Chapitre 34

    Ma tête se décomposa en même temps que Brice recommençait à prononcer cette phrase. Il me regardait avec un air tout triste, rempli de culpabilité. Il me parlait encore, mais je restais bloquée sur cette dernière parole.

Ah pour sûr.
Camille lui a dit ce fameux secret.

   Elle a osé le faire. Elle a osé lui révéler cette chose que j'essayais de cacher depuis que je le connaissais.

— Je vais la tuer, dis-je d'une voix sérieuse, avant de me lever.

— Roxanne ! Chérie ! Attends ! s'exclama Brice, tandis que je dévalais les escaliers.

— CAMILLE ! criai-je la maison, avant de débouler dans sa chambre.

  Directement je la vis sursauter de son lit, retirant à vive allure ses écouteurs. En un regard, elle avait compris mes intentions. Et c'était donc pour ça, qu'elle se dépêcha de me pousser pour se sortir de son sort.

— Papa ! Aide-moi ! Une folle aux cheveux blonds en a après moi ! cria-t-elle à son tour, en commençant à tourner autour de la table.

— Tu n'avais pas le droit de lui révéler cela !m'exclamai-je, en la voyant lever les yeux au ciel.

— Mais quoi ! À un moment il devait bien le savoir, enfin ! Je sais qu'il a une mémoire de poisson rouge, mais quand même !

— Non il ne devait pas ! Cela devait rester cacher ! renchéris-je avec colère, en me rappelant très bien ce jour où j'avais pleuré de toutes mes larmes.

    Un simple rejet de jeunesse. Et pourtant, ce simple rejet avait suffi à me mettre à l'écart des garçons. Et dire que j'avais ensuite revu ce fameux Brice quelques années plus tard. Celui qui avait brisé mon petit cœur de petite-fille. Je me souvenais encore de ce jour, et pour moi, il avait été l'un des pires. Et même si j'avais voulu oublier cette histoire, mon destin avait été très joueur. Il m'avait donc bien remis sur le droit chemin, en m'offrant la stupéfaction de voir un grand brun me coller dès mon arrivée au lycée.

Brice Wilson, mon brise cœur de petite-fille.

— Oh ça va, tu as grandi Rox ! Arrête un peu ! Maintenant sois heureuse, il t'aime ! C'est génial, ça ! continua ma maudite sœur.

— C'était un secret !

— Les secrète ne sont jamais gardés, tu le sais bien, enfin ! râla ma soeur, tandis que je me jetais sur elle.

   En moins de deux, je la tirai contre le canapé, en commençant à me battre avec. Enfin battre, c'est un grand mot ; nous restons des sœurs... Mains contre mains, nous nous affrontions donc avec détermination, de nouveaux pas se faisant entendre derrière nous.

— Mais vous faites quoi, là ! s'exclamèrent nos parents en même temps, alors que je sentais de nouveaux bras entourer ma taille.

— Et calme toi bébé ! Vous allez finir par vous blesser et vous casser un ongle, oh ! intervint cette fois-ci Brice, en me soulevant avec grande aisance.

    En moins de deux, je terminai sur son épaule. J'apercevais, la tête en bas, les regards perçants de mes parents.

— Eh, mais ! Elle m'a griffé, regardez ! Papa, ça fait trooop mal ! s'exclama de nouveau ma sœur, pendant que je me débattais contre Brice pour espérer partir.

— Sale gamine ! répliquai-je, en voyant ma mère lever les yeux au ciel.

— Tristan, calme tes filles ! Elles ont vraiment hérité de ton caractère, c'est fou ça ! rouspéta ma mère, pendant que Brice calait sa main sur mes fesses.

— Je m'occupe de cette blonde et je vous laisse la seconde ! Excusez-moi beau papa, mais j'ai une affaire à régler de la plus haute importance !

— Lâche-moi ! Je n'en ai pas fini avec elle ! dis-je, en tentant désespérément de m'accrocher à son t-shirt.

    Quelques pas plus tard, je revins dans ma chambre. Brice me posa sur mon lit, ne se gênant pas pour se positionner au-dessus de moi. Les mains posées de chaque côté de ma tête, il abordait désormais un regard plus que sérieux.

Brice ? Sérieux ? Je rêverai donc ?

— Je t'ai rejeté étant gosse. C'est vrai, Roxanne ? me demanda-t-il sans perdre de temps.

— Tu ne t'en souviens pas. À quoi bon parler du passé.

— Je sais que j'ai une mémoire nulle, de poisson bleu, surtout quand il s'agit de mon enfance d'ailleurs, mais tout de même ! On se connaissait quand on était gosse, tu te rends compte de ce que cela me fait !

— Oui et tu comprends donc ce que j'ai ressenti, lorsque je t'ai vu dans notre lycée ? contrai-je de suite.

— Mais euh... Enfin... Pourquoi tu ne me l'as pas dit... reprit-il bien plus tard, les yeux toujours fixés sur les miens.

— Je n'avais pas envie de ressasser cela, c'est tout. Et puis tu avais changé ; désormais tu ne faisais que me coller et me mettre des lettres d'amour dans mon casier. Cela m'a terriblement perturbé de voir que le gosse qui m'avait rejeté, était désormais à fond sur moi.

— Nan ?? Tu as gardé mes lettres du lycée ?? me questionna-t-il, les yeux pétillants.

Bon. Il ne retient que cela, visiblement.

    Je soufflai, mais ne répondais rien quant à sa question. Bien sûr que je les avais gardées. Je ne pouvais pas les jeter.

— Non mais sérieux Roxanne ! Tu aurais dû me dire tout ça au début de notre rencontre au lycée ! J'étais grave bête de t'avoir rejeté à l'époque mais maintenant j'ai changé ! Tu es la femme de ma vie, quoi !

    Oui. Brice est tenace. Beaucoup trop, même. Il doit tenir cela de quelqu'un.

— Et franchement je suis trop bête de t'avoir rejeté étant petit ! Bordel ! À cause de cela, on aurait peut-être pu avoir la chance de se marier à dix-sept ans !

— Euh Brice... Je ne comptais pas me marier à dix-sept ans, le coupai-je de suite, alors qu'il soufflait contre mon visage.

— Bon et bah à quinze ans alors ! Ça aurait été d'enfer ! Je m'en veux grave, si tu savais ! continua-t-il, avant de poser sa tête contre mon cou.

   Brice continuait de rouspéter quelques paroles contre ma peau, son souffle chaud m'offrant des chatouilles. Il plaça ses bras autour de moi, toujours en train de ruminer cette vieille bêtise.

— C'est bon Brice... C'est du passé maintenant... soufflai-je, espérant apaiser ce pauvre garçon assailli de remords.

— Ouais fin bon. Tu as quand même pleuré pendant une journée et après j'ai déménagé. Ça devait être super dur pour toi, murmura-t-il, pendant que je posais une main dans ses cheveux.

— Ça va. C'était un petit amour de jeunesse. Ce n'était pas non plus le truc qui m'a brisé le cœur à vie... poursuivis-je, en continuant toujours d'effectuer mes caresses.

   Bon en vrai, tout le monde dit que j'ai pleuré pendant une journée. Mais ce qu'ils ne savent pas, c'est que j'ai carrément pleuré pendant toute une semaine, tous les soirs dans ma chambre. Je me gavais même de chamallow et je lisais mon journal intime avec les larmes qui venaient me gâcher l'encre bleue. Ouais. En fait ce rejet m'avait quand même bien affecté. Mais je garderai ce secret pour moi toute seule, et à jamais.

À jamais.

— Et mais... pourquoi ton père ne m'a pas tué... alors... ? J'ai quand même brisé ton cœur de petite-fille toute mignonne, non ? me demanda cette voix au creux de mon cou.

— C'était un amour de primaire. Ça compte beaucoup moins que si un garçon me brisait le cœur aujourd'hui. Et puis, avec les petits tests que tu as passés, c'était un peu comme une revanche. Camille a déjà invité d'autres garçons et je t'assure qu'il n'était pas dans cet extrême là avec eux. Disons que tu es... un cas à part.

    Et mon père a, je pense, bien compris ses intentions. Brice n'est plus le gamin qui m'a rejeté étant petite. Brice est désormais un jeune homme, qui compte hum... bien m'épouser un jour...

    Quelques secondes passées, nos regards se croisèrent de nouveau. Brice se pencha près de mon visage et en une fraction de secondes, il posa avec délicatesse, ses lèvres sur les miennes.

— Je suis désolé, me murmura-t-il d'une voix sincère, en déposant un second baiser contre ma bouche.

   Cette fois-ci plus long, plus doux, qui faisait davantage remuer mon pauvre petit cœur.

— Je regrette et j'espère que cela ne change en rien notre relation d'aujourd'hui, continua-t-il, ses lèvres s'appuyant sur les miennes pour la troisième fois.

   Mon cœur commença à tambouriner de plus en plus fort dans ma poitrine. Je me laissais totalement envoûter par ses baisers, ne pouvant nier que cela me déplaisait. Brice savait s'y faire et mon corps et mon cœur ne réagissaient que trop bien...

— Je suis sincère avec toi, Roxanne. Je t'aime tellement. Tu es vraiment la femme de ma vie, je te le promets, finit-il, sa bouche fondant une nouvelle fois sur la mienne.

   Je laissai mes yeux se fermer en même temps que les siens, profitant de ce court instant pour glisser ma main dans ses cheveux bruns. Brice me déposa une multitude de baisers, sur mes lèvres, sur mon visage.

Roxanne... Il faudra peut-être commencer à te l'avouer, un jour...

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