Chapitre 22 : Rêve...ou souvenir ?
(9 novembre 2011, Storybrooke)
Il traquait un animal à travers les bois, légers sur ses pieds, glissant entre les branches des arbres et des buissons aussi silencieux qu'une ombre, sa cape au col en fourrure d'ours frôlant le sol de la forêt. Ses yeux perçants et ses oreilles vives étaient à l'affut du moindre mouvement, du moindre son. Il pouvait entendre le doux gazouillis de pinsons et de moineaux au-dessus de sa tête. Il aperçut du coin de l'œil un lapin qui disparut dans une bruyère voisine. Mais il ne s'en préoccupa pas.
Il chassait un plus gros gibier, aujourd'hui.
Il repéra à ce moment-là le jeune cerf qu'il avait pisté toute la matinée, non loin devant lui, en train de paître tranquillement dans une clairière. Avec un souffle silencieux, il leva son arc et tira la ficelle en arrière jusqu'à ce qu'elle effleure sa joue. Visant, il laissa partir sa flèche, et elle frappa avec précision sa cible. Le cerf poussa un gémissement de douleur avant de s'effondrer. C'était un bon tir, rapide et efficace. Mais les cris mourants de l'animal restaient déchirants. Au moins, ses souffrances n'avaient pas duré longtemps, bien que, peut-être qu'il aurait pu rendre sa mort moins douloureuse encore, s'il avait visé mieux. Mais peut-être que c'était ainsi. La mort était rarement indolore.
Il s'approcha lentement de la créature, les larmes aux yeux, puis s'agenouilla devant le noble animal.
« Tu es mort pour que je puisse vivre. » Il posa une main respectueuse sur le flanc du cerf, à côté de sa flèche. « Pardonne-moi. Ton sacrifice était honorable. Je te remercie. »
Une larme coula sur sa joue. Alors qu'il allait retirer sa flèche, un bruissement dans les feuilles le fit se tendre. Il était prêt à attraper le poignard à sa ceinture, mais il se détendit immédiatement en apercevant son ami. Son compagnon de meute. Le loup avait été abandonné en tant que chiot à cause de son apparence au début chétive, et la couleur étrange de ses yeux. L'un était de couleur normal, avec une iris ambrée et une pupille noire, mais l'autre était aussi rouge que le sang. Il avait donc recueilli le louveteau.
En vérité, ils ne formaient guère une meute, mais peut-être qu'un jour, d'autres les rejoindraient.
« Soit tranquille, mon beau. Tu n'auras pas faim ce soir. »
Il baissa les yeux sur le cerf, puis retira la flèche, laissant jaillir un flot de sang.
Graham se réveilla en sursaut, se redressant dans le lit en haletant. Le rêve avait été si vif : il pouvait toujours sentir l'odeur des bois, le corps encore chaud du cerf sous ses mains...
Il avait déjà un peu chassé, bien que jamais avec un arc et des flèches, et il avait toujours aimé les loups... Mais ce rêve... Il sentait que c'était différent. Cela avait semblé tellement...réel.
Et le loup, ses yeux... Il les avait déjà vu. Quand il avait embrassé Rose.
« Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda Regina à côté de lui, réveillée par son mouvement brusque.
« J'ai fait un rêve très étrange. » répondit-il, sans la regarder. Les images de son rêve se ressassaient dans son esprit. « J'étais...dans la forêt. Je chassais, j'ai tué un cerf. Il y avait aussi un loup. »
Pour une raison quelconque, ce dernier élément intrigua plus Regina que le reste, la faisant s'asseoir à son tour dans le lit pour le regarder.
« Il y avait un loup ? » répéta-t-elle pour confirmation.
« Ses yeux... L'un était noir comme la nuit, et l'autre rouge comme le sang. Le plus étrange, c'est que je crois avoir déjà vu ce loup. »
Regina se serra contre lui et embrassa son épaule. Pour une fois, Graham fut tenté de la repousser. Il se sentait...mal. C'était mal. Il ne se souvenait pas avoir déjà ressenti ça auparavant, pourtant il se sentait...dégoûté de lui-même.
Mais ce ne fut pas la seule pensée qui lui vint. Il n'avait pas vraiment envie de partager ce rêve troublant avec Regina. Il était déçu que ce soit elle à côté de lui dans ce lit.
« Tu devrais essayer de te rendormir. » lui conseilla-t-elle d'une voix douce. « Ce n'était qu'un mauvais rêve. »
Graham secoua la tête, regardant toujours devant lui.
« Ça ne ressemblait pas à un rêve. C'était plutôt comme un souvenir. »
Il ne pouvait pas se rendormir. Il se sentait trop agité pour ça. Et il ne voulait pas rester ici. Il ne voulait pas rester avec Regina, il voulait...
Je veux voir Rose.
Graham écarta les draps trempés de sa sueur après son rêve, et se leva, cette pensée lui donnant encore plus envie de s'enfuir. Un peu de culpabilité le traversa d'avoir couché avec Regina après ce qui s'était passé avec Rose juste avant.
Son premier réflexe fut d'appeler Rose, avant de se rappeler qu'il n'avait pas son numéro, juste celui d'Emma. Mais un rapide coup d'œil au réveil lui révéla qu'il était à peine 5h du matin. Rose dormait sûrement, il ne pouvait pas la réveiller comme ça.
Il avait envie de lui parler, de se confier à propos de ce rêve – souvenir ? – car il savait qu'elle ne le jugerait pas et n'hésiterait pas à lui offrir son aide. C'était comme ça qu'était Rose.
Mais c'était injuste de la déranger comme ça pour lui demander du soutien après l'avoir chamboulé hier. Encore plus alors qu'il avait passé la nuit avec Regina.
Il ne voulait néanmoins pas rester ici. Il avait besoin de s'éloigner d'ici et de bouger, faire quelque chose, même s'il ne savait pas quoi.
Le shérif se dirigea vers ses vêtements et entreprit de se rhabiller.
« Graham... » commença Regina en le voyant faire.
« J'ai besoin d'air. Et de réfléchir. »
« S'il te plaît, Graham, recouche-toi. »
« J'ai laissé ma voiture devant chez Granny. Je dois aller la récupérer. Je dois faire le vide. »
Graham s'assit sur le lit pour mettre ses chaussures et Regina se rapprocha, passant une main dans ses cheveux. A la surprise de la femme, il s'écarta de son toucher. Elle essaya d'ignorer ça et continua.
« Graham, écoute. Il est tard, tu es fatigué, et sûrement encore saoul. » Elle prit son menton pour le forcer à la regarder. « Ne t'en vas pas. »
« C'est nouveau. Pourquoi tu veux que je reste avec toi ? » rétorqua-t-il sèchement, se retirant de sa prise.
Cela avait été peut-être méchant à dire, mais véridique. Regina n'avait jamais demandé qu'il reste, que ce soit avant ou après. Il venait, ils passaient un bon moment, puis elle repartait aussitôt, ou lui disait de partir.
« Tu n'es pas bien. » insista Regina.
« Ça va. » lui affirma-t-il simplement.
Sur ce, il sortit de la chambre et quitta la maison du maire. Après un petit moment de marche, il atteignit sa voiture, toujours garé près du Granny's Diner. Il sortit prestement ses clés de sa poche, et ces dernières lui échappèrent des mains, tombant sur l'asphalte. Retenant un juron, Graham se pencha pour les ramasser, mais sursauta à l'apparition soudaine devant lui et au son d'un grognement.
Ses yeux s'écarquillèrent en voyant le loup gris-blanc, debout, à peine quelques mètres devant lui. Un loup avec une pupille noir, l'autre rouge. Le loup de son rêve.
C'était impossible...
Le loup ne bougea pas, ses yeux étranges fixés sur lui. Il n'avait pas l'air menaçant. Une envie folle et soudaine poussa Graham à tendre la main pour caresser l'animal, mais ce dernier décida de s'éloigner à ce moment. Le shérif resta assis contre sa voiture, observant le loup trottiner sur la route et s'engouffrer dans une ruelle plus étroite. Il l'entendit hurler et le son provoqua une étrange sensation dans sa poitrine.
Après encore une courte hésitation, Graham se redressa et se lança à la poursuite du loup.
*****
Le lendemain matin, Emma fut un peu surprise de découvrir un bouquet de fleurs posé sur la table. Elle soupira en devinant de qui elles devaient être.
Rose était actuellement dans la salle de bain, terminant sa toilette. Elle n'avait peut-être pas encore vu les fleurs. Emma se demanda si elle devrait les faire disparaître avant qu'elle les voit, ou laisser Rose gérer cela.
Quand elle l'avait interrogé hier soir sur ce dont elle avait parlé avec Graham, Rose avait simplement dit lui avoir expliqué de faire d'abord le tri dans ses émotions avant de venir la voir. Cela satisfît Emma. Sa sœur avait su gérer les choses, peut-être même plus diplomatiquement que si ça avait été elle. Elle restait cependant inquiète pour la brune.
Elle avait beau essayé de le cacher, Emma la connaissait trop bien pour être dupe. Rose était bouleversée par les évènements d'hier, probablement parce qu'elle vivait ça pour la première fois et que, malgré sa façade confiante, elle cachait beaucoup de fragilité et d'insécurités sur l'attachement.
Elle aussi à vrai dire, même si elle ne l'avouerait pas...
Néanmoins, si Graham pensait qu'envoyer des fleurs à Rose fonctionnerait pour se faire pardonner, il faisait fausse route.
Prenant une décision, Emma ramassa le bouquet et se dirigea vers la poubelle.
« Oh attends ! Qu'est-ce que tu fais ? » s'exclama Mary Margaret en la voyant jeter les fleurs.
« C'est Graham. S'il croit avoir Rose avec des fleurs... »
« Non, elles étaient...pour moi. » répondit l'enseignante, à la surprise de la blonde.
« Oh. » Elle lui jeta un regard d'excuse tout enfilant un gilet, mais elle était également assez curieuse.
« Qu'est-ce qui était pour toi ? » demanda Rose en sortant de la salle de bain. Ses yeux se posèrent sur les fleurs dépassant de la poubelle, la faisant froncer des sourcils.
« Des fleurs ? » s'étonna-t-elle.
« Cadeau de David ? » interrogea Emma.
« Non. Elles sont...du Dr Whale. » admit Mary Margaret.
« Whale ? » répéta Rose avec confusion, avant que ses yeux ne s'écarquillent de réalisation.
« Et pourquoi Whale... ? » commença Emma, avant de comprendre à son tour devant les expressions de ces deux colocataires. « Non, c'est vrai ? »
« C'est n'importe quoi, je sais. » déclara la jeune femme d'un air coupable.
« Non, c'est surprenant. »
« Non, non, je suis d'accord, c'est n'importe quoi. » affirma Rose. « Le gars a essayé de me draguer il y a quelques jours à peine. Et ce n'est pas le même type qui n'a pas payé au dernier rendez-vous ? »
Mary Margaret baissa la tête pour cacher le rose sur ses joues, et cela suffit à confirmer les soupçons de Rose.
« Ce que je veux dire, c'est qu'elle passe à autre chose. C'est bien. » expliqua Emma.
« De un, je n'ai pas à passer à autre chose, et de deux, c'était une aventure d'une nuit. » se justifia Mary Margaret.
« Les aventures d'une nuit ou de quelques jours, je connais très bien ça. Et les aventures d'une nuit ne t'offrent pas des fleurs ensuite. » contra Rose en posant des couverts pour le petit déjeuner.
« Oui, peut-être que je n'aurai pas dû l'appeler... » admit l'institutrice.
« Ça alors, tu l'as appelé ? Ce n'est assurément pas une histoire d'une nuit. » affirma Emma en posant le jus d'orange sur la table.
« Bon je l'admets, je n'y connais rien. Je n'ai jamais fait ça. Je me suis sentie coupable. »
« Pourquoi ? Aucune raison, t'as rien fait de mal, crois-moi. » la rassura la blonde.
« Ouais, bien que si tu veux mon avis, reste dans l'aventure d'un soir avec Whale. » ajouta Rose. « De ce que j'ai vu, le gars n'est pas du genre à s'intéresser à des relations plus sérieuses que ça. Mais ce n'est pas forcément mal, mes histoires ont quasiment toujours duré une nuit. »
« Ouais, moi aussi. » renchérit Emma.
« Oui, mais ça, c'est parce que vous êtes... »
Mary Margaret s'arrêta, n'osant pas continuer. Elle ne voulait pas vexer les deux sœurs. Mais à en juger par leurs expressions, elles n'allaient pas laisser tomber, maintenant qu'elle avait commencé.
« Parce que... Parce qu'on est quoi ? »
« ...Ce n'est pas grave. » tenta-t-elle de minimiser.
Elle se retourna, continuant de préparer son thé, mais Rose et Emma n'allaient pas abandonner.
« Non, vas-y, dis-nous. On est quoi ? »
Après hésitation, Mary Margaret prit sa tasse et se tourna vers elles, puis se lança.
« Vous vous protégez tout le temps. Emma, tu restes derrière ton mur, et Rose... C'est comme si tu te cachais sous un masque. »
Rose ne répondit pas, haussant les sourcils d'étonnement. Pas parce qu'elle ne s'y attendait pas, mais parce qu'au contraire, Mary Margaret avait vu très juste.
« Non, pas du tout, mais je ne m'emballe pas. » se défendit Emma.
« Quoi, tu t'emballes pas quand il s'agit de mecs ? » répliqua Mary Margaret avec scepticisme. « Ton allergie aux bouquets de fleurs dit tout le contraire. »
« C'était pour protéger Rose, je croyais que c'était Graham qui les avait envoyés. »
« Vraiment, Princess Swan ? Si ça avait été le cas, je peux gérer ça moi-même, tu sais. »
« Allez, si les fleurs avaient été de Graham, tu les aurais accepté ? »
« Non, mais ce n'est pas la question. »
« Vous voyez ? Allergie aux bouquets de fleurs, toutes les deux. » répéta l'enseignante, contente de prouver son point de vue.
« Je n'ai pas d'allergies aux bouquets de fleurs, je n'en ai jamais beaucoup reçu pour commencer. Et qu'est-ce que c'est supposé vouloir dire ? » demanda finalement Rose avec un soupir, posant de la confiture sur la table.
« Ce qui est évident pour tout le monde, excepté toi, on dirait. Il est clair que tu as des sentiments pour Graham. »
Rose se figea une seconde à l'affirmation de Mary Margaret. Emma jeta un coup d'œil soucieux vers sa sœur adoptive, mais celle-ci se retourna vers la jeune femme brune.
« Je ne pense pas qu'on puisse vraiment parler de 'sentiments'. Ok, je l'aime bien, et peut-être qu'il m'aime bien, qui ne le ferait pas après tout, mais... »
Mary Margaret l'interrompit et la pointa du doigt.
« Tu vois ? Ton masque. Tu fais comme si tu avais parfaitement confiance en toi et que tu ne te souciais pas de si on t'aime ou non, mais c'est faux. J'ai vu comme tu avais l'air surprise quand je te demandais qu'elle était ton plat préféré pour que je te le prépare, ou quand Henry t'a serré dans ses bras pour être consolé, avant qu'il s'aventure dans la mine. Comme si tu ne pouvais pas comprendre pourquoi on t'apprécierait tel que tu es. »
Rose se retrouva incapable de répondre. Elle ne pensait pas un instant que l'enseignante pourrait voir à travers elle. Même Emma n'avait pas entièrement conscience de cela, son regard surpris le confirmait. Il fallait dire qu'elle ne se comportait pas comme ça avec elle. Peut-être que seul un point de vue extérieur aurait justement pu voir ça.
« Rose, c'est vrai ? » demanda doucement Emma.
La jeune femme soupira profondément avant de s'expliquer.
« Emma, on a énormément en commun, on a vécu quasiment les mêmes expériences, et on a les mêmes insécurités. Mais tu as déjà eu une relation sérieuse, tu as déjà eu quelques amis en dehors de moi. Pas moi. Tu le sais. Et j'ai juste...fini par croire que j'étais une personne difficile à aimer, tu sais ? »
« Je sais, mais je ne pensais pas... Tu penses vraiment qu'Henry ou Mary Margaret t'apprécient juste à cause de moi ? »
Rose haussa les épaules.
« Honnêtement ? Je ne sais pas. Mais Henry est ton fils. Mary Margaret a créé un lien d'abord avec toi. Et Graham... J'ai pensé aussi que c'était parce que tu devenais son ami, et puis, il a commencé à parler avec moi, à plaisanter avec moi, même si tu n'étais pas là, comme s'il se souciait de moi...juste parce que j'étais...moi, tu sais ? »
Emma et Mary Margaret regardèrent Rose avec tristesse et compassion. Cela rendit la brune mal à l'aise, en particulier de la part de Mary Margaret. Elle ne montrait de vulnérabilité qu'avec Emma seulement (bien qu'en vérité, elle avait commencé à en montrer aussi à Graham). Elle n'était pas habituée à en montrer à d'autres.
« Oh Rose... » commença sa sœur de cœur.
« C'est bon, Princess Swan... »
« Rose, écoute. » commença Mary Margaret, s'avançant vers elle. « Sache que ce n'est pas à cause d'Emma que je me lie d'amitié avec toi. Je t'aime bien aussi. Tu es gentille, drôle, et attentionnée. Et ce sont pour les mêmes raisons qu'Henry t'aime bien. Et sûrement Graham aussi. Pas à cause d'Emma. »
« Elle a raison. Au contraire, de nous deux, c'est toi la plus sociable, c'est toi qui es le plus prête à accorder une chance aux gens. Et dans tous les cas, tu es parfaite comme tu es. Et ne pense jamais que personne ne pourrait t'aimer. »
Rose regarda tour à tour Emma et Mary Margaret, ne voyant que de la gentillesse et de la sincérité dans leurs yeux. Elle sourit et essuya rapidement ses yeux en sentant des larmes lui venir.
« Si je pleure à cause de vous, je vous jure que je vous tue ! »
Les trois femmes rirent ensemble, et toute la tension dans la pièce disparut d'un coup. Mais le sujet initial de la conversation revint quand Mary Margaret ressortit les fleurs de la poubelle pour les mettre dans un vase.
« Donc... Est-ce que tu admets que tu as des sentiments pour Graham ? » demanda cette dernière prudemment.
Rose soupira et croisa les bras.
« Je ne sais pas... Peut-être. Peut-être pas. Dans tous les cas, je veux être sûre de ce qu'il pense ou ressent avant de faire quoique ce soit à ce propos. »
« Tu as bien raison. » lui assura Emma. En remarquant le regard de Mary Margaret, elle ajouta : « Quoi ? Tu vas parler de mon mur, maintenant ? Ce n'est pas un mur. »
« Vraiment ? » fit l'enseignante, clairement pas convaincue.
Emma se tourna vers sa sœur pour du soutien, mais celle-ci grimaça et admit :
« Elle n'a pas tort, Princess Swan. Je ne critique pas, car je suis pareille d'une manière différente, mais tu as un mur, dès qu'il s'agit de relations amoureuses. »
« On fait attention, c'est tout. Ça se comprend ? » se défendit Emma en se tournant vers Mary Margaret.
« Oui. Ça oui, bien sûr, mais le mur que tu t'es construit, ou le masque que Rose porte, vous évitent peut-être certains chagrins, c'est vrai. Mais ils font aussi barrières à l'amour, aux sentiments. »
Emma et Rose échangèrent un regard tandis que l'enseignante plaçait son pot de fleurs dans l'appartement. Elle avait probablement raison, mais est-ce que de l'amour potentiel vaudrait le chagrin ?
Rose n'avait pas la réponse à cette question.
*****
Graham avait perdu de vue le loup. L'animal avait disparu à travers un fourré trop épais pour qu'il puisse s'y glisser. Il avait dû le contourner, mais il ne voyait même pas un soupçon de gris de la fourrure du loup. Trouver des traces de son passage se révélait également très difficile, même si le jour s'était levé.
Il commençait à se dire qu'il avait peut-être halluciner, lorsqu'il entendit son hurlement au loin. Le shérif se remit à courir, se précipitant entre les arbres dans la direction du son. Mais le hurlement cessa et le loup n'était nulle part en vue.
Soudain, les buissons devant lui bougèrent. Graham se tendit, mais il tendit le cou, espérant apercevoir le loup à l'œil rouge...mais fut déçu et surpris de voir plutôt Mr Gold surgir derrière le feuillage.
« Bonjour Shérif. » le salua poliment l'homme en s'avançant. « Excusez-moi si je vous ai fait peur. »
« Non, désolé. J'ai cru que vous étiez un loup. » expliqua Graham, haletant après sa course.
« Aurais-je oublié de me raser ? » plaisanta l'homme avec un sourire en coin.
Le shérif ignora la tentative d'humour, plus intrigué maintenant qu'il prenait le temps d'observer le prêteur sur gages. Il portait des gants, un tablier taché de terre sur son impeccable costume, et tenait une pelle dans sa main.
« Qu'est-ce que vous faites là si tôt ? »
« Un peu de jardinage. » fut la seule réponse de Gold, son sourire ne quittant pas ses lèvres. « Et vous ? »
Il se retrouva brusquement hésitant. Cela paraitrait tellement étrange à n'importe qui. Lui-même n'était pas sûr de ce qu'il faisait là. Pourquoi suivait-il ce loup ? Pourquoi l'avait-il vu en rêve ? Et pourquoi il lui paraissait inexplicablement familier ?
« Euh, je cherchais un... »
« Un loup, oui. Oui, j'avais bien entendu ce que vous aviez dit. Autant que je sache shérif, il n'y a pas de loup à Storybrooke. Ou en tout cas, au sens propre. D'où sort-il, ce loup ? »
Graham grimaça, n'osant pas avouer sa raison. C'était déjà trop étrange pour lui-même.
« Vous allez croire que je suis cinglé. »
« Je vous écoute. » dit simplement Gold.
« J'en ai vu un en rêve, et juste après, j'en ai...vu un en vrai. » avoua-t-il, même s'il savait à quel point il devait sembler ridicule. « C'était il y a quelques heures. Vous n'avez rien vu d'inhabituel, dans le coin ? »
Le sourire de Gold avait disparu, mais son expression restait indéchiffrable. Au moins, il ne le regardait pas comme s'il était fou. L'homme avança de quelques pas jusqu'à se tenir devant lui.
« J'ai bien peur que non. » répondit-il après un moment. « J'aimerai pouvoir vous être plus utile. »
Il passa devant lui, semblant retenir un grognement de douleur et ce ne fut que maintenant que Graham se demanda vraiment ce que faisait Gold ici. Le chemin dans la forêt avait dû être difficile avec sa jambe blessée et en portant une pelle, même aidé de sa canne. Qu'y avait-il de si important qui avait poussé Gold à s'infliger autant de douleur ?
L'homme en question s'arrêta alors et le shérif se tourna vers lui lorsqu'il continua :
« Vous savez, on dit que les rêves...sont des souvenirs. Des souvenirs d'une autre vie. »
Souvenirs...d'une autre vie ? Il avait dit à Regina que son rêve avait ressemblé à un souvenir... Était-ce...possible ?
« Et vous, vous en pensez quoi ? » demanda-t-il.
« Je n'exclue aucune éventualité. » Gold lui sourit énigmatiquement, puis se détourna, enjambant un arbre tombé sur le sol. « Bonne chance, shérif. J'espère que vous trouverez ce que vous cherchez. »
Graham regarda l'homme partir et fut alors frapper d'une sensation étrange. Il faillit crier le nom de Gold pour le retenir, pourtant ne s'y résolut pas. Il n'arrivait pas à décrire ce pressentiment. Comme si...il était censé dire quelque chose à Gold. Il ne savait pas quoi, mais ça le frustrait et le rongeait. Il avait oublié quelque chose, quelque chose de très important qui impliquait Gold. Quelque chose qu'il avait besoin de lui dire, mais il était incapable de se souvenir quoi.
Cependant, alors que l'antiquaire disparaissait de sa vue, le sentiment étrange s'estompa au fil des secondes. Graham soupira profondément, frustré. Rien de tout cela n'avait de sens.
Il reprit sa marche, avançant au hasard. Il commençait à envisager de rentrer chez lui et de se porter pâle, lorsqu'il l'entendit à nouveau. L'hurlement du loup. Il n'était pas loin.
Toute idée de rentrer chez lui disparut et il reprit sa poursuite.
Il ignora combien de temps exactement il courut dans les bois. Un rapide coup d'œil à sa montre lui révéla finalement qu'il avait au moins une heure de retard au travail. Emma était sûrement énervée en ce moment. Mais son téléphone était déchargé et il avait oublié son talkie-walkie dans sa voiture. Pas comme si son adjointe s'en serait servie, elle les estimait trop archaïques.
Le shérif n'avait toujours pas aperçu le loup, mais ses hurlements devenaient plus forts, lui confirmant qu'il se rapprochait. Il s'arrêta net devant un tronc d'arbre à moitié tombé en entendant un grognement proche et en apercevant une fourrure gris-blanche à travers les fourrés.
Passant rapidement sous le tronc, il accéléra pour ne pas perdre vue l'animal et s'arrêta dans une toute petite clairière, où le loup s'était arrêté. Il s'immobilisa devant son regard, son œil rouge troublant fixer sur lui. Le loup ne grogna pas, ni ne montra une quelconque agressivité ou méfiance. Il le regardait simplement. Pas le comportement normal d'un animal sauvage.
« Qu'est-ce que tu veux ? » exigea-t-il, sa frustration devant la situation étrange rendant son ton plus dur. Bien sûr, le loup ne risquait pas de lui répondre.
Le loup souffla doucement et commença à s'éloigner.
« Hé ! »
Il ignorait ce qui l'avait poussé à faire ça, mais il siffla instinctivement pour l'appeler. Aussi incroyable que cela puisse être, le loup s'arrêta, comme s'il reconnaissait l'appel. Il fit demi-tour et trottina dans sa direction, s'arrêtant devant lui.
Graham tendit la main avec hésitation et, malgré ce que son esprit rationnel lui disait, la posa doucement sur la tête du loup. Il laissa échapper un souffle étonné alors qu'il caressait lentement l'animal. Il n'avait jamais eu de chien, pourtant l'impression lui paraissait si familier, comme s'il l'avait déjà fait... - Une forêt différente - une jeune fille aux longs cheveux noirs et à la peau blanche levait la tête avec des larmes dans les yeux – la lame d'un poignard brillant dans sa main – une jeune femme aux cheveux bruns dans une cellule sombre, un sourire triste sur les lèvres – un sigle en pierre ressemblant aux bois d'un cerf et le loup hurla – Graham cligna des yeux, sous le choc, et les images s'arrêtèrent aussi vite qu'elles étaient venues. Le loup était parti. Il était à nouveau seul.
Il n'avait pas l'impression qu'il retrouverait le loup aujourd'hui. Mais maintenant qu'il l'avait vu, il avait encore plus de questions.
Graham passa une main sur son visage et dans ses cheveux, s'efforçant de ne pas paniquer. Sa peau était moite et chaude, et ses yeux le démangeaient.
Peut-être que je devrais me rendre à l'hôpital... Ou voir Archie.
Il avait l'impression de perdre la tête. Que lui arrivait-il ? Pourquoi voyait-il ces choses ? Qui était cette femme brune enfermée, qui le faisait un peu penser à Rose ? Et Mary Margaret... Elle avait été plus jeune et ses cheveux plus longs, mais c'était bien Mary Margaret qu'il avait vu aussi dans sa...vision. Pourquoi tenait-il ce couteau ?
Et pourquoi...avait-il l'impression qu'il s'apprêtait à l'utiliser sur Mary Margaret ?
Il n'avait pas les réponses, mais peut-être que l'enseignante le saurait. Il devait lui parler.
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Je n'ai jamais autant écrit du point de vue d'un autre personnage que Rose. Mais c'est nécessaire à l'histoire, car notre Chasseur n'est pas amoureux d'Emma ici, mais de notre Rose préféré. J'espère que vous avez aimé, n'hésitez pas à voter et commenter, prochain chapitre début juillet !
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