Chapitre 32
La porte fermée, je pouvais enfin commencer. Je me devais impérativement de savoir ce qu'elle me cachait. Je me le devais.
— T'es amoureuse de moi depuis combien de temps ?? demandai-je vivement, ne me gênant pas pour sauter sur notre lit conjugal.
À présent à ses côtés, je la regardais avec des yeux interrogateurs.
— Euh Brice... Tu vas bien ? répliqua-t-elle, avant de prendre une position assise.
— Oui très bien et toi ? renvoyai-je, toujours les yeux étincelants.
— Alors pourquoi tu m'enlèves comme ça d'une seconde à l'autre, pour me jeter sur le lit et me demander cette étrange question ?
— Bah pour savoir tes petits secrets, c'est tout. À ce qui paraît, madame Roxanne Wilson ne m'a pas tout dit.
— De quoi je ne t'ai pas tout dit ?
— Bah j'en sais rien justement. Ton père m'a dit que tu me cachais des trucs et j'ai bien l'attention de le savoir, répondis-je avec détermination, en posant mes mains sur ses épaules.
Mais étrangement... je vis Roxanne froncer les sourcils, puis afficher une légère grimace.
— Il ne t'a quand même pas dit... à propos de ça ? me demanda-t-elle, d'une voix désormais plus basse.
Oula. Info croustillante.
— Euh bah c'est quoi ce ça, exactement ?
Roxanne laissa échapper un nouveau soupir, mais celui s'apparentait plus à un soupir de soulagement. Étonné, je continuais encore de la fixer, cherchant bien à savoir ce qu'il se tramait derrière cette parole.
— Ok laisse tomber alors, finit-elle en se levant, tandis que je restais la bouche ouverte.
Non mais... elle me cache bien quelque chose ! J'y crois pas !
— Oula ! Ma chérie me cache quelque chose de très intéressant ! m'exclamai-je sans perdre de temps, avant de la retenir par le bras.
Roxanne étant obligée de se retourner, elle me fit donc de nouveau face. Mais au vu de son petit minois, elle n'avait pas l'air d'avoir envie de me dire des choses.
— Non. Je ne te cache rien, dit-elle, pendant que je me levais pour me placer devant elle.
— Tu veux avoir un enfant avec moi, c'est ça ? Tu sais, cela ne me gêne pas du tout. Je pense être largement prêt...
— Non mais non Brice. Calme un peu tes rêves, je t'en prie, me coupa la femme de ma vie, me réprimant un peu du regard.
En soufflant, je retirai donc sa main de ma bouche, mais étant encore déterminé à trouver ce qu'elle me cachait. Ses jolis verts me cachaient quelque chose.
Bon. Peut-être qu'elle veut me faire sa demande en mariage mais qu'elle n'ose pas, en fait ? Elle se dit que peut-être c'est l'homme qui doit la faire, non ?
— Non mais Rox, c'est bon. Je sais que tu ne m'as pas tout dit. Ton père m'a fait quelques allusions.
— Il t'a dit quoi d'autres ?
— À ce qui paraît, je suis le premier mec que tu ramènes ici. C'est vrai ?
Roxanne laissait un petit moment de silence planer, avant de se décider à reprendre la parole :
— Oui...
— Naaaan ? Sérieux ? répliquai-je, tout chamboulé.
Non mais les gars ! C'est un énorme pas ! On parle de Roxanne Wilson, là ! Pas de la voisine, quoi !
Je suis le premier ! Le PREMIER !
— Oui Brice... Tu es bien le premier à mettre les pieds ici, répéta-t-elle, alors que je la prenais dans mes bras pour la faire tourner dans l'air.
— Oh bordel mais c'est trop cool, ça ! Cela veut dire pleins de choses ! Tu m'aimes donc !
Mais sentant ses mains me serrer la nuque, à la limite de m'étrangler, je décidai donc d'arrêter le petit manège. Je déposai ma chérie sur le sol, la serrant tout de même contre moi, toujours avec un sourire aux lèvres.
— Je suis super heureux, murmurai-je contre son front, avant de presser mes lèvres dessus.
— Enfin... j'espère quand même que tu sais que deux garçons sont néanmoins venus ici. Juste pour le travail du lycée, mais rien de plus, déclara Roxanne, mon monde de paillettes et de poney se brisant aussitôt.
— Quoi ! Mais tu viens de dire que j'étais le premier mec à venir ici, mince Rox !
— Oui. Je l'ai bien dit. Tu es bien le premier que je présente à mon père, répondît-elle, avant de se diriger vers la porte.
— Hein ? Les autres ne lui ont jamais fait face ??
Roxanne secoua la tête de droite à gauche, un petit sourire venant enfin étirer ses lèvres roses.
— Non. C'était juste des camarades, je t'ai dit.
Nan.
Mais attendez...
— Ah mais... et moi je suis quoi alors ?? répliquai-je, la bouche grande ouverte.
Roxanne laissa échapper un petit rire, la main posée contre la porte.
— Si je t'ai présenté à ma famille et surtout à mon père, en dehors du cadre scolaire, c'est peut-être que...
— Peut-être que quoi ?! continuai-je, totalement surexcité.
— Peut-être que cela veut dire quelque chose de très intéressant et de très indicateur... répondît-elle de sa petite voix, en disparaissant par la suite de notre chambre.
La porte se ferma, en même temps que je tombais en arrière sur le lit.
Je vais retenir cette phrase à vie dans ma tête. Mon Dieu.
Je vais aussi crever d'amour pour cette fille, c'est clair.
**
— Mais c'est grave déguelasse... souffla Camille, en crachant déjà son bout de gâteau dans la serviette.
Laylou fit aussitôt de même, tandis que j'observais Roxanne afficher une grimace. Immédiatement je regardais Tristan qui aussitôt, me pointait du doigt devant toute les filles.
— C'est lui a fait le gâteau, déclara-t-il, pendant que je le regardais, totalement consterné.
— Mais c'est pas moi ! C'est lui qui l'a fait ! m'exclamai-je de suite, avant d'entendre la mère de Roxanne éclater de rire.
— Non mais sérieusement... Qui a fait cette horreur de gâteau ? demanda Camille, pendant que je levais mon doigt vers le chef cuisiner.
Eh bien entendu, lui aussi me pointait du doigt.
— Depuis quand Tristan tu donnes des cours de cuisine aux autres ? Tu cuisines comme un pied, je te signale, intervint Laylou.
— Pourtant il m'en a bien donné, je vous l'assure, me défendis-je aussitôt, une énième claque revenant encore s'écraser sur ma pauvre tête.
— Tais-toi petit, grommela Tristan, alors que j'entendais encore quelques rires se déployer dans l'air.
— Eh bien, vous m'avez l'air d'être très proches désormais. C'est super ça ! ricana Laylou, pendant que j'hochais la tête comme un chiot.
— On ne peut plus se passer de moi, visiblement ! Hein beau papa ! poursuivis-je, tout content de voir qu'on m'adorait déjà dans cette famille.
Au fond, Tristan me kiffe grave. Mais en même temps je les comprends. Comment ne pas craquer pour Brice Wilson, le beau brun aux yeux bleus ?
Je regardais Tristan faire un petit sourire, visiblement amusé par la tournure de la discussion. Mais plus tard, toute la famille laissait ses assiettes de côté, le gâteau n'ayant pas trop fait son effet.
Par la suite, Laylou et Tristan partirent de table, me laissant donc avec Roxanne et Camille. Mais encore curieux, je décidai déjà de relancer le sujet.
— Psst Rox... Tu as d'autres trucs à me dire, non ?
— Elle doit te dire quoi ? intervint Camille, en reposant sa brique de jus de fruits.
— Beau papa m'a dit qu'elle me cachait des choses. J'essaye donc de savoir ce que c'est.
Camille afficha soudainement un sourire amusé, cela ne me donnant plus envie de savoir ce qu'elle avait en tête. C'est certain. La petite sœur savait des choses.
— Je te passe dix euros contre les infos, ça te va ? dis-je à son intention, avant de la voir élargir son sourire.
— Vingt euros. Je veux m'acheter un nouveau sweat.
— Arrête Brice ! Il n'y a rien à dire et à cacher, c'est bon ! s'exclama Roxanne, en se levant.
Elle ramena les assiettes et se dirigea ensuite vers la cuisine, un tantinet ronchonne.
— Sujet sensible, oh tiens... ricana sa sœur.
— Non mais sérieusement. Pourquoi Roxanne est si réticente avec moi ? Je veux dire, je l'aime comme un dingue. Je suis beau, gentil, doué dans pleins de domaines ; je suis adorable avec elle. Pourquoi elle me repousse tout le temps ?
Je crois bien que c'est la première fois que je suis aussi démoralisé. Roxanne ne me dit jamais rien. Cela m'énerve. Je veux savoir ce qu'elle cache.
Dans un couple, on doit tout se dire, oh !
— Il s'est passé quelque chose quand elle était en primaire, reprit Camille.
— Il s'est passé quoi ??
— Bon tu me diras, elle n'était qu'une gamine et ce n'était qu'en primaire, mais étrangement cela l'a bien marqué. Roxanne s'est fait rejeter en cm2, par un garçon.
— Quoi ? Juste ça ? continuai-je, un peu perdu face à cette confidence.
Non mais ça remonte en primaire, un truc super lointain. C'est bizarre...
— Non pas juste cela, non. C'était son seul ami et elle l'aimait vraiment beaucoup à l'époque. Mais quand elle a décidé de lui avouer ses sentiments en lui offrant du chocolat, eh bien il l'a directement rejeté. Il lui a aussi bien ri au nez et s'est moqué d'elle avec ses autres copains. Après il a déménagé, basta.
Quoi ! Pauvre Roxanne chérie ! Elle ne méritait pas ça !
— Enfin bref. C'était dur. Très dur pour elle. Elle a pleuré toute une journée et c'est pour ça que notre père est devenu hyper protecteur. Et c'est aussi comme ça qu'elle est devenue plus réticence vis à vis des garçons. Mais bon, ça remonte maintenant.
— Mais c'est horrible ! Roxanne est trop mignonne ! Pourquoi il l'a rejeté, ce petit con ! m'emportai-je de suite, avant qu'elle ne me fasse signe de me taire.
— Comment il s'appelait que je lui démonte sa tête ! repris-je plus doucement, tandis qu'elle reposait sa brique avec force sur la table.
— Tu ne le sais pas ? me demanda-t-elle d'une voix plus sérieuse, son changement de comportement me mettant un peu mal à l'aise.
— Euh bah... non. Pourquoi je le saurais ?
Camille leva les yeux au ciel, avant de me faire un signe de se pencher vers elle. Aussitôt je le fis, bien déterminé à connaître ce fameux prénom.
— Tu veux vraiment savoir, alors ? me chuchota-t-elle près de l'oreille, tandis que je hochais la tête.
Mais oui ! Je veux le savoir, enfin !
Mais étonnamment, Camille se leva soudainement de sa chaise, me balançant sa serviette sur la tête. Avec un soupir, elle croisa ses bras contre sa poitrine, sa bouche s'ouvrant en même temps que son geste :
— Le gamin s'appelait Brice Wilson. Ça te dit quelque chose, non ?
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