08/2018

Qu'est ce qu'un bon roman ?

C'est une question à la fois simple et complexe. Un bon roman se définit par une multitude d'aspects, selon certains critères, parmi lesquels l'intrigue, l'originalité, le style d'écriture, la construction des phrases, la richesse du vocabulaire... un roman représente un véritable pan de la vie humaine, et cela passe par de la crédibilité et donc de l'humanité. Le monde n'est pas manichéen, il est réel ; et c'est cette réalité que doit faire ressentir le roman. Quand on l'a terminé, on en ressort plus ou moins marqué, parfois changé, par les descriptions, le style d'écriture, le message passé ou encore les personnages, tellement vivants.

On peut retrouver toutes ces caractéristiques exploitées chez Zola, RR Martin ou encore Bottero :
• Dans La quête d'Ewilan, Éléa est une femme brisée, qui cherche à se venger de la personne lui ayant fait du mal. Elle n'a plus rien à perdre, et c'est d'ici qu'elle en devient la "méchante" ; si l'histoire avait été de son point de vue, la "méchante" aurait été sans conteste Ewilan.
• Dans Le Trône de Fer, Cersei est une princesse, mais écartée de la couronne par son statut de femme. Sa rancune est immense ; elle veut le pouvoir qui lui était promis quitte à utiliser tous les moyens pour y parvenir.
• Dans Thérèse Raquin, Thérèse est une femme qui succombe à la passion ; ses déboires amoureuses et tentatives d'assassinats ne sont dûes qu'au cocon dans lequel sa tante l'a enfermée durant toute son enfance.

Les romans sont donc caractérisés par leur qualité littéraire, leur humanité et, surtout, la réflexion qu'ils entraînent.

Ce qu'on peut reprocher à certains livres actuels, c'est qu'ils n'entraînent plus de réflexion. On les lit pour se vider la tête, on les lit dans un train pour ne pas s'ennuyer, mais une fois fini, on ne se pose plus de questions. Dans Cinquante nuance de grey, l'histoire se concentre sur Anastasia, sa relation toxique, un bad boy avec un passé douloureux, des scènes de cul pour gagner un peu plus d'argent et une fin heureuse avec possibilité de suite pour se faire encore plus d'argent.

Une fois terminé, on passe à un autre livre. Aucune questions, aucune réflexion : c'est une lecture utile pour pouvoir se changer les idées, mais qui ne pourra jamais aider à ouvrir les esprits ; on en ressort inchangé.
Les livres passent de plus en plus de "reflexion" à "divertissement", car c'est la formule qui marche le mieux pour gagner de l'argent.

Pourquoi la modestie est essentielle pour écrire un "bon roman" ?

"Quand un artiste trouvera son travail parfait, plus rien ne pourra lui donner envie d'y toucher, lui faisant ainsi perdre les raisons de créer d'autres œuvres"

Des génies de l'écriture, il y en a eu, et pas des moindres. Seulement ils et elles n'ont jamais eu la prétention de se croire meilleur que tout le monde uniquement car leurs livres se vendaient bien. Puis il en a eu des moins bien, voir des franchement nuls qui, pour des "bons romans", sont franchement nuls. Le vocabulaire employé est médiocre, l'intrigue est banale, tout comme la construction des phrases ou le style d'écriture, l'originalité est absente - en revanche, des clichés, il y en a beaucoup, du bad boy ténébreux à la jeune vierge effarouchée.
La formule qui marche le plus est celle qui a déjà été utilisée un jour, et ça vaut pour toutes les littératures, pas uniquement les romans d'amour. Que ce soit les adolescents qui sauvent le monde dans un décor post apocalyptique (le Labyrinthe, Divergente, Hunger Games), la fille perdue qui rencontre un beau bad boy ténébreux avec qui elle perd toute dignité et pourtant reste avec lui (After, Cinquante Nuance de Grey, Soumise) en passant par le fameux triangle amoureux qui durera tout le premier tome (Twillight, la Séléction, Hunger Games).

Or, si on peine à trouver ces perles rares, certains auteurs et auteures de wattpad semblent persuadés qu'ils sont juste exceptionnels. À partir du moment ou ces personnes pensent ça, c'est qu'un problème se pose : une fois qu'on trouve son travail extraordinaire, comment peut on esperer continuer de progresser ? La littérature est superbe, car, qu'importe l'âge auquel on lit, on peut toujours apprendre. Se dire que son "bon roman" (qui en est très rarement un, au vu de la définition de celui ci) est parfait, c'est se fermer une porte qui était grande ouverte - en particulier lorsqu'on a entre 10 et 15 ans, l'âge moyen des utilisateurs et utilisatrices de wattpad, et qu'on possède encore bien des années pour continuer à apprendre de nouvelles choses. En revanche, si on peine à trouver ces romans geniaux, la modestie, elle, semble presque avoir disparue.

• Entre les auteurs et auteures qui ne postent pas la suite avant d'avoir atteint x votes (sachant que les votes sont, à l'origine, une récompense et non un dû)

• Ceux qui s'énervent lorsqu'on corrige leur histoire.

• Ceux qui écrivent "Je suis responsable de ce que j'écris, pas de ce que vous lisez"

Ça c'est pas de la prétention, c'est juste de la poudre de perlimpimpim, mais je trouvais important de le souligner. Est ce qu'un cuisinier va dire "je suis responsable de ce que je cuisine, pas de ce que vous mangez" ?

• Les auteurs qui prennent la confiance dès qu'on leur fait un compliment

J'ai déjà apprécié des histoires, des perles rares cachées dans l'immensité des fictions wattpadiennes. En revanche, quand l'auteur est imbu de lui même, c'est tout de suite moins cool.
(D'après mes souvenirs, dans la suite des messages, ses parents affirmaient qu'elle n'avait pas assez de recul sur ses histoires mais elle répliquait qu'elles étaient toujours mieux que des "classiques moisi" (loool))

• Les auteurs qui n'ont pas beaucoup de vues et qui pensent être le nouveau Zola.

• Les vraiment vraiment sûrs d'être Zola.

On pouvait lire sur une fiction wattpadienne "mentionne ici une personne qui écrit divinement bien et qui mériterait plus de vues".
La plupart des réponses émanaient de génies incompris, ayant marqué "moi" en commentaire. Le raisonnement en lui même, en plus d'être désespérant, est tout simplement hallucinant. Quand on pense tout connaitre, on ne peut plus apprendre, or l'écriture est un domaine dans lequel on peut toujours progresser.

• Les auteurs persuadés qu'ils sont des génies de l'écriture.

Certaines personnes écrivent bien, voir superbement bien et font preuve d'une modestie juste incoyable.
D'autres, à l'inverse, sont persuadées d'être des génies de l'écriture parce qu'ils ont beaucoup d'abonnés et de vues. Laissez moi rire. Sur wattpad ? L'application est majoritairement utilisée par des préadolescents et adolescents (j'en fait moi même partie), et n'est donc aucunement représentatif de la réalité. Seules trois catégories ressortent de la masse : roman d'amour/adolescent, comprenant les chroniques, horreur, et humour (+ les OS lemon, mais disons que c'est une catégorie à part aha). Une fabuleuse histoire de fantasy peut se perdre totalement dans l'immensité de fictions, alors que certaines chroniques douteuses atteignent facilement le million de vue - mais ce n'est cependant pas une raison pour insulter les auteures.

Et si le lecteur ne recherche pas de réflexion, s'il à juste besoin d'un livre pour se vider la tête, quelque chose qui va le faire rire, quelque chose de léger ? Y'a des gens qui n'ont tout simplement pas envie de se prendre la tête, donc les lectures simples ne sont pas si mauvaises. Et quelque part, un livre simple peut t'ouvrir l'esprit et changer ta vision de voir les choses, ce genre de lecture peut même tout simplement changer ton humeur. Et puis des fois ce qui fait changer les choses ça peut tout simplement être un mot, une phrase, une page, un chapitre ou le livre en entier. On a pas tout le temps besoin d'avoir des réflexions poussé.

L'objectif n'est pas de trouver un livre avec une réflexion poussée à l'extrème et exploitée dans tous les sens possibles, bien au contraire.
Le but d'un livre est avant tout de transmettre un message, même si ce message n'est pas forcément bien formulé, explicite ou utile. Écrire un livre, c'est avant tout un moyen de s'exprimer ; donc écrire un livre sans morale, cela revient à peindre une toile uniquement dans le but de la vendre.
Pour donner un exemple simple, Percy Jackson est avant tout un roman jeunesse, avec des adolescents qui sauvent le monde grâce au pouvoir de l'amitié. C'est un véritable concentré de cliché. Et pourtant, les messages qu'il transmet sont multiples, et c'est ça qui le rend génial (il faut se battre pour pouvoir s'exprimer/les femmes aussi peuvent se battre/les adultes n'ont pas toujours raison/etc). Même dans Hunger Games, qui est extrèmement connu, on peut y voir clairement le message principal, qui ressemble à "il faut resister lorsque le système est injuste".
Sur Wattpad, la grande majorité des utilisateurs et utilisatrices ont publié ne serait ce qu'un livre. Pourquoi écrivez vous ? Sûrement pour transmettre une morale, un message, s'exprimer sur un sujet qui nous tient à cœur. Ce ne sont pas les manuscrits dits "nuls" que je critique, mais ceux écrits dans l'unique objectif de rapporter de l'argent. Créer un livre sans rien y mettre à l'interieur, c'est bete, vraiment.

Comme les romans fantastiques sont un monde de fiction, on peut y aborder certaines problématiques de notre société mais peut on aussi parler de la réalité réelle ?

Oui. Il est plus simple de pouvoir dénoncer une société fantastique plutôt que le système réel, puisque, vu que cette société est, justement, imaginaire, il est plus facile d'en accentuer les défauts (exemple de l'injustice des districts d'Hunger Games, où les plus riches possèdent le moins de chance de mourir)
Bien entendu, cela ne dénoncera pas explicitement la société actuelle, mais les lecteurs parviennent normalement à comprendre les messages subliminaux - ou même pas spécialement subliminaux aha.

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On touche à la fin de cet "article", c'est la première fois que je m'essaye à des exercices du style, alors n'hésitez pas à poser d'autres questions, à me contredire si vous pensez l'inverse où à faire des remarques !

(ce combo)