Chapitre 24 : Liberté
Point de vue de Jenny
Ce jour-là, en revenant de mes entraînements et après avoir pris ma douche, je me posais sur mon lit sans parvenir à m'endormir. Je faisais des cauchemars chaque nuit à propos de mes entraînements, qui commençaient à devenir vraiment compliqué pour moi, j'étais mentalement et physiquement épuisée. On me poussait à bout, et je sentais de plus en plus la magie noire s'imprégner de mon corps, de mon âme. Malgré tout, je pensais toujours à mes amis, à Hunter et aux clans. Je n'étais au courant de rien, je ne savais pas s'ils allaient bien ou pas. Mon père les avait peut-être déjà attaqués pour faire du mal à Hilyan et à moi-même par la même occasion. Ou je me faisais peut-être des films, ils étaient peut-être toujours sains et saufs, concentrés à chercher un moyen pour me sortir de là. Je me posais toujours autant de questions et cela me tenait éveillée, malgré moi. Je tournais en rond dans ma chambre, je ne tenais pas en place. Dehors, le ciel était sombre et assez bas. Je voyais le village du Royaume s'animer. Des rires bruyants provenant de la place me parvenaient. Des drapeaux flottaient violemment au vent. Les arbres de l'immense forêt englobant le château se pliaient également avec le vent. Un groupe d'homme traversait le pont d'entrée, et certains se trouvaient sous forme inhumaine. En regardant plus précisément, ces hommes transformés faisaient froid dans le dos.
Je finis par prendre ma veste en cuir et je sortis de ma chambre. Il y a quelques jours, Holinamis m'avait donné la permission d'aller où je souhaitais dans le Royaume. Il savait très bien que je ne pouvais pas utiliser mes propres pouvoirs et que j'étais au courant que je ne pouvais pas sortir du Royaume sans être remarquée. J'étais prise au piège et j'en était au point où j'acceptais cette condition. Je descendais sur la place du château. Sur celle-ci se trouvait un rassemblement d'hommes et de femmes, qui semblaient être captivé par ce qu'il se passait au milieu du cercle qu'ils formaient. Je réussis à rejoindre quelques hommes de mon groupe d'entraînement et je me faufilais au premier rang afin de voir ce qu'il se passait. Hecleus et Arigon était en train de se battre, pour une raison qui m'échappait. Après quelques minutes à les observer se lancer des sorts et à se battre avec des épées à lame de fer violet, je finis par intervenir dans le combat en manipulant l'ombre d'Hecleus afin qu'elle attaque Arigon. Ce dernier tombait au sol dans un fracas qui fût taire toute l'assemblée. Hecleus fût lui-même surpris par cette attaque, il pensait que c'était la sienne mais il ne croyait pas qu'il était aussi fort que cela. Il se dirigeait vers Arigon et il l'aidait à se relever tandis que tout le monde s'éparpillait dans les rues du village. Il restait seulement le groupe d'entraînement. Mon regard croisait celui de l'homme aux cheveux noirs de jais pendant quelques instants avant que je ne croise mes bras sur ma poitrine et je levais les yeux au ciel. Hecleus laissait Arigon à deux hommes avant de venir vers moi.
« - Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que je te retrouve en train de te battre contre Arigon ? demandais-je en soupirant de désespoir.
- Toujours à propos de la même chose, marmonnait-il en mettant ses mains dans ses poches de pantalon.
- Je ne sais même pas pourquoi je pose la question, répliquais-je en levant de nouveau les yeux au ciel. Tu sais très bien que cela ne sert à rien que tu te battes contre lui pour avoir la place de leader dans le groupe d'entraînement.
- Je sais bien mais il venait de me provoquer !
- Je ne veux rien savoir Hecleus ! »
Il soupirait et nous nous dirigions vers un bar du village. J'allais vers le barman, suivie de près par Hecleus. Nous nous installions sur les chaises de bar avant que l'on vienne nous voir.
« - Ah, ma chère Ena, qu'est-ce que je te sers aujourd'hui ?
- Surprends moi, comme d'habitude !
- Pas de problème ! Et toi Hecleus ? Tu prendras comme d'habitude ?
- Je vais suivre Ena cette fois-ci.
- Je vous prépare ça alors ! nous dit le barman avant de s'éloigner. »
Je passais toute ma soirée à discuter avec Hecleus. Je ne savais pas combien de temps j'allais rester dans ce Royaume mais si je pouvais en sortir le plus rapidement possible, cela m'arrangerait énormément. J'avais développé une sorte d'amitié avec l'homme aux cheveux noir de jais, et je pensais à subtilement aborder les conversations sur la façon de retourner sur Terre. Je ne savais pas s'il était au courant de mon envie de m'échapper d'ici, mais il était assez manipulable pour que je puisse tirer des informations de lui.
Après quelques heures passées dans ce bar, je finis par sortir alors qu'Hecleus restait bourrer à l'intérieur, avec certains de notre groupe d'entraînement. Je n'avais pas pu tirer grand-chose de lui, même lorsqu'il essayait de flirter avec moi et que j'en profitais pour lui faire baisser sa garde. La nuit était tombée sur le Royaume alors que je m'empressais de rentrer dans le château. Seulement, l'envie de dormir n'était toujours pas présente donc je décidais de faire un tour dans le palais, puisque l'on m'avait autorisé à le faire. D'innombrables portes et couloirs s'offraient à moi dans le grand hall d'entrée, simplement éclairé par quelques bougies posées sur des chandeliers. Je ne voyais aucune différence entre ces portes, elles étaient toutes en bois massif, avec une lourde poignée noire et les couloirs se ressemblaient tous également. Je ne m'attardais pas sur cela et je me dirigeais vers une des portes se trouvant sur ma gauche. Je l'ouvrais facilement avant de pénétrer dans le long corridor sombre qui se tenait devant moi.
Je sortais légèrement mon collier de dessous ma chemise et j'avançais prudemment. Il n'y avait aucun bruit, seul celui de mes pas résonnait dans la galerie. Il y avait certaines sculptures à ma droite, tous les trois cents mètres environ, et juste en face d'elles, se trouvait des tableaux représentants la même chose. Ce n'était que des visages de personnes. Je prêtais attention à chacun d'entre eux, néanmoins, il n'y en a qu'un seul qui captiva mon regard : c'était celui de ma mère. Je scrutais sa sculpture et je m'arrêtais sur chaque détail, qui ne m'échappèrent pas. Je retrouvais ses longs cheveux, que je devinais à moitié ; son visage fin et ovale ; son nez parfaitement dessiné ; ses fines lèvres ; ses yeux légèrement allongés. Je me retournais pour regarder le tableau. Tous ses traits étaient là, seulement, l'intégralité de son corps était représentée. Elle était splendide dans la robe bleue pastel qu'elle portait. Elle lui allait vraiment bien. J'avais beau ne l'avoir jamais connue, elle me manquait tout de même. Je ne me plaignais pas des deux mères que j'avais eu mais voir ma mère biologique en sculpture puis en peinture me faisait ressentir ce manque, et ce sentiment de tristesse de ne pas l'avoir connue. J'ai l'impression qu'elle aurait pu faire une mère exemplaire.
Je portais ma main sur le cadre doré du tableau. Soudain, je vis la peinture s'animer et un courant d'air froid passait dans le couloir, à en donner des frissons.
« - Oh Ena, ma fille, tu es magnifique ! »
J'ouvris grand les yeux en entendant la voix de ma mère, provenant du tableau.
« - Maman ?
- Oui, c'est bien moi mon cœur. Je suis tellement heureuse de te voir, même si je sais que cela signifie que tu t'es fait attrapée par ton père... oh mon ange, je suis tellement désolée si tu savais !
- Ce n'est rien, ne t'en fais pas, je sortirais d'ici. Tu n'as pas à être désolée maman, je t'assure. Tu n'as rien fait de mal, tu m'as protégé, c'est tout.
- J'aurais dû rester auprès de ton père, rien de tout cela ne serait arrivé. C'est de ma faute s'il est devenu le monstre qu'il est aujourd'hui, et qu'il essaye à présent de te faire devenir comme lui.
- Il n'y arrivera pas, je ne succomberai pas à la magie noire. Mais je t'en prie, ne dis pas de bêtises pareilles, cela me brise le cœur de t'entendre dire tout cela. C'est dans sa nature d'être comme il est actuellement, et ce n'est en aucun cas toi qui l'a changé. »
Je la vis sourire sur le tableau, et je lui rendis.
« - Tu es une fille formidable Ena. Exagon aura bien de la chance de t'avoir à ses côtés, et puis tu auras de la chance de l'avoir lui aussi, c'est un bon jeune homme qui te correspond et il te sauvera la vie.
- Je te rendrais fière maman, je te le promets, dis-je en versant une larme. Mais comment sais-tu tout ça à propos d'Exagon ?
- Une maman sait tout mon ange, me sourirait-elle en me faisant un clin d'œil avant de reprendre sa place initiale sur le tableau. »
Le courant d'air cessait et tout redevenu comme avant. Je m'écartais de l'œuvre et je la regardais encore quelques instants avant de continuer ma route. Je ne comprenais pas grand-chose à ce qui venait de se passer et je ne savais pas comment me sentir à l'égard de ma mère. C'était un mélange de joie, de tristesse, de fierté et d'amour.
Je poursuivais mon chemin dans les couloirs du Royaume, tous aussi sombres les uns que les autres. Ils me provoquaient de plus en plus de frisson dans le dos au fur et à mesure que je m'aventurais dans un nouveau passage. J'avais l'impression de tourner en rond et de sans cesse repasser par le même endroit. Tout se ressemblait. Je commençais à avoir mal aux pieds et à être fatiguée. Je finis par arriver au bout d'une impasse, ou du moins, cela y ressemblait énormément si cela n'en était pas une. Le mur qui se dressait devant moi avait l'air de cacher quelque chose. Et des bruits provenant de derrière les pavés confirmèrent ma théorie. Je savais que je ne devais pas rester ici, ou que je devais au moins me cacher pour ne pas me faire remarquer si une personne débarquait de l'autre côté du mur. Néanmoins, il n'y avait rien à proximité pour que je puisse me cacher et avant que je ne puisse agir, le mur fît basculer, laissant entrevoir un champ magnétique derrière celui-ci. J'eus juste le temps de ranger correctement mon collier sous mon haut avant que Linidus n'apparaisse devant moi.
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