posai mon coude contre la vitre. Je laissais mes yeux admirer le paysage, me demandant bien ce qu'il allait se passer à notre retour.

**

    Brice avait fait le choix de nous amener chez lui. Je n'avais même pas eu le temps de protester que déjà, je me retrouvais dans son salon, en train de caresser les chiots. Entre-temps, j'avais attaché le collier autour de mon cou, toujours admirative. Christophe m'avait fait un cadeau magnifique et je comptais bien le garder et en prendre grand soin. Cela signifiait beaucoup, je le savais.

J'étais définitivement acceptée dans leur grande famille. Chez les Wilson.

— Bébé, ouhou ! Je suis assez beau et craquant là, c'est bon ? intervint soudainement sa voix grave, tandis que je levais les yeux.

    Brice me fit désormais face dans un magnifique costard noir. Une chemise blanche l'accompagnait, légèrement ouverte sur le début. Ses cheveux étaient pour une fois, bien brossés.

Il était très beau. Très, très.

— Tu comptes draguer cet entraîneur, ou quoi ? demandais-je en souriant, avant de me lever pour m'avancer jusqu'à lui.

   Brice posa une main sur ma joue, puis déposa ses lèvres sur les miennes dans un baiser tendre.

— Non, quand même pas. Je suis super fidèle et tu auras grave du mal à te débarrasser de moi, chérie, me murmura-t-il contre ma bouche, en faisant glisser son doigt jusqu'au fameux collier.

    Brice me regardait à présent avec une petite lueur dans les yeux. Il se pencha vers mon visage et déposa un long baiser contre mon cou.

— Ça c'est bel et bien la preuve que tu es acceptée dans la famille. Et c'est aussi la preuve que c'est totalement mort pour disparaître du cercle des Wilson, bébé... dit-il contre ma peau brûlante. Je t'aime Roxanne Wilson, souffla-t-il, tandis que je passais mes bras derrière son dos.

— Je t'aime aussi...

    Plus tard et quelques bisous échangés, Brice s'en allait finalement, me promettant ainsi de tout me raconter dans le moindre détail. Et vu sa joie inscrite sur son visage, j'attendais avec patience qu'il rentre et vite.

**

    Il venait enfin de rentrer. Brice posa ses affaires sur la table, puis prit place sur le canapé.

Et... pourquoi il affichait un visage tout triste, désormais ?

— Ça s'est mal passé ? demandai-je aussitôt, inquiète.

— Roxanne je...

    Je le regardais avec inquiétude, puis posai une main sur sa joue.

— Je l'ai rencontré... reprit-il d'une voix étrangement basse, en me caressant la cuisse du bout de son pouce.

— Et donc... ? Il s'est passé quelque chose de grave ?

    Un nouveau moment de silence s'installa, avant qu'il ne décide enfin à reprendre la parole.

— Il m'a fait une proposition, lâcha-t-il finalement.

– Sérieusement ? Mais c'est super ! Quelle est cette proposition ? demandai-je de suite, son regard rempli de tristesse venant soudainement m'arrêter dans mon élan de joie.

— Roxanne... dit-t-il d'une voix désespérée, en me serrant les mains.

— Que se passe-t-il Brice... ? demandai-je, pendant qu'il me serrait dans ses bras.

— Il m'a fait une proposition de dingue... Il veut... il veut me prendre en essai dans son équipe...

    Mais Brice n'en avait pas fini et je n'avais pas le temps de dire quoique ce soit, qu'il reprenait. Il inspira longuement, une dernière fois. Et je savais que cette nouvelle révélation ne m'aiderait pas à retrouver ma joie.

— Et... il veut me prendre en essai pendant un an... Dans un autre pays, en Argentine...

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