Chapitre 27

    J'entendis l'eau couler à quelques pas du salon. Je réfléchissais encore à ses paroles, me préparant mentalement pour la fameuse tempête.

J'allais bientôt les revoir.
J'allais bientôt le revoir.

   Ce grand blond aux yeux verts, le regard tueur et l'instinct protecteur. Si je m'en sors après ce week-end, alors c'est bon. Je signerai automatiquement le contrat de mariage avec Roxanne. J'espère que Tristan va m'accepter. Sinon je compte sur la maman, elle est plus sympa et plus douce, ne nous mentons pas.

   Encore en train de réfléchir à si oui ou non, j'allais survivre à cela, je n'avais pas encore compris que Roxanne avait fini sa douche. Désormais elle se trouvait face à moi, dans de nouveaux vêtements, les cheveux encore mouillés.

— C'est la première fois que je te vois réfléchir aussi profondément, dis-moi. Tu n'es même pas venu me déranger pendant ma douche ; quel exploit, dit-t-elle, tandis que je me levais pour aller la câliner.

— Rox, il faut que nous signons notre contrat de mariage avant. Ton père sera plus favorable, je pense.

— Euh Brice... Je ne crois pas que ça arrangerait bien la chose, tu sais.

— Mais si ! Il ne pourra plus rien dire quant à notre union !

— C'est la première fois que je t'amène chez ma famille. Et pour cette première fois, donc, tu vas clairement leur dire que nous sommes fiancés ?

— Euh... bah oui ? répondis-je dans un sourire.

   Roxanne leva les yeux au ciel, pas convaincue.

— Par contre faudra, il faudra t'acheter une bague. C'est plus crédible quand même et ça prouve bien la chose, complétai-je, en déposant un petit baiser sur son nez.

— Brice... souffla ma fiancée, en me tirant la joue avec un petit sourire aux lèvres.

— Ne t'inquiète pas pour cela. Tout va bien se passer, je te le promets. Du temps que je suis là, mon père ne fera rien, poursuit-elle d'une douce voix.

Haha. Sûrement oui.

— Euh mais je ne m'inquiète pas, hein... Je me méfie juste.

— Le grand Brice qui ne fait pas le fier, que c'est mignon ! s'exclama-t-elle, en se dirigeant vers la table. Allez va te doucher, ça te fera du bien, reprit-elle avec un petit clin d'œil, ayant visiblement trouvé ma superbe cachette dans la salle de bain.

— Et retire moi ce sourire, Brice Wilson. Car si quelqu'un venait à trouver chez moi tes caleçons, t-shirts et shorts que tu as laissés, je t'en tiendrais pour unique responsable.

— Il faut bien que je laisse quelques affaire ici, voyons. Toujours être prévoyant ! Au moins je peux me doucher tranquillou, sans avoir besoin de me balader tout nu, rigolai-je.

— Oui enfin bon. Mettre tes caleçons dans ma commode à sous-vêtements, ça ira, merci. Je ne sais même pas comment tu as réussi à faire cela...

— Secret du chef, bébé, soufflais-je, en lui revolant un baiser sur le nez.

    Je partis me doucher, lui demandant quand même au passage si elle voulait bien m'accompagner. Hélas, je m'étais pris joli un refus. M'ouais. Ça devait sûrement être dû au fait qu'elle s'était douchée avant. Sinon je suis sûr qu'elle aurait voulu, c'est clair.

**

Quelques jours plus tard.

Demain allait être le fameux départ.

   M'étant préparé mentalement depuis ces derniers jours, je pense que tout se passera au mieux. Je me suis même refait une petite coupe pour l'occasion. Je vais ramener mes plus beaux fringues, et également quelques présents. Ça fonctionne toujours ce genre de choses. Je pense que Tristan m'acceptera enfin quand il me verra aussi beau, bien habillé, ayant bien entendu ramené des cadeaux pour la belle-famille. Ça va. Je peux un peu me relaxer à présent. Je me suis entraîné pour mes phrases et mes gestes. J'ai juste à leur faire un grand sourire absolument craquant et hop, ils m'acceptent tous pour ma bouille de garçon bien élevé.

— Euh Brice. Tu vas emporter tout ça ? Tu crois que tu vas faire un défilé, ou bien... ? demanda soudainement Roxanne en pointant du doigt ma valise, visiblement sceptique de mes choix.

— Oui oui. Un smoking pour quand j'irai dîner avec ton père. Mon maillot de bain pour quand on ira à la piscine ensemble. Plusieurs tenues décontractées pour quand on se baladera rien qu'entre mecs, à la bonne franquette. Et encore d'autres trucs pour un tas de choses fantastiques.

— Tu comptes passer tout le week-end avec mon père, c'est ça ? me demanda-t-elle, amusée.

— Écoute, chérie. Il faut toujours se faire bien voir par le père pour réussir à conclure avec la fille. C'est bien connu.

— Oui enfin je ne pense pas que tu resteras collé à lui toute la journée. Pas besoin de tout cela, nous ne partons que pour deux jours et demi.

— Ah mais non ! J'ai besoin de tout ça, enfin ! m'emportai-je aussitôt, pendant qu'elle vidait mes affaires.

— Une valise suffit. Pas quatre, Brice.

— Mais si ! Il me faut plusieurs ressources pour l'impressionner !

    Roxanne bien entendu, se détachait de mes paroles. Elle attrapa ensuite un de mes vêtements pour le mettre sous mon nez.

— Et ce t-shirt avec marqué : j'aime beaucoup mon beau-père ; tu crois pas que ça fait super louche ?

— Ah mais pas du tout ! C'est un petit message codé que seul lui et moi pouvons comprendre ! Ça nous rapprochera !

Bon par contre. Vingt-huit balles le t-shirt à faire sur internet, on ne recommencera pas cela tous les jours.

— Tu vas pas te ramener avec ça, j'espère ? me demanda Roxanne, tandis que je m'asseyais sur le lit.

— Je comptais le porter sur moi. Ça fera pas ? râlai-je, en m'étalant de tout mon long sur la couverture.

— Non. Habille toi simplement et tout le monde se portera très bien. Tiens, tu peux porter cette chemise bleue simple et ton pantalon noir. Ce sera très joli.

— On dirait un jeune couple qui part pour une lune de miel. J'ai trop hâte que ça se réalise, d'ailleurs, complétai-je, en l'attrapant ensuite à l'aide de mes jambes.

    Aussitôt, je la ramenai contre moi, la faisant donc tomber contre mon torse. Heureux de l'avoir à mes côtés, je refermai mes bras derrière son dos, en déposant ensuite un baiser sur sa joue.

— Il me faut ma dose d'amour pour me détendre, murmurai-je, en la câlinant encore.

— Je vois ça. Tu devras quand même te méfier avec mon père.

— Génial...

— Mais ne t'en fais pas. Tout se passera bien. Je suis là, reprit Roxanne d'une douce voix, en m'offrant un magnifique sourire.

   Mon cœur réagit déjà à ce merveilleux regard. Je déposai de nouveau mes lèvres sur son front, rassuré.

Oui. J'espère bien, oui...

**

   Nous sortions enfin de la voiture après ces quelques heures de route. Étrangement, je me sentais un peu stressé. C'était limite la première fois que je me sentais comme ça. Je n'aime pas, c'est irritant. J'allais enfin l'affronter face à face. Ça allait changer du téléphone, tiens donc...

— Souris Brice, ça va aller, me chuchota soudainement ma femme près de moi, en me montrant du regard sa maison.

Euh. Ah ouais.

   Déjà je pouvais voir les rideaux du premier étage bouger, signe que quelqu'un guettait attentivement notre venue. J'avalais péniblement ma salive, puis me dirigeais droit devant moi. À peine arrivés devant le palier, qu'aussitôt, la mère de Roxanne sortit de la maison. Heureusement que ce n'est pas le père, merci Dieu. De longs cheveux blonds détachés, et ce sourire commun aux lèvres, elle câlina directement sa fille.

Laylou est l'ange.
Tristan est le démon.

Alléluia que Roxanne ait pris de sa mère.

— Oh Brice ! Tu as vraiment grandi ! Et oh lala, que tu es beau ! Roxanne a vraiment de la chance, dis-moi ! s'exclama sa mère, après m'avoir fait la bise.

Trop gentille.

   Mais hélas... ce petit moment de bonjour calinou tout doux venait d'être gâché. Il venait de sortir de la maison. Il venait de s'installer devant moi, les bras croisés, le regard sévère.

Tristan. Le père protecteur et grave bizarre.

   Néanmoins, déterminé à faire bonne impression, je levai ainsi ma main, m'attendant donc à ce qu'il me la serre. Mais bon. Visiblement on ne peut pas tout obtenir dans la vie. Je venais de me prendre un joli refus. Seul ses yeux parlaient pour lui ; il ne bougeait pas.

— Tristan, allez... grommela la mère de Roxanne, en lui donnant un léger coup d'épaule.

    Résigné et obligé, Tristan me serra enfin la main, alors que j'essayais de lui offrir un sourire.

— Bonjour monsieur. Je suis très content de vous revoir, déclarai-je poliment, en entendant quand même Roxanne échappait un rire.

   Oui bon ça va. Un moment il faut bien jouer l'enfant modèle et adorable. Il faut qu'il accepte notre union.

— Bonjour... Brice... poursuit-il d'une voix basse, en continuant de me juger de haut en bas.

   Mais constatant que l'atmosphère était plutôt tendue, je décidai de sortir les présents et de redoubler cette bonne impression. Allez Brice, souris.

— Merci beaucoup de m'accueillir chez vous. Je vous ai apporté quelques cadeaux, tenez, repris-je, avant de fouiller dans ma poche de veste.

   Je leur donnai la petite boîte de chocolat, tout content. Mais... quand je vis une autre petite boîte tomber de ma veste, les regards se bloquant dessus, je sentis la situation m'échapper.

Merde. J'avais oublié de les enlever.
Oulala.

— Oh tiens ? Une boîte de préservatifs ? Et bien les enfants, c'est qu'on est prévoyants dites-moi ! rigola Laylou d'un rire chaleureux, en tapant ensuite l'épaule de son mari.

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