Chapitre 25 : Pas décédé
Salut, enfin de retour ! Les mis à jour seront toujours plutôt irrégulières, mais elles vont reprendre à partir de maintenant, comme promis ! Je vous remercie pour votre patience, et j'espère que vous aimerez ce prochain épisode !
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(24 novembre 2011, Storybrooke)
La clochette au niveau de la porte tinta quand Rose pénétra dans le magasin. Mais cette fois-ci, elle n'était pas là pour admirer les bibelots et antiquités exposés dans la boutique.
A vrai dire, elle n'y avait pas mis les pieds depuis...l'incident de Graham. Elle n'avait pas beaucoup bougé de l'appartement, durant les derniers jours. Elle était restée dans un état plutôt maussade, à passer son temps à lire, regarder des séries, tenter de cuisiner (mot clé « tenter », elle n'avait jamais été doué avec ça et n'était capable de préparer seulement quelques plats précis), et chercher toute autre forme de distraction. Le problème était que son habituel occupation était généralement l'écriture, mais pour une raison inconnue et frustrante, elle avait été incapable d'écrire plus de quelques lignes, depuis plus d'une semaine.
Elle fut un peu étonnée de recevoir un appel de Mr Gold, mais Emma insista pour qu'elle y aille et sorte un peu de l'appartement pour autre chose que des courses. Apparemment, l'homme voulait lui parler et lui donner des choses. Habituellement, cela intriguerait suffisamment Rose pour se rendre vite à la boutique. Pourtant, son état apathique refusait de partir complètement. Il s'était un peu atténué au fil des jours, mais n'avait pas non plus disparu.
Une preuve que ce qui était arrivé à Graham l'avait profondément secoué, c'était qu'elle ne prenait même pas la peine d'essayer de le cacher. Habituellement, Rose détestait montrer de la vulnérabilité, une habitude qu'elle partageait avec sa sœur de cœur, mais là, elle n'en avait tout simplement pas l'énergie.
L'amour, ça craint vraiment... pensa amèrement la jeune femme, pas pour la première fois durant la semaine.
Malgré tous ses efforts, cette nuit continuait de tourner en boucle dans sa tête. Les paroles de Graham, ses mains douces quand il soignait son entaille dû au coup de poing de Regina, leur discussion, leur baiser...
Jamais Rose n'avait ressenti de choses aussi fortes. Mais elle avait été tellement...heureuse. Elle se sentait tellement bien, elle se sentait à l'aise, elle se sentait...aimé.
Elle était aimée, par quelqu'un d'autre qu'Emma, aimé tel qu'elle était, et elle l'aimait aussi en retour. Elle avait eu tellement peur au début de cette situation inconnue, mais quand Graham et elle s'étaient embrassés, elle ne s'en était plus souciée. Parce que ce qu'elle avait ressenti à ce moment-là, semblait en vouloir la peine.
Et puis, comme si une force cosmique trouvait très amusant de jouer avec ses émotions, Graham s'était brusquement effondré dans ses bras. D'après le médecin, il avait eu un malaise cardiaque, bien qu'il ne comprenne pas la cause exacte. Graham était vivant, mais il était maintenant plongé dans le coma, pour une durée indéterminée. Son problème cardiaque paraissait étrange, mais apparemment, c'était assez grave pour le mettre dans cet état, sans être certain qu'il s'en sortirait un jour.
Rose détestait ça.
Après les larmes et la confusion, étaient venues la rage et la colère. Elle s'était abondamment excusée auprès de Mary Margaret après avoir cassée une de ses chaises et déchirée un de ses draps dans sa crise de rage, le lendemain du diagnostic de l'incident de Graham. Elle les avait remplacés presque aussitôt. Et Mary Margaret, dans son incroyable bonté, ne lui avait tenu aucune rancune, à son grand choc.
Elle avait toujours un peu de mal à concilier la profonde gentillesse et compréhension de l'institutrice à son égard. Emma, c'était différent, elle était sa sœur en tout sauf le sang, elles se connaissaient pratiquement depuis le berceau, elle n'avait pas vraiment été surprise de son comportement... Mais pas Mary Margaret.
Et pourtant, la gentille femme n'avait eu que des paroles douces et des assurances qu'elle n'avait pas besoin de s'excuser constamment et que remplacer la chaise était suffisant pour elle, malgré sa surprise (et sa crainte) en la voyant frapper rageusement le meuble contre un mur.
Une chose que seule Emma savait, était que Rose était...beaucoup dans l'émotion.
Ce qu'elle ressentait était fort, et il arrivait souvent que cela la submerge. Généralement, elle arrivait à le garder pour ne l'exprimer seulement devant Emma ou seule. Ou bien, elle enterrait tout quand elle ne comprenait pas bien ses émotions. Ou encore, dans les rares cas où le chagrin et/ou la colère était trop forte pour qu'elle la retienne, elle devait la laisser exploser. Généralement, en l'exprimant sur du mobilier.
Emma avait pris l'habitude de garder quelques cartons inutilisés dans un placard, au cas où Rose ressente le besoin de laisser sortir sa colère.
Ouais, Rose, même si elle essayait souvent de ne pas le montrer, était émotive.
Elle détestait avec chaque fibre de son être, et aimait avec chaque parcelle de son cœur.
« Mr Gold ? » appela la brune une fois entrée, un rapide regard autour d'elle ne lui permettant pas de repérer le prêteur sur gages.
Il devait être là, puisqu'il l'avait appelé (techniquement, il avait appelé le bureau du shérif pour contacter Emma et lui dire qu'il voulait lui parler) pour justement le rejoindre là-bas.
Balayant la boutique des yeux, elle repéra le rideau séparant l'arrière-boutique de la devanture principale, et s'y dirigea. Il n'y avait personne, juste les vêtements d'époque et le râtelier d'armes qu'elle avait vu la dernière fois qu'elle était venue. Mais elle remarqua un second rideau au fond, qui délimitait apparemment la petite pièce avec une autre.
« Gold ? » appela à nouveau Rose en passant le rideau suivant.
Elle se retrouva dans une pièce qui, celle-ci, n'était clairement pas destinée aux clients : il y avait des armoires et des commodes, couvertes de bric-à-brac et de papiers le long des murs et au milieu de la pièce, un petit bureau dans le fond comptait plusieurs bouteilles et pièces de matériaux différentes, et enfin, un établi éclairé par de larges lampes de bureau avec d'autres flacons et outils éparpillés sur la surface, et auquel était assis Mr Gold.
L'homme ne leva même pas la tête dans sa direction, continuant son travail d'un air imperturbable. A première vue, il recouvrait un tissu d'une substance inconnue avec un pinceau...et dont l'odeur était particulièrement forte.
« Pouah, mais c'est quoi, cette odeur ? » ne put s'empêcher de s'exclamer Rose, fronçant le nez quand elle s'approcha.
« C'est de la lanoline. Un imperméabilisant. » répondit Gold, levant brièvement la tête vers elle.
« Et tous les imperméabilisants sentent le mouton comme ça ? » se plaignit la jeune femme, éventant son visage avec sa main dans une maigre tentative d'éloigner l'odeur de son nez.
« On la trouve dans la toison des moutons, c'est pour ça que la laine ne laisse pas passer l'eau. » expliqua l'homme en continuant ses coups de pinceaux.
« C'est vraiment fascinant, mais ma sœur shérif adjointe m'a dit que vous avez appelé le bureau du shérif pour me parler. Alors, vous pourriez peut-être me dire pourquoi ? Et de préférence, ailleurs qu'ici ? »
« Oui, bien sûr. »
Reposant son pinceau, Gold retira ses gants, ramassa sa canne et se leva de son siège.
« Je voulais seulement vous adresser ma sympathie, pour ce qui est arrivé au shérif. »
Malgré elle, Rose sentit son corps se tendre à la mention de Graham.
« Le shérif est un homme bien. Ce qui lui est arrivé est malheureux. Et j'ai cru comprendre que vous vous étiez rapproché. » continua Gold, l'air sincère.
Rose ne fit qu'acquiescer en réponse. Depuis que le Dr Whale avait fait ses examens et leur avait communiquer ses conclusions plutôt pessimistes sur le sort de Graham, elle n'avait pas eu le courage d'aller le voir à l'hôpital. Elle se détestait pour cette lâcheté...
Ce n'était habituellement pas son genre, mais il semblerait que les sentiments amoureux la poussaient à agir de façon lâche...
« C'est normalement à Reggie que vous devriez dire ça, non ? C'était son amant. » rétorqua-t-elle, un peu plus sèchement qu'elle ne l'avait voulu.
« Je suppose, mais vous étiez néanmoins devenus amis. Et pour être honnête, j'ai l'impression que vous éprouvez plus de tristesse quant à son état que Mme le maire. »
« Quelle surprise. » maugréa sarcastiquement la brune.
« Vous ne la portez définitivement pas dans votre cœur. » constata Mr Gold, le coin de ses lèvres se relevant.
« Vous êtes d'une perspicacité déconcertante, Mr Gold. » répliqua Rose, toujours du même ton sarcastique, le gratifiant aussi d'un sourire moqueur.
Mais le sourire en coin de Gold ne fit que s'agrandir.
« Eh bien, cela a le mérite de vous ramener à vous-même. »
Rose fronça des sourcils à cette réponse, avant de lentement réaliser : il l'avait délibérément poussé à utiliser le sarcasme, la faisant repasser à son habituelle attitude blagueuse, plutôt que la laisser rester dans son humeur maussade.
Elle était, à contrecœur, un peu impressionné.
« Ok, vous êtes doués, je vous accorde ça. » répondit-elle avec un léger sourire. « Et n'allez pas penser que je suis facilement manipulable comme ça. »
« Loin de moi cette idée. »
Rose était incapable de dire s'il était sincère ou non, son ton ni son visage ne trahissant quoique ce soit.
Gold sembla ensuite réfléchir et fit remarquer :
« Vous décrivez toujours votre sœur comme étant adjointe. »
« Eh bien, elle porte toujours l'insigne d'adjointe. » rétorqua Rose en haussant les épaules.
« Cela va faire deux semaines que le shérif est dans le coma, et il me semble que si vous assumez la fonction de shérif deux semaines d'affilée...le poste lui revient officiellement. »
« Elle...ne m'avait pas parlé de ça. » répondit la brune en fronçant les sourcils.
« Peut-être avait-elle oublié ? » suggéra Gold, avant de poursuivre. « Vous devriez lui dire de porter son étoile. »
« Ouais... » acquiesça distraitement Rose, tout en réfléchissant. Elle doutait qu'Emma ait oublié ça, ou ne le sache pas après deux semaines à prendre cette fonction, alors... « Ou peut-être qu'Emma n'était pas pressée de le faire. »
Supposant la conversation terminée (et Rose s'étonnait un peu que Gold l'ait contacté simplement pour lui témoigner de la compassion) et ne supportant plus cette forte odeur de bergerie, elle secoua la tête et regarda Gold.
« Bon, si c'est tout, merci pour...votre sollicitude, mais je vais y aller, maintenant. »
Elle se détourna et sortit d'un pas rapide de la pièce, traversant les deux rideaux et arrivant dans la boutique principale, quand il entendit Gold lui dire :
« J'ai ses affaires. »
Elle s'arrêta et se tourna vers l'homme, qui venait de sortir de l'arrière-boutique.
« Quoi ? »
« Celles du shérif. » précisa Gold, se dirigeant vers une boîte en carton sur le comptoir, à laquelle Rose n'avait prêté guère attention en entrant. « L'appartement qu'il louait m'appartient. C'est aussi pour ça que je vous ai appelé, je pensais que vous voudriez les garder, en attendant son rétablissement. »
Les yeux de Rose se posèrent sur la boîte, avant de revenir sur le prêteur sur gages.
« Pourquoi me proposer ça ? » lui demanda-t-elle.
Gold haussa légèrement les épaules.
« J'ignore si le shérif va se remettre de son état ni quand, si cela s'avère être le cas, mais autant que quelqu'un garde ses affaires pour le moment. »
Rose plissa les yeux et se tourna complètement vers lui, croisant les bras.
« Pourquoi tant de gens dans cette putain de ville se comporte comme si Graham était déjà mort et enterré ? » rétorqua-t-elle avec agacement, avançant vers le comptoir. « Il est dans le coma ! Il est toujours vivant ! »
« Je sais. » répondit calmement Mr Gold. « Mais je sais aussi que son état est assez...particulier, et qu'il est difficile de deviner s'il s'en remettra. Je ne souhaite pas le contraire, bien entendu, mais je me prépare à l'éventualité. » Il rencontra son regard. « C'est probablement aussi ce que font les autres. »
Rose ne dit rien en réponse, détournant plutôt le regard. Elle ne pouvait totalement protester contre son point de vue. Après tout, elle n'avait même pas le courage d'aller le voir à l'hôpital, de peur de perdre ses moyens, ou de découvrir qu'il ne se réveillerait jamais.
Peut-être que si le monde était un conte de fées comme le pensait Henry, tout pourrait se régler avec un baiser d'amour sincère et finir par 'tout est bien qui finit bien'... Dans l'hypothèse où ce serait elle qui pourrait réveiller Graham d'un baiser magique d'amour véritable.
Comme elle gardait le silence, Mr Gold continua :
« Eh bien si vous n'en voulez pas, je peux proposer de donner tout cela à Mme Mills, je crois que c'était la personne dont il était encore le plus proche. »
Rose se hérissa malgré elle et se tourna vers l'homme, mais cette fois, elle voyait très bien dans son jeu.
« D'accord, vous pouvez m'avoir une fois, mais pas deux. Pourquoi voulez-vous tant que ça que je récupère ses affaires, de toute façon ? » dit-elle en se postant en face de lui.
Gold soupira, retirant le couvercle de la boîte.
« Ecoutez, j'ai le sentiment que dans le pire des cas, tout cela va finir à la poubelle, et sinon, ils prendront la poussière pendant un bon moment. Autant qu'ils servent à quelque chose pour quelqu'un. »
Il ramassa le premier article de la boîte, en vêtement douloureusement familier.
« Tenez. Sa veste. »
Rose observa un instant la veste avec émotion, avant de secouer la tête.
« Je doute qu'elle m'ira. » rétorqua-t-elle simplement, forçant une pointe d'humour dans sa voix.
« Bien, et qu'est-ce que vous dites de ça ? »
Il rangea la veste et fouilla dans le carton, avant d'en sortir deux talkies-walkies un peu usés, les tendant à la jeune femme.
« Ils pourraient plaire à Henry, vous ne croyez pas ? »
Rose contempla un instant les deux objets, devant admettre qu'il n'avait pas tort. Avec le sérieux que témoignait Henry dans sa mission « briser la malédiction et sauver les fins heureuses », ainsi que sa passion pour les noms de code et les réunions secrètes dignes de films d'espionnage, il aimerait certainement ça.
« Vous pourriez jouer avec. Je crois qu'il y en a aussi un troisième, donc vous pourriez les utiliser tous les trois ensemble, Emma, Henry et vous. »
Rose sourit légèrement à cette idée, mais pour une raison quelconque, elle hésitait encore.
« Je sais pas... » marmonna-t-elle en fixant les talkies-walkies posés sur le comptoir, tandis que Gold sortait le troisième. Ceux de Graham...
« Prenez-les. » insista l'antiquaire. « Ils grandissent vite, vous savez. »
Rose leva les yeux vers l'homme, plutôt surprise de la légère tendresse qu'elle perçut dans sa voix. Elle ne l'avait encore jamais vu exprimer une telle émotion, ne serait-ce qu'un peu.
Finalement, elle tendit la main et ramassa lentement les appareils, un par un.
« Merci. »
« Amusez-vous, votre sœur et vous, avec son petit garçon. » continua doucement Gold en réponse. « Ces moments-là sont précieux, croyez-moi. C'est ça qui est terrible, avec les enfants. Avant qu'on s'en aperçoive...ils s'en vont. »
Il se tourna vers elle en souriant, et Rose le scruta avec curiosité et intérêt. C'était la première fois qu'elle observait une sorte de douceur et de chaleur, sur le visage et dans la voix de Gold. Cela piquait définitivement son intérêt, surtout alors qu'elle avait tant de mal à le lire.
« ...Vous avez eu un enfant, n'est-ce pas ? » fit-elle doucement.
Un très bref éclat de douleur traversa le regard de l'homme, mais il maintient son expression calme et recueilli.
« Vous êtes d'une perspicacité déconcertante, Mlle Booker. » plaisanta-t-il en reprenant les mots de la jeune femme.
Celle-ci sourit d'amusement, mais ne se laissa pas influencer par cette tentative de Gold pour mettre fin rapidement au sujet.
« Vous avez eu un enfant, et ça ne s'est pas bien fini. » déduisit-elle rapidement.
Ce fut au tour de Gold d'éviter son regard, mais il ne nia pas. Le cœur de Rose se remplit de compassion.
Elle ne savait pas ce qui avait pu se passer avec le mystérieux enfant de Mr Gold : peut-être qu'il était décédé, peut-être qu'ils s'étaient disputés et ne se voyaient donc plus, peut-être qu'il avait toujours voulu s'éloigner de son père, ou peut-être que Gold avait conduit à cette rupture... Mais ce dont elle était sûre, c'était ce qu'elle voyait actuellement. Et elle pouvait voir du chagrin, de la nostalgie, et du regret dans le regard du prêteur sur gages.
De toute évidence, il l'aimait toujours, et avait des regrets à ce propos.
Rose avait envie de l'interroger davantage, mais comme le masque de Gold se remettait en place et que la tristesse et la chaleur dans ses yeux s'étaient rapidement dissipés, elle n'insista pas. Probablement qu'elle n'obtiendrait pas de réponse aujourd'hui. Et c'était visiblement un sujet délicat. Elle pouvait comprendre cela, et le respecter.
« Eh bien... Merci pour les talkies, Mr Gold. Et à une prochaine fois. » le salua-t-elle en se dirigeant vers la porte.
« A une prochaine fois, Mlle Booker. » répondit l'homme dans son dos, tandis qu'elle sortait de la boutique d'antiquités, la cloche teintant derrière elle.
*****
Rose passa au bureau du shérif pour relater sa conversation avec Mr Gold, ce qu'il lui voulait, et ce qu'il avait dit à propos du poste de shérif revenant à Emma, désormais. Son expression lui indiqua qu'elle avait été au courant de cette règle, mais ne l'avait pas encore appliqué.
« Pourquoi tu n'as pas commencé à porter son insigne ? » l'interrogea la brune, un peu confuse.
Emme hésita à répondre, regardant son badge d'adjointe encore à sa ceinture.
« Eh bien, je...je suppose que je n'étais pas encore à l'aise à cette idée. » admit-elle.
Le froncement de sourcils de Rose s'accentua, ne comprenant pas vraiment ce qui freinait Emma...avant de réaliser.
« C'est à cause de moi, pas vrai ? »
Emma releva brusquement la tête vers elle.
« Quoi ? Non, bien sûr que non ! » rétorqua-t-elle.
« Je veux dire, c'est indirectement pour moi, que tu n'oses pas. Parce qu'accepter le poste, reviendra un peu à accepter que Graham... » Rose s'arrêta, prit une inspiration pour rassembler son courage et continuer. « ...que Graham a peu de chances de s'en sortir. »
Emma baissa les yeux, avant de regarder sa sœur avec compassion.
« Je suis...tellement désolée, Rose. »
« Ouais, je sais. Ça doit être la 30e...non, 32e fois que tu me le dis. » dit Rose en retour, lui adressant un petit sourire blagueur. « Et au risque de me répéter, tu n'y es pour rien, alors arrête. C'est bien gentil, mais tu commences à devenir lassante, tu sais. »
Emma secoua légèrement la tête, le coin de ses lèvres se relevant.
« Je sais, je le sais au fond, mais... Je ne peux m'empêcher de penser que c'est moi qui t'ai poussé à accepter tes sentiments pour Graham. » déclara-t-elle, une pointe de culpabilité dans ses yeux. « Et je t'ai fait souffrir, au final. »
Rose soupira doucement. Elle savait qu'Emma connaissait trop bien la douleur d'un cœur brisé, et c'était pour ça qu'elle avait toujours souhaité éviter cela à sa sœur de cœur. Mais Rose ignorait quelle douleur était la pire, entre elles : celle de la trahison, ou celle de l'incertitude sur le destin de l'homme qu'elle aimait...
Elle posa une main sur l'épaule de son amie, la poussant à la regarder.
« Hé, écoute... T'y es pour rien. C'était mon choix, de me lancer. Je sais toujours pas si j'ai eu raison ou non de le faire, mais tu ne m'as certainement pas forcé la main. Et j'aimerai éviter qu'on continue de parler de lui comme s'il était déjà enterré. »
Emma acquiesça en signe de compréhension.
« Au moins, le nouveau shérif de la ville est aussi sexy que l'ancien. » plaisanta Rose, voulant détendre l'atmosphère (et chasser la tristesse en elle-même).
Sa blague eut l'effet escompté, car Emma eut un rictus amusé, secouant la tête d'un air faussement las de l'humour de Rose. Pressée de changer de sujet, celle-ci lui présenta les talkies-walkies qu'elle avait récupéré, et lui proposa d'en donner un à Henry.
Ainsi, peu de temps après, les deux femmes se rendirent au château du jeune garçon. Celui-ci était assis à sa place habituelle, mais Rose remarqua tout de suite le visage abattu de l'enfant.
Elle partagea un regard inquiet avec Emma, et celle-ci s'empressa de grimper sur la vieille structure de jeu, les talkies en main. Rose la suivit, couvant Henry d'un regard inquiet.
« On t'a apporté quelque chose. » déclara Emma à son fils, tout en lui tendant l'un des appareils.
Henry prit l'objet tendu sans un mot. Emma et Rose gardèrent les leurs en main et s'installèrent chacune d'un côté du garçon.
« On s'est dit que ça pourrait servir pour l'opération Cobra. » poursuivit Emma, essayant de gagner une quelconque réaction du garçon.
« Merci... » répondit finalement Henry, sans grande conviction.
« Hé, fais pas cette tête. » lui dit sa mère en lui donnant un coup d'épaule amical. « Qu'est-ce qui ne va pas ? En ce moment, tu fais tout pour nous éviter. »
Rose se posait également des questions. Bien sûr, ce qui était arrivé à Graham...devait en être en lien avec l'humeur sombre d'Henry, mais il semblait y avoir plus dans tout cela. Même s'il était sûrement triste pour ce qui était arrivé au shérif, il n'était pas forcément très proche de l'homme. Alors pourquoi était-il si abattu ?
« Hé, tu sais que tu peux nous parler, D'Artagnan. Les trois mousquetaires se serrent les coudes. » l'encouragea Rose, espérant que l'utilisation des surnoms ragaillardiraient Henry.
Mais celui-ci ne réagit pas beaucoup, à son grand désespoir. Cependant, il se décida à parler.
« Je crois qu'on ferait mieux d'oublier l'opération Cobra, pour l'instant. » déclara-t-il. « On ne joue pas avec une malédiction. Vous avez vu ce qui est arrivé à Graham ? »
La tension revint brusquement dans le corps de Rose. Elle se réprimanda mentalement pour que la simple mention du nom de l'homme et ce qui lui était arrivé avait automatiquement déclenché cette réaction en elle.
Emma jeta un bref coup d'œil à sa sœur, puis à son fils, avant de lui dire lentement.
« Je t'ai déjà dit qu'ils ont fait des examens. Ils ont conclu à un malaise cardiaque. Et Graham est seulement dans le coma. »
« Ouais, peu importe... Vous y croyez pas, de toute façon. » rétorqua le jeune garçon avec amertume. « Bah tant mieux. Parce que vous empêchera peut-être de vous en mêler. Et de vous faire tuer. »
Il regarda brièvement les deux femmes, et Rose fut un instant subjugué par le sérieux et la gravité dans ses jeunes yeux. Henry croyait chaque mot de ce qu'il disait, c'était une certitude. Son cœur se serra devant son désespoir apparent, si différent du jeune garçon enthousiaste qu'elle avait appris à connaître (et à aimer).
« Tu t'inquiètes pour nous ? » lui demanda doucement Emma.
« Graham était vraiment quelqu'un de bien, c'est pour ça qu'elle a essayé de le tuer. » déclara Henry d'un ton un peu plus énergique. « Je ne sais pas pourquoi elle n'en a pas fini entièrement avec lui... Peut-être que comme il y a pas de magie, il ne peut pas vraiment mourir pour l'instant, même si elle a dû détruire son cœur... Mais la prochaine fois, elle ne se ratera pas. » Il regarda sa mère et sa tante adoptive, le regard sombre. « Et vous êtes toutes les deux des personnes bien aussi. »
Rose ignorait si elle était touchée par l'inquiétude que leur portait Henry, prouvant qu'il tenait à elles autant qu'elles tenaient à lui, ou s'attrister de voir à quel point il était abattu. Comme toute espoir et foi dans son cœur s'étaient éteinte.
Et il était persuadé que Regina était responsable de ce qui s'était passé.
Même si Rose aimerait avoir quelqu'un à blâmer pour ça (ce serait tellement plus simple), elle savait bien que la femme ne pouvait pas avoir causé cela. Les médecins n'avaient détecté aucune trace de poison quelconque dans son système, ni intoxication alimentaire.
« Henry, écoute... » commença Emma avec un sourire de réconfort, souhaitant apaiser son fils, mais Henry ne la laissait pas continuer.
« Le bien n'a aucune chance, il est forcé de perdre. Parce que le bien ne peut pas tricher. Le mal se gêne pas, lui. »
Ne pouvant plus supporter ça, Rose passa un bras autour des épaules d'Henry et se pencha vers lui, adoptant un ton plus léger.
« Hé, tricher ne signifie pas que c'est gagné. Les tricheurs finissent très souvent par se faire avoir par leurs propres pièges, tu sais. Ça se retourne contre eux. Et je vais te montrer les films Disney, et on verra si le bien perd toujours. »
Elle réussit à gagner un rictus du garçon pendant une courte seconde, mais il disparut rapidement, Henry secouant la tête.
« Mais personne ne sait qu'elle fait ça. Et du coup, elle s'en tire. Et elle est maléfique. Alors il vaut mieux qu'on arrête. Si on ne veut pas l'énerver encore plus. »
Puis, sans laisser le temps aux deux femmes d'ajouter quelque chose, Henry se leva, reposa le talkie-walkie, ramassa son sac à dos et quitta la structure de jeu. Emma et Rose le regardèrent tristement partir, se sentant toutes les deux incroyablement impuissants.
Comment pouvaient-elles aider Henry à retrouver l'espoir ?
*****
(25 novembre 2011, Storybrooke)
« Bon, tu la mets ? »
« Oui, oui. »
« Tout de suite, ou je l'épingle moi-même. »
« Non merci, je tiens à ma veste. »
« C'est sensé vouloir dire quoi, ça ? »
Emma ne répondit pas, adressant juste un sourire malicieux à sa sœur de cœur. Rose le lui rendit, sa façade supposément vexée se dissipant immédiatement.
Mettant fin à leurs boutades, Emma se résolut finalement à épingler l'insigne du shérif sur sa veste rouge, sous les yeux de la brune qui lui adressa un hochement de tête approbateur. Mais avant qu'Emma puisse fixer l'étoile, une voix les interrompit.
« Oh, je vous arrête tout de suite. »
Les deux sœurs se tournèrent vers le maire de la ville qui se tenait dans l'embrasure de la porte du poste de police. Les yeux de Rose se rétrécirent de colère instantanément.
« Cette étoile n'est pas pour vous. » continua Regina en pointant l'insigne dans les mains de la blonde.
« Ça fait deux semaines. La promotion est automatique. » se défendit Emma.
« A moins que le maire ne nomme une autre personne entre temps. » corrigea la femme avec un sourire satisfait, avançant dans la pièce. « C'est justement ce que je m'apprête à faire. »
Evidemment, comme par hasard... commenta Rose en son for intérieur, plissant les yeux vers l'exécrable femme. Honnêtement, elle n'était même pas surprise. Elle aurait dû s'attendre à ce que le maire finisse par trouver une excuse pour leur pourrir la vie encore une fois.
« Qui vous allez nommer ? » interrogea Emma, pas plus surprise que sa sœur de l'intervention.
« Après mures réflexions, Sidney Glass. »
Rose haussa un sourcil incrédule, sa sœur adoptive reflétant son expression.
« Le rédacteur en chef du Mirror ? » fit celle-ci.
« Dans quel endroit avez-vous grandi pour penser qu'un rédacteur est apte à occuper le poste de shérif ? » renchérit Rose, les bras croisés.
Regina lui adressa un regard noir, n'ignorant pas complètement ses commentaires pour une fois. Elle semblait avoir pris Rose en grippe aussi, depuis...Graham.
« Il suit de près le travail du shérif depuis aussi longtemps que les gens d'ici s'en souviennent. » se justifia la femme.
« Et il fera tout ce que vous lui demanderez de faire. » comprit facilement Emma, pas dupe un seul instant. « Vous ne supportez pas l'idée que les choses commencent à s'améliorer un peu ici, avouez-le. »
« S'améliorer ? » répéta Regina, son ton mélangé de scepticisme et condescendance. « Vous considérez l'état de Graham comme une amélioration ? »
A ces paroles, Rose serra les poings et vit rouge, avançant d'un pas avec un regard menaçant.
« N'osez...pas...le mentionner. » maugréa-t-elle entre ses dents, son ton débordant de colère menaçant d'exploser. « N'osez pas faire comme si vous vous souciez de lui. Vous n'êtes pas venu une seule fois le voir à l'hôpital. »
« Oh, parce que vous oui, Mlle Booker ? » rétorqua-t-elle en se tournant vers la brune. Rose eut l'impression de recevoir un coup dans l'estomac à ce rappel.
Mais elle ne pouvait supporter de le voir dans cet état, de savoir son avenir complètement incertain, alors qu'elle avait enfin ouvert son cœur à quelqu'un pour la première fois, en dehors d'Emma et Neal...
Emme serra les dents en remarquant l'expression de sa sœur, partagée entre la réconforter ou frapper Regina.
« C'était un homme bien, Mlle Booker. » continua-t-elle, avant d'être brusquement interrompu.
« Il n'est pas putain de mort, alors que tout le monde cesse de faire comme s'il était déjà enterré ! » cria Rose avec colère, face au maire de Storybrooke.
Regina la regarda d'un air impassible.
« Et ne faites pas comme si vous étiez la seule chagrinée, Mlle Booker. Vous n'êtes pas le centre du monde, d'autres souffrent de ce qui lui est arrivé, moi incluse. Nous nous connaissions et étions ensemble depuis longtemps, vous ne l'avez connu que quelques semaines et avait à peine échanger un baiser, tout ça parce que vous l'avez séduit dans un moment de faiblesse. Alors ne faites pas comme si ce qui lui est arrivé vous a brisé le cœur plus que moi... »
Ce ne fut que les excellents réflexes d'Emma, et son expérience avec Rose, qui lui permit de ceinturer la brune et de l'arrêter avant qu'elle ne se jette sur le maire. Elle ne se débattit pas mais elle balança ses bras un instant vers le maire dans le vain espoir de l'atteindre, crachant et sifflant comme un chat en colère. Honnêtement, Emma était tentée de la laisser faire, mais elle savait que ça ne résoudrait rien.
C'était étonnant de voir comme leurs rôles de « sœur raisonnable » et « sœur impulsive » arrivaient à s'inverser par moments. Rose était généralement la raisonnable et Emma l'impulsive, mais quand quelque chose touchait profondément Rose au cœur, les rôles s'échangeaient complètement.
Regina masqua à peine son sourire suffisant à Rose, n'alimentant qu'encore plus la colère des deux femmes, mais elle reprit un air professionnel et poursuivit, se tournant vers Emma.
« Cette ville est plus sûre grâce à lui, et sans vouloir vous offenser Mlle Swan, vous vous n'avez rien fait pour mériter de porter son étoile. »
« Graham m'a choisi. Pour être son adjointe. » rétorqua Emma, desserrant lentement sa prise sur Rose.
« Mais il a eu tort. »
« Non, il savait ce qu'il faisait. Il a libéré ce bureau de votre emprise. Jamais vous ne le récupèrerez. »
« En fait, je viens de le faire à l'instant. » répliqua-t-elle avec confiance, un sourire suffisant se dessinant sur ces lèvres. « Et vous êtes renvoyé. »
Avant que les sœurs ne puissent répliquer, elle ramassa l'étoile du shérif sur le bureau, puis quitta la pièce, ses talons claquant derrière elle. Rose jeta un regard haineux à la silhouette de la femme, un sentiment que partageait sa sœur de cœur.
*****
Alors qu'elle quittait le poste du shérif, pas pour la première fois, Regina repensa à son dernier échange avec Graham.
« Ne l'approche pas. J'ai promis que je ferai tout pour la protéger de toi. »
« Tu lui as promis ça ? »
« Non, à quelqu'un d'autre. Je lui ai promis il y a longtemps, que je ferai ce que je peux pour protéger Rose de toi. Je ne vais pas rompre cette promesse. »
Ces mots avaient refusé de quitter son esprit. Ce n'étaient pas des paroles en l'air, Graham avait été très sérieux et déterminés alors qu'il déclarait cette mystérieuse promesse. Et il était en train de retrouver ses souvenirs, à ce moment-là. Elle avait eu du temps pour y réfléchir, et elle en était désormais convaincu.
Graham avait su des choses sur Rose Booker.
Des choses dont la source venait de sa vie dans la Forêt Enchantée.
Rose ne devait pas être que le chien loyal d'Emma Swan, elle était originaire de la Forêt Enchantée.
Et Graham avait apparemment, dans son passé, promit de la protéger d'elle à quelqu'un...
Mais qui ? Quand ? Pourquoi ?
Cela n'avait aucun sens, et Regina détestait ne pas avoir de réponse.
Peut-être qu'elle avait eu tort finalement, de ne pas s'intéresser à Rose. Il fallait qu'elle découvre qui elle était. Quelque chose au plus profond d'elle, lui disait que son identité était extrêmement importante.
Et Regina était déterminé à la découvrir...
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