Le monstre qui avait peur de son ombre
De son côté, Harper pleurait. Encore et encore. Les efforts qu'elle avait fait en vain, son téléphone qui vibrait sans cesse, les souvenirs qui remontaient à la vitesse de la lumière : elle n'en pouvait plus.
Elle se sentais seule. La solitude elle-même n'aurais pas pu ressentir une telle sensation de vide. Sous ses pieds, le sol n'était plus le sol, il s'était transformé en abysses pouvant l'engloutir à tout moment. Mais elle restait là, en lévitation au-dessus du néant qui s'étendais à ses pieds, avec sans cesse, la peur de tomber. De replonger dans le chaos qu'elle avait pu entrevoir quelque mois auparavant. Elle le savait, seulement quelque fils fragiles la retenait au-dessus du gouffre.
Assise en tailleur sur la chaise de son bureau, elle essayait vainement d'écrire quelque mots qui pourraient décrire sa souffrance. Hélas, seules les larmes semblaient retranscrire à la perfection ce mélange de colère, d'impuissance et de honte. Sa nature en venait presque à la dégouter. Pourquoi son cœur un peu trop fougueux se risquait il à ce jeu dangereux ? Pourquoi battait-il la chamade pour son amie ? Au fond, si tout le monde la détestait pour ça, ça ne pouvaient pas être sans raison. Peut être que c'était vraiment dégueulasse d'être comme elle, au final.
Un monstre.
Un putin de monstre, c'est ce qu'elle était. Toutefois, c'est ce qu'on lui avait dit qu'elle était.
Un monstre.
C'était la raison pour laquelle elle avait des petites cicatrices sur le visage et le cœur, des plaies qui ne voulaient pas se refermer. Elle ne pouvait quand même pas être punie pour rien, se disait-elle, ses bourreaux devaient avoir une raison. Es ce que, quand elle se risquait à embrasser une femme, cela provoquait des haut le cœur aux autres, leur donnait envie de vomir ?
Ils étaient juste cruels, désireux de souffrance, de pleurs, de cris et de sang.
Harper cala ses écouteurs sur ses oreilles. Elle ne voulait ne plus penser à rien, se pêter les tympans au rythme des chansons qui commençaient à défiler. Elle monta le son, la musique lui emplissait toute la tête, coupait la paroles à ses souvenirs, la soulageait. Dans ses yeux rougis par cette mélancolie qui la dévorait, le visage de Cassie, de toutes filles qu'elle avait voulu protéger, dont elle avait voulu étouffer son attirance.
C'était bizarre, écœurant.
Elle avait honte que les reflets dans ses iris n'était pas ceux des hommes qu'elle aurait dû aimer.
Malsain.
Pathétique.
Dégueu.
Sale.
Affligeant.
Son amour se voyait affublé de touts ces adjectifs, de toutes ces entraves dont elle n'arrivait pas à se débarrasser.
Elle ferma yeux, abreuvant ses oreilles de décibels. De toute façon, être sourde, c'est tout ce qu'elle désirait : ne plus entendre les insultes, les moqueries, ceux qui, à demi-mots, lui souhaitaient la mort. Mike.
Elle avait peur de lui, plus que jamais.
Il avait vu Cassie dans ses bras, il l'avait vu l'embrasser, jouer avec ses cheveux avec le sourire aux lèvres. Il va être furieux. Sa haine d'il y à un an se réveillera : il la tapera avec tant de force qu'elle ne pourra même plus se lever, comme la
dernière fois.
Oui, il commencera par lui asséner un coup de batte de baseball dans le dos, elle aura tellement mal qu'elle tombera à terre, paralysée. Elle ne pourra pas se défendre, échapper au joug de Mike : la peur lui empêchera de bouger ne serait-ce qu'un orteil. Il la regardera de haut, lui crachera au visage avec un sourire de porc, lèvera son arme pour l'abattre sur Harper et recommencera jusqu'à qu'elle ne soit plus qu'une masse inerte en sang.
Non, ce sera pire, il pourra la tuer cette fois.
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