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When you're feeling lost I'll leave my love
Hidden in the sun
For when the darkness comes

Un an plus tard

  - Bon, t'es prête? 

  - Roh, ça va, j'arrive!

  Je ne peux m'empêcher de lever les yeux face à l'impatience de Dylan qui m'attend au volant de sa voiture. Bon, je le lui accorde : j'ai mis une éternité à finaliser mes valises et à dire au revoir à ma mère. Même si c'est déjà ma deuxième année à l'université, elle a encore du mal à me voir partir. Je me dirige vers la voiture et lance un dernier sourire à maman. Le doux vent du mois d'août me réchauffe le visage et je tiens le bas de ma jupe tandis que je grimpe à bord de la jeep de mon ami.

  - J'ai cru que tu ne viendrais jamais, plaisante ce dernier. T'abuses, on est en retard...

  - On n'a aucun horaire à respecter, d'abord. C'est nous qui louons la maison, alors ne vient pas me dire qu'un proprio nous attend.

  - Ben si, justement. Il est venu réparer la chaudière et il doit me rendre les factures qui vont avec.

  - J'avais oublié. Désolée, je lui dis, un air coupable sur le visage. 

  Je baisse la tête et lui fais les yeux doux. Il secoue la tête et ne peut s'empêcher de sourire avant de démarrer. Nous voilà enfin en route pour notre deuxième année à Stanford. Comme l'an passé, nous avons décidé de partir à la mi-août, histoire de passer un peu de temps sur le campus avant la rentrée. Me conseiller de louer une maison avec Dylan est la meilleure idée que nos mères aient jamais eues. Le moins qu'on puisse dire, c'est que ça nous a beaucoup rapprochés, encore plus que l'été qu'on a passé fourrés ensemble après ma rupture. 

  Je tourne alors la tête vers la fenêtre. Je le regrette instantanément et me renfrogne, ce qui n'échappe pas à Dylan. La surprise est probablement visible sur mes traits, mais j'essaie tant bien que mal de cacher tout ce qui pourrait refaire surface.

  - Qu'est-ce qui...oh. 

  À son tour, Dylan remarque Jake, mon ex-petit ami, main dans la main avec nulle autre que May Rivers, une élève de notre ancien lycée.

  - Tu vas bien?

  - Ouais, je réponds, qu'est-ce que ça pourrait me faire?

  Même si je disais à qui voulait l'entendre que j'étais passée à autre chose, revoir Jake ainsi, d'une façon aussi inattendue...disons que ça a rouvert une blessure que j'aurais préféré fermer.

  - C'est légitime de te sentir mal, Liv. Après tout, il a rompu avec toi pour la distance et...

  - Et alors? May doit être plus proche de lui, j'imagine. Tant mieux pour eux, j'en ai rien à foutre.

  Je croise mes bras sur ma poitrine et garde les yeux rivés sur la route devant nous. Ceux-ci s'écarquillent lorsque je comprends ce qu'allait dire Dylan. 

  - May n'est pas du tout à New York, remarqué-je. Elle...elle étudie à Albuquerque. 

 Dylan ne peut que s'enfoncer dans un silence gêné. Quand il a rompu avec moi, le principal argument de Jake avait été celui de la distance. Selon lui, c'était impossible de faire fonctionner une relation à distance. Pourtant, je reviens en ville pour les vacances d'hiver et lui aussi, je le sais de source sûre. Alors pourquoi une telle relation pourrait-elle fonctionner avec une autre fille? Je commence à comprendre que le problème n'a jamais été la distance. C'est moi.

  Je baisse les yeux sur mes mains, croisées entre mes genoux. Nous sommes maintenant sur l'autoroute qui mène à l'aéroport, et Dylan en profite pour poser maladroitement sa main sur mon épaule avant de vite la remettre sur le volant.

  - Je suis désolé, j'aurais dû me taire.

  - Non. J'aurais bien fini par comprendre que j'étais le réel problème depuis le début.

  Je sais que Dylan n'aime pas quand j'emploie ce ton amer, mais c'est plus fort que moi.

  - Je ne vois pas en quoi tu posais problème. Il n'a pas eu le courage d'être honnête avec toi, ça fait de lui un vrai...

  - Ne l'insulte pas...c'est de ma faute. J'aurais dû voir que je ne lui convenais plus.

  Les mains de Dylan se resserrent sur le volant et je peux voir sa mâchoire se contracter. C'est un garçon au naturel très calme, pourtant.

  - C'est pour ça que je l'insulte. Est-ce que tu t'entends parler, au moins?

  - J'comprends pas pourquoi tu t'énerves, là.

  - Parce que, Liv! C'est complètement insensé que ce soit toi, entre vous deux, qui passe son temps à se dénigrer comme ça. 

  - Je ne me dénigre pas!

  - Non, du tout.

  Il lâche un rire froid et sarcastique qui me pousse à réfléchir à mes paroles. Pourtant, je ne comprends pas en quoi je me dénigre. S'il a rompu avec moi, c'est que j'ai dû faire quelque chose de mal, pas vrai? J'ai bien dû foirer quelque part...

  Dylan expire longuement et semble se calmer un peu.

 - Écoute. Je comprends ton état d'esprit. J'espère juste qu'un jour, tu arriveras à comprendre que tu n'étais pas le problème dans votre rupture. On n'arrête pas d'aimer une personne du jour au lendemain, alors le problème, c'était lui. 

  Il est obligé de se concentrer sur la route alors il ne fait pas attention au fait que je le détaille du regard. Il a complètement retrouvé son calme, désormais, et j'aime beaucoup mieux le voir comme ça. 

  - Il faut que je tourne la page, dis-je. 

  - Totalement.

  Je sors mon téléphone et ouvre une notification à laquelle je n'avais pas prêté plus d'attention jusque là.

  - C'est pour ça qu'on va aller à la soirée de demain. Une pote m'y a invitée, c'est organisé par Alpha Gamma. 

  - Bon Dieu, non. (Il soupire.) Je suis d'accord : tu dois tourner la page. Mais une soirée de fraternité n'est certainement pas une bonne idée. Tu sais les quantités d'alcool qu'il y a là-bas, et on n'a même pas vingt-et-un ans et...

  - Détends-toi... On peut pas avoir de problème vu qu'on est pas ceux à avoir amené l'alcool. Et puis, il y a beaucoup de gars désespérés là-bas. Il me faut...un rebond, si on veut.

  Il écarquille les yeux de surprise et je comprends qu'il doit user de beaucoup de volonté pour ne pas tourner la tête vers moi et me lancer un regard désapprobateur. 

  - Quoi? Fais pas cette tête.

  - Un coup d'un soir, sérieux? Est-ce que tu t'entends parler? C'est pas ton genre.

  - « Pas mon genre », hein? (C'est moi qui suis énervée, maintenant.) C'est censé vouloir dire quoi, ça? 

  - Rien du tout, je dis pas que c'est mal, mais tu...

  - Écoute-moi bien, Dylan. Je n'ai eu que Jake, c'est vrai. Il a été mon premier copain et donc, ma première fois. Est-ce que j'ai connu quelqu'un...intimement parlant...après lui? Non. Mais justement, ça fait un an qu'on a rompu, et je commence sérieusement à penser que c'est la seule façon de le sortir de mon système une bonne fois pour toute. Tu crois qu'il en a connu combien, lui, des filles? (Je laisse échapper un hoquet surpris.) D'ailleurs, peut-être que c'est pour ça qu'il m'a larguée. Il en avait peut-être marre de moi, parce que j'étais moins expérimentée et...

  - Liv, je sens que tu commences à trop réfléchir. Respire profondément, s'il te plaît.

  J'écoute son conseil et prends une profonde inspiration. Ce n'est certainement pas le moment d'avoir une crise de panique. Même si elles se sont faites un peu plus rares cet été, elles n'ont pas complètement disparu. Heureusement, dans un environnement calme tel que celui-ci, elles sont faciles à repérer.

  - D'accord. Je vais arrêter d'y réfléchir, mais ça ne m'empêchera pas d'aller à cette soirée. Avec ou sans toi.

  Il secoue légèrement la tête, l'air de dire qu'il ne me laissera pas y aller seule. En un an, il a réellement appris à me connaître, et quelque chose me dit qu'il a un mauvais pressentiment par rapport à cette fête. Pourtant, je sens que je vais peut-être, pour la première fois depuis un an, m'amuser avec un garçon qui n'en aura rien à faire de la distance entre nos lieux de résidence. 

  Le reste du trajet se passe en silence et une fois à l'aéroport, il nous faut deux bonnes heures avant d'enfin embarquer à bord de notre avion. Maintenant, direction la Californie... Tandis que l'avion se pose sur le bitume et qu'on se prépare pour un nouveau trajet en bus jusque Stanford, je me dis que cette année est celle où j'oublie enfin Jake, celle où je me libère de lui. Dylan a l'air d'y croire, alors pourquoi n'y croirais-je pas, moi aussi?

***

Voilà ENFIN un premier chapitre pour cette histoire. Comme promis, il est probablement full of clichés, mais que voulez-vous...ça fait du bien, de temps en temps.

N'hésitez pas à me donner votre avis, même s'il ne se passe (pour l'instant) pas grand chose!

- Céline

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