Chapitre 7 : Trucs dingues
(24 Octobre 2011, Storybrooke)
Un peu plus tard, Emma et Rose se tenaient dans le jardin de Regina Mills. Une tronçonneuse en main, la femme blonde se chargeait de scier une grosse branche du pommier du maire, tandis que la brune gravait avec des outils sur le tronc de l'arbre : "Pourriture".
Bien entendu, et comme elles l'avaient espéré, Regina finit par les rejoindre, marchant le plus vite possible avec ses talons, une colère évidente sur son visage.
« Je peux savoir ce que vous faites ?! »
« On ramasse des pommes. » répondit nonchalamment Emma, lâchant la tronçonneuse.
Une fois sa gravure terminée, Rose laissa également tomber ses outils, se tourna vers le maire et croisa les bras en souriant.
« Vous êtes toutes les deux devenues folles ! » insulta Regina, se postant face à Emma.
« Non, c'est vous qui l'êtes, si vous croyez que votre petit piège minable va suffire à nous faire peur, il va falloir trouver mieux. » Rose hocha la tête en accord. « Refaites-nous un coup pareil et on revient couper le reste du pommier. Parce que vous n'avez aucune idée de ce que nous, nous sommes capables de faire. »
Emma se détourna d'elle et s'éloigna, lançant un dernier « à vous de jouer » au maire de Storybrooke. Rose prit davantage son temps, s'arrêta un instant à côté de Regina et lui dit à voix basse.
« Je crains fort que vous vous en soyez pris aux mauvaises personnes, très chère. »
Elle ponctua sa phrase par un petit ricanement moqueur, son ricanement particulier qu'elle n'utilisait que pour railler les gens qui l'avaient vraiment énervée.
Puis, Rose se dépêcha de rejoindre sa sœur de cœur et elles quittèrent la propriété.
« Je viens de me rendre compte qu'on vient juste de laisser une belle tronçonneuse toute neuve à Mme le maire, la maléfique. » commenta Rose.
« Ouais, sans doute pas la chose la plus intelligente. »
Les deux amies rirent alors qu'elles s'éloignaient, fières de leur petite vengeance. Comme elle était partie aussitôt après sa dernière réplique à Regina, Rose ne remarqua pas que la femme brune l'avait observée avec stupéfaction.
Pendant une seconde, une très brève seconde, Regina avait cru entendre une autre personne parler à la place de Rose. Pendant ce très court instant, Regina avait cru voir un autre la regarder d'un air moqueur, dans le cercle jaune doré des iris de la jeune femme...
Regina secoua la tête. C'était absurde, c'était sans doute son imagination.
Elle regarda, le cœur rempli de haine, la silhouette des deux amies s'éloigner. Elle les ferait payer cette insolence et se débarrasserait d'elles, elle se le jura.
*****
Emma et Rose rentrèrent au bed and breakfast, mais alors qu'elles allaient se faufiler dans leur chambre, Granny, la gérante de l'hôtel, les interpella.
« Mlle Swan, Mlle Booker. »
Les deux amies se tournèrent vers la dame âgée. Elle semblait un peu mal à l'aise.
« Comment vous dire ça ? C'est affreusement gênant... Je vais devoir vous demander de partir. »
« Pourquoi ? » s'étonna Rose, fronçant des sourcils.
« En fait, nous avons interdiction...d'héberger des délinquants. Apparemment, il s'agit d'un arrêté local. »
« Laissez-moi deviner, le bureau du maire vient de téléphoner pour vous le rappeler ? » rétorqua Emma, comprenant la situation.
Rose soupira d'exaspération. Granny semblait gênée et désolée. La jeune femme ne lui en voulait pas, ce n'était pas vraiment sa faute. Mary Margaret avait raison en disant que Regina inspirait la crainte chez tout le monde.
« Vous pouvez prendre le temps de faire vos valises, mais je dois reprendre la clé de la chambre." continua Granny.
Emma lui rendit et Granny partit, s'excusant une dernière fois.
« Un coup vraiment bas, Reggie. » reprocha Rose au maire, comme si cette dernière était devant elles.
Les deux sœurs ramassèrent leurs quelques affaires et quittèrent l'hôtel. Alors qu'elles se dirigeaient vers leur voiture, Rose souffla d'irritation en remarquant un sabot attaché sur l'une des roues.
Le téléphone d'Emma se mit alors à sonner. Sans détacher son regard du sabot, elle répondit. Rose se rendit jusqu'à la voiture, donnant un coup de pied sur la roue et jurant à voix basse contre le maire de Storybrooke.
Rose ne pouvait pas savoir qui était à l'autre bout du fil, mais vu l'expression dégoûtée et renfrognée d'Emma, elle ne pouvait que supposer que c'était Regina. La jeune femme blonde rangea sa veste en cuir dans la voiture avant de claquer la porte, puis raccrocha.
« C'était le maire, pas vrai ? »
« Ouais. »
« Oh merveilleux... Elle voulait nous narguer en plus ? Comment a-t-elle eu ton numéro ? »
« J'en sais rien. Mais elle veut que je vienne chez elle, pour faire la paix. »
« Je n'aime pas ça. Pourquoi veut-elle faire la paix tout à coup ? Et si c'était un piège ? »
« Tu ne serais pas un peu parano ? »
« Je te rappelle que c'est la même femme qui a organisé un coup monté pour nous arrêter, et est carrément venu à l'école d'Henry pour le lui dire. Franchement, je ne la sens pas, cette histoire de traité de paix. »
Emma réfléchit quelques secondes avant de répondre :
« Et si tu as tort ? Et si elle s'était rendu compte qu'elle ne voulait pas s'engager dans un stupide combat ? Puis-je vraiment laisser passer une chance d'enterrer la hache de guerre, pour Henry ? »
Rose soupira et acquiesça, admettant qu'Emma avait soulevé un bon point.
« D'accord. Juste...sois prudente, ok ? »
« Tu viens avec moi ? »
« Non, je ne crois pas que ce soit ma place. C'est un combat maternel. Je suppose qu'il vaut mieux que vous le régliez ensemble, juste toutes les deux. Moi, je vais au poste du shérif, pour voir si on peut faire retirer ce sabot. »
Emma hocha la tête et les deux femmes se séparèrent. Rose se balada dans la ville, essayant de retrouver le chemin du poste de police. Cela prit plus de temps que prévu, car elle se perdit en cours de route. Alors qu'elle venait finalement d'arriver, son portable sonna.
« Oui, allô ? »
« Tu avais raison. C'était un piège. Cette...salope... » entendit-elle dire Emma, furieuse. Elle semblait essoufflée, comme si elle avait couru. Ou qu'elle était sur le point de pleurer. « Mon Dieu, j'ai merdé Rose. »
L'expression de la brune se changea immédiatement en inquiétude pour sa sœur adoptive.
« Bon, calme-toi et explique-moi ce qui s'est passé. »
« Elle m'a trompée, elle m'a fait parler du fait que je ne croyais pas Henry et que cette histoire de malédiction était dingue ! Il était debout juste derrière moi, elle savait qu'il serait là. »
« Oh, Emma... »
« Je sais, je sais. »
« Où es-tu ? »
« Je ne sais pas, j'ai voulu courir après Henry, mais je l'ai perdu de vue. Il n'était pas à son château, je... Rose, je ne sais pas quoi faire. Je pense...qu'on devrait partir. J'ai déjà assez foiré la vie du gamin comme ça. »
Rose secoua légèrement la tête, pas vraiment d'accord avec ça. Elle se souvint combien Henry semblait heureux en voyant que sa mère biologique était restée, elle se souvint aussi de ce qu'avait dit Mary Margaret, qui connaissait sûrement mieux Henry qu'elles : que ça faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas vu sourire.
« Je n'en suis pas aussi sûre. Mais dans tous les cas, il faut qu'on rembourse Mary Margaret pour la caution. »
« C'est vrai. On se rejoint chez elle, après... »
Emma ne terminait pas sa phrase, mais Rose savait ce qu'elle avait voulu dire. Elle soupira légèrement.
« D'accord, on se retrouve là-bas. »
Rose raccrocha et chercha donc l'appartement de Mary Margaret Blanchard. Elle croisa Ruby qui lui indiqua gentiment la direction. Apparemment, Emma lui avait demandé la même chose dix minutes plus tôt.
Si elle paraissait calme extérieurement, à l'intérieur, Rose bouillonnait. Son ressentiment envers Regina commençait lentement à se transformer en haine. Cette femme avait été prête à blesser son fils, juste pour se débarrasser d'Emma ! Normalement, le simple fait que son fils puisse en souffrir aurait dû la dissuader de faire quoique ce soit.
Rose retrouva sa sœur adoptive devant le loft de l'institutrice. Elles entrèrent silencieusement dans le complexe d'appartements et montèrent les escaliers.
Emma toqua à la porte et peu de temps après, Mary Margaret leur ouvrit.
« Salut. » lui dit Emma, tandis que Rose lui faisait un petit signe de la main.
Mary Margaret les dévisagea, un peu confuse.
« En fait, on est venu pour vous remercier, et... » Emma tendit l'enveloppe avec l'argent de la caution. « ...vous rembourser pour la caution. »
Mary Margaret prit l'enveloppe, tout en continuant de les observer, plus particulièrement l'expression d'Emma.
« Vous avez l'air d'avoir besoin de parler. » finit-elle par déclarer.
Emma et Rose ne dirent rien en retour. L'enseignante leur sourit et les invita à entrer. L'appartement n'était pas très luxueux, mais confortable et chaleureux. Mary Margaret se rendit dans la cuisine, tandis que les deux sœurs s'asseyaient à la table, en face de celle-ci. La jeune femme revint rapidement avec deux tasses qu'elle posa devant elles.
Rose la remercia en souriant, et Emma goûta la boisson. Alors que Rose allait à son tour en boire, Emma dit :
« De la cannelle ? »
Rose s'arrêta immédiatement dans son geste et reposa la tasse, un peu déçue. Mary Margaret, qui les rejoignait avec sa propre tasse et une assiette de biscuits, leva les yeux vers Emma.
« Euh oui, pardon, j'aurai dû vous demander avant, j'ai...des goûts un peu bizarres, ça vous dérange ? »
« Pas du tout. Mais Rose est allergique. » répondit Emma.
« Oh, je suis vraiment désolée. » s'excusa l'institutrice. « Vous voulez que je vous en refasse un ? »
« Non merci, c'est gentil. Je vais prendre un de vos biscuits, si ça ne vous dérange pas. Et s'ils n'ont pas de cannelles. »
« Non, c'est bon, ne vous en faites pas. »
Rose prit donc un des biscuits sur l'assiette et en prit une bouchée.
« Délicieux. »
« Merci. »
Après avoir bu une gorgée de chocolat chaud, Emma reposa sa tasse et s'adressa à Mary Margaret.
« Quand vous avez payé ma caution, vous avez dit...que vous aviez confiance en nous. Pourquoi ? »
La jeune femme baissa la tête d'une manière timide, ses yeux fixés sur sa tasse.
« C'est très étrange, dès que vous êtes arrivées, j'ai eu l'impression...qu'on se connaissait déjà depuis pas mal de temps. » répondit-elle finalement, ses yeux fixés sur Emma. « Je sais que ça peut paraître dingue, mais... »
« Je commence à réviser sérieusement ma définition du mot "dingue". »
« En tout cas, moi je crois que vous êtes innocente. »
« Vous parlez du vol de dossier, ou en général ? »
« Je ne sais pas, comme vous préférez. » répliqua-t-elle en souriant.
Emma et Rose sourirent à leur tour. La brune reprit un petit gâteau et Emma continua.
« Finalement, peu importe ce que les gens d'ici croient que j'ai fait, ou pas. Nous nous en allons. On vous remercie pour tout, mais je crois que ça vaut mieux. Si je reste, Henry risque de souffrir par ma faute. »
Rose reposa son biscuit à moitié entamé et fixa sa sœur, un désaccord évident dans son regard. Mais elle resta silencieuse.
« Qu'est-ce qu'il fera, si vous partez ? » rétorqua Mary Margaret. « Je crois que la raison pour laquelle vous voulez partir devrait, au contraire, vous inciter à rester. Vous tenez beaucoup à lui. Toutes les deux. »
Emma et Rose ne dirent rien. Elles ne pouvaient pas nier ce que venait de dire l'enseignante. Elles tenaient à Henry. En l'espace de 48h, elles s'étaient déjà énormément attachées au jeune garçon.
« Qui va protéger Henry, si vous, vous ne le faites pas ? » fit remarquer Mary.
La femme blonde la regarda longuement. Puis, elle se tourna vers Rose.
« Qu'est-ce que tu en penses, Rose ? » demanda-t-elle.
Emma s'était toujours tournée vers Rose en moments de doute, lorsqu'elle avait besoin de soutien ou de conseils sur ce qu'elle devait faire. Rose réfléchit quelques secondes avant de parler.
« Si tu penses qu'il vaut mieux rentrer chez nous Emma, tu sais que je ne vais pas t'arrêter. Néanmoins, je ne peux pas m'empêcher de penser à ce que Regina a fait. Certes, son but était de se débarrasser de toi et de saboter ta relation avec Henry, mais elle n'a pas hésité à se servir de son fils pour que tu décides de partir, et c'est Henry qui a été blessé, dans tout ça. Ce seul fait aurait normalement dû la dissuader d'agir ainsi. J'en suis venue à me demande si elle n'avait pas déjà fait ça avant, ou si elle pourrait recommencer. Mary a raison, je tiens à Henry, et toi aussi. Honnêtement, je ne suis pas sûre de pouvoir partir sans être sûre qu'il ira bien. »
Emma songea à ses paroles. Son expression indécise prit rapidement place à la détermination. Rose sut immédiatement ce qu'avait décidé Emma.
*****
Après avoir remercié Mary Margaret, Rose et Emma quittèrent vite l'appartement. D'après ce qu'avait dit Regina à Emma, Henry devrait être à une séance avec le Dr Hopper, en ce moment. Les sœurs de cœur se rendirent le plus rapidement là-bas. Emma était déterminée à arranger les choses avec Henry, et Rose et elle savaient quoi faire.
Elle entra sans frapper et le Dr Hopper se leva immédiatement en la voyant. Il se dirigea vers elle, avec une expression coupable.
« Mlle Swan, laissez-moi vous expliquer, Regina m'a obligé- »
« Je sais, vous en faites pas. Je comprends. »
Emma repéra Henry sur le canapé avec une mine triste. Elle se précipita vers lui.
« Henry, excuse-moi pour tout à l'heure. »
« J'ai pas envie de te parler. » répondit maussadement le petit garçon.
« Si elle apprend que vous êtes encore là- »
« Au diable Regina ! Qu'elle s'occupe de ses affaires pour une fois et pas de celles de son fils ! » s'exclama Rose énervée, coupant le psychiatre.
« Ouais elle, on s'en fout. » renchérit Emma.
Elle s'assit dans le fauteuil, devant Henry. Rose se plaça à côté de lui, sur le canapé, mais laissa Emma parler.
« Ecoute, la seule raison pour laquelle nous sommes restées Rose et moi, c'est pour toi. On voulait te connaître un peu mieux. »
« Mais tu crois que je suis dingue. » rétorqua Henry.
« Non, c'est cette malédiction qui est dingue ! Ça, c'est clair. » Elle regarda un instant Rose et celle-ci lui lança un regard encourageant. Emma prit une inspiration et continua. « Mais...ça ne veut pas dire que ton histoire est fausse. Même avec beaucoup de bonne volonté, la plupart des gens auront du mal à y croire. Mais quand on y pense, il se passe des tas de trucs dingues, dans le monde. Alors, qu'est-ce que j'en sais ? Peut-être bien que c'est vrai. »
« Mais tu as dit à ma mère que- »
« Je lui ai dit ce qu'elle voulait entendre. La seule chose dont je suis sûre, c'est que si ce sort est bien réel, le seul moyen de rompre la malédiction, c'est de réussir à convaincre la Méchante Reine que nous, on ne croit pas à toute cette histoire. »
Henry tourna la tête vers sa mère biologique, ses yeux s'éclairant en l'écoutant.
« Comme ça, au moins, elle nous laisse tranquille. C'était bien ça, le but de l'opération Cobra, non ? La mettre sur une fausse piste ? »
« Bien vu ! » s'exclama Henry, souriant à nouveau.
« Eh bien, c'était mon idée. » se vanta Rose, ce qui valut un regard moqueur de son amie. « Bon d'accord, c'était notre idée. »
Emma lui jeta un coup d'œil en avertissement et s'adressa de nouveau à Henry.
« J'ai lu les dernières pages, et tu as raison, il serait très dangereux qu'elle tombe dessus. » Elle montra les pages du livre dans sa main. « Alors je ne connais qu'un seul moyen de s'assurer qu'elle ne puisse pas les lire. »
Emma se leva, se dirigea vers la cheminée et déposa les pages sur le feu. Celui-ci eut tôt fait de les brûler entièrement.
« Maintenant, on a l'avantage sur elle. » déclara Emma en se retournant vers son fils.
Henry quitta le canapé et prit sa mère dans ses bras. Rose sourit d'attendrissement et se leva elle aussi.
« Je savais que tu finirais par m'aider. » dit le jeune garçon.
« Oui, c'est pour ça que je suis là. » répondit doucement Emma. Elle regarda Rose et ajouta : « Que nous sommes là. Et rien au monde, pas même un sort, ne pourra nous en empêcher. »
Emma et Henry se séparèrent finalement. Rose leur proposa d'aller manger quelque chose chez Granny, et le trio quitta le bureau du psychiatre. La nuit était tombée relativement tôt, comme ils étaient en octobre. Rose sortit sa nouvelle montre de poche et la fit tourner dans les airs, souriant à sa sœur adoptive et son fils. Aucun d'entre eux ne remarqua la silhouette les observant depuis le trottoir d'en face.
*****
Mr Gold observa la Sauveuse, son fils Henry et la visiteuse inattendue s'éloigner sur le trottoir d'en face, l'air plutôt heureux. Il tapota le bout de ses doigts sur sa canne, alors qu'il regardait Rose Booker avec suspicion.
Elle n'était pas censée être là. Ou peut-être que si ? Sa capacité à voir l'avenir avait toujours été brumeuse, comme un grand puzzle avec de nombreuses pièces manquantes. Il lui était déjà arrivé de mal interpréter certaines de ses visions. C'est pourquoi il n'avait jamais mis complètement ses plans entre les mains du destin. C'était la raison pour laquelle il avait eu besoin du nom d'Emma il y a toutes ses années, comme un moyen pour que tous ses souvenirs reviennent, ce qui lui permettrait de s'assurer que la Sauveuse briserait la Malédiction.
Même s'il n'avait pas prévu l'arrivée de Mlle Booker, cela ne voulait pas nécessairement dire qu'elle ne devait pas être là. Mais il était néanmoins frustré par la surprise de son arrivée et de ne pratiquement rien savoir d'elle.
Si elle avait pu entrer à Storybrooke, c'est qu'elle devait être originaire de la Forêt Enchantée. Mais dans ce cas, comment avait-elle échappé au Sort Noir de la Reine ? Elle n'était pas plus âgée que Mlle Swan, peut-être un ou deux ans de plus. Elle ne devait n'être qu'un tout jeune enfant, ou même un bébé, quand la Malédiction avait été jetée. Comment avait-elle pu arriver dans ce monde, alors que lui, cherchait un moyen de le faire depuis des siècles ? Y avait-il un haricot magique qu'il avait manqué ? Ou s'était-elle aussi enfui à travers la garde-robe ?
Son pouvoir de lire l'avenir lui avait permis d'identifier celle qui romprait la malédiction, et par quel moyen la Sauveuse lui échapperait. Mais il lui semblait se souvenir, que le bois enchantée de l'armoire ne pouvait protéger que deux personnes. Rose Booker avait-elle été cette 2e personne ? Mais si c'était le cas, pourquoi elle ?
Gold continua de méditer sur la femme mystérieuse tout en s'éloignant. Ses parents, quels qu'ils soient, devaient être ceux qui l'avait amenée dans ce monde. Et contre toute attente, elle avait grandi aux côtés de la Sauveuse. Il était clair que le destin s'en était mêlé une fois de plus.
Mais ce n'était pas seulement l'arrivée de Rose Booker qui l'avait choqué, c'était aussi son apparence. La première fois qu'il l'avait vu, un très bref instant, il avait cru voir un autre visage, un visage du passé.
Celui de Belle.
Son seul véritable Amour. Un véritable Amour qu'il avait rejeté parce qu'il ne voulait pas y croire, et qu'il avait ensuite perdu. Rejeter Belle avait été son second plus grand regret dans sa vie, le premier étant d'avoir abandonné son fils...
Mais Belle était morte, depuis plus de 30 ans, même s'ils avaient été figés dans le temps ces 28 dernières années. Cette femme n'était pas Belle. Il avait suffi de croiser son regard pour se rappeler qu'elle ne pouvait pas être Belle.
La première fois qu'il avait vu Belle, ce n'était pas sa robe dorée, ou ses beaux cheveux bruns qui avaient attirés son attention. C'étaient ses yeux, d'un magnifique bleu ciel. Un regard plein de douceur mais aussi de force, et il avait su qu'elle pourrait survivre dans son monde sombre, en devenant sa servante.
Oh, s'il avait su tout ce qui adviendrait par la suite...
Les yeux de Rose Booker était d'un marron foncé, mais aussi jaune doré autour des pupilles. Rare étaient les gens avec deux couleurs différentes colorant leurs iris, comme c'était le cas de la jeune femme. Ce monde répertoriait ce trait comme une mutation génétique, l'hétérochromie centrale.
Cela lui refit penser à ses propres yeux quand il était le Ténébreux, des yeux jaunes maudits. Avec la Malédiction, il avait repris son apparence normale. Les écailles sur sa peau avaient disparu et ses yeux étaient redevenus bruns.
Mise à part les yeux, Mlle Booker ressemblait beaucoup à Belle. La ressemblance était vraiment troublante.
Gold s'était demandé si ce n'était pas un cruel tour du destin pour lui rappeler le douloureux souvenir de sa chère Belle, la seule qui l'avait aimé, et qu'il avait pourtant rejeté. Ce qui avait fini par causer sa perte...
En la voyant ensuite dans sa boutique, il avait encore une fois eut l'impression de voir Belle s'émerveiller devant tous les trésors qu'il avait collectés au fil des années dans son château. Le souvenir douloureux que la jeune femme avait fait renaitre en lui, lui avait presque donné envie de la chasser, mais la curiosité l'avait finalement emporté et il avait discuté un peu avec elle. Cette conversation lui avait permis d'en savoir un peu plus sur sa relation avec Emma Swan.
Mr Gold continua sa route, tout en se disant qu'il devrait non seulement s'assurer que la Sauveuse romprait bien la Malédiction mais aussi découvrir qui était exactement Rose Booker. Il devrait garder un œil sur elle. Qui sait, peut-être pourrait-elle être utile à ses plans.
Il arriva finalement devant la maison du maire. Regina était dans son jardin, inspectant les dommages fait à son pommier, retirant des copeaux de bois.
« Quelle pagaille. » commenta-t-il en entrant.
Regina se tourna vers lui, son regard légèrement méfiant, mais rétorqua avec un sourire :
« Plus pour longtemps. Je peux faire quelque chose pour vous, Mr Gold ? »
Il sourit, incapable d'y résister, et commença à faire le tour de l'arbre.
« J'étais dans le quartier, je me suis dit que j'allais passer. Ça fait plaisir de vous voir de si bonne humeur. »
Regina rit, clairement fière d'elle-même.
« La journée a été excellente. Je viens de débarrasser la ville d'une nuisance indésirable. »
Gold s'arrêta une seconde, son sourire devenant plus authentique en remarquant le mot offensant taillé dans l'écorce du bois. Il avait une petite idée de qui avait gravé l'insulte.
« Emma Swan et sa sœur ? »
« Oui. J'imagine qu'à cette heure-ci, elles ne sont plus très loin de Boston. »
Le prêteur sur gage cueillit une pomme dans l'arbre, son visage légèrement moqueur devant la déclaration de Regina.
« Oh ça, ça m'étonnerait. » lui dit-il.
Le sourire de Regina disparut.
« Je viens de les voir flâner dans le centre-ville, avec votre fils. Ils ont l'air de s'entendre à merveille, ces trois-là. »
« Quoi ? » fit Regina, alors qu'il se rapprochait d'elle. Il sourit en voyant sa suffisance se transformer en colère.
« Vous auriez peut-être dû venir me voir. » continua-t-il. « Si nos visiteuses s'avèrent être un problème que vous ne pouvez résoudre seule... Je serais ravi de vous offrir mon aide, pour un bon prix, bien entendu. »
Regina ricana et se retourna vers son pommier.
« Vous ne me ferez plus jamais conclure un marché avec vous. »
« A quel marché faites-vous allusion ? »
« Vous le savez très bien. » rétorqua-t-elle en le regardant.
« Oh oui, c'est vrai. Vous parlez du garçon que je vous ai procuré : Henry. Je vous ai déjà dit que j'aimais beaucoup ce prénom ? » A ces mots, Regina se raidit. Evoquer son père était visiblement quelque chose d'encore douloureux. « Comment vous l'avez choisi ? »
Regina resta silencieuse quelques secondes, avant de se tourner vers lui.
« Vous vouliez qu'elle vienne ici. Vous vouliez que tout ça se produise. Avouez-le. En réalité, vous n'avez pas choisi Henry par hasard. »
« Qu'insinuez-vous ? »
« Où l'avez-vous trouvé ? »
Où, en effet. A vrai dire, il n'avait aucune idée à qui appartenait Henry quand il avait trouvé le garçon pour Regina, il y a dix ans. Il avait été maudit, comme tout le monde à Storybrooke. Ce n'était qu'en entendant le nom d'Emma que ces souvenirs lui étaient revenus. Le destin s'en était de nouveau mêlé.
« Vous savez quelque chose ? » l'interrogea Regina.
« Je ne vois pas du tout de quoi vous parlez. »
« Moi, je crois que si. »
Gold fit un sourire en coin. Il avait toujours aimé jouer à ces petits jeux avec Regina. Elle était tellement plus divertissante que sa mère et sa sœur.
« Qui est cette femme ? Sa mère, cette...Emma Swan ? » demanda-t-elle, son angoisse se révélant légèrement sur son visage.
« Je suis sûr que vous croyez savoir avec certitude qui elle est. » finit-il par répondre. Il sourit légèrement en voyant ses inquiétudes et ses peurs augmenter dans son regard. « A vrai dire, Rose Booker semble être la plus intéressante de la paire. »
Regina secoua légèrement la tête, d'un air méprisant. Visiblement, elle négligeait Rose Booker, ses préoccupations concentrées sur Emma Swan. C'était toujours le problème de Regina, elle sous-estimait constamment les autres.
« Maintenant, je vais devoir vous laisser. » déclara-t-il en faisant demi-tour.
A peine Mr Gold avait-il fait un pas que l'ancienne reine se posta devant lui, exigeant des réponses.
« Dites-moi ce que vous savez à propos de cette femme. »
« Je ne vais pas vous répondre, très chère. » Il crut voir quelque chose dans les yeux de Regina quand il prononça les deux derniers mots, mais il n'arrivait pas à savoir ce que c'était. Il l'avait peut-être juste imaginé. « Alors je vous conseille de me laisser passer. »
Comme Regina ne bougeait toujours pas, il ajouta :
« S'il vous plaît. »
Gold prit une bouchée de pomme tandis que Regina le fixait avec une inquiétude croissante. Il la contourna et sortit de la propriété, la femme brune ne pouvait rien faire d'autre que de le laisser passer, après le marché qu'ils avaient conclu, juste avant le Sort Noir.
Il prit un malin plaisir à jeter négligemment la pomme derrière son épaule en partant. Il avait juste voulu lui donner un petit aperçu de ce qui allait arriver, des changements qui allaient se produire. Il n'était plus le petit prêteur sur gage qu'elle avait créé dans sa Malédiction.
Gold sourit. Il lui tardait que les choses commencent...
_________________
Episode 2 fini. Mr Gold se pose des questions sur Rose... Dans le prochain épisode, Mary Margaret lit une histoire à un patient dans le coma, à la demande d'Henry. Mais cela a des conséquences imprévues et rapidement, Emma, Rose et elle se lancent à la recherche du patient disparu. Vous aurez aussi des flashbacks de Rose dans la Forêt Enchantée.
J'espère que vous avez aimé, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, et à bientôt !
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