« Pourquoi écris-tu ? »
06/2019
« Pourquoi écris-tu ? »
J'écris pour les rires qui illuminent les visages renfermés, les larmes qui luisent dans le coin des yeux et dévalent les joues en cascade, la haine qui assombrit les visages et les tord en d'affreuses grimaces, l'amour qui fait étinceler des prunelles qu'on croyait éteintes à tout jamais.
J'écris pour le combat éternel entre la raison et la passion, la sagesse et la souffrance, le destin et la fatalité ; pour essayer de voir le monde absurde qui nous entoure, le regarder, l'admirer, le comprendre ; pour tenter de manier et de comprendre le pouvoir des mots et de ce qu'ils peuvent encore nous enseigner ; pour faire un point sur moi-même et partager des expériences auxquelles les autres n'ont pas encore eut droit ; pour entr'apercevoir cette lueur de de vie qui caractérise chacun d'entre-nous en tant qu'être-humain.
J'écris pour les bribes de souvenirs auxquelles nous n'avons pas eu droit, les escapades nocturnes par une fenêtre entr'ouverte, l'odeur entêtante du jasmin par une chaude journée d'été, le goût du feu sur la langue qui fait et tousser et pleurer, la neige brûlante et gelée qui s'infiltre sous la peau.
J'écris pour comprendre ceux que je détestait auparavant mais pour lesquels je n'éprouve plus que tristesse (« Ayez pitié des méchants ! Vous ne savez pas ce qu'il se passe dans leur cœur »), pour découvrir la passion, la vraie, celle qui fait briller les yeux les plus usés et tambouriner les cœurs les moins vivaces (« Oh ! l'amour serait un bien suprême, si l'on pouvait mourir de trop aimer ! »), pour retrouver cette sensation de plénitude lorsque l'on touche du bout des doigt la félicité, celle provoquée par quelqu'un qui n'existe même pas mais dont l'on est pourtant plus proche que ceux qui nous entourent (« À nous qui ne vivons qu'une heure / Elles font voir les profondeurs / Et la misère intérieure / Ciel, à côté de vos grandeurs ! »),
et puis j'écris pour le théâtre, pour tous ces personnages qu'on adore détester et qu'on déteste adorer (« Ce sont des rôles indéfendables et pourtant, à la fin, le public fait un pas vers le dernier millimètre d'humanité de mon personnage. Et ressentir ça est incroyable »), pour le théâtre qui instruit, qui nous effleure et nous transperce, qui fait trembler et brûler, qui blesse et fais pleurer des larmes d'eau et de sang, et surtout, surtout, qui nous fait nous sentir tellement fragiles, tellement puissants, tellement humains !
(Nekfeu le décrit mieux que moi dans sa chanson « Écrire » : Écrire, c'est capturer quelques souvenirs uniques dans des pochettes immenses / C'est coller ses tympans sur l'enceinte afin d'approcher le silence / C'est l'insolence du cerveau de celui qui à l'apogée s'élance / C'est voir défiler sa vie dans le noir jusqu'à la prochaine séance / Écrire, c'est ce qui m'a rendu ma liberté / Écrire, c'est ce qui nous lie, toi)
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