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𝐍𝐘𝐌𝐀𝐋𝐈𝐀

Ça faisait exactement trente minutes que j'étais assis dans le bureau de Gabriel. J'avais peur, très peur de même imaginer ce qui avait pu arriver à Elyrion par la suite.

C'était les trente minutes les plus longues de mon existence. Je ne voulais même pas imaginer le pire, imaginer qu'il soit mort, qu'ils l'aient tué, c'était pas possible, on avait une fin heureuse à accomplir ensemble, j'avais encore de l'espoir au plus profond de moi.

J'avais juste à trouver un moyen de le sortir de là, peu importe ce que cela coûte, je devais le faire, je ne pouvais pas le laisser ainsi, il s'était sacrifié pour me sauver, moi et les miens, je ne pouvais pas le laisser comme ça, entre les mains de ces démons fous de rage et de colère.

Ces derniers instants dans l'arène n'arrêtaient pas de me monter à la tête, je le revoyais encore et encore disparaitre dans la foulée de démons, et ça empirait encore plus cette douleur que je ressentais en moi, cette peine, cette peur de ne plus jamais le revoir, cette peur de découvrir un jour qu'il était mort.

La porte du bureau s'ouvrit, je me précipitai de tourner la tête et c'était Samuel.

— Samuel ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Demandai-je, surprise.

— Eh bien, c'est le bordel total dehors, mais vu que je suis ton patron en quelque sorte, je voulais te voir. Dit-il avec un petit sourire.

— J'ai bien peur que tout ça soit du passé maintenant.

— Peut-être bien. Alors, tu m'expliques qu'est-ce qui t'est passé par la tête pour avoir une idée pareille ? Me demanda-t-il en s'asseyant en face de moi.

— À ta place, je laisserais pas Gabriel me voir sur sa chaise.

— T'inquiète pas pour ça. Alors, tu m'expliques ? Pourquoi ?

— Je sais pas, Samuel, parce que je l'aime, c'est tout, je l'aime même beaucoup, et c'est normal que tu comprennes rien à ça, puisque les anges sont pas censés avoir ce genre de sentiments, mais c'est pas le cas pour moi, je l'ai fait par amour, tout de même pour lui, il voulait pas me perdre, tout comme moi. Répondis-je en me calmant un peu.

— Effectivement, je ne comprendrais jamais, mais bon, je ne suis pas du tout en colère contre toi.

— Tu dois bien être le seul dans ce cas. Répondis-je avec un petit sourire.

— Bon, j'espère que t'auras pas de gros emmerdes à cause de ça. Enfin, même le penser, c'est se donner de faux espoirs, mais je l'espère sincèrement.

— Merci, et t'as des nouvelles d'Elyrion ? Je suis super inquiète pour lui. Demandai-je à Samuel.

— Tu ne vas peut-être pas être d'accord, mais, à l'heure actuelle, il est peut-être déjà mort, Nymalia.

— Non, je refuse d'y croire, il est bien vivant, j'en suis sûr. Répliquai-je rapidement en me levant de la chaise.

C'était ce que j'essayais de me convaincre, c'était ce que je voulais, mais c'était pas forcément ce qui se passait, il était peut-être déjà mort, mais je gardais l'espoir, pour lui, pour nous.

— Comme je l'ai dit, tu refuseras d'y croire, mais il faut bien accepter la réalité à un moment ou à un autre. Et pour l'instant, il vaudrait mieux penser à ce qui t'est réservée, Nymalia. Dit-il simplement en se levant pour quitter le bureau.

— Tu penses qu'ils vont me faire quoi ? Soit sincère avec moi. Questionnai-je à Samuel.

J'étais tellement inquiète pour Elyrion que je ne me suis jamais demandé ça, mais je me foutais de tout ce qui pouvait m'arriver tant que j'avais la confirmation qu'il était bien en vie.

— Beaucoup de choses peuvent arriver quand on commet quelque chose d'aussi grande importance, Nymalia. Je t'avais dit de ne pas tenter quelque chose de stupide pour lui, et c'est exactement ce que tu as fait. Il faudra bien l'assumer, tu resteras toujours mon ange préférée, quoi qu'ils puissent décider là-haut. Dit Samuel en sortant de la pièce.

Je m'assis de nouveau sur la chaise, en attendant impatiemment l'arrivée de Gabriel pour qu'il puisse m'annoncer mon sort. Peu importe ce qui m'arrivera, je retournerai en enfer pour le récupérer, je ne le laisserai pas tomber.

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La porte s'ouvrit de nouveau et cette fois c'était Gabriel. Il était venu pour m'annoncer ce qu'ils m'avaient réservée.

D'un coup, j'étais stressée à l'idée de ce qui pourrait bien m'arriver, je sentais la pression et la peur monter en moi comme jamais. Qu'est-ce qu'ils pourraient bien me faire pour me punir de cette trahison ?

Je le suivais du regard de la porte jusqu'à sa chaise dans un énorme silence, il me regardait droit dans les yeux sans dire un mot, ce qui amplifia la pression en moi.

— On va faire ce duel de regard pendant longtemps ? Dis-je en brisant ce silence lourd.

— Bon, déjà pour t'informer, Elyrion est toujours en vie.

Je ressentais un soulagement énorme en moi d'avoir enfin de ses nouvelles, j'étais en quelque sorte délivrée de le savoir.

— Mais vu comment ils l'ont malmené dans l'arène, je doute qu'il soit en pleine forme par contre. Reprit-il.

— Je dois sortir d'ici et l'aider, tout ça, c'était mon idée,je dois être la seule à être punie, je l'ai convaincue de le faire, il voulait pas.

— J'en doute que l'enfer le voit comme ça. Nymalia, il avait le choix et il a contredit les siens, mais bon, ce n'est pas Elyrion notre sujet principal.

— Moi, je dis que si, c'est ça l'important, je dois l'aider ; sinon, vous pouvez me donner le même sort que l'enfer lui réserve. Si ça peut aller jusqu'à la mort, je le choisirai plutôt que de rester là et ne rien faire.

— Arrête de dire des choses sur des coups d'émotion, Nymalia, tu t'en remettras de cette petite folie amoureuse.

— NE ME DIT SURTOUT PAS CE QUE JE DOIS FAIRE, GABRIEL, JE N'AI JAMAIS DEMANDÉ À ÊTRE VOTRE FOUTUE PROPHÉTIE POUR UNE APOCALYPSE, VOUS LE SAVEZ ET VOUS M'AVEZ LAISSÉ TOMBER AMOUREUSE DE LUI, ALORS ÉVITE DE ME DIRE CE QUE C'ÉTAIT COMME AMOUR, PARCE QUE C'ÉTAIT PAS TOI. Criai-je en frappant mes deux mains sur le bureau.

— C'est bon ? T'a dégager ta colère, frustration, peine ? Peu importe ce que c'était ? Me questionna-t-il calmement.

— Pourquoi mon père m'a laissé faire ça ? Il savait depuis le début que j'allais le faire et que j'allais être puni pour ça, alors pourquoi ne m'en a-t-il pas empêché en envoyant l'un d'entre vous ? Demandai-je en fixant Gabriel du regard.

— C'était peut-être une épreuve, un test, pour voir si t'allais succomber et gâcher ce qu'on attendait depuis longtemps, ou peut-être même que depuis le début, c'est le plan de notre père ; c'était peut-être son plan pour rompre l'accord de la prophétie avec Lucifer, un plan pour faire échouer l'apocalypse. C'est peut-être ce qu'il voulait depuis le début, et franchement, je comprendrais pourquoi il t'a laissé faire, mais tout ça, ce ne sont que des théories, malheureusement.

— Si c'était un plan, alors pourquoi il me punit d'avoir accompli ce qu'il voulait ? Questionnai-je à Gabriel.

— En revenant à ça, il veut pas te punir, il t'offre un choix que j'espère que tu réfléchiras avant de choisir Nymalia.

C'était quoi ces choix ? J'étais sûre que c'était pire que d'être puni, j'étais prête à assumer.

— Et c'est quoi ? Demandai-je d'un ton ferme.

— Pour info, on a proposé l'idée à Lucifer pour Elyrion, mais il peut ou pas l'utiliser.

— C'est quoi ces choix, Gabriel ? Demandai-je de nouveau.

— Alors, après des minutes de discussion, nous avons décidé de te donner le choix entre "rester ici, comme une ange, continuer tes journées habituelles, mais tu ne pourras plus revoir Elyrion ; ou être avec Elyrion, mais on te donnera une âme, tu mèneras une vie humaine avec lui au cas où il te choisirait, si Lucifer décide bien sûr de faire pareil".

Quoi ? Et il osait me dire que ce n'était pas une punition de choisir entre ce que j'étais depuis la nuit des temps et le démon que j'aimais.

Ces derniers mots faisaient écho dans ma tête. C'était quoi ces choix de merdes ? Pourquoi je devais choisir ? Comment je devais choisir entre être une ange et Elyrion ? Comment ils avaient pu oser me demander ça ?

— Ça va ? Me demanda Gabriel.

— Je suis censée répondre quoi à ça ? Qu'une ange va toujours bien ?

— Vois le bon côté des choses, t'as un choix qui te permet d'avoir une vie avec Elyrion.

— Et de perdre ce que je suis réellement ?

— Alors, c'est le moment de voir ce qui est le plus important pour toi, Nymalia : lui ou être une ange et aider des âmes. Tu peux choisir de devenir l'un des êtres fragiles et mener une vie amoureuse avec lui, déjà s'il te choisit, s'il arrive à supporter de passer le reste de sa vie à ne plus torturer des âmes, ce qu'il aime beaucoup comme les autres démons, je suppose, alors fais ton choix, Nymalia.

Depuis le début, je voulais le trouver et être avec lui, savoir qu'on aurait une fin heureuse, sachant qu'on vivrait jusqu'à la fin ensemble, mais ce choix enleva tout ça de ma tête. C'était même pas le fait qu'il pouvait pas me choisir, c'était moi.

C'était tout ce que j'étais, une ange aidant des âmes depuis toujours, et je devrais abandonner tout ça pour lui. Est-ce que c'était raisonnable ? Je ne suis rien d'autre sans ça ; je voulais le choisir et le prendre dans mes bras, mais je ne serais plus une ange.

À cet instant, je réalisais à quel point ça comptait pour moi d'être une ange, d'aider des âmes dans le besoin. Je pouvais pas abandonner Elyrion et je pouvais pas abandonner l'être que j'étais.

— Comme je te l'ai déjà dit, réfléchis bien à ta décision : rester ici et faire ce que tu sais faire le mieux ou mener une vie fragile d'être humain à se frapper le petit orteil, à se faire chier, et si malgré tout ça tu décides toujours cette vie, alors j'espère sincèrement que tu reviendras à nous lors de ta mort, qui peut être douloureuse, lente, pleine de souffrance ou rapide, peu importe, je l'espère sincèrement.

— Je prends ça comme une tentative d'influencer ma décision.

— C'est vraiment pas le cas, même si ça peut le paraître. Je te laisse quelques minutes pour réfléchir à ton choix. Fais le choix qui te semble juste pour toi. Dit Gabriel en me souriant avant de quitter le bureau.

J'arrivais même plus à réfléchir correctement, tout se bousculait dans ma tête,et si je choisissais Elyrion et qu'il ne me choisissait pas ? Qu'est-ce que j'allais devenir sur terre ? Et s'il me choisissait et que ça n'arrivait pas à fonctionner entre nous en tant qu'êtres humains ? Et si je regrettais d'avoir choisi lui au lieu de ce que j'étais réellement.

Une vie humaine est-elle possible pour moi ? Le fait d'avoir mal, de ne pas avoir de pouvoir, les voisins qui font chier, de m'adapter à une vie sur terre, une vie de famille, d'être mère, m'occuper d'un enfant, entendre des heures de pleurs, est-ce que j'étais réellement prête à mener une vie de couple dans ce genre de situation ? Je n'avais aucune réponse à mes questions.

J'avais tellement de suppositions dans ma tête que je n'arrivais plus à bien les formuler, et si ceci, et si cela, mais tous les inconvénients venaient du fait que si je choisissais Elyrion, de l'autre, j'aurais juste un mal d'amour pendant quelque temps et ça passerait, je continuerais ma vie.

J'étais perdue complètement, je pensais que j'allais le choisir sans hésiter, mais c'était plus difficile que ça, c'était encore plus dur d'envisager le choix de l'abandonner. J'étais sûrement égoïste d'envisager ça parce que je ne m'imaginais pas autre chose qu'être une ange.

Mais je devais choisir, et j'espérais sincèrement que je ne regretterais pas le choix, que ça soit Elyrion ou être une ange.

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