interview
02/2019
J'ai répondu à une interview dans le cadre du concours "L'habit (ne) fait (pas) le moine" de LaMachineARever, que je trouvais plutôt intéressante et que j'ai donc décidée de remettre dans ce livre, puisqu'elle concerne wattpad et la littérature en général. En revanche elle est assez longue haha (4100 mots environ) donc il vous faudra du courage pour la lire en entier. Si ça vous intéresse, n'hésitez pas à y répondre, ici ou dans un de vos livres, ce serait cool d'avoir d'autres avis :)
1/ Quelle place diriez-vous que Wattpad occupe dans votre vie, et comment réagiriez-vous si celui-ci venait à fermer ?
Si wattpad était une personne à part entière, je pourrais dire que mes rapports avec lui sont un peu conflictuels haha.
Afin de comprendre pourquoi, il faut remonter au jours où j'ai installé l'application. J'étais en dessous de l'âge minimum, je me suis inscrite pour soutenir une histoire écrite par ma sœur. Je suis très vite devenue accro au site, pensant enfin trouver des gens qui cherchaient à me comprendre, alors que c'était moi qui ne faisait aucun effort pour m'intégrer aux autres. Le pire, c'est que je ne m'en rendais pas compte ; dans ma tête, l'écriture restait un passe-temps comme un autre, mais je ne réussissais pas vraiment à réguler mes pulsions. La plupart de mes souvenirs de mon début d'année touchent à wattpad, et c'est assez effrayant. Un an plus tard, j'ai subitement décrété que l'appli était nulle et je l'ai désinstallé (j'étais assez extrême dans mes décisions haha).
Prendre du recul m'a permit de comprendre que le virtuel n'égale presque jamais le réel. C'est vrai, j'avais fait des rencontres magnifiques, c'est vrai, ce passé à forgé ma vision des choses et pour rien au monde je ne voudrais le changer, je ne le renierais pas mais je ne voudrais pas le revivre pour autant. En ce moment ? J'essaye de garder une sorte de distance froide face à l'application, pour ne pas retomber dans l'addiction, car oui, c'était vraiment de l'addiction, et (ô surprise!), l'addiction, c'est mal. Wattpad ne fait pas partie intégrante de ma vie. L'écriture, elle, je ne pourrais pas m'en passer ; mais l'application en elle même ne possède pas une immense place de mon cœur.
Si Wattpad venait à fermer ? Je ne serais pas si triste que ça, je pense. La plupart des gens que j'ai rencontré possèdent un autre moyen de me contacter, et bien d'autres plateformes pourraient ainsi bénéficier d'une visibilité nouvelle (sweek ou scribay par exemple). Je ne considère pas la fin de wattpad comme une fin en soi, puisque ce qui fait vraiment l'application, c'est sa communauté ; la fermeture d'un si grand site d'hébergement n'entraînerait pas la disparition de tant de personnes, seulement le déplacement massif d'un grand nombre d'utilisateurs et utilisatrices vers une autre plateforme d'écriture.
2/ Puisque le sujet de ce concours est la capacité à attirer, parlez-nous de quelque chose (livre (publié ou Wattpad), film, série, BD, manga, etc.) de sorte de nous donner envie de le découvrir de le lire/voir.
THE PROMISED NEVERLAND, THRILLER PSYCHOLOGIQUE
(écrit par Kaiu Shirai et dessiné par Posuka Demizu)
Grace Field House est un Orphelinat accueillant trente huit enfants, sans différence d'âge, de genre, d'ethnie ou de potentiel intellectuel. Le seul critère d'admission est l'âge, entre 1 et 12 ans. Emma, Ray et Norman y sont les enfants les plus âgés, les plus intelligents aussi et vivent paisiblement dans cet environnement qui les accompagne depuis leur enfance.
Un soir, ils décident d'outrepasser les limites imposées par 'Maman' afin de revoir leur petite sœur, adoptée quelques heures auparavant. C'est alors qu'ils découvrent la terrible vérité : l'orphelinat n'est en réalité qu'un immense élevage, dont les enfants sont le bétail. Dès lors s'engage une bataille acharnée et indirecte dont ne pourra résulter que deux options : la fuite, ou la mort.
● « The Promised Neverland » ou la violence implicite.
A mi-chemin entre le réalisme, le fantastique, la science fiction et le roman d'anticipation, The Promised Neverland associe habilement la confrontation physique et intellectuelle. Le manga y respecte les cinq règles d'or de ces thrillers psychologiques : un antagoniste surpuissant, un enjeu mortel, des personnages principaux qui ont bien plus à perdre que les antagonistes (en l'occurrence, la vie), des retournements de situation constants, le tout dans un huis-clos.
Le lecteur est à la fois coupable et victime de cette chasse mortelle par une mise en abîme savante : le personnage principal sait que l'antagoniste sait que le personnage principal sait qu'il y a un guet-apens. Comme l'affirmait Light dans Death Note, cela revient à « prendre le revers du revers du revers... C'est sans fin ». De quoi bien retourner le cerveau du lecteur.
Le manga s'articule autour du fait que les protagonistes, malgré leur intelligence hors norme, ne sont que des enfants ; dès lors, le moindre faux pas peut entraîner la mort. Ni scènes de combat, ni question de survie pure mais une vraie dimension psychologique. En effet, face à des adultes, les protagonistes ne peuvent rien faire. L'alternance entre les tendres dessins d'enfants et les monstres à qui ils s'opposent, immenses et difformes, crée un contraste perturbant qui n'en est que plus prenant. Chaque réponse à une question en fait se poser cinq autres, dans un contexte inquiétant, presque alarmant. L'auteure joue sur l'espoir, afin de mieux le briser par la suite.
● « The Promised Neverland », ou une jeunesse éternelle promise dans la mort.
Les héros indestructibles, aux pouvoirs magiques surpuissants, imbattables grâce au pouvoir de l'amitié, disparaissent au profit d'enfants perdus dans un monde dont ils ne connaissent rien.
Les personnages principaux sont au nombre de trois, très lucides pour leur âge. Ils possèdent en commun la volonté de vivre, la détermination et l'amitié des autres, mais cela ne suffira pas face à la tout puissance des adultes qui gouvernent. Coincés dans un monde où la noirceur n'égale que le danger, les trois protagonistes sont conscient qu'on ne les épargnera pas. Là où chaque faute peut entraîner une mort imminente, c'est à eux de s'adapter ; et leur seule arme consistera en leur capacité de réflexion. Bien que l'atmosphère lourde de l'orphelinat semble peser tout du long du livre, les enfants parviennent à rester perspicaces, stratèges, rusés contre le danger fourbe que représente leur ennemi.
La réalité est partout autour d'eux mais sonne faux tout le temps. Les personnages, autant que l'intrigue, sont torturés par les griffes d'une figure omnisciente, engendrant des affrontements psychologiques allant au-delà du possible. Qui est le plus inhumain, entre les mangeurs de chair humaine et l'implacable 'Maman', envoyant tous ces enfants à l'abattoir ? L'ambiance glauque du manga et son réalisme froid, presque terrifiant, contribue malgré tout à rendre les personnages attachants.
Et dans tout cela, le plus horrible ? « L'élevage intensive », où lorsqu'on apprend que des milliers d'enfants sont engraissés dans l'unique but de nourrir des démons. La page suivante n'est pas encore tournée que nous savons déjà à quoi nous attendre, mais voir un dessin de centaines d'enfants alignés, baignant dans la poussière, un tuyau dans la bouche afin de les nourrir, c'est pire que tout ce qu'on avait pu imaginer. « Les enfants nés dans ce genre de ferme ne savent pas parler. On ne leur a jamais appris le langage. Et ils ne possèdent pas de nom non plus. Ils sont tellement conditionnés qu'ils n'ont plus de volonté propre. ». Le plus bouleversant n'est donc pas l'imaginaire, mais la réalité ; car ces établissements existent réellement, avec des animaux à la place des humains. C'est bouleversant
Le seul échappatoire, en dehors de la mort, sera celui de la fuite de l'Orphelinat. Mais à quel prix devront ils payer leur liberté ?
● Finalement, « The Promised Neverland », c'est bien ?
Véritable remise en question de la Société telle qu'on la connaît, critiquant d'une même façon l'élevage animal et le dilemme des adultes prêts à toutes les compromissions pour protéger les enfants de la dureté du monde, The Promised Neverland est une véritable perle en son genre. Fantastique, horrifique, les mots ne manquent pas pour détruire ce manga. Les cliffanghers de fin de tome sont recherchés, les personnages, aussi bien 'gentils' que 'méchants', restent attachants à leur manière et l'intrigue du roman est toujours plus grande, toujours plus élaborée. Un roman formidable, à placer entre toutes les mains.
« Une découverte peut parfois bouleverser tout ce que l'on tenait pour établi »
Emma (Chapitre 1, Tome 1)
3/ Essayez de déterminer selon vous ce qu'est un bon personnage. Puis, faites de même pour un bon méchant.
Un bon personnage ? C'est un personnage-tout-court. Il n'existe pas de 'bons' personnages comme il n'en existe pas de mauvais, il y a simplement des silhouettes d'encres et de papier rendues plus ou moins réelles par leur écrivain. Un bon personnage, c'est cette personne qu'on pourrait croiser dans la rue le matin, qui respire son café en essayant de réchauffer ses mains gelées grâce à la vapeur brûlante. Ça peut être un voisin, une cousine, un passant dans le métro, la fille qui courrait sur le quai, le garçon qui pleurait sur un bord du trottoir. C'est une personne que tu pourrais croiser n'importe où, n'importe quand, frappante par sa banalité et sa monotonie humaine. C'est toi, c'est moi, c'est nous tous ; parce que d'une certaine manière, nous sommes chacun les personnages principaux de notre propre vie.
Un bon méchant ? Il n'est pas manichéen, il est réel. Il suffit de s'appuyer sur la réalité pour se rendre compte de l'absurdité de certains romans. Avez vous déjà croisé quelqu'un qui se décrive comme 'mon objectif ultime est d'être la personne la plus détestable de l'univers et pour ça je vais tout te prendre un à un sans te laisser le temps de respirer mouahaha' ? Les enflures existent, c'est vrai – cependant il est bien plus rare d'en croiser plutôt que de rencontrer une personne sympathique, mais avec qui nous sommes en désaccord sur certain sujet. Imaginez maintenant ce qu'aurait donné votre désaccord dans un monde en ruine, où un nouveau gouverneur peut accéder au trône afin de diriger le peuple, et où vous êtes les deux seules personnes à pouvoir y prétendre grâce à la magie qui se trouve dans vos veines ?
Par exemple, dans Le Trône de Fer, Cersei est une princesse, mais écartée de la couronne par son statut de femme. Sa haine se ressent etout le temps, en l'occurrence lorsqu'elle explique à la futur reine son histoire : « Nous étions pareil, lui un garçon et moi une fille. Jusqu'à nos huit ans, même nos parents peinaient à nous différencier. Mais nos chemins étaient différents. Il s'est mis à apprendre l'équitation, la bataille et la tactique de guerre, tandis que je subissais les cours de broderie et de bienséance. Parfois, je mettais ses vêtements, je me faisais passer pour lui. Les gens ne voyaient pas la supercherie, et j'étais même la meilleure d'entre nous deux. Alors, dis moi, pourquoi n'avons nous pas eu la même éducation ? » Sa rancune est immense ; elle veut le pouvoir qui lui était promis quitte à utiliser tous les moyens pour y parvenir.
Les bons méchants sont donc caractérisés par leurs actions, leur humanité et surtout la réflexion qu'ils entraînent. C'est un personnage qui a mal répliqué face à ce qu'il considérais comme une injustice, dont l'idée d'un monde meilleur est noble mais les moyens mit en place pour le parvenir, mauvais.
En résumé ? Quelqu'un à qui on s'attache, dont on lit l'histoire, puis on se stoppe et on se dit « et moi, à sa place... aurais je fait mieux ? ». Et si on en doute, alors c'est un véritable méchant, car il l'est sans le vouloir.
4/ Selon vous, en quoi, ou grâce à quoi le cinéma ne pourra-t-il jamais surpasser la littérature ? Si vous êtes convaincu.e du contraire, développez en quoi le cinéma est plus riche que la littérature.
Je pense qu'aucun des deux ne pourra jamais dépasser l'autre, tout simplement car ces deux genres sont bien trop différents l'un de l'autre.
Les livres, c'est l'harmonie, les mots qui résonnent, sonnent et tintent délicatement dans des oreilles attentives. C'est l'imagination qui prend le pas sur la réalité, c'est s'évader de son monde pour en rencontrer un autre, plus compliqué et pourtant bien plus réel que celui qu'on vient de quitter. Lire, c'est vibrer d'amour pour des personnages inconnus, c'est comprendre une personne à qui tu n'as jamais parlé. Là bas, on peut dire des choses qu'on n'osera jamais dire, effectuer des actes dont on serait incapable, vivre vraiment, vivre pleinement. De notre monde où de celui de l'imagination, lequel mérite le plus d'exister ?
Les films, c'est la beauté de plan qu'on ne verra jamais nul part. C'est admirer une ville sous un autre plan, une forêt enneigée devenant soudainement la plus belle chose qu'on ait jamais vu, une allée couverte de lumières fluorescentes qui font battre notre cœur. On repousse les limites du réel, on s'évade en restant présent, car on le sent, on le voit. Si c'est filmé, c'est que, d'une certaine manière, cela peut arriver, non ?
J'avoue avoir tendance à préférer la littérature, d'une part car je sais apprécier à sa juste valeur un texte car j'ai déjà tenté d'en écrire, tandis que je ne pourrais jamais pleinement comprendre pourquoi ce cadre, ces couleurs, ces acteurs, cette esthétique, ce découpage. Et puis mon esprit refuse d'obtenir une histoire déjà toute faite. Je veux avoir le loisir de choisir le héros, de m'y identifier ou de le détester, imaginer ses cheveux, ses yeux, la lueur de vie qui l'anime, l'angle de sa mâchoire... C'est une multitude de détails absents ou, à l'inverse, déjà présents dans les films qui me font préférer les livres à l'univers cinématographique. L'imaginaire est bien plus puissant que n'importe quelle image.
5/ Selon vous, quels seraient les avantages (ou les inconvénients d'ailleurs) dans le fait de proposer aux élèves (collégiens et/ou lycéens) des ateliers d'écriture, libres ou personnalisés ?
Cette question tombe à point car il y a justement des ateliers d'écriture dans mon établissement, animés par un auteur en résidence. Il y a deux types d'ateliers : l'un obligatoire et l'autre facultatif.
J'ai deux amies qui se trouvaient dans l'atelier obligatoire, où elles devaient écrire des textes sur l'adolescence. La première, je la connais depuis plus de quatre ans maintenant, déteste le français et, de tous les livres que je lui ai prêté, n'en a lu aucun. L'atelier a été une véritable révélation pour elle. Elle s'est rendue compte qu'elle adorait écrire, qu'elle pouvait exprimer ses sensations par des textes et que, mieux encore, elle en était fière. La seconde n'a écrit aucun texte depuis le début de l'année, mais apprécie l'ambiance (c'est déjà ça haha)
Je fais quand à moi partie de l'atelier facultatif, dont l'objectif est d'écrire un roman et de le publier d'ici la fin de l'année (c'est parfois un peu stressant haha, mais aussi très motivant). Chaque 'écrivain' incarne un personnage, déambulant dans la ville et croisant d'autres personnages. Les 'séances' sont souvent sur un thème particulier, nous permettant d'écrire sur des sujets qui ne sont pas forcément notre ligne de mire ainsi que d'avoir un retour dessus (et ça nous fait aussi bien redescendre lorsqu'on se rend compte qu'on écrit super mal à côté d'autres personnes haha)Après avoir vu les bienfaits de ces ateliers et la manière dont ils étaient menés, je ne peux qu'approuver et encourager l'idée à se répandre, car c'est vraiment génial.
6/ Dans l'histoire présentée au concours (ici "Et les étoiles s'éteignirent"), quel est le personnage que vous avez le plus de plaisir à écrire ? Si vous présentez un recueil de poèmes ou de nouvelles, quelle a été la partie que vous avez préféré écrire ? Développez un peu.
Il y a plusieurs personnages que j'ai apprécié, mais celle dont j'ai préféré écrire les passages est sans conteste Atalante. Son nom mythologique rappelle déjà la guerrière chasseresse, imbattable à la course, qui tuait ceux qui tentaient de la battre mais n'y parvenaient pas. C'est une personnalité forte, entêtante, qu'on pourrait presque qualifier de 'mauvaise influence', et pourtant je ne peux m'empêcher de parfois vouloir faire comme elle.
« Ouais, j'ai peut être de la chance d'être en vie, ou peut être que c'est juste une malédiction et que personne ne s'en rend compte, trop occupé à vouloir préserver sa petite part de joie, se contentant de minuscules bonheur en restant à jamais courbé vers le sol. Moi, cette vie je ne l'ai pas demandée. Moi, je ne dois rien a personne. J'ai pas a être reconnaissante et me préserver juste pour le plaisir des autres. On vit tous ? Si c'est une chance, on la possède tous. Alors moi je l'use, je la maltraite, je la roule dans la boue, je manque de mourir dès que je traverse les rails du Djenn, et tu sais le pire ? C'est que ça me fait rire.[...] Je veux pas économiser ce qu'il me reste de vie, au contraire. Je ne me contenterais pas de survivre. Je veux vivre vite, je veux vivre fort, je veux pouvoir aimer, détester, adorer et haïr avec toute la force dont je suis capable. Je veux juste avoir le total contrôle de mon destin, aller à pleine vitesse même si c'est pour s'écraser sur les voies du Djenn quelques temps plus tard. J'ai pas réellement de remords, mais ce que je crains, ce sont les regrets. Alors je fais tout, tout le temps, partout, ne serait ce que pour me réveiller avec la sensation d'avoir frôlé les étoiles. »
C'est un personnage complexe que je n'arrive pas totalement à cerner moi même. Je la déteste et je l'aime à la fois, c'est étrange. Son je-m'en-foutisme totale ainsi que son irrespect constant pour la vie la rendent attachante et infecte à la fois. J'aimerais lui ressembler tout en détestant ses manières et le mal qu'elle fait aux autres. C'est définitivement le personnage que j'ai pris le plus de plaisir à écrire car j'ai insufflé toutes mes révoltes, tout mon égoïsme et toutes mes colères dans ses paroles, et cela semble presque normal au vu de sa personnalité.
7/ Si vous pouviez rencontrer un de vos personnages (de l'histoire présentée), qui serait-ce, et que lui diriez-vous ? Pour les recueils de nouvelles, prenez un personnage d'une nouvelle de votre choix, et répondez à la question précédente. Pour les recueils de poésie, y a-t-il un de vos poèmes que vous avez écrit pour quelqu'un ? Vous pouvez aussi répondre à cette question pour une de vos nouvelles. Développez un peu.
Il y a une multitude de personnages que je voudrais rencontrer, certains géniaux, d'autres que j'admire. Je pourrais leur dire que je les trouve incroyablement courageux, que je n'aurais jamais fait la moitié de ce qu'ils ont effectué, que je n'ai même pas les mots pour exprimer ce que je ressens. Des palpitations me traverseraient le corps tout entier, mon cœur battrait la chamade, j'aurai l'impression que des milliers de papillons dansent un tango effréné dans mon estomac, sans que cela ne soit dû à de l'amour ; mon admiration serait bien trop forte pour que je puisse imaginer quoi que ce soit de possible entre eux et moi. Voudrais je même les rencontrer ? Ne perdraient ils pas leurs charmes à devenir réel ?
Cependant, celle que je verrais en priorité, ce serait Tourmaline. Je ne lui dirais pas qu'elle m'inspire, je ne m'extasierais pas devant ses actes, je ne lui ferais pas de louanges éternelles ; parce qu'avant de dialoguer banalement avec quelqu'un, je voudrais qu'elle sache qu'elle n'est pas et ne sera plus jamais seule, et que, bien qu'elle l'ignore, des gens pensent à elle. Je la dévisagerais, et je lui dirais :
« Tu sais, pleurer, ça ne veut pas dire être faible. Être ami avec des gens ne veut pas dire rester stoïque en toute circonstance, mais pouvoir s'appuyer sur quelqu'un sans crainte de se faire juger ou exclure de son groupe. Tu n'as pas à te sentir faible parce que tu craques, tu n'as pas à te sentir inutile, et surtout, tu n'as pas à porter le poids du monde sur tes épaules. Retenir tes secrets, ce n'est pas une bonne idée, car à force de les conserver dans ton corps, ils s'accumuleront, et tu exploseras. La vérité éclatera bien un jour ou l'autre, et la pitié dans leur regard te détruira, si tu continue ainsi. Alors oui, je sais à quel point c'est dur de s'ouvrir aux autres après avoir été seule pendant tant de temps, je sais que tu douteras, encore et toujours, je sais même que parfois tu regretteras d'avoir fait ça, mais à la fin, tu verras que tout en avait valu peine. »
8/ On vous propose de "publier" votre histoire sous la forme de votre choix (film, série, BD, manga, etc.). Quelle forme choississez-vous, et pourquoi ?
Outre sous forme de livre (réponse évidente haha), je pense que le studio d'animation Ghibli serait le bienvenue (et je pense que je rêve trop aussi). Il faut dire que j'ai plutôt fonctionné par élimination. L'adaptation sous forme de film ainsi que de série serait impossible, parce que certaines choses comme les pensées ne peuvent pas vraiment passer par des paysages et des actions. La bande dessinée ne me tente pas outre mesure, car il y aurait parfois un manque de dynamisme, en l'occurrence au niveau des descriptions. En revanche, aucun des films du studio d'animation Ghibli ne m'a jamais déçu, tout en abordant des thèmes très proches de ceux dont je parle également (Le voyage de Chihiro comme récit initiatique, Princesse Mononoke pour le respect de la nature...). C'est une des seules adaptations où les descriptions peuvent réellement passer par la vue, et où la beauté des mots se transforme en magnificence des dessins et des personnages.
9/ Que ressentez-vous, ou pensez-vous lorsque vous relisez votre histoire, ou un passage de votre histoire ?
Cela dépend des parties, comme tout le monde je pense. Il y a des fois où je me dit que ce que j'écris ne sers à rien, que je ne suis qu'une gamine idéaliste qui n'égalera jamais les grands maîtres de la littérature et que continuer à écrire un livre aussi décevant n'en vaut pas la peine. D'autres fois, je relis un passage que j'avais oublié et, même s'il ne me plaît pas spécialement, je comprends l'idée derrière et me dit que finalement, ce n'est pas si nul que ça. D'une certaine manière, j'ai tendance à passer un grand temps sur une partie, à en être plus fière que jamais, puis à la relire quelques jours après et me dire que c'était tout de même d'un très bas niveau haha. Je ne suis jamais admirative devant mes textes, sans en être dégoûtée pour autant mais, la plupart du temps, mes anciens textes ne me conviennent pas vraiment.
10/ Comme d'habitude, vous avez désormais carte blanche pour nous dire ce que vous voulez pour nous donner envie de venir lire votre histoire, en complément de tout le reste !
Disons que ce livre, je l'écris parce que je n'ai jamais pu le lire. J'aurais bien aimé recevoir un roman comme celui là, me disant que je n'étais pas seule, que même les héroïnes d'un monde fantaisiste se perdaient sur des chemins que personne ne daignaient leur indiquer. Le roman est à mi-chemin entre le livre fantastique et le livre pour adolescent, parce que, de quelque monde qu'on soit, le passage du monde enfant au monde adolescent n'est jamais facile.
L'héroïne a 12 ans et fête ses 13 ans, donc sa prochaine entrée du côté adolescent, dans quelques semaines. D'ici là, elle se retrouve à écumer tout le royaume, aime et hait pour la première fois, perçoit les injustices sans les comprendre totalement, se sent à la fois immensément seule et constamment entourée.
C'est un véritable récit initiatique sur le passage entre ces deux univers si différents mais desquels on ne parle jamais, les autres livres préférant se concentrer sur celui de l'âge adolescent à l'âge adulte, plutôt que de l'enfance à l'adolescence. J'ose espérer que mon expérience pourra aider d'autres personnes, ou que vous passerez tout de même un bon moment à le lire haha.
(respect à ceux et celles qui ont atteint la fin)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top