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MÉTÉO DES MERS, samedi 12 août 2023 : mer énorme
Quand Alwena entend les premières notes s'élever au stade du moustoir au moment où les joueurs du fc lorient font leur entrée sur le terrain, son cœur fait un bond dans sa poitrine. Une agréable chaleur se répand ensuite dans son corps et sa main se glisse dans celle de Yann alors qu'elle contrôle avec difficulté les larmes qui se mettent à briller dans ses prunelles. Il s'agit des notes qu'ils ont un jour composées, de celles qu'ils ont par la suite enregistrées. Alors, les entendre résonner pour de vrai dans l'enceinte du club de football local, celui qui compte pour tant de bretons, ça vaut bien toutes les nuits blanches passées à se creuser la tête pour répondre à la demande qui leur avait été formulée à l'époque. Et la musicienne est fière, fière que son travail appartienne désormais à tous les lorientais et à ce club qui fait autant partie de son patrimoine que le festival interceltique ou que la base aéronavale de lann-bihoué et son bagad.
Quand Alwena entend la musique jadis créée, elle est particulièrement fière d'avoir un jour appartenu à ce groupe traversant le temps, cette troupe sans cesse renouvelée et perdurant à travers les décennies, cette troupe représentant un bout de la Bretagne, un bout de Lorient, une troupe à laquelle les habitants s'identifient tant que c'est elle absolument que voulaient les dirigeants du club pour créer localement une musique d'entrée pour remplacer celle si semblable à celles des autres clubs. Elle relève la tête vers Yann qui a la main désormais déposée une seconde sur son épaule et l'attire légèrement à lui. Elle peut également voir ses prunelles vertes briller. Si le maillot sur ses épaules n'est pas orange tinté de noir, il porte bien sur lui celui d'une autre fierté locale avec les couleurs rouge et noire. Une fierté également sur le sponsor commun aux deux maillots. Car le logo de la boisson pétillante est également brodé sur le maillot de l'En avant Guingamp porté par le second musicien qu'elle n'avait pas vu depuis de longues semaines et est heureuse de retrouver à cette occasion.
Quand Alwena se met à chanter le Bro Gozh Ma Zadoù, résonnant officiellement lors des derbys bretons ou officieusement pour l'ensemble des autres matchs, elle a d'ailleurs un breizh cola dans une main et une galette-saucisse tout aussi locale dans l'autre. Sa voix se mêle au reste de celles s'élevant dans le stade, même si elle ne résonne pas fortement. Si la musicienne a le rythme, elle n'a jamais aimé chanter et garde de très mauvais souvenirs de ses cours de solfège où elle s'épuisait les cordes vocales dès lors que les notes montaient un peu trop dans les aigus. Elle épuisait d'ailleurs également à ces occasions les oreilles de ses camarades. Sa seule exception reste lorsque Soldat Louis s'élève. Elle ne peut donc pas s'empêcher de chantonner quand le groupe local est diffusé à la mi-temps.
Quand Alwena finit par quitter le stade quelques heures accompagnée par Tri Yann et un match nul dans le derby plus tard, elle se dirige vers son bar préféré d'où elle entend déjà s'élever les Ramoneurs de menhirs. Dans celui-ci, elle rejoint Azénor et Caelia qui l'accueillent en même temps que le lorientais d'adoption après plusieurs années passées basé dans la base aéronavale. Ses deux amies lui racontent le week-end qu'elles ont passé à naviguer une dizaines de jours plus tôt et elle sent son cœur légèrement s'ébrécher. À les entendre décrire l'océan et les îles où elles ont jeté l'ancre, elle regrette de n'avoir pu être présente car elle était en Belgique à supporter Alex. La blonde aurait nettement préféré l'air marin à celui pollué par le carburant cramé de SPA, mais également le son du vent fouettant sa voile à celui des automobiles déchirant ses tympans. Alors elle ne les écoute que d'une oreille, pensant déjà à la prochaine fois qu'elle pourra prendre la mer.
Quand Alwena jette un rapide coup d'œil à la météo sur son téléphone, elle voit rapidement que ce n'est pas cette semaine-là que cela sera le cas. Les prévisions sont mauvaises alors qu'une forte dépression semble sur le point de s'abattre sur l'ouest de la France. Elle est même étonnée de cela car ce n'est pas souvent que le vent est autant déchainé en plein été. Elle espère une énième erreur de la part des chaines météo pour pouvoir juste pendant quelques heures quitter le port.
Quand Alwena finit par rentrer quelques heures plus tard, Alex est installé sur son bureau en train de discuter avec son coéquipier sur l'ordinateur. Alors que la trêve bat son plein depuis peu, elle n'a aucune idée du sujet dont ils peuvent discuter. Mais elle sait que prendre du temps pour le jeune américain est quelque chose que son petit-ami fait régulièrement. Elle a bien vite compris que s'il n'en était pas aussi proche que de son prédécesseur, il aimait passer des moments en sa compagnie. Mais à l'air sérieux qu'il arbore, elle ne rentre pas dans la discussion et se dirige plutôt vers la cuisine où elle commence à préparer une salade pour le soir. Il semble évident qu'ils sont engagés dans une discussion importante et parlent peut-être de leurs voitures.
Quand Alwena termine de débarrasser la table aidée de son petit ami, elle prend une rapide douche avant de rejoindre sa chambre où elle s'installe et reprend le livre qu'elle a entamé des semaines plus tôt. Ce jour-là, elle compte bien l'avancer et peut-être le terminer. Après tout, il ne devrait lui falloir qu'une bonne heure pour lire la centaine de pages restantes après des jours entiers à être trop dérangée pour réussir à lire plus que quelques pages. Elle déteste d'ailleurs cela, n'arrivant plus à se plonger dans l'univers si complexe de l'œuvre.
Quand Alwena en a parcouru les cinq premières, elle se retrouve avec Alex lui posant des questions sur l'objet dans lequel elle était plongée. Elle y répond avant d'essayer de reprendre puis d'être une nouvelle fois interrompue. En cet instant, elle regrette le calme de sa cabane enfant. Ce lieu où elle pouvait lire ou faire de la musique pendant plusieurs heures sans être dérangée. Quand Alex ne comprend pas et continue de discuter, elle referme le roman, ne souhaitant pas s'énerver alors qu'il semble vouloir discuter.
Quand Alwena se lève, elle profite qu'Alex dorme encore pour se saisir de son roman. Elle ne parvient malgré tout à lire qu'un chapitre avant que son marque-page métallique tombe au sol et que le tintement réveille l'anglo-thailandais. Elle abandonne donc sa lecture pour un petit-déjeuner que le pilote va chercher. C'est une tradition entre eux depuis des années d'essayer de faire viennoiseries un dimanche sur deux, le suivant consistant en un petit-déjeuner anglais.
Quand Alwena se fait interrompre alors qu'elle s'est spécialement enfermée dans son bureau pour travailler ses partitions et chouchouter sa cornemuse avant de commencer la répétition de ses morceaux, elle ne peut s'empêcher de souffler. Elle a l'impression d'étouffer alors qu'elle n'a aucun endroit où elle peut lire, ou jouer, ou rêvasser sans qu'on ne importune. D'une petite remarque, elle tente de faire comprendre à son petit ami qu'elle est en train de travailler comme lui le faisait la veille quand elle était rentrée et qu'elle avait besoin de calme pour se concentrer.
Quand Alwena entend le léger reproche fait sur cette après-midi football à laquelle il n'avait pas été invité, c'est la goutte de trop. Celle qui déclenche la tempête. Car c'est la première fois depuis des mois qu'elle pouvait passer du temps avec Yann. Encore plus qu'elle était une fois passée à coté de sa présence sur Lorient pour cause de grand-prix. Et puis, Alex n'aimait pas le football français, elle l'avait bien compris. Alors telle une bourrasque, elle coupe court à la conversation, quitte son salon, envoie ses habits de voile dans son sac et prend ses clés de voiture. Il ne lui faut qu'une dizaine de minutes pour récupérer ce qui lui faut auprès de sa meilleure amie qu'elle est embêtée de déranger tant elle la sait occupée, mais également pour lui glisse quelques consignes. Elle ne boit même pas le café proposé par l'employé gérant la partie bar et boissons de son établissement. Elle remonte dans sa petite voiture et fonce en direction du port. Dehors les vagues commencent à gonfler mais cela n'empêche pas celle qui a pris la mer pour la première fois avant même de marcher de grimper sur le voilier, de le désamarrer d'en descendre la voile.
Quand Alwena sent le vent grondant se prendre dans ses cheveux et fouetter son visage, son cœur semble enfin un peu se calmer. Sa voile claque à chaque bourrasque et les gouttes salées volent dans toutes les directions. Mais au milieu du vide car personne n'a osé prendre la mer, elle est heureuse. Parce qu'elle est enfin seule avec uniquement le bruit du vent dans sa voile pour la gêner et elle l'a toujours adoré. Et là où elle se rend, il n'y aura pas de pilote bavard et incapable de comprendre la raison d'une porte fermée pour la déranger. Elle atteint sans souci l'île visée et s'amarre dans le petit port abrité par une petite jetée. La pluie commence alors à se déverser encore plus fortement tandis qu'elle remonte la petite rue puis tourne en direction du phare désormais inhabité et s'y engouffre sans trainer.
Quand Alwena se retrouve dans la chambre de l'ancien gardien de phare gardée en état, elle sort ce livre. Elle en avale les mots, les phrases, les pages. Les courbes et traits noircissant les pages calment sa colère alors que dehors le ciel gronde. Le vent fait claquer les branches. Les bourrasques envoient les vagues créées se fracasser avec force sur les falaises en granit.
Quand Alwena regarde par la fenêtre, elle peut voir la mer énorme. Elle l'admire alors que son esprit est déchiré comme le ciel l'est par un puissant éclair. La bretonne est perdue sur ce qu'elle doit faire pour retrouver le bonheur et la sérénité dans sa vie. Car si elle aime le brun, elle n'en peut plus de son omniprésence. Et peut-être qu'ils n'étaient pas fait pour vivre aussi longuement ensemble. Par moment, elle a l'impression que le phare tremble. Ce n'est pourtant pas le cas. Cet endroit est fait pour résister à toutes les tempêtes, même les plus puissantes. Et la bretonne espère que celle qui la traverse se dissipera, comme celle transformant la mer en chaos et la soulevant pour former des vagues de plusieurs mètres finira par se calmer et la mer par s'apaiser.
Et je suis de re-tour ici. Et oui je vous laisse sur ca ! (J'ai tellement galéré)
Prochain chap = épilogue owi !
Des mini infos : Bro Gozh Ma Zadoù = hymne breton. il passe officiellement lors de tous les matchs opposants 2 clubs breton (& malgré l'envie des supporters du fc nantes d'y appartenir & un oui au départ y a eu une petite machine arrière politique parce que ça le faisait pas trop haha)
breizh cola sponsorise tout le sport breton (souvent ils ont pas les gros logos, mais ça dépend)
Le badag de lann-bihoué a créé l'hymne d'entrée des joueurs de lorient il y a qq saisons. c'était en lien avec une envie des dirigeants de se rapprocher du local (ce qu'ils font aussi niveau comm mais aussi sponsors ce genre de choses - les joueurs habillés en mousqueton par ex - ma vie pour les vareuses et habits mousqueton). ce qui est sûr c'est qu'en bretagne, avec les sponsors maillot, tu sais que t'es en bretagne : la trinitaine, breizh cola, celtigel, les yaourts st-malo, b&b hotel, jean floch, armor lux...
quand je voulais teaser cette histoire je voulais faire la sainte trinité des saintes trinités d'alwena et c'était : les groupes - le bagad de lann-bihoué, matmatah, fc lorient ; les sportifs : armel le cléach', cléopâtre darleux, warren barguil (il arrive bientôt mon breton pref) ; la bouffe - la galette saucisse, le kouing aman, le breizh cola et/ou chouchen.
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