Cendruson

Cendruson

Il était une fois, un beau jeune homme à la peau pâle comme la lune et aux cheveux noirs comme l'ébène. Ses iris étaient telles deux obsidiennes, lisses, brillantes et envoûtantes. Son charme et sa grâce n'avaient de comparaison en ce bas monde tant ils étaient supérieurs.

Cependant, son être si parfait était condamné à récurer les chaudrons ainsi qu'une immense demeure à longueur de journées.

En effet, sa douce et tendre mère, Eileen Prince, était morte quelques années auparavant, après s'être remarié avec une ordure de sang pur qui répondait à l'horrible nom de Tobias Rogue.

Son parâtre avait élu domicile dans le majestueux manoir Prince avec ses deux fils, Regulus et Sirius Rogue. Il obligeait Severus -car ainsi se nommait le charmant jeune homme- à récurer le Manoir de fond en comble et ne lui accordait guère plus de considération qu'un elfe de maison.

À force de traîner dans les cendres et la poussière, Severus s'était vu affublé du très charmant surnom de Cendruson.

« Cedruson ! Apporte-nous le déjeuner et plus vite que ça !

- Tout de suite Parâtre. »

Réprimant un grognement agacé, Cendruson s'empressa d'exécuter sa corvée au risque de subir le courroux de son Parâtre. Il avait déjà fait l'expérience plusieurs fois et cela s'était terminé assez mal pour notre jeune Severus, roué de puissants coups de fouet.

Avec un air qu'il espérait neutre, Cendruson fit irruption dans la cuisine et servit le petit déjeuner des trois personnes à table.

« Cendruson ! Quand tu auras fini la vaisselle, tu t'occuperas de la lessive.

- Oui Parâtre. »

La tête baissée pour cacher sa mâchoire crispée, Cendruson s'éloigna en direction de la cuisine avec un pas modéré.

Il s'empara d'un reste de déjeuner sur le coin de la table et le mangea avec peu d'intérêt.

Quelques instants plus tard, la voix grave de Tobias Rogue résonna à travers le couloir.

« Cendruson ! Viens débarrasser, nous n'avons pas toute la journée ! Nous devons aller au marché aujourd'hui. »

Un léger soupir franchit les lèvres du jeune homme tandis qu'il retourna dans la salle à manger pour ôter la table des assiettes sales.

Il plongea son fardeau dans l'eau chaude et entreprit de laver minutieusement chaque couverts. Son Parâtre avait horreur du travail mal fait.

Cendruson attacha ses cheveux noirs de jais en une queue de cheval en prévention du travail qui l'attendait. Il passa ensuite dans chaque chambres et ramassa le contenu des panières à linges sales.

Sa montagne de vêtement sur les bras, Cendruson se rendit au ruisseau qui coulait près de la demeure. Il sortit sa planche à laver et commença sa corvée. Il frotta avec entrain malgré sa répulsion intérieure et entreprit de penser à autre chose pour éviter de faire quelque chose qui déplairait à son Parâtre. Son esprit se mit alors à vagabonder parmi les lignes de l'imaginaire. Car, s'il y avait bien une chose qu'il adorait -et était autorisé- à faire, c'était la lecture ! Bien que cela lui valait toujours des insultes et des regards dédaigneux de la part des membres de sa supposée famille, les livres était son seul refuge et il refusait de s'en priver pour leur bon-vouloir.

C'est de ses magnifiques mains rougies et fripées par l'eau froide qu'il étendait le linge dans l'ombre imposante de la demeure quand Sirius vint le voir, son perpétuel sourire moqueur sur les lèvres.

« Hé Cendruson ! On a besoin de toi immédiatement. Le prince Harry vient de nous inviter à son bal ! Il veut trouver un époux. Ce sera assurément moi. Père pense que Regulus a sa chance mais tout le monde sait que je suis le plus charmant des deux. Enfin bref, Père tient à ce que tu remontes pour nous aider à choisir des tenues. Pas que tu aies un quelconque sens de la mode mais plutôt que Père a autre chose à faire de hautement plus important. »

Severus sentit la rage monter en lui comme à chaque fois qu'il croisait cet insupportable petit crétin pourri-gâté. Cependant, il ne laissa rien paraître et se laissa entraîner jusqu'à la chambre de Sirius où Regulus était également présent.

Des costumes avaient été éparpillés un peu partout dans la pièce et Severus soupira intérieurement au vu du rangement qui l'attendait.

Regulus lui lança un regard neutre depuis sa chaise tranquillement installée devant la coiffeuse aux reliefs dorés. Sirius, lui, s'empressa de choisir diverses tenues avant de s'engouffrer derrière un paravent pour se changer. Regulus en fit de même avec une attitude plus calme et posée que son frère aîné.

Plusieurs instants plus tard, Sirius réapparut avec un costume rouge pourpre soigneusement taillé, mettant en valeur sa musculature et sa silhouette élancée.

« Bon alors, qu'est-ce que tu en penses ? Demanda-t-il d'un air ennuyé. Non en fait, ton avis de crasseux m'importe peu. En quoi est-ce que tu t'y connais toi en élégance vu ton apparence ? En rien du tout. Regulus !!

- Si je peux me permettre, commença Cendruson en faisant fi de la remarque désobligeante. Je verrais mieux un habit de couleur bleu-gris pour faire ressortir la couleur de tes yeux.

- Je ne t'ai rien demandé, Cendruson. »

Severus ne répliqua rien et se contenta de hocher la tête lentement, malgré l'envie brûlante de lancer une tirade venimeuse à son odieux demi-frère.

Regulus débarqua quant à lui vêtu d'un costume noir et élégant. Donnant au jeune homme un aspect sobre et chic. Regulus jeta un bref coup d'oeil à Cendruson et put voir briller une lueur satisfaite dans ses yeux. Un léger sourire étira ses lèvres alors qu'il tourna sa tête vers son frère.

« Oui Sirius ?

- Que penses-tu de ma tenue ?

- Elle te va à ravir cher frère.

- Merci. Tu vois Cendruson ? Voilà quelqu'un qui s'y connaît en mode, cracha-t-il avec un ricanement hautain.

- Vous avez fini de choisir vos tenues ? Puis-je ranger la chambre ?

- Bien sûr que tu vas ranger la chambre. Père ne théberge pas pour que tu procrastines à longueur de journées. »

Le jeune homme à la peau pâle ignora le commentaires et commença à plier les vêtements avec tout le soin dont il était capable.

« Tu repasseras ces deux tenues et veilleras à ne pas les salir de tes doigts pleins de cendres. Il faut qu'elles soient impeccables pour le bal de la semaine prochaine.

- Bien, dans ce cas elles le seront. »

Avec un petit reniflement satisfait, Sirius repartit se changer et Regulus en fit de même.

Severus rangea chacun des costumes inutiles dans la grande armoire en bois. Il emmena ensuite avec lui les tenues de bal des deux jeunes gens qui étaient retournés à leurs occupations. Il poussa la porte grinçante de la pièce qui lui servait de chambre et posa les vêtements sur une chaise qu'il épousseta d'un revers de la main juste avant. Avec un petit soupir, Cendurson se laissa tomber sur son matelas miteux. Il sentait que la semaine à suivre n'allait pas être de tout repos avec l'excitation du bal planant sur sa tête comme un nuage d'orage.

Et il avait raison.

La semaine qui suivit la fabuleuse invitation fut une des plus abominables de sa vie.

Sirius le dénigrait sans arrêt, conservant cet air hautain que lui valait la certitude d'être le nouveau prince du pays. Regulus, qui pourtant était toujours assez calme et neutre envers Severus, était lui aussi stressé par le bal et ne cessait de lui ajouter des corvées en plus. Quant à son parâtre, Cendruson ne comptait même plus le nombre de fois ou celui-ci lui avait aboyé des ordres ne présageant rien de bon si la moindre petite erreur était commise.

C'est avec un soupir exténué que Severus s'allongea enfin dans son lit après avoir passé des heures à pomponner et finaliser l'apparence de ses deux demi-frères. Il se sentit soulagé de les savoir dans un carrosse en direction du palais royal lui laissant ainsi une soirée entière de repos bien mérité. Cendruson fit venir venir à lui un livre à la reliure e cuir d'un geste souple du poignet. Son parâtre lui interdisait formellement d'utiliser la magie, prétextant qu'un être comme lui ne devait pas souiller une force aussi pure. Mais en loccurrence, son parâtre était absent.

Il plongea avec délectation dans le monde de l'imaginaire, confortablement adossé à son oreiller rapiécé.

Plusieurs minutes plus tard, un drôle de bruit lui fit relever la tête de son ouvrage et ce qu'il vit le laissa momentanément sidéré. Un vieil homme à la longue barbe blanche et aux lunettes en forme de demi-lune sortit de sa cheminée en s'époussetant élégamment. Celui-ci était vêtu d'une longue robe rose fuchsia brillant de mille et une paillette s'accordant aux chapeau conique sur sa tête. Mais le plus surprenant était la paire d'ailes scintillante qui dépassait de son dos.

« Il faudrait penser à faire venir un ramoneur mon cher Severus, déclara-t-il en posant son regard bleu pétillant sur le jeune homme.

- C'est-à-dire que je n'utilise que très peu cette cheminée et... Mais qui êtes-vous et comment connaissez-vous mon nom ?

- Je suis ton parrain le féetaud mon cher enfant.

- Mon parrain ?

- Absolument. Maintenant, lève-toi de ce lit miteux, nous allons arranger ta tenue.

- Pourquoi voulez-vous arranger ma tenue ? Demanda-t-il méfiant.

- Pourquoi ? Mais pour aller au bal bien sûr ! Allez, dépêches-toi le Prince Harry t'attend.

- Mais je ne veux pas aller au bal !

- Comment ça, tu ne veux pas y aller ? Mais tu n'as pas le choix ! Il est de mon devoir de parrain de t'aider à trouver le bonheur.

- Peut-être auriez-vous du vous manifester plus tôt, marmonna-t-il.

- Je suis navré de la vie que tu as du mené... »

Et Cendruson su que c'était vrai, les yeux du vieux féetaud le lui montraient parfaitement. Mais cela ne fit que renforcer son dégoût pour la personne en face de lui. Il ne voulait de la pitié de personne.

« Mais maintenant, je te promets que tout va aller mieux. Tu vas rencontrer Harry et vous vivrez un joli conte de fée ensemble.

- Mais je n'ai que faire du prince et ses airs vaniteux !

- Oh, il est bien loin d'être vaniteux, c'est un très gentil garçon. Maintenant cesse de faire des histoires et sors de ce lit si tu ne veux pas que je t'y arrache moi-même.

- Hors de question.

- Severus...

- Je n'irai pas là-bas, je suis très bien ici avec mon livre.

- Tu ne me laisses pas le choix. »

D'un informulé, le féetaud attira son protégé à lui comme un vulgaire objet. Il l'immobilisa en position verticale et fit un bref tour pour jauger Cendruson du regard. Avec un petit cri de satisfaction, il transforma la tenue de Severus d'un sort.

Les vêtements sales et poussiéreux laissèrent place à un ensemble bleu nuit épousant parfaitement le corps mince du jeune homme. Ses chaussures usées se transformèrent en escarpins noirs et vernis. Pour finir, les cheveux brillants de Severus furent attachés en catogan avec un joli ruban soyeux.

« Parfait, lança gaiement le vieil homme. Une dernière petite chose, mon enfant. Tu devras être de retour ici à minuit. Minuit pile. Autrement un terrible maléfice s'abattra sur toi. Utilise la pièce que j'ai glissé dans ta poche à cet effet. Elle te ramènera ici à l'heure escomptée. Maintenant, direction le palais Severus ! »

L'homme aux ailes scintillantes libéra Severus et le poussa sans ménagement dans la cheminée.

Avec une adresse qui l'étonna lui-même, Severus atterrit sur le carrelage lustrée d'une grande salle de réception. Une nombre incroyable d'hommes élégamment apprêtés se trouvaient dans cette pièce et Cendruson comprit qu'il étaient arrivé en plein milieu d'une salle de bal.

Les gens le fixaient de leurs yeux perçants, se demandant sans doute pourquoi était-il arrivé par la cheminée et non par l'entrée principale comme toute personne normale. Puis, progressivement, les chuchotements emplirent l'espace. Une voix claire retentit alors :

« Allons bon Messieurs, pourquoi ce soudain effarement ? »

Toutes les têtes se tournèrent d'un même mouvement pour contempler le Prince Harry, avançant glorieusement parmi la foule qui s'écartait à son passage.

Il avait le teint légèrement halé, ses cheveux noir corbeaux voletaient à chacun de ses pas, son costume blanc épousait délicieusement son beau corps. Mais ce qui captiva Severus furent ses yeux d'un verts envoûtants. Il resta figé devant la cheminée, regardant le prince s'approchait à pas doux de son être immobile.

Harry lui jeta un regard appréciateur où brillait une étincelle de curiosité.

« Puis-je savoir qui vous êtes, merveilleux jeune homme ?

- Je... heum... suis... »

Voyant que son interlocuteur était gêné, Harry lui offrit un sourire chaleureux.

« Aucune importance, je n'ai pas besoin de votre nom pour vous dire que vous êtes charmants. »

Des cris de jalousie étranglés retentirent derrière le Prince tandis que Severus balbutiait un 'merci' timide.

« Messieurs, vous pouvez retourner à vos conversations. Vous voyez bien qu'il n'y a rien d'autre qu'un charmant jeune homme ici. »

Les regards insistants se dissipèrent peu à peu et les discussions reprirent leur court.

« Puis-je vous offrir un verre ? Demanda Harry.

- Hum... oui, je serais honoré de recevoir cette faveur de la part du Prince.

- Ne le soyez pas. Je ne suis qu'un simple jeune homme qui a eu le malheur de naître prince. C'est moi qui suis honoré de votre charmante compagnie. »

Severus leva un sourcil intrigué, face à l'étonnante humilité du prince. Avec un faible sourire, il suivit Harry parmi les invités et s'approcha du buffet.

« Que voulez-vous boire ?

- Une bièraubeurre ?

- Une bièraubeurre pour vous ! »

Le jeune homme aux yeux verts s'empara de deux boissons et en tendit une à Severus.

« Merci.

- Alors... mystérieux inconnu. Pourquoi êtes-vous arrivés par la cheminée ?

- Hum. Si je vous dis que c'est un vieux féetaud à la robe pleines de paillettes et aux ailes scintillantes qui m'a poussé dedans, vous me croyez ? »

Le rire cristallin du prince emplit doucement les oreilles de Severus qui se sentit parcouru, pour une inexplicable raison, d'un frémissement incontrôlable.

« C'est une histoire bien farfelue que vous avez là. Ce doit être une expérience déroutante.

- À qui le dites vous...

- Et malgré ce malheureux concours de circonstances, vous comptiez tout de même venir au bal, pas vrai ?

- Hum, hésita-t-il. Non.

- Non ? Demanda-t-il avec une pointe de déception. Pourquoi ?

- Parce que premièrement, je n'étais pas invité. Et deuxièmement, ce bal ne m'intéressait nullement. Pour être franc, vous ne m'intéressiez nullement, finit-il sans honte.

- Oh, je vois... déclara-t-il peiné. Dans ce cas je ne vais pas vous importuner plus longtemps... »

Alors que le Prince esquissait un mouvement de retraite, Severus lui saisit le poignet pour le retenir.

« Vous ne m'avez pas bien écouter Monsieur le Prince. J'ai parlé au passé. Je ne suis finalement pas si dérangé par ce malheureux coup monté et votre compagnie est moins désagréable que je le pensais.

- Appelez-moi Harry, répondit-il avec un sourire. Vous êtes du genre subtil, n'est-ce pas ? Vous n'aimez pas vraiment faire des compliments non plus je pense.

- Vous pensez assez justement, Harry. »

Le rire clair de Harry emplit une nouvelle fois l'air, provoquant un autre frisson chez Severus.

Puis, les lumières blanches s'estompèrent doucement pour laisser une ambiance plus tamisée et douce. Un air de musique classique emplit soudainement l'air et avant que quiconque ait pu se ruer sur le roi de cette soirée, celui-ci tandis une main engageante vers Severus.

« Vous dansez ?

- Avec plaisir. »

Ils posèrent leurs verres sur la grande nappe blanche. Severus se laissa entraîner par son cavalier qui les mena au centre de la piste de danse. Harry posa une main douce sur la hanche de Severus. Ce dernier posa ses doigts pâle sur l'épaule du prince tandis que leurs autres mains se rejoignaient dans un même mouvement.

Ils entamèrent ainsi une valse, les yeux dans les yeux, se laissant porter par le rythme langoureux. Doucement, leurs corps se rapprochaient. Si bien qu'ils finirent collés l'un à l'autre, se déplaçant avec une synchronisation parfaite.

La musique pris fin et ils restèrent un instant immobiles, à se regarder, leurs deux corps étroitement noués entre eux.

« Je crois que nous devrions aller finir notre bièraubeurre, décréta Harry avec un regard d'une forte intensité.

- Oui... allons-y. »

Les deux jeunes gens se détachèrent avec une certaine maladresse. Ils regagnèrent ensuite leur place près du buffet. Severus se saisit de sa boisson à la jolie couleur ambrée. Il but le liquide par plusieurs petites gorgées, ne rompant ni le silence, ni le contact visuel avec Harry. Severus reposa finalement son verre sur la table et Harry se pencha vers lui. Le jeune homme sentit son cur s'accélérer inutilement dans sa poitrine.

« Vous... Tu as de la mousse sur le coin des lèvres.

- Ah oui ? Où ça ? »

Severus leva son bras dans un réflexe conscient pour enlever la tâche. Cependant, son mouvement fut stoppé par la main de Harry qui attrapa doucement mais fermement son poignet.

« Juste... ici. »

Avec son pouce, Harry vint caresser la commissure des lèvres de Severus. Severus rougit furieusement bien contre son grès. Chose qui ne s'arrangea pas quand le prince porta son doigt à sa bouche pour le suçoter lentement. Son pouce se retira finalement, laissant perler une fine goutte de salive sur sa peau. Le regard de Severus ne pouvait se détacher de la fine perle translucide. Et sans être totalement conscient de son mouvement, Severus se pencha un peu plus vers le jeune prince. Avec un geste doux, il vint passer une main curieuse dans ses mèches folles pour finalement s'arrêter sur le plat de sa nuque. Et avant d'avoir pu le regretter, Severus posa ses lèvres sur celles de Harry.

Le prince répondit avec une douceur infinie au baiser du jeune homme. Il ne voulait pas brusquer les choses et sentait que Severus avait besoin de cette lenteur rassurante. D'une main sur son dos, il le rapprocha tendrement de lui et comme plutôt dans la soirée, il se retrouvèrent collé l'un à l'autre.

Les deux jeunes gens durent finalement reprendre leur souffle et décollèrent leur bouche.

Tout autour d'eux, le silence s'était fait. Tous observaient avec différentes émotions passant de la haine à la déception, le couple fraîchement formé.

Puis, comme précédemment, un homme fendit la foule scandalisée.

« Enfin, enfin, que se passe-t-il ici ? »

Severus crut tout d'abord qu'il s'agissait d'une copie conforme du jeune homme encore collé contre lui. Mais il s'aperçut que l'homme était plus âgé et que ses yeux n'étaient non pas verts, mais noisette. Il comprit alors qu'il s'agissait du roi.

« À mon cher fils ! Oh ! Mais je vois que tu as trouvé un ravissant jeune homme.

- Oui Père. Je vous présente... euh... mon... compagnon... de... danse.

- Oh je vois. Et que diriez-vous de venir un instant toi et ton compagnon de danse.

- Hem, je ne sais pas si...

- Parfait ! On se retrouve tout de suite dans le salon pour une bonne tasse de thé.

- Mais-

- Allez vous autres, déclara-t-il en se tournant vers la foule, retournez donc à vos activités ! »

Et sans plus de commentaires, le roi disparut à nouveau du champ de vision de Severus.

Harry passa une main gênée dans ses cheveux emmêlés.

« Hum. Tout ça est un peu tôt et mon père est assez... maladroit. Je comprendrais si tu ne voulais pas venir prendre le thé avec mes parents.

- Je crois que ça ne me dérange pas autant que je le croyais, déclara-t-il lentement.

- C'est vrai ? Demanda le prince une lueur d'espoir scintillant dans son beau regard vert.

- Oui.

- Merci ! »

Il déposa un bref baiser sur les lèvres de celui qu'il espérait être son futur époux. Severus se sentit honteux quand la frustration que cela soit si fugace empara son corps. Cependant, il n'eut pas le temps d'y réfléchir plus car déjà Harry l'entraînait vers le salon du palais royal.

Ils arrivèrent dans une salle au plafond très haut. Des fauteuils de velours rouge et des coussins étaient disposés un peu partout dans la pièce. Une immense cheminée brûlait d'un feu vif, baignant la pièce d'une lueur tamisée. Autour d'une table ronde où avait était installé quatre assises, le roi James Potter et sa femme Lily Potter étaient confortablement assis. Harry conduisit Severus vers les deux fauteuils restant et tous deux prirent place côte à côte.

« Oh Harry ! Comment vas-tu ? »

C'était une femme à la chevelure flamboyante et aux magnifique yeux verts qui avait parlé.

« Parfaitement mère.

- Présentes-nous donc ce merveilleux jeune homme, lança-t-elle avec un sourire radieux envers Severus. »

Il y avait quelque chose de doux et prévenant dans chacun de ses gestes et Severus décida qu'il l'aimait bien.

« Eh bien... voici mon cavalier de ce soir. Il est arrivé par la cheminée suite à une malheureuse rencontre avec un féetaud aux idées tordues et à la longue barbe blanche.

- Ne serait-ce pas un tour de notre vieil ami Albus ? Pouffa la reine.

- Je pense que si ma chère Lily. »

Le roi prit la parole pour la première fois. Contrairement à tout à l'heure, son sourire chaleureux avait disparu et il jaugeait Severus d'un regard méfiant. Une lueur inquiétante brillait dans son regard perçant qui provoqua un frémissement inquiet chez Severus.

« Et donc, qui es-tu ? Demanda-t-il d'un ton sans chaleur.

- Je...

- Eh bien ? Tu ne sais pas ? N'as-tu donc pas de nom ?

- C'est-à-dire que... »

Severus avait peur que s'il leur avouer son nom, il fasse des recherches sur lui et finissent par découvrir que le cavalier de leur fils n'était qu'un misérable domestique -et encore, le mot était au-dessus de sa condition actuelle- tout juste bon à laver le sol.

« Enfin James, calme-toi tu l'intimides.

- Mais on ne sait même pas d'où il débarque, je me méfie pour la santé de Harry.

- Je pense que notre fils est suffisamment grand pour choisir son futur époux tout seul. Et puis, si ce que ce jeune homme dit est vrai, il a la bénédiction de Albus.

- C'est vrai...

- Alors ? Comment t'appelles-tu charmant jeune homme ?

- Je ne sais pas si je peux vous le dire. »

Sentant les regards plein d'interrogation sur lui, il s'empressa d'ajouter :

« Je veux dire, le féetaud m'a interdit d'en parler, mentit-il.

- Je vois... Dommage. Dans ce cas, prenons simplement le thé en toute tranquillité, répliqua-t-elle avec un grand sourire. »

Severus se rappela alors de la consigne du vieil homme.

« Hum... Auriez-vous l'heure s'il vous plaît ?

- Oui bien sûr. Il est minuit moins dix cher jeune homme.

- Que-déjà ?! Je... Je suis désolé mais je crains de ne pas pouvoir accepter cette tasse de thé. - Je suis dans le devoir d'être rentré pour minuit...

- Ne t'en fais pas, pars-donc. Nous boiront ce thé un autre jour, n'est-ce pas ? Parce que je pense pouvoir affirmer que tu reviendras. Je me trompe ?

- Je ferais de mon mieux madame. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser...

- Va, donc ! Harry mon trésor, tu raccompagnes notre invité à la porte ?

- Bien sûr Mère. »

Les deux jeunes gens se levèrent bien que Severus avec un peu plus de précipitation. Severus s'inclina poliment et pris congé avec rapidité. Il entendit vaguement le roi faire un commentaire mécontent sur son sens de la politesse. Il commença à dévaler les grands escaliers de marbre qu'il avaient empruntés précédemment.

« Attends !

- Je n'ai pas le temps Harry...

- Comment est-ce que je peux te retrouver ?

- Tu ne le peux pas. Cette rencontre n'est pas vouée à avoir de suite.

- Attends ! Tu ne peux pas me dire ça maintenant ! Je... je veux qu'on se revoit.

- Ce n'est pas possible Harry. Nos mondes ne collent pas.

- Mais... tu as bien passé la soirée ici non ? Tu pourrais revenir. »

Severus s'arrêta un instant dans sa course folle et se tourna vers Harry. Il pris ses mains dans les siennes avec douceur. Il le regarda avec tendresse et tristesse mêlées.

« Écoute Harry. J'aurais aimé qu'il en soit autrement, vraiment. Mais ce n'est pas possible. Nos chemins n'étaient pas destinés à se croiser. Aussi merveilleuse que fut cette soirée, il n'y aura pas de prochaine fois. Je suis désolé... »

Severus déposa un bref baiser sur les lèvres de Harry et plongea la main dans sa poche. Il en ressortit la fameuse pièce dorée. Mais dans sa précipitation, il fit tomber sa baguette et il n'eut pas le temps de la rattraper qu'il était déjà aspiré par la force du Portoloin.

Severus atterrit douloureusement dans sa chambre. Il se releva en chancelant un peu et épousseta ses vêtements par réflexe. Il remarqua que son costume avait disparu et qu'il ne restait maintenant plus que ses vêtements pleins de poussière. Il soupira lourdement en s'effondrant sur son lit tandis que les images de la soirée dansait encore devant ses yeux. Il se maudit intérieurement d'avoir fait tomber sa baguette. Il avait la certitude qu'il ne la reverrait plus jamais et ce n'était sans doute pas son parâtre qui lui en rachèterait une autre.

Et c'est la tête pleine de songes que Severus s'endormit.

Il fut réveillé au petit matin par un bruit tonitruant à sa porte déjà en piteux état.

« Cendruson ! Lève-toi espèce de paresseux ! Cela fait dix minutes que nous attendons notre petit-déjeuner ! Allez débout et plus vite que ça ! »

La voix de Sirius lui vrilla les oreilles et il n'eut qu'une seule envie : se terrer au fond de ses couvertures où la trace des événements de la veille était encore fraîche dans son esprit. Cependant, il se leva tout de même, sachant très bien qu'il n'avait pas le choix. Il se traîna jusqu'à la cuisine et fit de son mieux pour préparer un petit-déjeuner express. Il arriva dans la salle à manger avec un pas calme et un regard neutre. Il vit aisément l'expression mauvaise sur le visage de son parâtre mais en fit abstraction.

« Comment était le bal ? Demanda-t-il d'une voix neutre.

- Du grand n'importe quoi ! Un m'as tu vu s'est permis de débouler par la cheminée de la salle de balle et il a accaparé l'attention du prince toute la soirée. »

Cette remarque le fit sourire intérieurement et il se délecta de savoir que Sirius était en réalité jaloux de la place que lui, Cendruson, avait occupé. Puis il se rappela avec amertume qu'il ne l'occuperait d'ailleurs plus jamais.

Alors qu'il était perdu dans ses pensées moroses, on sonna à la porte du Manoir Prince-Rogue.

« Cendruson. Va ouvrir, ordonna sèchement son parâtre.

- Oui Parâtre. »

Cendruson se dirigea promptement vers la porte d'entrée, essaya inutilement d'arranger ses vêtements, et ouvrit la porte. Il tomba sur deux personne qu'il n'avait jamais vu auparavant. Un jeune homme roux, aux nombreuses tâches de rousseur et aux yeux bleus, se tenait là en compagnie d'une femme à la crinière brune et indomptable et aux yeux noisettes à l'air intelligent.

« Bonjour, que puis-je faire pour vous aider ? Demanda-t-il poliment.

- Bonjour, nous sommes Ronald Weasley et Hermione Granger, de la garde rapprochée du Prince Harry. Celui-ci nous envoie à la recherche du jeune homme avec lequel il a dansé au bal d'hier. Le jeune prince semblait vraiment se soucier que nous retrouvions son cavalier. Nous avons donc l'ordre de faire essayer la baguette que le mystérieux inconnu a fait tomber à chaque jeune homme du royaume. Voulez-vous bien nous faire entrer que nous fassions essayer la baguette à successivement Sirius et Regulus Rogue ?

- Bien sûr, entrez je vous prie.

- Merci. »

Severus conduisit les deux sorciers à la salle à manger. Il se mit dans un coin tandis que les jeunes gens expliquaient que celui à qui la baguette montrera obéissance aura le droit d'épouser le prince. Severus savait que c'était sa baguette. Il savait aussi qu'il n'aurait jamais le droit de la prendre en main.

Un poids terrible tordit son estomac alors qu'il vit sa baguette passer entre les mains de Regulus. Son demi-frère essaya un bref Accio et le vase à l'autre bout de la pièce remua à peine. Il rendit l'objet avec un sourire désolé, reconnaissant qu'il n'était pas le propriétaire de cette baguette.

Le bois de bois passa ensuite dans les mains de Sirius et une sueur froide s'empara du corps de Severus alors qu'il s'appuyait lourdement contre le mur. Savoir que des milliers de gens comme son odieux demi-frère allaient essayer de corrompre sa baguette pour avoir le cœur de son prince le rendait malade. Parce que oui, même s'il savait d'office que son histoire avec Harry ne dépasserait jamais la frontière de ses rêves, il était son prince. Du moins dans ses songes.

Sirius décocha un sourire arrogant et essaya lui aussi un Accio sur le vase de porcelaine. Le pauvre objet explosa en des milliers de petits bouts tranchants. À cette vue, le corps de Severus se détendit et il relâcha son souffle qu'il n'avait pas eu conscience de retenir.

Alors que les deux gardes affichaient une moue exaspérée et s'apprêtaient à repartir, Severus demanda d'une voix douce :

« Est-ce que vous permettez que je l'essaie ? »

Il savait qu'il ne devait pas. Mais son Prince semblait si proche de lui à cet instant qu'il n'avait pas pu résister.

« Ne dit pas de bêtises Cendruson. Tu n'es qu'un pauvre domestique. Ne faîtes pas attention à lui, répliqua Tobias, il ne sait pas ce qu'il dit. »

La jeune femme sembla le jauger de son regard perçant. Elle hocha finalement imperceptiblement a tête.

« Nous avons le devoirs de faire passer cette baguette entre tous les jeunes hommes du pays. Or votre domestique en est un. Il est en droit légitime de réclamer ce droit. »

Le parâtre et Sirius restèrent un instant bouche-bée d'horreur. Hermione Granger tandis finalement sa baguette à Severus qui soupira de bonheur à son contact familier. Des petites étincelles sortirent de l'instrument magique et l'entourèrent. Elles le transformèrent alors en le beau jeune homme apprêté qu'il était hier.

Tobias et Sirius rugirent d'injustice.

« Comment as-tu osé ?! Hurla Tobias. Faire ça à ton propre frère ! Je vais te-

Vous ne ferez rien du tout à l'époux du prince Harry. Sous peine d'avoir toute la garde royale sur votre dos. Et je suis certaine que vous ne le voulez pas, monsieur Rogue. »

Cette dernière parole sembla dissuader son Parâtre de faire quoique se soit, bien que celui-ci soit rouge de fureur.

Le jeune homme nommé Ronald envoya un patronus en direction du royaume.

La jeune femme, quant à elle, se tourna vers Severus avec un sourire aux lèvres.

« Si monsieur veut bien se donner la peine, le prince Harry va venir vous chercher en carrosse d'une minute à l'autre.

- Mais certainement. »

Severus, après un dernier sourire narquois pour ceux qui avaient fait de sa vie un enfer, s'engagea à la suite des gardes jusqu'à l'entrée.

Il attendit patiemment sur le perron. Plusieurs minute après, un carrosse flamboyant tiré par de grands cheveux noirs arriva sous ses yeux brillants de bonheur. Harry ouvrit la porte de la cabine avec hâte et courut jusqu'à Severus.

« Je t'avais dit qu'on se reverrait, déclara-t-il avec un sourire radieux.

- Encore une fois, vous pensez bien votre majesté. »

Severus afficha un bref sourire moqueur avant de venir prendre possession des lèvres douces de son prince. Le baiser se fit impatient, fougueux et possessif, comme si des siècles s'étaient écoulés depuis a veille.

Harry se sépara de Severus pour reprendre son souffle. Il l'enlaça tendrement en rapprochant sa bouche du creux de son oreille. Il lui murmura doucement :

« Peux-tu me dire quel est ton nom maintenant ?

- Severus. Je m'appelle Severus, souffla-t-il.

- Dans ce cas, Severus, veux-tu m'épouser ? »

Le jeune homme jeta un air inquiet au carrosse où trônait les parents de son prince. Il vit la mère de Harry lui adressait un sourire encourageant et son père haussait les épaules d'un air désinvolte. Alors, avec un faible sourire, il répondit :

« Je suppose que oui. »

Et Harry l'embrassa de bonheur et le souleva pour l'amener jusqu'au carrosse. Severus rit contre les lèvres de son fiancé. Cela faisait du bien. Il se sentait enfin à sa place. Un poids énorme quitta ses épaules et il se laissa aller à l'euphorie d'une nouvelle vie.

Et ils vécurent heureux et n'eurent aucun enfant.

Fin

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