- merci, James.
- c'est normal Lily.
- je peux essayer de faire de mon mieux pour résumer tout ce qu'il s'est passé depuis le 28 juin 1981, si tu veux bien sûr.
- rien ne me ferait plus plaisir.

James s'était assis au bout du lit de Lily, ils étaient l'un en face de l'autre, mais à une distance respectable bien sûr. Ils s'étaient tous les deux expliqués, chacun ayant ses raisons et ses torts. Mais mainteant, ils avaient une fille à élever, et à deux cette fois.

-je ne sais pas vraiment par où commencer, pose moi des questions ce sera plus simple.
- la première que j'ai à te poser, c'est est-ce que tu savais avant qu'on se sépare ? Commença James, légèrement hésitant, prudent.

Il ne voulait pas blesser Lily, ni la presser si jamais elle n'était pas prête à en parler, mais des milliers de questions tournoyaient dans sa tête, et il avait besoin de réponses.

- non, s'empressa de répondre Lily. Non, je l'ai su quelques jours après. J'étais chez Vic, et je n'allais pas bien. J'étais malade, des maux de tête, des maux de ventre, mais je mettais ça sur le compte de la dispute. Mais ça a continué et j'ai pris rendez-vous à Sainte-Mangouste. En fait, je m'en doutais un peu mais mon cerveau refusait de voir la vérité, il me fallait donc une preuve concrète, que je ne pourrais plus nier. Alors j'y suis allée, seule parce que Vic travaillait. Et... c'était vrai, j'étais bien enceinte depuis quelques semaines. J'ai passé les semaines suivantes sur le canapé de Victoire à pleurer encore et toujours, remuant toutes les possibilités envisageables, mais aussi en lisant les lettres que je recevais. J'étais perdue. Puis je n'ai plus eu le choix. Je devais retourner à l'hôpital, pour continuer ma formation de médicomage, cette fois. Et puis je ne pouvais pas me morfondre sur mon sort, alors j'ai décidé d'y arriver, et d'élever cet enfant seule, et quelque part, je n'avais pas le choix. Puis les mois se sont enchainés, j'ai continué ma formation jusqu'à plus du septième mois, jusqu'à l'épuisement. Mais je n'avais pas le temps de penser à autre chose, ça m'occupait. Je n'ai pas vraiment apprécier ma grossesse, surtout à partir du moment où on m'a obligé à rester dans mon appartement, seule, sans bouger. Bon, je faisais les cents pas pour m'occuper, et je révisait aussi, ou sinon je lisais des livres par dizaines chaque semaine. Et puis j'ai bien fait d'en profiter pour lire, parce que le 15 février 1982, elle est arrivée, Jade, à 06h07. Elle pesait 3,105kg pour 51 cm.

James l'écoutait attentivement, il s'imprégnait de chaque mot du récit de Lily, n'en loupait pas une seule seconde. Il regrettait, de ne pas avoir été là pendant tout ce temps, tous ces moments où Lily était seule, et qu'elle avait souffert, sûrement bien plus qu'elle ne voualit l'admettre, ou en tout lui dire. Il s'en voulait aussi, terriblement. Il comptait rattraper le temps perdu tant qu'il le pouvait, mais cela dépendait encore de Lily, et donc rien n'était encore sur.

- et puis, la vie avec Jade a commencé. Une routine à répéter inlassablement tous les jours. Mais j'étai heureuse, j'avais ma fille, j'avais Victoire, je ne demandais rien de plus.

Lily essayait de mentir du mieux qu'elle pouvait, sans grand succès. La jeune maman essayait de raconter une version de l'histoire heureuse, sans trop de détails, car elle préférait les garder pour elle. Bien sûr que Victoire et Jade ne suffisaient pas dans sa vie. Il y avait ce trou béant, ce vide dans sa vie, qui aurait u être comblé par ses amies, Marlène, Alice et Charlize, mais aussi par James, mais ça, elle ne l'avouerait pas de si tôt.

En racontant le récit de ces dernières années, Lily se sentait mal. Mal de raconter le bonheur que Jade avait amené dans sa vie, le bonheur d'être mère pour elle. Elle s'en voulait d'exposer tout ce dont elle avait privé James, même si sur le moment, elle ne pouvait tout bonnement pas faire autrement, du moins de son point de vue.

- Jade, reprit Lily, c'était un bébé joyeux, elle était toujours souriante, elle ne pleurait pas souvent, enfin presque. Il n'y avait qu'une seule tâche au tableau.

Enfin non, il y en avait des milliers, mais ce n'était pas le sujet, alors la rouquine continua son récit, à reculons.

- Jade a toujours eu du mal à s'endormir. Elle pleurs à chaque fois qu'elle doit dormir, pendant de longues minutes. J'ai du mal à la calmer, j'y arrive souvent, mais parfois c'est plus... compliqué.

Les images insupportables de ses crises de panique lorsqu'elle n'arrivait plus à contrôler ses émotions défilèrent dans la tête de Lily, qui tenta de se reprendre le plus vit possible, écartant ces images de ses pensées.

Elle essayait aussi de ne pas exposer les raisons-qu'elle connaissait- de la difficulté de Jade à s'endormir, comme une peur du sommeil.

- pourquoi ? demanda James, soudain inquiet.
- je... je ne sais pas, répondit Lily après une courte hésitation.

Elle ne pouvait pas lui dire la vérité, pas tout de suite. Puis un ange passa, jusqu'à ce que quelqu'un toque à la porte. Lily tourna d'un seul coup sa tête, de même que James, qui entre temps s'était levé, et semblait se passionner par ce qui se passait de l'autre côté de la vitre.

- entrez, annonça Lily.

La porte s'ouvrit alors un guérriseeur, le visage crispé.

- bonjour, miss Evans. On m'a demandé de vous informer de la situation de votre fille Jade Evans.
- dites-moi tout, j'ai besoin de savoir maintenant quoi qu'il arrive, ça sert à rien d'y aller par quatre chemins. Il s'est passé quoi ?
- on a eu un problème avec Jade, elle a fait une crise respiratoire. C'est tout ce que je sais, vous pouvez monter la voir si vous voulez bien me suivre, normalement vous n'y êtes pas autorisée mais c'est exceptionnel.

Lily fut prise de panique une nouvelle fois, elle devait aller voir sa fille, maintenant. Comment, alors qu'il y a quelques minutes, Victoire lui avait assuré que tout allait bien, Jade avait pu faire une crise respiratoire ?

Lily se leva d'un bond, et un peu trop rapidement peu être, tous ses muscles la faisaient souffrir, mais elle se retint de pousser un cri de surprise et de douleur.

Elle suivit le guérisseur dans les longs couloirs sans fin de l'hôpital, sans prêter aucune attention à ses amies, qui la suivaient tout en essayant de comprendre pourquoi les yeux de Lily s'emplissaient de larmes à chaque pas qu'elle faisait, pourquoi ses mains tremblaient, pourquoi son visage devenait plus pâle chaque seconde, pourquoi... pourquoi tout.

Elle gravit les étages, dépassant même largement le guérisseur derrière lequel elle était sensée rester. De toute façon, elle connaissait mieux l'hôpital que personne, puis elle finit par rentrer dans le service de pédiatrie en courant. Elle tournait vivement la tête de gauche à droite puis de droite à gauche, cherchant la moindre trace de Jade, et ce tout en courant, ne pouvant plus s'arrêter. La vie de sa fille était en jeu. L'urgence de la situation l'aurait poussée à faire n'importe quoi pour sauver sa fille, même si personne ne lui avait dit quoi que ce soit sur le niveau de gravité.

L'instinct, sûrement.

Puis elle finit par arriver, seule, les autres n'ayant pas réussi à la suivre dans sa course à travers les couloirs blancs de l'hôpital. Elle sentait son cœur battre, elle était essoufflée et n'arrivait pas à reprendre son souffle. Malgré sa vue quasiment floue, elle réussit enfin à la voir, cette toute petite fille de quinze mois, allongée et entourée de médicomages et guérisseurs, branchée à des fils qui la reliait à des machines bruyantes, qui la tenaient en vie. Enfin, c'est ce qu'elle en déduit en voyant le dispositif d'urgence qui entourait Jade.

Lily entendit des bruits de pas derrière elle, puis des voix, mais ne s'en préoccupa pas, incapable de décrocher son regard de sa fille. Une porte vitrée les séparaient, et heureusement : Lily sentit le sol se dérober sous son poids, elle se sentit glisser contre le mur, puis des voix, encore une fois, qui l'appelaient, sans savoir à qui elles appartenaient, sa vision était trop floue, puis de plus en plus sombre, jusqu'à l'obscurité totale. Puis plus rien, le vide.

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(1408 mots/ corrigé)

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