𓆩TЯΞЛTΞ-ϾłЛǪ𓆪
✞ 𝐍𝐘𝐌𝐀𝐋𝐈𝐀 ✞
Cette nuit, comment l'oublier, ça rôdait toujours en boucle dans ma tête : le voir sous sa vraie forme, ne plus être obligé de voir ce visage qu'il me montrait en permanence pendant un instant, partager ce genre de chose ensemble en étant sincères.
Je restai devant la boulangerie-pâtisserie de George à regarder à droite et à gauche en attendant Elyrion.
Je supposais que les sœurs de Chilène avaient décidé de le vendre puisque, après l'enterrement de George, elles ne l'avaient pas réouverte.
Sorti de nulle part, Elyrion atterrit devant moi en rentrant ses ailes. Je me pressai dans ses bras pour l'embrasser, il m'avait manqué pendant ces deux derniers jours.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? On était censé se voir hier. Demandai-je en caressant son visage.
— J'étais un petit peu occupé en enfer à faire des trucs pour Grindelle,elle voulait pas me lâcher, mais je suis à toi maintenant. Répondit Elyrion en souriant.
— Tu m'a manqué sale démon, j'étais même inquiète. Dis-je en l'embrassant de nouveau.
— Toi aussi, tu m'as manqué. Alors, t'as du nouveau en haut à propos d'Elliot ? Me demanda Elyrion.
Je ne voulais pas repenser à ces choses, l'apocalypse, qu'Elliot était le porteur de la fin du monde, je voulais juste qu'on profite de nous, à prendre des âmes et à faire des trucs complètement fous.
— Non, rien du tout,on dirait que c'est de nouveau calme. Répondis-je en essayant d'éviter le sujet.
— T'as pas vu la mort ces jours-ci ? Elle ne t'a rien dit ? Persista-t-il.
— On se voit à peine et on ne parle que de ça, profitons juste de nous, Elyrion, s'il te plaît.
— Bon d'accord, allons récupérer des âmes, ma petite ange. Répondit Elyrion en prenant ma main dans la sienne.
Ainsi, on se promena main dans la main, étant invisibles en plein milieu de la route.
— Tu sais autre chose que je déteste après les ascenseurs ? C'est marché, mais avec toi, je trouve ça toujours marrant. Dis-je en poussant Elyrion d'un coup d'épaule.
— C'est pas une phrase cliché, ça ? Demanda-t-il pour me taquiner.
— Non, j'ai jamais lu de livres où il y avait l'un des amoureux qui détestait les ascenseurs, c'est pas cliché, sale démon. Répondis-je en rigolant.
— Il y en a beaucoup dans notre genre ? Des livres qui racontent des histoires entre anges et démons ? Me demanda Elyrion.
— Il y en a quelques-uns , ouais, mais la plupart des histoires qui incluent nos camps parlent la plupart du temps de Lucifer qui tombe amoureux d'une humaine ou parfois d'un ange qui tombe amoureux d'une humaine ou l'inverse. Expliquai-je à Elyrion.
— Ah ouais, je dois en lire un pour voir comment il décrit un Lucifer amoureux. Répondit-il en rigolant.
— Et comment il est en vrai ? Demandai-je curieusement.
— Physiquement ? Il n'est pas du tout l'image que les humains lui procurent, du genre monstrueux, laid, il est même très beau, j'avoue, avec des ailes dorées. Répondit Elyrion.
— Je connaissais déjà tout ça, je parlais de son comportement, comment il est ? Après avoir été déchu pour avoir tenté de défier Dieu.
— Eh bien, je dirais très déçu de lui-même et qu'il accomplit le rôle qu'on lui a attribué, d'être le grand méchant et torturé des âmes.
Après de longues minutes, nous arrivâmes enfin dans la maison où je devais récupérer l'âme, nous traversâmes la porte et nous montâmes à l'étage.
— T'es sûr que c'est là que t'as ton âme ? Me demanda Elyrion en sortant une liste de sa poche.
— Oui, pourquoi ? Demandai-je curieusement.
— J'ai aussi mon âme ici, Jacques Beaubrun.
— Moi, c'est Rosalie Nest, que je suppose qui s'appelle aussi madame Rosalie Beaubrun.
Prit de curiosité, nous traversâmes la porte de la chambre et Rosalie était allongée sur un lit et son mari était assis à ses côtés.
— Il n'a pas l'air d'être malade ? Je me demande bien comment il va mourir ? Se demanda Elyrion en essayant de comprendre les choses.
Je n'arrivais pas à comprendre aussi, sa femme était dans une phase finale d'Alzheimer dont elle était atteinte depuis des années, et aujourd'hui c'était son dernier jour, mais pour le mari j'en savais rien.
— Je crois que je viens de comprendre la situation : il va se suicider sûrement. Suggéra-t-il en regardant le couple.
Je m'approchai d'Elyrion, en observant à mon tour les deux personnes âgées. La femme ouvrit les yeux et sursauta en voyant le mari à ses côtés.
— Oh bon Dieu ! Qui êtes-vous ? Demanda la femme en ayant du mal à respirer.
Sur le visage du mari, je pouvais voir le désespoir de voir que sa femme ne le reconnaît plus et c'était compréhensible, il a dû subir ça durant des années.
— Je suis Jacques Beaubrun, ton mari, j'ai dû te dire ça des milliers de fois, mon amour, et jamais j'arrêterai de te le redire. Dit l'homme avec un sourire.
— J'étais mariée ? Je ne m'en rappelle pas du tout. Si j'avais connu un si bel homme comme toi, je suis sûre que je ne l'aurais jamais oublié. Répondit la femme en souriant.
— Alors, je suppose que je dois pas être aussi beau que tu le dis.
Les mains tremblantes,il prit la main de sa femme en guise de réconfort.
— Nous nous sommes rencontrés en 1970, j'avais vingt ans et toi dix-sept, et nous sommes rapidement tombés amoureux l'un de l'autre, et on en a vécu des beaux moments ensemble, qui resteront gravés à jamais dans ma mémoire pour nous deux.
— Je comprends parfaitement que je sois tombée amoureuse d'un si beau visage, même étant complètement vieux, des filles auraient craqué, j'imagine même pas quand t'étais jeune.
Des larmes commençaient à se voir sur le visage du mari qui ne supportait clairement pas de voir sa femme complètement l'oublier.
— Je crois bien que oui. Ensuite, nous nous sommes mariés en 1978. Tes parents disaient que t'étais trop jeune pour ce genre de vie de femme mariée, mais tu t'en foutais complètement, on s'en foutait de tout ça. En 1981, on a eu notre premier enfant et ainsi plein d'autres après, au total sept, c'est beaucoup, je sais, mais bon, et ensuite, eux à leur tour nous ont donné de magnifiques petits-enfants. Continua de rappeler le mari à sa femme en souriant.
— Woaw, on dirait que ce moi a eu une belle vie.
— Oh si, elle l'a eu, même si parfois tu me cassais vraiment les couilles, comme le diraient les jeunes d'aujourd'hui, mais t'es une femme incroyable, combattante et forte, tu ne recules devant rien pour les gens que t'aimes ; à toi seul, t'as su gérer notre famille.
Elyrion et moi restâmes silencieux regardant la scène, le mari approcha la main de sa femme vers son cœur tout en pleurant.
— Même si ça ne me touche pas, je dois avouer que c'est touchant. Dit Elyrion en soupirant.
— Ça doit être horrible pour lui, de voir cette personne avec qui il a tant de souvenirs l'oublier. Dis-je toujours en les fixant.
— Et maintenant, il va faire une grande connerie pour gagner le billet d'or pour l'enfer.
Les yeux de Rosalie se fermèrent et sa main se lâcha entre les mains de Jacques. Elle était morte.
Jacques la secoua plusieurs fois, ne pouvant pas croire qu'elle était réellement morte, mais réalisant enfin que c'était fini, il se leva en avançant vers un tableau qui se trouvait sur le mur.
Il l'enleva et derrière se trouvait un coffre. Il l'ouvrit et sortit une arme. J'avais envie de l'arrêter, de lui dire de ne pas faire ça, que ça n'allait pas l'envoyer au paradis avec sa femme, mais je ne devais pas intervenir dans ces situations.
Il retourna s'asseoir, cette fois-ci sur le lit à côté de sa femme.
— Je ne pourrais pas surmonter ça, ma chérie, ma vie n'a plus aucun sens sans toi. Je sais que tu ne l'aurais jamais accepté, tu m'aurais dit d'arrêter d'être aussi con et de déposer cette arme, et je suis complètement désolé de faire ça, mais le plus important, c'est qu'on se retrouvera de l'autre côté, mon cœur, je te le promets, on s'aimera de nouveau de l'autre côté. Dit l'homme avant de se faire exploser la tête en appuyant sur la gâchette.
En entendant le coup de feu, les autres membres de la famille se précipitèrent de monter vers la chambre, mais c'était trop tard et ils tombèrent sur cette scène macabre, la pièce rouge de sang et de cerveaux.
— Il pouvait pas vivre sans elle, il préfère se suicider. Si ça, c'est pas le vrai amour. Dit Elyrion en prenant l'âme inconsciente du mari.
— Dommage qu'ils ne se retrouveront jamais. Répondis-je en prenant l'âme de la femme.
Elyrion déploya ses ailes et s'envola. Je restai quelques secondes après, regardant la famille sous le choc et en pleurs avant de m'envoler.
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