~ 𝗡𝗼𝘂𝘀 𝘀𝗼𝗺𝗺𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗰𝗲𝘀 𝘃𝗶𝗲𝘂𝘅 𝗮𝗿𝗯𝗿𝗲𝘀 𝗶𝗺𝗽𝗼𝘀𝘀𝗶𝗯𝗹𝗲𝘀 𝗮̀ 𝗮𝗯𝗮𝘁𝘁𝗿𝗲 ~

« Bonjour ! Quand Une_Maraudeuse a dit vouloir créer un recueil de témoignages, je me suis dit "Pourquoi pas ?". Mais je ne savais pas trop quoi raconter, en tout cas rien de vraiment cool. Mais voilà, j'ai vécu un moment d'euphorie suprême, et je tenais à vous le partager, juste pour vous donner un peu d'espoir et de joie.

Je m'appelle Sacha, j'ai 16 ans et je suis trans non-binaire genderfluid. Un mec trans, pour être plus précis. Mes pronoms sont soit "il", soit "iel". Étant une personne de sexe féminin (je déteste dire ça, mais bon), j'avais les cheveux longs. Simplement parce qu'ils ont repoussé, en fait, mais même quand je me les coupais courts, c'était quand même "une coupe de fille". Et voilà, pendant la semaine avant les vacances, ma mère m'a emmené chez la coiffeuse. Ah, qu'est-ce que j'avais hâte ! Et un peu peur, aussi : ma mère ne sait pas que je suis trans, et elle était moyennement d'accord avec mon délire de me couper les cheveux. Quand je dis "couper", c'est "couper". Court. Comme "un mec".

Mais après une grande discussion, j'ai réussi ! Victoire ! Donc j'ai la coupe "à la mode" que les mecs ont, inspirée de je-ne-sais quel footballeur. Sachez que ça m'énerve de dire ça. Parce que mode ou pas mode, je me la serais faite, cette coupe. J'avais un sourire jusqu'aux oreilles pendant que la coiffeuse coupait mes cheveux. Un sourire immense. Je me suis regardé dans le miroir et je me suis trouvé beau. Quelque chose qui n'était jamais arrivé avant. Je n'aimais pas mon visage, mes cheveux, mon corps. Mais là... Avec cette coupe, c'est comme si je me reconnaissais. Comme si je me voyais et que je me disais "Oh, tiens, c'est moi", en acceptant et en aimant voir mon reflet. Alors qu'avant, les miroirs étaient bannis. Non, pas bannis, parce que j'en avais besoin pour me coiffer. Mais je n'osais pas me regarder dans les yeux, je n'osais pas croiser mon propre regard.

Enfin bref, avec cette coupe, j'étais moi ! Et c'est triste de se sentir bien grâce à quelque chose d'aussi superficiel que des cheveux, mais je crois que c'est ce dont j'avais besoin. En fait, c'est la seule chose qui pouvait marcher, qui a marché jusqu'à maintenant.

Malheureusement, même avec cette coupe, je me suis fait appeler "Mademoiselle" dans le train. Su-per. Je sais que ce n'était pas méchant, le mec qui m'a dit ça était même ultra sympa, un jeune, environ 20 ans. Mais bon, outre le fait que le "Mademoiselle", ça ne se dit plus, j'étais juste là, avec mon sourire crispé, en pleurant à l'intérieur de moi en me disant "La mégenration, c'est vraiment génial, la la la la..."...

Du coup, j'ai essayé plusieurs trucs avec mes cheveux. En particulier deux coupes que j'aime beaucoup, et que j'ai adoré avoir.

Et puis hier, alors que j'étais chez mon père pour la première semaine des vacances, il m'a proposé d'aller manger une crêpe en ville. Juste nous deux, pour profiter de son jour de congé. Alors, bien sûr, une crêpe, ça ne se refuse pas ! Surtout pas une crêpe chocolat-chantilly ! Alors, on y est allés, tranquillement. Et puis, quand on entre dans la toute petite boutique après avoir regardé les différentes propositions (pour mon père, hein, parce que j'avais déjà une idée bien précise en tête), le vendeur/faiseur de crêpes nous a salués. Et moi, client avec ma super coupe de cheveux comme je l'aime, il m'a dit...

━ Bonjour jeune homme.

Mais... mais... mais waw ! Je peux vous faire un câlin ? Non, le covid, Sacha.

J'étais dans une euphorie que je n'arrive même pas à décrire, d'autant que je devais la contenir pour ne pas hurler de joie pendant que ce brave homme nous préparait nos crêpes.

Jeune homme.

Jeune homme...

JEUNE HOMME, PUNAISE !

Mais merci ! À peine sortis de la boutique, je l'ai dit à mon père. Je pense que je ne me suis jamais senti aussi heureux de ma vie. Parce qu'un inconnu, absolument pas au courant de ma transidentité, m'avait bien genré.

Juste pour ça ! Et franchement, peut-être que celleux qui sont en adéquation avec le genre qu'on leur a attribué à la naissance ne le comprennent pas, mais croyez-moi, ça fait mal de se faire mégenrer. Et ça fait tellement plaisir quand que les gens vous genrent comme il faut au moment où on s'y attend le moins.

Alors, si vous êtes "comme moi" et que vous voyez la vie le plus souvent comme de la merde (un peu comme moi, en fait), sachez que c'est possible. Et c'est juste magnifique.

Et si vous êtes une autre personne, proche d'un⋅e trans ou pas, LGBT+ ou pas, et que vous ne savez pas comment faire, quoi dire ou que vous ne comprenez pas en quoi mégenrer une personne, c'est un peu comme ne pas l'accepter, ou encore que vous pensez que se déconstruire et ne plus voir les gens juste comme un sexe, essayez de voir au-delà de ce qu'il y a devant vous. Faîtes un effort, pour votre proche. Parce plus vous lae mégenrez, plus iel se sentira mal dans son corps, sa peau, et ne se sentira pas légitime d'être qui iel est.

Un jour, dans mon idéal, la question "c'est quoi tes pronoms ?" sera de rigueur, au même titre que "comment tu t'appelles ?".

Alors, à tous⋅tes mes adelphes [inclusif de frères-sœurs] trans, non-binaires, et..."différent⋅e⋅s", sachez qu'un jour, ça va se passer. Le rêve se réalisera, je vous le promets, comme dans un Disney aux couleurs arc-en-ciel. Le respect gagnera, la reconnaissance d'autrui aussi.

Vivez, mes cher⋅e⋅s adelphes. Faites ce que vous voulez, quand vous voulez, comme vous voulez. Achetez des binders, prenez des hormones, coupez-vous les cheveux, laissez-les pousser, maquillez-vous, aimez-vous. Montrez qui vous êtes, dites qui vous êtes, jusqu'à ce qu'on le retienne, jusqu'à ce que ce soit enfin considéré comme normal d'être différent⋅e⋅s.

Portez fièrement votre drapeau ! Je vous parle d'un feu que personne ne peut éteindre, un feu invincible, Invincibles, de Kalune »

P'tit témoignage de SachaLePtitGenie