Chapitre 7 : l'amitié

GIULIA

Plus je frotte, et plus le sang semble s'incruster dans ma peau.

Merde, merde, merde.

Je ferme un instant les yeux et essaye de me concentrer sur le bruit de l'eau qui coule à travers un robinet grinçant. C'est à se demander quand est-ce que je passerais enfin une nuit complète...

Après avoir passé des heures à me tourner et me retourner dans mon lit, incapable de fermer l'œil à cause des cris qui me venaient de l'autre côté du couloir, j'ai finalement décidé de me lever quand la porte voisine s'est claquée sur les injures de l'épouse de Josh. Alors après avoir rapidement enfilé un gilet sur un t-shirt à manches longues, je me suis précipitée vers l'appartement pour voir comment il allait.

C'était sans surprises que j'ai découvert sa blessure à l'arcade ouverte de nouveau et que, par conséquent, à trois heures du matin, il fallait que je l'aide à se soigner.

Certaines choses ne changeront jamais.

Tandis que je passe mes doigts sur une coulée de sang le long de mon coude, déjà craquelante sous la coagulation, j'essaye de ne pas rencontrer mon reflet dans le miroir brisé. Un coup frais y figure, celui dont je connais l'histoire, exceptionnellement.

Je renifle légèrement pour récupérer mes idées et jette un coup d'œil en arrière pour vérifier si Josh se remet doucement d'encore une autre crise de colère de sa femme qui a propulsé sa tête contre ce même miroir.

Je sais que je devrais appeler un médecin. Je sais que je ne pourrais pas éternellement lui venir en aide et que mes capacités médicales sont bien trop limitées pour pouvoir l'aider à surmonter ses blessures.

Mais un pacte, reste un pacte.

Dans un soupir, je ferme le robinet et essuie mes mains sur une serviette humide, avant de revenir en tâtonnant jusqu'au canapé où Josh essaye de s'allonger.

- Tu sais où elle est partie ? murmuré-je en parlant de sa femme.

- Comme d'habitude... Chez sa sœur.

- Tu sais quand elle reviendra ?

Il hausse les épaules en guise de réponse avant de se mettre à sourire dans ma direction.

- Tu devrais rentrer, Giulia.

- Non.

- Ça va aller, maintenant, insiste-t-il en portant un verre d'eau à ses lèvres.

- Je sais. Ce n'est pas pour ça que je reste.

Quand je me rassois, les jambes pliées, je me surprends à devoir mordre ma langue pour ne pas lui hurler de faire ses affaires et de se tirer de là, tant qu'il peut encore le faire. Une sensation nettement moins facile à supporter quand mon regard se porte sur une photo de mariage poussiéreuse accrochée à un mur où figurent des tâches anciennes d'un verre de vin.

Hormis les stigmates des disputes nocturnes, l'appartement de Josh a toujours été dans un état impeccable.

Certaines personnes utilisent le ménage, pour éviter d'être confrontés à la réalité...

Et d'autres le travail.

- Giulia ?

- Oui ?

- Je t'ai souvent dit merci... Mais jamais que je suis désolé.

Surprise, je fronce les sourcils. Pourquoi est-ce qu'il serait désolé ? Pourquoi est-ce qu'il aurait quelque chose à me reprocher ?

- Pour... Pour tout ce qui se passe, ici, poursuit-il en baissant la tête. Je sais à quel point c'est dur pour toi de dormir -la nuit ou encore de...

- Josh, tu ne me gênes pas, coupé-je en me redressant sur mes genoux.

- Peut-être pas moi, mais... Cette situation. Et ne me dis pas que c'est pas vrai ou sinon je croirai que tu aimes finir tes journées par de la douleur.

J'ouvre la bouche pour répondre, mais rien ne me vient à l'esprit.

Comment est-ce que je pourrais lui répondre, après tout ? Nous sommes deux côtés d'une pièce rouillée... Impossible de savoir qui de nous deux est pile ou face.

Dans les deux cas, la probabilité d'un désastre est de cent pour cent.

Une équation signée dans le malheur, propre à cet étage.

Je porte alors mes doigts à mon gilet que je referme un peu plus sur ma poitrine et essaye de lui offrir mon plus beau sourire.

Et Seigneur, ce qu'il est dur à exécuter, ces derniers temps.

- Tu sais ce qui est fascinant ? finis-je par souffler en reportant mon regard sur son appartement.

Il secoue la tête et je lui tends une couverture.

- On a exactement le même appartement. Les mêmes couloirs, les mêmes pièces, le même papier peint... C'est incroyable à quel point notre vie se ressemble, trait pour trait. On est même debout à la même heure.

- Giulia...

- Je suis debout, Josh, et ici avec toi, parce que j'ai dû apprendre qu'on ne lâche jamais personne dans le besoin. Peu importe s'il fait jour... Ou nuit. Alors peu importe ma fatigue, peu importe si je travaille demain, je ne te laisserai pas te vider de ton sang, alors que tout ce que je ferai de l'autre côté de ce couloir, c'est dormir sur mes deux oreilles. Je ne me souviens pas que tu aies continué à dormir quand c'était à mon tour d'être ramassé du sol. Pas vrai ?

À son tour, il m'adresse un sourire et le moment se suspend dans l'éternité, comme une plume en l'air. Cette fraction de minute, de seconde, même, où ni lui, ni moi souffrons. Un moment où il n'y a ni débris de verre au fond d'une coupelle, ni taches de vin sur les murs ou sur un tapis défriché, ni miroir brisé. Pas non plus d'horloge qui affiche une heure qui plonge ce bâtiment dans un silence inhabituel.

Seulement deux âmes qui comprennent ce que ça fait d'avoir une vie renversée.

Parce que si la souffrance est un langage que lui et moi comprenions, elle est assourdie par ce qu'on essaye de faire l'un pour l'autre.

Josh replie alors ses genoux dans le canapé et grimace lorsqu'il essaye de s'allonger en m'invitant à m'asseoir dans le fauteuil à côté de lui.

- Je n'ai pas pissé le sang, tu sais.

- Oui, oui. On n'aura qu'à dire ça, ricané-je en abaissant les manches de mon gilet sur mes avants bras séchés.

- Je t'avoue que j'ai faim.

Nous regardons tous les deux vers l'horloge avant d'éclater de rire, conscients que notre tradition ne pourra pas être tenue ce soir. Car même si Arkan est une des villes les plus grandes de l'Oregon, elle ne l'est pas suffisamment pour que des restaurants soient ouverts à cette heure-ci.

Sans oublier que la location de ma place de parking a vidé tout espoir à mon frigo de rester rempli pour un bon moment.

Je me penche donc sur la table basse encore recouverte des produits de soin et de cotons imbibés de sang et attrape la télécommande avant de me blottir dans le fauteuil.

- Si je ne me trompe pas, il y a une rediffusion de Gordon Ramsay sur la chaîne principale...

Effectivement, j'avais bel et bien raison. On ne mangera peut-être pas de pizza ce soir, mais au moins, on verra des gens se faire empoisonner par des mauvais restaurateurs, ainsi qu'un Anglais furieux aux insultes innovantes.

Lorsqu'on prend le temps d'inspirer, après être privé d'oxygène pendant bien trop longtemps, quand les poumons se remplissent d'air et que le monde cesse de tourner aussi vite autour du soleil... Même les pires évènements peuvent être adoucis.

Je remarque que Josh est apaisé et qu'il ne tremble plus. Que les étoiles brillent à travers la fenêtre de la cuisine. Nous regardons la télévision ensemble, comme je le faisais avant avec mon père... Dans ses meilleurs jours, du moins. Il ne fait pas si froid et je peux même enlever mon gilet pour l'utiliser comme réconfort, en dessous de ma joue.

Mais avant tout, je remarque à quel point parfois...

Il faut s'arrêter un instant et laisser l'horreur se dissiper, comme l'orage dans la nuit.

Parce que toute obscurité a sa lumière, pas vrai ?

***

Le beau temps a fini par faire une dernière apparition avant le début officiel de l'automne, un malheur pour moi qui n'a pas fermé l'œil avant sept heures du matin. Obligée de rabattre la capuche de mon sweat noir sur la tête pour échapper aux rayons de soleil qui ont décidé de mener à bien leur mission pour brûler mes rétines, je croise mes jambes contre ma poitrine et scrute les alentours du jardin où le directeur de l'université passe pour être certain que tout soit fin prêt pour l'arrivée des étudiants.

Cet endroit était censé être mon havre de paix et pourtant sa présence ne fait que me rappeler que dans quelques jours, ce ne sera certainement plus le cas.

J'arrête néanmoins de le fixer lorsque mes dents se figent dans une fourchette dépourvue de nourriture et souffle en voyant mon plat vide. Après ce qui s'est passé cette nuit, j'ai à peine eu le temps de me faire à manger, plus encore lorsque j'ai remarqué qu'un reste de sang était incrusté dans mes ongles.

La femme de Josh avait fait son grand retour, au petit matin, alors que je m'apprêtais à partir au travail et le pire dans tout ça, c'est qu'elle m'avait assuré son plus grand sourire.

Elle n'a jamais été méchante avec qui que ce soit dans l'immeuble. En apparence, avec son sourire charmant et ses airs d'une femme de grande lignée, elle peut persuader n'importe qui qu'il n'y ait absolument aucun problème dans sa vie.

Et peut-être qu'elle le pense vraiment.

Elle ne frappe pas Josh, après tout. Du moins, pas directement.

Ce sont simplement ses crises de colère qui mettent son époux dans des situations qu'il ne peut échapper.

Cette fois-ci, c'était le miroir de la salle de bains.

Mais qu'en serait-il pour la suite ? Un escalier ?

- Tu sais où est ma maman ? résonne soudain une voix enfantine qui m'arrache de mes esprits.

Mes dents dérapent sur l'amas de chair déchiqueté qui me sert de lèvre quand je baisse les yeux vers une fillette aux couettes blondes.

Merde, depuis combien de temps est-ce qu'elle est là ?

- Je... Euh... Comment... Pourquoi tu es là ?

- Je cherche ma maman.

Un coup d'œil à sa petite robe blanche parsemée de tournesols m'indique tout de suite qu'elle ne peut être que la fille d'une des botanistes de l'observatoire. Ses pommettes rebondies et ses yeux noisette en revanche, n'appartiennent qu'à celle qui s'entend à peu près bien avec Alyona.

Je dénoue donc mes jambes et lui tends ma main pour lui assurer qu'elle va bien.

- Ta maman est occupée avec le directeur, Lily. Mais je vais t'aider à la retrouver !

- Elle m'a dit que je ne pouvais toucher à rien, rumine-t-elle en entortillant ses petits doigts autour des miens.

- C'est fragile, c'est vrai.

- Je voulais lui faire un bouquet.

- Si tu veux vraiment faire plaisir à ta maman, Lily, tu devrais en effet les laisser où elles sont.

Sa mine s'obscurcit et un flot de culpabilité fait tordre les veines sous ma peau. Même si je n'aime pas particulièrement les enfants qui rentrent dans cet observatoire, je ne pourrais jamais réellement dire non à ces mini-humains aux sourires innocents. Avec des traces d'herbe sur la semelle de ses ballerines blanches et les petits amas de terre sur les plis de sa robe, c'est évident qu'elle s'est déjà perdue dans quelques buissons.

Tant pis. On est enfant qu'une seule fois dans sa vie.

- Tu veux que je te montre quelque chose ? Ça va te plaire.

Dubitative, la fillette âgée d'à peine six ans hoche quand même la tête et me suit à travers les sentiers de cailloux gris qui divisent des parcelles entières de fleurs sauvages.

- C'est encore trop tôt, mais je peux te montrer des cocons qui vont éclore la semaine prochaine ! Ils vont faire de jolis papillons qui vont envahir tous les jardins que tu vois ici.

- C'est quoi un cocon ?

Je la prends dans mes bras lorsqu'on arrive à un grand cadran en bois près de la lisière d'un carré de fleurs de champs et ouvre l'une des portiques pour lui indiquer toutes les chenilles momifiées.

- C'est un futur papillon. Ils dorment pour l'instant, pour pouvoir développer leurs ailes.

- Est-ce que je peux aussi en avoir si je dors cette nuit ?

- Si tu fermes les yeux très très forts... Peut-être.

Un sourire revient sur les lèvres de Lily tandis qu'elle passe le revers de ses doigts sur le grillage des portiques, trop effrayée pour toucher les cocons.

- Tu aimes les papillons ? demandé-je en refermant ma grippe sous ses genoux pour la stabiliser dans mes bras.

- Oui. Maman dit qu'ils portent nos vœux pour aller les chuchoter aux fées de la forêt.

- Ta maman a bien raison ! Tu veux faire un vœu ? Ils dorment peut-être encore, mais vois-tu... Si tu leur chuchote maintenant, la première chose qu'elles feront après avoir déployé leurs ailes, c'est de tout de suite aller le transmettre.

- Une semaine c'est trop long ! gémit-elle en levant ses yeux au ciel.

Je lui dégage une mèche dorée du front et murmure :

- Allez, si c'est un grand vœu, peut-être qu'elles se dépêcheront de se réveiller.

- Bon... d'accord.

Lily incline la tête à l'intérieur de la boîte et chuchote avec un grand sourire :

- J'aimerais que maman ait plus de temps pour me raconter une histoire le soir.

Ma gorge se noue sous son souhait et je dissimule mal mon dégluti. Les yeux des enfants sont difficiles à regarder, car ils y reflètent des émotions à l'état brut. La peur les fait écarquiller à outrance, la douleur les submerge de larmes. Il n'y a pas de frontière, pas de retenu...

C'est de l'innocence.

Les souhaits purs égorgent même les agneaux.

- C'est... un très joli souhait, parviens-je tout de même à articuler.

- Je compte sur vous, poursuit Lily en pointant un doigt vers les cocons.

Je finis par la déposer au sol et sors un rouleau de scotch de mon sac en bandoulière, frappée par une idée.

- Tu sais, je ne peux peut-être pas te laisser cueillir des fleurs dans ces jardins, mais je peux quand même te faire quelque chose que j'ai appris lorsque j'étais en voyage.

Délicatement, je colle à l'envers une bandelette autour de son poignet pour en faire un bracelet collant et la guide à nouveau vers le carré de fleurs sauvages.

- Quelles couleurs est-ce que tu préfères ?

De son index, elle pointe vers des violettes, des myosotis ainsi que des marguerites que je colle tour à tour sur le scotch pour en faire une chaîne naturelle.

- Et... voilà... pour toi. Ça te plaît, Lily ?

La blondinette regarde avec fierté le résultat et arque même son poignet dans la direction du soleil. L'admiration et la joie pure éclipsent la tristesse qui noyaient ses prunelles, il n'y a même pas une minute et je dois écarter mes lèvres pour ne pas laisser l'occasion à mon cœur de s'emballer.

Je sais à ce moment précis que je ne laisserai personne lui voler son bonheur.

Personne. Jamais.

- Merci Giulia.

- De rien, mon trésor. Va le montrer à ta maman ! Elle est à l'intérieur.

Elle s'exécute, mais pas avant d'avoir collé ses lèvres, dont le carmin ferait rougir les coquelicots qui nous entourent, sur ma joue.

Je la regarde disparaître dans les bâtiments en verre des serres de l'observatoire et réalise que ce sera moi le papillon qui devra dire à la fée le souhait de cette petite.

Elle mérite qu'on parte en guerre pour elle.

- Une nouvelle amie, docteure Matip ?

La main collée sur le cœur, je redresse la tête vers Alyona qui m'observe depuis le lointain, une canne et des gants de manipulation entre les mains. Dans un craquement de genoux, je me redresse et secoue la tête.

- C'est encore la petite de Jenny qui s'est perdue.

- Tu as été plus gentille avec elle en deux minutes que tu ne l'as été en deux ans avec le directeur, grommelle la doyenne en s'approchant.

- C'est une enfant.

- Je croyais que tu méprisais les humains autant que moi.

- Les enfants ne sont pas encore des humains.

Ma remarque parvient à lui faire décrocher un sourire de ses lèvres sèches et ce n'est qu'une fois qu'elle est à ma hauteur qu'elle souffle :

- Tu devrais passer un peu plus de temps avec les autres, tu sais... Pourquoi tu ne déjeunes pas avec les autres, par exemple ? Pourquoi tu es toujours ici et toute seule ?

Je me retourne vivement vers elle, surprise par le contraste de la tonalité sombre de sa voix et l'agilité presque théâtrale des papillons autour de moi.

- Je n'ai pas besoin d'amis, Alyona. Les amis ne sont rien d'autre que des personnes qui recherchent quelqu'un à qui raconter leurs problèmes sans s'intéresser à ton bien-être. Quelqu'un qui flattera leurs égos en les écoutant être les victimes dans toutes les circonstances. J'en ai assez.

- Quel genre d'horribles amis est-ce que tu as eu ?

Je pince mes lèvres en guise de réponse et ma patronne roule ses yeux au ciel qui se parsème de nuages cotonneux.

- Tu devrais essayer. Pas tout le monde est pareil.

- Tu es mon amie, non ? C'est déjà bien.

Et Josh. Il y a Josh, aussi. Enfin, si appeler une ambulance un coup sur deux, compte comme de l'amitié.

- Quelqu'un de ton âge, Giulia. Pas une vieille femme que tu accompagnes au bingo tous les jeudis soir.

- Je t'ai déjà dit que ça ne me dérangeait pas. Le bus d'Arkan n'est pas fait pour toi.

- Je me débrouillerai. Je te laisse ton jeudi.

Agacée, je rabats mon sac sur mon épaule et grogne :

- Tu m'as déjà poussée à aller à cette stupide convention. Hors de question que je fasse plus !

- Si tu rencontres une autre vieille dame pour être ton amie, c'est bien aussi.

Sur ce qu'il me semble être un sourire, elle retourne à ses occupations, me laissant à nouveau seule avec mes fleurs et mes cocons.

Comment est-ce que je suis censée me faire des amies en un seul jeudi soir, bon sang ? Alors que je les ai esquivés depuis trente-deux ans ?

Une chose est sûre...

Je ne changerai jamais d'avis.

-------------------------------------------

Entre les problèmes techniques de Wattpad et les imprévus, OWF a temporairement disparu mais c'est de retour 😎 et pour me faire pardonner, voici un nouveau nouveau chapitre et un deuxième viendra demain ! 😎

Mais revenons à nos moutons !

• Giu et Laszlo sont à des milliers de km l'un de l'autre et pourtant ils semblent partager le même quotidien... C'est a dire faire attention aux autres, mais pas à eux même.

• Jusqu'à où et quand est ce que ca peut bien durer ?

• Se faire des amis n'est peut etre pas le point fort de Giu mais on retiendra ce qu'elle aime bien confronter : les papillons, les pizzas bolo, les bébés pumas et parfois être cordiale avec les enfants 😂

• Vous le sentez comment, une Giulia associale en quete d'amies ? 😂

N'hésitez pas à laisser une petite étoile et a me dire votre avis en commentaire ! On se retrouve demain pour la suite ! 💙

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top