Raiedroite

Raiedroite

Il était une fois, un jeune homme à la chevelure magnifique. Elle tombait en une cascade de boucles de jais à ses pieds dénudés. Ses mèches corbeaux, avaient la particularité d'être d'une longueur hors du commun. En effet, on pouvait observer des mètres entiers de chevelure lisse et soyeuse. Et malgré cette masse capillaire impressionnante, ce jeune home avait la raie étonnamment droite et impeccablement définie.

Cependant, ce merveilleux jeune homme du charmant nom de Severus, était enfermé dans une très haute tour. Sa demeure, toute de pierre construite, ne laissait pas d'issue possible. Severus était coupé du monde extérieur, livré à lui même, dans la prison de Sonckheur.

Severus était toutefois un jeune homme très cultivé. Il passait ses journées à lire, passionné par des univers qu'il ne pouvait partager et assoiffé de connaissances. Il lui arrivait parfois de se demander à quoi ressemblait le monde au delà de Sonckheur. Mais il était bien vite rattrapé par la terreur que lui apportait ce monde inconnu et possiblement rempli d'une multitude de choses aussi effrayantes que repoussantes. Alors Severus se renfermait un peu plus chaque jour aux tréfonds de Sonckheur.

Cependant, il existait une personne qui avait réussi à franchir les barrières de Sonckheur...

« Raiedroiiite ! Lance-moi ta cheveluuure ! »

Severus s'extirpa de sa lecture avec un léger grognement. Il alla se poster à la fenêtre et installa ses cheveux dans un système de poulie coulissante. Puis, avec une dernière caresse pour sa chevelure soyeuse, la lança par l'interstice qui servait de fenêtre.

Il attendit quelques instants. Puis, trois légers tiraillements capillaires lui firent se redresser et commencer à tirer sur sa soyeuse chevelure. Il déplorait silencieusement le gâchis et l'énorme travail d'entretien qu'il devrait effectuer une fois le visiteur hebdomadaire reparti. Et c'est dans ces moment-là que son cuir chevelu lui faisait regretter d'avoir accepté quelqu'un dans les murs protégés de Sonckheur.

Finalement, au bout d'un temps de dure labeur, une tête rousse avec deux charmants yeux verts fit son apparition dans l'encadrement de la fenêtre sans vitre.

« Severus ! »

La jeune fille posa son panier d'osier sur le sol froid se précipita sur son ami qui se remettait encore de son mal de crâne. Elle lui donna une étreinte chaleureuse, l'étouffant entre ses fins bras.

« Je suis contente de te revoir !

- Moi aussi Lily, grommela le concerné.

- Comment te portes-tu depuis samedi dernier ?

- Bien. Comme toujours... Et toi ?

- À merveille ! Tiens je t'ai apporté tes provisions de la semaine ! »

La jeune femme s'empara de son panier et le tendit à Severus. Il la remercia avec un petit hochement de tête reconnaissant.

Dans une synchronisation parfaite, les deux amis se dirigèrent dans la bibliothèque. Chaque semaine, c'était le même rituel. Severus s'asseyait dans le fauteuil vert forêt et Lily dans le rouge pourpre. Et comme toujours, Lily contait à Severus les merveilles du monde extérieur, tentant chaque fois de l'inciter à sortir.

Tandis que la jeune femme sextasiait sur la beauté de la nature en cette saison printanière, Severus regardait son visage constellé de tâches de rousseur, un rayon de soleil rendant sa peau couleur de miel.

C'est dans ces moments, où la joie et la candeur éclairaient ses traits, que Severus se rappelait à quel point c'était une richesse de l'avoir pour amie.

Après plusieurs heures, Lily repartit chez elle avec la promesse de revenir très prochainement tandis que Severus, lui, retournait à sa lecture, l'esprit emplit de sourires heureux.

Cependant, quelques minutes plus tard, un grattement insistant se fit entendre au pied de la tour. Severus se demanda si Lily avait oublié quelque chose et se pencha au dessus de sa fenêtre avec une prudence extrême. Et ce qu'il vit maqua de le faire trébucher.

Un jeune homme se tenait là, ses cheveux broussailleux dansaient avec la brise printanière et ses yeux d'un vert envoûtant inspectait les lieux calmement. Severus s'agita à la vue de cet inconnu. Il le trouva irrésistiblement charmant et se morigéna intérieurement. Il se donnait l'impression écoeurante d'être une de ces stupides princesses de conte de fées qui s'énamouraient de leur prince charmant au premier regard.

Finalement, l'inconnu tâta la surface de pierre de la pulpe de ses doigts, jeta un bref regard en haut de la tour, et s'en alla.

Severus resta un instant troublé par cette étrange visite. Qu'est-ce qu'un visiteur venait-il faire ici ? De toute sa vie, jamais personne ne s'était intéressé à Sonckheur. Excepté Lily bien évidemment. Il était peu commun que quelqu'un ose s'aventurer dans l'épaisse forêt entourant Sonckheur. La plupart des gens étaient découragés avant même d'avoir tenté d'approfondir leurs recherches.

Et le manège continua.

Chaque jour, le jeune homme au regard d'émeraude revenait. Chaque jour, Severus l'observait avec un peu moins de méfiance, un peu plus d'envie. Chaque jour, le mystérieux inconnu franchissait un pas de plus dans Sonckheur, abaisssait lentement chacune de ses défenses.

Cependant, vint un jour où le charmant jeune homme parvint à escalader les pierres escparpées de Sonckheur, avec adresse et agilité, l'inconnu se hissa au sommet de la tour, se retrouvant nez à nez avec un Severus aussi mortifié que intrigué.

Severus s'éclipsa dans l'ombre de la pièce sous le regard posé et scrutateur de son visiteur.

« Qui êtes-vous ? Demanda Severus.

- Je suis Harry. Et vous ?

- ...Mon nom est Severus, répondit-il après un instant d'hésitation. Que faîtes-vous chez moi ?

- Pour tout vous dire, cela fait un moment que j'étudie votre... chez vous. Et je dois avouer que cette tour m'intrigue fortement. Tout comme le jeune homme enfermé à l'intérieur d'ailleurs. Mais cela vous le savez déjà puisque vous m'observiez depuis votre fenêtre... n'est-ce pas ? »

Seul le silence accueillit son interrogation.

« Allez Severus, montrez-vous ! N'ayez pas peur, je ne vous ferez aucun mal. »

Severus émergea doucement de l'ombre, sa chevelure entourant sa silhouette élancée par vagues sombres et vaporeuses, telle une couronne d'ombre nimbant son corps fin. Sa raison lui hurlait par vagues d'avertissements le potentiel danger que représentait cet inconnu. Mais il continuait de s'avancer, avec prudence et lenteur, ses yeux plongés dans les émeraudes scintillantes de l'inconnu, comme hypnotisé par ces beaux yeux verts.

« Vous avez de beaux cheveux, constata Harry dans un murmure. 

- Merci, chuchota-t-il en retour. »

Severus s'approchait toujours plus près. À tel point, que leurs visages ne furent séparés que par une légère distance, leurs souffles respectifs venant s'échouer sur la peau de l'autre. Leurs yeux ne se lâchaient pas, ancrés dans des profondeurs nouvelles. Ils fouillaient et sondaient l'âme qui leur faisait face.

Les mains de Harry vinrent longer la mâchoire anguleuse de Severus. Il caressa de la pulpe de ses doigts, la peau d'une douceur nouvelle. Son pouce s'aventura le long de la pommette du jeune homme aux cheveux d'ébène.

Et, lentement, leurs visages s'inclinèrent et leurs lèvres se scellèrent. Ils échangèrent un baiser tout en douceur, leurs bouches se découvrant mutuellement avec un candeur touchante. C'était nouveau. C'était léger. C'était sucré. C'était innocent. C'était bien.

Harry et Severus finirent par se séparer et Harry posa son front tout contre celui de Severus. Ses paumes naviguèrent à nouveau le long de la mâchoire de Severus tandis que celui-ci se perdait dans le regard vert de Harry. Le jeune homme lui sourit doucement. Il déposa un léger baiser sur son front et s'empara de ses doigts fins. Harry entremêla leurs mains ensemble et attira Severus contre lui avec bienveillance. Il l'entraîna prudemment vers la fenêtre et noua les cheveux de Severus à la poulie.

Il s'enroula dans les boucles vaporeuses de Severus, le serrant tout contre son cur. Et, lentement, les fit glisser dans le vide. Ils entamèrent une descente fluide et gracieuse vers un monde mystérieux. Severus était livré à l'inconnu, blottit dans la chaleur des bras de Harry. L'herbe verdoyante les narguait de son tapis de nouveauté, se rapprochant toujours plus de leurs corps enlacés.

Finalement, ils touchèrent terre. Harry les déroula de leur cocon rassurant et il déposa Severus sur le sol, tout en délicatesse, comme on effleure une fleur gracile. Les pieds nus de Severus accueillirent pour la première fois un tapis d'herbe fraîche. Severus observa brièvement la clairière aux alentours, les arbres aux silhouettes effilés, les fleurs multicolores, les insectes bourdonnants de vie. Son regard se posa finalement sur Harry. Et Severus sourit avant de plaquer ses lèvres sur celle du jeune homme.

Peut-être Severus aurait-il du être effrayé d'être ainsi livré à un monde regorgeant de mystères. Mais il sentait que Harry le protégerait et l'aiderait à s'intégrer dans ce nouvel environnement.

Harry avait conquis Sonckheur et Severus était enfin libéré de sa prison. Sonckheur s'était ouvert sur la vie. Sonckheur s'était ouvert pour Harry.

Fin

-------

Après plusieurs mois, je reviens finalement avec un autre conte !!

Bien plus métaphorique celui-là haha... J'espère qu'il vous plaît !!

Pour le prochain, préférez-vous La Petite Sirène ou Le Petit Chaperon Rouge ?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top