Chapitre 8 : Patient dans le coma

(24 octobre 2011, Storybrooke)

Ce n'était pas la première fois que Rose et Emma dormaient dans un endroit pas des plus confortables. Durant leur jeunesse tumultueuse, il était déjà arrivé aux deux sœurs de devoir dormir serrées ensemble dans la voiture jaune avec Neal, ou une fois, alors qu'elles manquaient cruellement d'argent, avaient dû dormir sous un pont. Pas une de leurs expériences préférées...

Après avoir quitté le cabinet du psychiatre, Emma, Rose et Henry avaient passé un peu de temps ensemble, et les deux sœurs avaient eu l'occasion de mieux connaître le jeune garçon. Mais Henry avait dû ensuite rentrer chez lui, et elles, se débrouiller pour la nuit.

Ayant été chassées du seul hôtel de la ville par Mme le Maire maléfique (comme Rose avait commencé à la surnommer dans sa tête), Emma et elle avaient été forcés de dormir dans la voiture. Après avoir gagné une partie de pierre-feuille-ciseaux, Rose avait obtenu les sièges arrière pour s'y allonger, tandis qu'Emma devait se contenter du siège avant. Elles ne dormaient pas encore, mais il n'était pas non plus très tard.

Emma feuilletait le journal dans l'espoir de trouver un appartement à louer pour Rose et elle. Cette dernière avait sorti son carnet et son crayon, et entreprenait de noter les évènements de la journée. L'arrivée inattendue du fils d'Emma, la ville de Storybrooke, le comportement de Regina, et l'histoire imaginée par Henry l'avait beaucoup inspiré. Elle adorait le concept que les habitants de cette petite ville, a priori sans histoires, étaient en vérité des personnages de contes ensorcelés. Peut-être pourrait-elle en faire un livre... Mais elle devrait probablement demander la permission à Henry, c'était son histoire après tout. Ce serait comme la lui voler...

« Hé. » fit alors une voix à côté d'elles.

Rose sursauta et repéra alors Mary Margaret, penchée devant la vitre de la portière avant gauche, au niveau d'Emma. Elle était tellement plongée dans ses notes et ses idées de nouvelles histoires qu'elle n'avait pas remarqué la gentille institutrice arriver.

« Ça va ? » demanda-t-elle en les regardant.

« Oh oui, ça va. Dans notre liste des plans galères, dormir dans notre voiture n'entrent même pas dans le top 10. » répondit Emma.

Rose confirma la remarque d'un hochement de tête, alors qu'elle se redressait en position assise.

« Vous dormez là ? » s'étonna Mary Margaret.

« En attendant mieux, ouais. » rétorqua Rose.

« Vous avez décidé de rester. » déclara Mary Margaret, en souriant. « Pour Henry ? »

« Ouais. C'est ça. » confirma Emma, même s'il n'y en avait sûrement pas besoin. Il était assez évident que la raison qui avait poussé les deux femmes à dormir dans leur voiture était le petit garçon qui avait chamboulé leurs vies.

En voyant son amie ouvrir la portière, Rose fit de même et sortit de la voiture. Elle frissonna légèrement à cause du vent frais d'automne et croisa les bras. Elle ne savait pas comment Emma faisait pour être en débardeur en octobre, sans être dérangé par le froid.

« Il n'y a pas beaucoup d'appartement à louer, dans cette ville. Aucun, en fait. » fit remarquer cette dernière. « C'est normal ? »

« Ah... C'est la malédiction. » plaisanta l'institutrice, ce qui fit sourire les deux femmes.

« Vous faites quoi dehors, si tard ? » demanda Emma.

« Je suis enseignante, pas bonne sœur. » répliqua Mary Margaret avec un sourire. « J'avais un rendez-vous. »

« Ça s'est bien passé, d'après ce que je vois. » dit ironiquement Emma.

« Aussi bien que d'habitude. »

Rose fut désolée pour elle. Elle avait eu quelques petits amis par le passé, mais jamais de relations sérieuses. Elle savait que c'était parfois à cause d'elle et de son caractère imprévisible, de ses manières étranges, ou de sa langue acérée. Mais de ce qu'elle avait pu voir de Mary Margaret, cela ne semblait pas  être son cas. Elle n'imaginait donc pas qu'elle puisse être à l'origine du fiasco de ses rendez-vous. Le gars en était probablement la cause.

« Dites-moi qu'il a payé. » espéra Emma.

Mary Margaret secoua la tête et Rose grimaça.

« Si vous voulez mon avis, avec celui-là, c'est pas la peine de réessayer. » lui conseilla Rose.

Mary Margaret haussa simplement les épaules, comme si elle était habituée.

« Si l'amour, c'était facile, ça se saurait. »

Emma et Rose firent un signe de tête en accord.

« Enfin, je vous le dis : si la voiture vous rend...claustrophobe, j'ai une chambre d'amis, et un canapé. »

Honnêtement, Rose ne s'était jamais sentie claustrophobe, en voiture. Elle était souvent en mouvement, et elle savait qu'elle pouvait en sortir à tout moment, et les vitres permettaient d'avoir une vue sur l'extérieur, donc pas d'impression d'être prise au piège. De plus, c'était la voiture d'Emma, elle la connaissait depuis longtemps. Le véhicule faisait partie des rares lieux où elle se sentait en sécurité.

Quant à la proposition de Mary Margaret, Rose n'en était pas vraiment surprise. Elle était bien trop gentille pour les laisser comme ça... Mais Rose fut néanmoins touchée du geste. Cela faisait longtemps que quelqu'un n'avait pas fait quelque chose d'aussi gentil pour son amie et elle. Surtout qu'elles ne se connaissaient que depuis quelques jours.

« Merci...mais...je doute que votre appartement soit assez grand pour trois. » répondit Emma.

« Mais votre voiture a plus d'espace ? » contra Mary Margaret.

Rose devait admettre qu'elle avait soulevé un bon point. Elle regarda sa sœur de cœur, se demandant ce qu'elle en pensait.

« C'est juste...pas notre truc. On se débrouille mieux seules. »

« Mais on gardera votre offre à l'esprit. » ajouta Rose. « Merci beaucoup. »

Elle lui adressa un sourire amical, auquel l'enseignante répondit.

« Je vous en prie. Bon, eh bien...bonne nuit. Et bonne chance avec Henry. »

« Merci. »

Rose lui dit au revoir, et Mary Margaret partit de son côté. Rose se rapprocha d'Emma, alors qu'elles regardaient la femme s'éloigner.

« Tu sais, elle n'a pas tort. Son appartement est plus grand, et si on ne trouve aucun appart ici et qu'on veut rester un moment, la voiture ne fera pas l'affaire très longtemps.»

« Et on départagera la chambre d'ami avec une partie de pierre-feuille-ciseaux ? Je sais qu'elle veut être gentille, mais aucune de nous ne peut vivre sur un canapé. »

« Ca reste plus confortable qu'une voiture. Et puis, on pourrait le remplacer par un futon. » dit Rose en haussant les épaules. « Et ça ne me dérange pas de dormir dans son salon, si ça signifie rester plus longtemps près de mon neveu. »

Emma secoua la tête, pas vraiment convaincue.

« On ne sait même pas combien de temps on va rester. Ça pourrait être une semaine, comme ça pourrait être des mois. Tu vas dormir dans un salon sur un futon pendant si longtemps ? »

A nouveau, la brune haussa les épaules.

« Honnêtement, je n'aurais pas trop de problèmes avec ça. C'est toujours mieux que le plan A. » Elle désigna la voiture jaune du doigt. « Sans vouloir offenser ton précieux véhicule... »

« Eh bien, je ne suis pas d'accord. Ce n'est pas une solution très durable. »

« Mais la voiture l'est, de toute évidence. » rétorqua Rose de son sarcasme habituel. Elle continua plus sérieusement. « Emma, je pense qu'on sait toutes les deux que le canapé n'est pas le problème, ici. Je sais que depuis...depuis Neal, tu as du mal à faire confiance aux autres. »

Emma serra la mâchoire et concentra son regard sur le journal entre ses mains. Rose continua.

« Tu sais, vivre avec Mary Margaret ne veut pas dire qu'on devrait tout lui dire sur nous et partager tous nos secrets et nos erreurs avec elle. Elle peut n'être qu'une colocataire, ou bien une grande amie. Ce sera à toi de décider de ça, il n'y a aucune obligation. Parfois, avoir juste une colocataire est suffisant. »

*****

(25 octobre 2011, Storybrooke)

La visite à l'hôpital de sa classe avait grandement excité Henry. Les jours s'étaient toujours ressemblés jusqu'ici, toujours la même routine. Les leçons variaient au début, mais se répétaient rapidement au bout de quelques semaines. Henry savait aujourd'hui que c'était à cause de la malédiction, mais cela avait été difficile pour lui au début.

Les premières années, il avait été trop jeune pour comprendre qu'il n'était pas normal qu'il soit le seul à grandir et à changer de classe. Quand il avait pour la première fois posé la question à sa mère, elle lui avait souri et dit simplement que c'était parce qu'il était spécial, puis lui avait promis une glace. Mais au fil du temps, ses réponses et ses promesses de glace n'avaient plus suffi.

Henry avait cessé d'essayer de se faire des amis, puisque de toute façon, ils ne grandiraient pas comme lui et l'oublieraient rapidement. Il avait commencé à s'isoler, à se poser des questions, et ce fut à partir de ce moment qu'il vit Archie.

Henry avait compris que quelque chose n'allait pas. Mais il ne savait pas si ça venait de lui, ou du monde autour de lui... Puis, Mary Margaret lui avait offert ce livre, et il avait compris. Tout avait eu soudainement un sens.

Et maintenant, Emma et Rose étaient là. La malédiction avait commencé à se briser, et le temps avait repris son cours. L'excursion promise par Mary Margaret à l'hôpital se produisit enfin et Henry était à la fois, heureux, excité et soulagé. Enfin, enfin, les chose changeaient !

Mais cette sortie s'était révélée encore mieux que ce qu'il pensait. Il avait retrouvé le Prince Charmant, le père d'Emma ! Durant le reste de la journée, il n'avait plus que l'opération Cobra en tête, et une fois la journée terminée, il quitta précipitamment l'école et se rendit à son château au lieu de rentrer directement chez lui. C'était là où Emma, Rose et lui s'étaient donné rendez-vous, hier soir. De plus, c'était l'endroit parfait pour révéler sa découverte sans que la Méchante Reine ou l'un de ses laquais ne l'entende.

Alors qu'ils s'asseyaient ensemble sur la structure en bois, Emma à sa droite et Rose à sa gauche, il ouvrit rapidement son livre et chercha la bonne page.

« J'ai retrouvé ton père, le Prince Charmant. » déclara-t-il en se tournant vers sa mère.

Celle-ci fit la grimace, tandis que Rose se penchait vers le dessin avec curiosité. S'il voyait aisément que sa mère biologique n'était pas encore convaincue, il était difficile de deviner ce à quoi pensait Rose. Au moins jusqu'à présent, elle ne lui avait pas donné de regards exaspérés ou confus comme les autres adultes dès qu'ils mentionnaient un élément de son livre. Il ne pensait pas pour autant qu'elle croyait vraiment en la malédiction. Il avait commis cette erreur avec Archie. Au début, il avait pensé qu'il le croyait, avant de se rendre compte qu'il suivait plutôt ce qu'il disait pour lui faire plaisir, sans réellement y croire autant que lui. 

« Henry, je... » commença Emma, mais il la coupa rapidement.

« Il est à l'hôpital, dans le coma. Tu vois la cicatrice ? Il en a une, lui aussi. »

« Mais ça n'a vraiment rien d'exceptionnel, tu sais. »

« Elle est au même endroit ! » insista Henry. « Tu ne vois pas ce que ça veut dire ? S'il est tombé dans le coma, c'est à cause du mauvais sort. Ils ont été séparés, et ils ne se souviennent de rien. On doit dire à Mlle Blanchard qu'on a trouvé son prince Charmant. »

Il jeta un coup d'œil à Rose, mais celle-ci semblait plus concentré sur le livre, lisant à moitié la page rédigée à côté de l'image.

« Ok petit, allez dire à quelqu'un...que son âme sœur est dans le coma, je pense que ça ne l'avance pas beaucoup. C'est déjà bien assez...pénible d'être privé d'avenir, mais c'est encore pire de donner de faux espoirs à quelqu'un. » argumenta Emma.

« Ouais, mais si j'avais raison ? Nous, on sait qui ils sont. Et il faut qu'ils le sachent aussi. »

« Tu veux faire comment pour leur apprendre ? »

« Ils doivent se rappeler ce qui s'est passé. Il faut trouver le moyen de faire lire leur histoire à John Doe, et peut-être que comme ça, il pourra se rappeler qui il est. »

Sa mère biologique reste silencieuse quelques instants, semblant réfléchir.

« D'accord. » déclara soudainement Emma.

« T'es d'accord ? » répétèrent en même temps Henry et Rose, qui leva la tête vers sa sœur avec confusion. Elle avait tout de même écouté, finalement.

« Ouais. On va le faire, mais ce sera à ma façon. Je parlerai avec elle. »

Henry sourit joyeusement, referma le livre et le tendit à sa mère.

« Que dirais-tu qu'on se rencontre demain chez Granny, et Mary Margaret pourra nous raconter comment ça s'est passé ? » proposa cette dernière en prenant le livre.

« Bonne idée ! » répondit-il en mettant son sac à dos sur ses épaules. « Il faut que je rentre à la maison, mais on se revoit demain ! »

« Oui, demain. » confirma Emma en souriant.

« Bye, gamin ! » salua Rose alors qu'Henry descendait du petit château en bois et s'éloignait.

*****

« Vous voulez que je fasse la lecture à un patient dans le coma ? » répéta Mary Margaret avec scepticisme, alors qu'elle offrait une tasse de chocolat chaud pour chacune des sœurs (sans cannelle pour Rose et avec pour Emma).

« Henry pense que ça l'aidera peut-être à se rappeler qui il était. » expliqua Emma, d'un ton assez similaire.

Rose et elle s'étaient rendues chez l'institutrice, après leur conversation avec Henry. Rose respira le parfum de son chocolat avec un sourire, avant d'en prendre une gorgée.

« Et d'après lui, c'était qui ? » demanda l'enseignante.

« Le Prince Charmant. » répondit Rose avec des gestes de la main, dans un effet théâtral.

Mary Margaret la regarda un moment avec surprise avant de dire :

« Si je suis Blanche Neige, il en a donc conclu que lui... et moi... »

Elle ne termina pas, semblant ne pas vraiment y croire.

« Il a beaucoup d'imagination, et c'est ça qui est compliqué. » continua la blonde. « Il n'écoutera pas si je lui dis qu'il rêve, il faut le lui démontrer. Jouer le jeu, faites ce qu'il vous demande, et peut-être qu'il verra... »

« Il verra que les contes de fées ne sont que des histoires. » termina Mary Margaret en comprenant. « Que ça n'existe pas, l'amour au premier baiser, le coup de foudre, et il ouvrira les yeux sur la réalité. »

« C'est plus ou moins ça, ouais. »

Mary Margaret prit une gorgée de son chocolat chaud avant de répondre.

« C'est triste à dire, mais ce plan est plutôt génial. On lui fait voir la vérité en douceur. »

« Un plan machiavélique, comme je les aime. » sourit Rose avec espièglerie. « Mais je croyais qu'on s'était mis d'accord Emma, que de nous deux, c'était moi le cerveau machiavélique. »

Cette dernière leva les yeux au ciel.

« Il ne s'agit pas d'une de tes petites vengeances contre des harceleurs au collège ou contre un petit copain qui t'a menti. » rétorqua-t-elle. « Il s'agit d'aider Henry à voir la réalité en face. »

Rose roula des yeux et soupira.

« Pour qui tu me prends ? Je sais très bien que c'est pour le bien d'Henry que tu veux faire ça. Les plans machiavéliques ne sont pas toujours pour une mauvaise cause, très chère. »

Emma sourit à l'expression familière de Rose, puis se pencha pour sortir le livre de contes.

« J'ai promis à Henry que l'on se retrouverait demain chez Granny pour le petit dèj, et que vous nous feriez un rapport complet. »

Elle posa l'ouvrage épais sur le comptoir.

« Bien. J'ai à préparer un rendez-vous important alors. » dit solennellement l'enseignante. « Ce sera à moi de faire la conversation. »

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Et on commence l'épisode 3. Désolée, ce chapitre est sorti un peu en retard, et je n'ai aucune excuse. N'hésitez pas à voter et commenter, et à bientôt !

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