Chapitre 10 : trois étapes simples pour manipuler Laszlo Montgomery
LASZLO
Je souris quand une fausse note fend l'air.
— Monsieur Bassili, vous savez quel âge a ce piano ? Il ne mérite pas un tel acharnement. Soit, vous vous concentrez, soit vous le lâchez, mais par pitié, prenez une décision !
Une nuée de rires s'élève de l'attroupement d'étudiants autour de nous, mais il en faut plus à Accacius Bassili pour se démonter. Assis à mes côtés sur le long tabouret en velours noir, les manches de sa chemise blanche déjà relevées sur ses coudes et la cravate repliée sur l'une de ses épaules, il fronce les sourcils et soupire. Je profite de sa concentration pour me servir mon énième tasse de café et grimace encore plus que lui quand il commet la même faute.
Je commence à comprendre pourquoi le café de la salle des professeurs est si important pour tout le monde. En l'espace de quelques jours à peine, j'ai été plus attaché à ma tasse qu'à mes carnets de croquis.
Blasphème.
Mais ce soir a besoin de son lot de caféine. Avec le début de l'automne, les derniers rayons de soleil ont officiellement rendu l'âme et les jours d'orage se sont succédé. Si les fausses notes d'Acaccius animent la salle de classe de Trudy, la professeure de musique et accessoirement l'une des seules collègues assez gentille avec moi pour avoir réussi à me sortir de n'importe quelle rencontre avec Warren, le tonnerre en fait autant dehors. Les vitres des grandes fenêtres tremblent peut-être même plus que les prouesses des élèves ennuyés qui sont enfermés avec nous, cette nuit.
Un des plus grands sycomores de l'académie s'est abattu sur la porte principale du bâtiment des dortoirs des garçons, forçant tout le monde qui y dormait à devoir installer des sacs de couchage dans le réfectoire, le temps que l'orage passe et que le tronc soit enlevé.
Volant notre nuit, au passage.
Néanmoins, quand certains des garçons ont été retrouvés autour du piano de Trudy, alors qu'ils avaient la stricte interdiction de se promener dans les couloirs... On a fini par se joindre à eux.
Ils n'y sont pour rien, après tout.
— Je vais y arriver, grince finalement Accacius en s'avançant sur le rebord du tabouret pour se rapprocher au plus près des touches.
— Ne pense pas à l'enchaînement, interviens-je en posant ma tasse de café déjà froide près du pupitre. Ton appréhension te bloque. Laisse-toi aller, il viendra plus fluidement.
— Exactement, acquiesce Trudy en forçant un élève à sortir d'un des fauteuils en velours de la pièce pour s'y asseoir elle-même. Tu dois trouver en toi le parfait équilibre pour pouvoir trouver la fluidité.
— On parle toujours de piano ou c'est un cours de méditation ? rétorque-t-il en se tordant la nuque pour toiser la professeure du regard.
— La ferme, connard, et joue.
Une claque derrière la tête de la part de son jumeau lui remet les idées en place et il recommence doucement son morceau.
On m'avait promis que les élèves que j'avais dans mon cours étaient parmi les pires de l'académie et que leur besoin pour les bonnes notes était trop haut pour se laisser attarder sur l'importance du CV de l'un de leurs professeurs. Mais alors qu'Accacius reprend la partition, cette fois-ci sans fausses notes, je vois à travers les plis de son front, la délicatesse de ses doigts sur les touches et sa volonté de réussir que c'est plus que ça.
Ils ont besoin d'affirmation. D'être le choix numéro un, pour une fois. Que le rejet les a dépravés d'amour et que leurs parents ont pensé pouvoir les cacher, dans les landes de Syracuse, pour qu'ils ne fassent pas trop honte.
Être choisi.
C'est ce qu'Accacius demande, avec sa sérénade qui vole le silence de tous les élèves autour de nous.
Même de Trudy, qui s'est entre temps redressée sur son fauteuil.
Le jumeau de Camden joue au piano, comme une supplique qu'il dédie à ceux qui le noient sous les mauvaises notes.
Je n'ai même pas besoin de joindre ma mélodie à la sienne et me décale pour qu'il ait accès à toutes les touches, passant ses doigts à travers ses échecs scolaires et les boucles sous sa sérénade.
Alors que la mélodie accélère au point où il a échoué, son front se plisse à nouveau et les veines de ses avants bras se mettent à saillir. Il peut néanmoins compter sur son jumeau qui scande son nom et les autres garçons se joignent très vite à lui.
Et le maestro finit la partition.
La salle de classe est très vite envahie par les applaudissements et Accacius se redresse avec exagération pour les saluer.
Peut-être que ce sycomore qui s'est abattu sur le dortoir était la meilleure chose qui pouvait lui arriver, en fin de compte...
Lui qui avait tant détesté les dessiner, pourtant.
— Bravo, acclame Trudy en prenant appui sur son fauteuil pour se lever et venir fermer le clapet du clavier. Tu vois, tu pouvais le faire.
— Bien sûr, scande-t-il en passant une main vaniteuse dans ses mèches noires. Je n'ai fait que "trouver le parfait équilibre pour trouver ma fluidité".
— Haha, très drôle. Range tes affaires, petit malin, avant que je ne te colle pour avoir fait infraction dans ma salle de classe.
— Un génie incompris.
— Tu ne la fermes donc jamais ? siffle Camden, visiblement plus effrayé par la menace que son jumeau.
Trudy leur accorde tous les deux un regard sévère, mais ils continuent de se prendre la tête en se poussant et frappant à coup de sac. Je les regarde faire en rabattant mes lunettes de mes cheveux à mon nez et ne sourit que lorsque la main de la professeure se pose sur mon épaule.
— On devrait retourner au réfectoire, le directeur va nous passer un savon, sinon.
— J'arrive.
Trudy a le miel dans chacun de ses gestes de tendresse. Petite et forte, elle a le caractère d'une lionne à la chasse, toutefois, ses cours sont ceux où les élèves se sentent le plus compris. Mais pas que.
Quand elle avait compris que j'évitais à tout prix la salle des professeurs en m'isolant complètement de ce qui devait être un début de socialisation, elle s'était jointe à moi. Contrairement aux autres, elle ne débordait pas de questions envahissantes et de piques pour savoir où j'allais me positionner sur l'échelle de la hiérarchie.
J'étais son égale.
Et c'est avec elle que le soleil, qui s'était pourtant évanoui d'Etton, a commencé à briller à nouveau.
Elle me câline comme elle a l'habitude de faire et sort avec un dernier sourire en me laissant avec quelques-uns de mes élèves restés récupérer leurs affaires. Accacius, qui avait entre temps volé la veste de son jumeau pour la jeter au fond de la salle, se tourne vers moi et m'indique la partition étalée sur le couvercle du pupitre.
— Merci, monsieur Montgomery, pour m'avoir laissé faire.
— Tu as du talent, sache-le.
— Plus que pour dessiner des arbres ?
Malakaï pouffe et je les fais sortir de la salle en fermant la porte derrière nous.
— L'art peut se manifester différemment chez tout le monde. Le talent n'a rien à voir dans la pratique. Je n'essaie pas de vous faire devenir des Picasso et des Van Gogh en seulement une année et trois heures par jour, Bassili.
— Vous pensez donc qu'on n'y arrivera pas ? minaude Camden en retirant agressivement sa cravate de son cou rougi par l'action.
J'esquisse un sourire à son égard en le faisant passer derrière moi et secoue la tête, une main perdue dans mes cheveux.
— Ce n'est pas ce que j'essaie de vous faire apprendre avec mon cours, c'est tout ce que je veux dire. Je veux vous faire apprendre les rudiments de la patience, de la concentration et aussi, en passant...
— Nous faire dessiner des trucs pour le frigo de nos parents ?
Accacius. Encore et toujours.
Je fais mine de passer mon carnet de dessin derrière sa tête et c'est avec instinct qu'il l'abaisse.
— Tu retiens ce qui t'arrange.
— Il a ce don, raille Camden.
— J'essaie de vous faire apprendre d'être passionné par quelque chose. Que ce soit la musique, le dessin, la peinture, les livres... C'est à vous de voir. Mais si je peux vous apporter au moins la découverte de soi, alors j'ai tout gagné.
Les trois garçons sourient et c'est justement à ce moment précis qu'on arrive dans le réfectoire déjà bondé. Mon regard tombe immédiatement sur Warren, debout dans un coin avec Sandy et d'autres professeurs, et toute bonne émotion s'évanouit de mon visage.
Et merde.
Je l'atteins malgré moi et Malakaï soupire
— On est content que vous veniez avec nous, en tout cas.
Mes doigts se figent sur les rebords de mon manteau et je fronce les sourcils.
— De quoi tu parles ?
— Eh bien du voyage, ajoute Camden en jetant par-dessus son épaule sa veste d'uniforme. Monsieur Milner nous a dit que vous veniez avec nous. C'est vraiment cool.
— Pardon ?
Camden et Malakaï se rangent aux côtés d'Accacius qui se risque :
— Quoi, ce n'est pas vrai ?
— Il nous l'avait affirmé, pourtant.
— Je ne sais pas ce que... Je...
Peinant à formuler mes mots, mes trois élèves s'échangent un regard gêné avant de relever la tête vers Warren qui glisse ses mains dans ses poches.
— Et si vous alliez vous coucher, les garçons ? Vous devriez l'être depuis vingt minutes au moins.
Putain.
Je ne le quitte pas du regard alors que lui, attend patiemment leur départ avant de m'accorder son attention.
La colère m'envahit au point où mes doigts se serrent jusqu'à former des poings serrés, le long de mes cuisses.
Il a menti. Il leur a menti, qui plus est. À Accacius. Camden. Ainsley. Malakaï. Lenora.
Keira.
J'aurais dû me douter que le soulagement que j'avais vu sur son visage ce matin en rentrant dans ma classe n'était que sa façon de me remercier de ne pas la laisser tomber pendant les trois mois qu'elle allait passer loin d'Etton.
J'avais pourtant tout fait pour qu'elle ne se sente pas démunie, une fois partie.
C'est en pensant à ses avants-bras que la colère surpasse toutes mes émotions et que je fais irruption dans la pièce centrale. Les tables et les chaises repliées contres les fenêtres toujours tremblantes à cause de l'orage nocturne, les grands lustres donnent leur lumière jaune sur une centaine de sacs de couchage et de lycéens divisés dans leurs bandes respectives. Je plisse les yeux, haletant sous la rage, et grince :
— Espèce de sale...
— Montgomery.
Son sourire. Son putain de sourire.
Sans se détacher de la foule, il se rapproche au maximum de moi et croise les bras sur son torse puissant.
— Pourquoi tu as fait ça ? soufflé-je dans un murmure à peine audible.
— Fais quoi ?
— Ne fais pas le con... Mentir ! À des gosses ! Pourquoi tu leur as dit que je venais ? Je t'avais dit non. Je t'avais dit non !
Ma voix qui s'élève fait tourner quelques têtes dans notre direction et, gêné, Warren s'excuse avant de répondre à voix encore plus basse :
— Je n'ai menti à personne.
— Tu te fous de moi ?! Tu avais dit que tu avais déjà trouvé quelqu'un, quand tu es venu après mon cours...
— C'est exact. Toi.
Je ne sais pas ce qui me choque plus. Le naturel auquel il sort sa réponse ou le geste désinvolte de ses épaules.
— Qu'est-ce que tu veux de moi ? C'est quoi ton problème ? persiflé-je en le repoussant tout en retenant le plus de violence possible.
Je vais le tuer.
— C'est quoi le tien, au juste ? Parce que c'est à toi que je devrais poser cette question. Depuis le premier jour.
Cette fois-ci, c'est à son tour d'être en colère. Je le décerne dans sa mâchoire, dans la veine qui palpite dans son cou, dans ses doigts qui jaunissent sous la pression.
Pourtant, il continue à sourire aux élèves qui défilent et aux professeurs qui se rangent près de nous.
— Tu sais depuis combien d'années je suis là ?
J'ouvre la bouche pour rétorquer, mais il me devance en pointant son menton sur l'assemblée.
— Onze ans. Onze ans que je vois ces snobs de parents envoyer leurs enfants ici. Les punissant de ne pas être assez bien selon leurs normes. Les cassant sous leurs valeurs de merde, les rendant exécrables. Ce genre de petits cons qui abusent quotidiennement de leurs futurs employés, de leurs familles, même. Onze ans que je vois du potentiel être gâché, juste parce que c'est comme ça que le monde doit tourner.
Ses yeux d'un ton glacé se figent sur un point inexistant lorsqu'il poursuit :
— Onze ans que je subis ce qu'on me dit de faire. Ces parents qui rendent visite à leurs précieux fils et filles et nous disent quoi faire et si on a le malheur de punir leurs actions, ils essuient tout avec de l'argent. Onze ans que je vois ce directeur accepter des pots de vins pour effectuer zéro changement dans le comportement des enfants !
Mes lèvres se pincent pour ne former qu'une fine ligne et je m'affaisse contre le mur derrière moi, cognant ma tête au passage.
— Je te l'ai déjà dit, grincé-je dans un souffle. J'ai de la famille ici. Je dois m'occuper d'eux.
— Tu ne m'as pas compris, Laszlo.
— Non, c'est toi. Je ne peux pas.
Il rit. Ses épaules de boucher secoués sous son grand manteau font gronder sa voix sourde dans sa gorge. Je retire mes lunettes de mes yeux et me les frotte jusqu'à ce que je sente leur pression dans mes orbites, mais il s'en moque.
— Quand je t'ai dit que j'avais besoin de quelqu'un, ce n'était pas d'un baby-sitter, comme tu le pensais. J'avais besoin de quelqu'un qui avait ma vision des choses. Qui avait autant envie de partager quelque chose à ces enfants que moi. Quelqu'un avec de l'envie de représenter un tournant, d'être un symbole.
— Je n'ai jamais prétendu vouloir l'inverse, je viens à peine d'arriver, bordel ! Et ta première requête auprès de moi c'était de me faire partir ? J'ai besoin de ce travail.
— Regarde autour de toi, Laszlo...
Son regard se fait plus sombre. Noir, presque. Un orage plus furieux que celui qui gronde contre les murs en pierre de l'académie.
— Parfois... Tout ne dépend pas de toi. Parfois, le destin des enfants repose entre tes mains et tu ne peux que le suivre. J'ai compris ça, le moment même où je t'ai vu descendre de la fenêtre de ta classe pour aller faire dessiner tes élèves près des arbres.
Il enfonce ses mains dans ses poches et secoue la tête en regardant le directeur donner l'ordre aux garçons du réfectoire de regagner leurs sacs de couchage respectifs.
— Je n'ai peut-être pas eu la meilleure des façons de te demander de venir, mais je manque de temps et j'ai fait ce que j'ai pu. Pense ce que tu veux, mais tout ce que je fais, c'est pour une raison. Je sais aussi que je ne peux pas te forcer indéfiniment. Si tu ne veux vraiment pas venir... Je comprendrai. Je leur dirai que tu as eu un empêchement de dernière minute, ce n'est pas grave. J'avais juste pensé que tu partageais mes valeurs.
Je les regarde à mon tour, les épaules relâchées, et cherche désespérément quelque chose à répondre.
Rien.
Je n'ai absolument rien.
— Mon ambition... Ne surpassera jamais leur bien.
Sur ce... Il me dépasse et disparaît.
***
Je n'ai pas réussi à fermer l'œil de toute la nuit. Et à en entendre les chuchotements des garçons éparpillés à travers la salle, je ne suis pas le seul. L'orage a finalement fini par se calmer vers deux heures du matin, et ce n'est que quand l'horloge a indiqué trois heures et quart que je me suis levé. Mon regard braqué sur l'endroit où s'était endormi Warren, je m'éclipse tout en pensant à ce qu'il m'a dit.
J'aurais voulu me mettre en colère. J'aurais voulu ne pas être devancé par ses manigances et sa désillusion complète à vouloir m'emmener avec lui et Sandy pour le voyage scolaire. J'aurais voulu...
Oui.
J'aurais vraiment voulu être en colère.
Trop perdu dans mes pensées, je manque de dépasser la classe de Trudy, avec comme seul guide la lampe torche de mon téléphone. Je m'arrête pile à temps et ouvre doucement la porte avant de la refermer derrière moi. Les quatre immenses vitres donnent directement sur le portail de l'académie. La nuit noire semble mourir derrière les grandes grilles et la brume s'est installée jusqu'à noyer le parc au gazon coupé de près. La seule lumière qui me permet de voir l'étendue immense de l'académie c'est celle des deux réverbères de l'entrée, mais même leur éclat se fait tuer par le brouillard.
Je ralentis mon pas lorsque j'atteins le piano et dépose mon pull sur le tabouret, laissant le froid de l'école brûler mes muscles nus sous mon t-shirt.
Accacius m'a demandé ce que je connaissais du piano et je n'ai pas osé retoucher le clavier, en guise de réponse.
Je prends une inspiration des plus silencieuses, comme si même d'ici, je n'avais pas envie de réveiller qui que ce soit, et m'assois doucement près du pupitre.
Et bien sûr, ce n'est qu'ici que j'ose retirer mon gant en cuir.
L'une des seules et dernières choses que mon père m'a apprise, c'est comment me débrouiller autour de cet instrument. Passer des heures et des heures assis sur ses genoux dans l'arrière-boutique de ma grand-mère alors qu'elle s'occupait de ses fleurs est de loin l'un des petits souvenirs qu'il me reste de lui.
Ça et l'odeur de tabac froid qui régnait en maître sur ses vêtements.
Je chasse l'effluve qui naît dans mes narines en prenant une grande inspiration et sélectionne une gamme du bout des doigts.
Et c'est comme ça que naissent mes notes.
Elles fendent le silence de la pièce comme un rasoir...
Brisent le souvenir de mon père comme un miroir...
Et me ramènent tout doucement dans le désespoir.
Vingt-six ans plus tôt, mon gant était fait de dix broches vissées dans mes doigts et de pansements épais. Et si ma grand-mère me répétait sans cesse que tout allait bien se passer, les docteurs, en revanche, n'avaient pas l'air aussi optimistes.
En réalité, ils n'avaient pas vraiment dit grand-chose.
Alors que ma mélodie prend de plus en plus confiance sur le clavier du piano et envahit désormais toute la pièce, je ferme les yeux et essaye de me noyer dans les notes qui défilent devant mes paupières closes.
Mais bien sûr, il n'y a pas que l'académie d'Etton qui tourne à l'obscurité.
Mes souvenirs passent des docteurs, de leurs allées et venues, des questions quasi quotidiennes des policiers, de leur colère quand je leur disais que je ne pouvais pas leur donner ce qu'ils voulaient... Mais l'un d'eux se fixe sur la seule personne avec qui j'ai dû partager tout ça.
La petite fille aux cheveux noirs et au visage de suie qui regardait le tout depuis une chaise, sans respirer.
Je fronce les sourcils tout en revoyant l'image de la fillette en question.
Giulia.
Giulia.
Giulia.
Ce prénom...
S'il était traduit en notes de musique, il formerait un requiem.
J'aurais beau essayer de chercher à comprendre comment ma vie ne s'est pas terminée, là-bas, dans la cage sanguinolente destinée à un chien, alors que l'été brûlait les dernières chances de survie qui me restaient.
Comment Giulia a fait pour sortir et appeler à l'aide...
Comment j'ai fait pour survivre, plus tard, à l'hôpital...
Mais comme ma main, certaines choses resteront un mystère non résolu.
Et peut-être que c'est mieux comme ça.
Et puis soudain... Une fausse note.
Pas d'Accacius Bassili. Mais de moi.
Je lâche violemment le clavier du piano, ensevelissant à nouveau la pièce sous un silence lourd, et me plie en deux en retenant de justesse le cri de souffrance provoqué par la brusque douleur dans mes doigts.
Certaines choses ne guérissent jamais.
Même si j'ai appris à vivre à nouveau en commençant par quitter Gaslight Fields avec ma grand-mère, le Texas et la vie qui m'y était prédestinée... Après des années de reconstruction, de kinésithérapie, d'erreurs humaines et d'autres un peu moins...
Tout reste... à vif.
meurtri.
Broyé.
Un éternel stigmate d'une brûlure vive.
Le genre qui nous fait crier jusqu'à en souffrir.
Pleurer jusqu'à en mourir.
J'abats mon autre poing sur le couvercle du clavier du piano qui retentit sourdement sur les touches et remets furieusement mon gant.
La vérité se cache sous les ombres d'une pièce du genre. Un secret qui règnera dans le silence et qui ne peut être traduit que dans les morceaux non achevés d'un artiste déchu.
Ça n'ira pas plus loin.
Alors, je me redresse en soufflant lourdement, attrape mollement mon manteau gris, enfile mon sac et quitte la pièce sans même me retourner.
La douleur, ce sera pour un autre jour.
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Enfin me revoilà ~~
Comme annoncé sur ce profil, je reprends ENFIN les publications hebdomadaires ! Pour l'instant on part sur un chapitre tous les mercredi jusqu'à la fin de la publication d'une nouvelle histoire annoncée sur mon compte insta, et après, qui sait, peut-être 2 à 3 fois par semaine... 👀
Mais pour l'instant, retournons à Laszlo 💙
Qui rêverait pas d'avoir un prof comme ça ? Non mais sérieux je l'aime trop 🥹
Warren quant à lui a tous les points pour faire sortir le meilleur chez lui, peu importe de quelle manière, vous ne trouvez pas ?
Et il semblerait qu'il sache encore très bien qui est Giulia... Malgré sa présence solaire, une grande part d'ombre plane sur lui...
Et qu'en est il de Giulia de l'autre côté ?
À la semaine prochaine pour son point de vue 👀 leurs retrouvailles sont proches on dirait ! 💅🏽
Xoxo, merci pour votre patience 🥹
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