CHAPITRE 10
Aidez le. Ne parlez pas du présent. Rentrez avec lui. Retournez dix ans en arrière.
Voici ce que le médecin m'a dit, avant que je ne puisse revoir Louis. Comme il doit reprendre petit à petit conscience d'où et quand il est, nous devons l'aider en le soutenant. Et en rentrant dans son... amnésie. Mais sachant que je n'ai jamais été un très bon acteur, cela risque d'être compliqué.
Cela fait une semaine que Louis est réveillé, et je vais le voir tous les jours. Notre complicité revient petit à petit, puisque dans sa tête, je suis le Harry de 17 ans, son meilleur ami.
Je pénètre pour la cinquième fois cette semaine dans la chambre d'hôpital, et Louis est debout, près de la fenêtre, regardant le paysage.
- Hey Lou.
- Coucou Haz. Comment tu vas ?
- C'est plutôt à moi de te poser la question, mais ça va. Et toi?
- Je me sens un peu fatigué. Mais j'ai de nouvelles questions pour toi.
Louis est conscient qu'il est amnésique. Il ne sait juste pas que c'est de dix ans. Il croit que ses souvenirs se sont arrêtés à, disons... deux ou trois mois. Donc, en me servant de ça, je l'aide à se souvenir.
- Bien sûr mon Lou. Je t'écoute.
- Déjà, pourquoi on est partis en scooter ce jour là ?
- On avait un devoir à rendre je crois, donc on s'est dit que ça irait plus vite que de rentrer à pieds, même s'il pleuvait.
- On est idiots !
Je ris à ses mots, puisque ce sont exactement ceux qu'il m'a sorti le soir de l'accident, quand je suis allé dormir chez lui.
- Et Haz... est ce que Danielle m'a enfin lâché les basques ? J'en ai assez de jouer au petit couple parfait avec elle.
Je m'étouffe bruyamment avec ma salive. À l'époque où ses souvenirs se sont arrêtés, Louis était toujours en couple avec Danielle, amoureux d'elle. Et moi, je cachais encore et toujours mon amour pour mon meilleur ami.
- Euh... je crois pas ?
- Putain je l'ai pas encore quitté ? Je vais le faire immédiatement tiens !
- Mais, pourquoi Lou ? Tu es amoureux d'elle donc pourquoi la quitter ?
- Moi amoureux de Danielle ? C'est la meilleure Haz !
Je ne comprends rien à ce qu'il m'arrive. Pourquoi Louis nie-t-il son attirance pour Danielle alors qu'ils étaient souvent collés au lycée ?
- Haz ?
Louis secoue sa main devant mes yeux.
- Tu étais parti loin. Tu es sûr que ça va ?
- Oui oui. Tout va bien ne t'en fait pas.
Je décide de m'assoir sur le lit d'hôpital pour me remettre de la nouvelle. Alors comme ça, Louis jouait la comédie ? Pendant presque trois ans il a joué la comédie ? Mais pourquoi ?
- Mon père.
Je relève la tête, et Louis regarde une fois de plus dehors. Je comprends qu'il vient de répondre à ma question silencieuse, et il finit par se tourner vers moi, les yeux dans le vide.
- Il a toujours voulu tout contrôler. Mes cours, mes sorties, mes relations. Et j'étais trop faible pour dire oui. Trop soumis, trop obéissant. Je voulais juste qu'il soit fier de moi. Mais il en avait rien à foutre.
Je sens un poids s'envoler de mes épaules après la déclaration de Louis sur son passé. Je n'ai rencontré que quelques fois son père, et à chaque fois il me regardait avec des yeux méprisants, emplis de jugement. Comme s'il savait.
- Je n'aimais pas Danielle, Haz. Il n'y avait qu'une personne dans mon coeur pendant tout ce temps. Une seule personne.
- De quoi tu parles Lou ?
Louis soupire, et vient s'assoir à côté de moi. Il prend une de mes mains entre les siennes, et murmure :
- Fais moi rentrer. Amène moi à la maison, juste toi et moi. S'il te plaît.
Je prends deux secondes à analyser les paroles de mon ami, puis me lève en sursaut, heureux de ses paroles.
- Prends tes affaires Loueh, on se tire d'ici !
Tout content, Louis s'exécute, et nous sortons discrètement de l'établissement, sans remplir les papiers de sortie. Louis a juste besoin d'air, il a besoin de respirer. Nous reviendrons sûrement demain après tout. Mais l'essentiel est qu'il soit là, à mes côtés, en cet instant.
Nous arrivons devant mon appartement, et je vois Louis sortir sans se poser de question. Pourtant, dans ses souvenirs, je ne dois pas habiter seul dans un appartement, je suis trop jeune. Et c'est en le voyant se diriger tout seul vers la porte de mon appartement que je fais le lien.
Louis a parlé au passé à l'hôpital. Un passé comme lointain.
Alors qu'il m'attend patiemment devant la porte, je commence à courir, et arrivé devant lui je le prends dans mes bras. Et je pleure.
Louis se souvient. Il a comprit que nous n'étions plus dans la même époque. Il a comprit que c'était plus que deux mois qu'il avait oublié.
- Haz, tout est encore un peu flou, mais j'arrive à me souvenir de certaines choses. Et je sais que l'on était en froid. C'est l'un de mes derniers souvenirs.
Je me détache doucement de lui, les yeux toujours brillants de larmes.
- Rentrons, et on en parle. Je répondrais à toutes tes questions.
Louis acquiesce, et nous pénétrons à l'intérieur de l'appartement. Je nous prépare des boissons chaudes, et nous atterrissons sur le canapé, en se regardant dans le blanc des yeux.
- Je me souviens d'une soirée en boîte. Je me souviens de toi à mon boulot. Et je me souviens d'un repas chez Liam. C'est tout. Les souvenirs lointains sont plus clairs, notre adolescence je m'en rappelle. Mais ce sont les événements de ces derniers mois dont j'ai dû mal à me souvenir.
- Eh bien.. Oui nous étions en froid. A cause d'une histoire assez... Assez.
Louis me regarde d'un air énigmatique, et moi, je rougis. Je ne veux absolument pas lui raconter notre nuit d'amour. Ce souvenir restera gravé dans ma mémoire à jamais, mais si Louis n'est pas (n'est plus) conscient de ce que cela représente, je ne veux pas qu'il s'en souvienne. Un rejet de sa part serait trop dur à supporter.
- Haz, j'ai besoin de... J'ai besoin de me souvenir.
- Ça va aller, avec le temps ta mémoire va revenir, je te le promets.
- Je sais, mais le médecin m'a dit que... des goûts, des odeurs, des touchers, des bruits... Tout ça pouvait permettre aux souvenirs de remonter.
- Que veux-tu faire Lou ?
Le-dit Lou baisse la tête, des joues se colorant. Puis, il lève les yeux, une lueur de détermination trônant dans ses prunelles.
- Je peux essayer quelque chose ? Tu me promets de pas m'en vouloir ?
- Je pourrais jamais t'en vouloir, tu le sais.
- Bien, alors ferme les yeux s'il te plaît.
Je m'exécute doucement, et je sens Louis se rapprocher de moi.
Il prend une de mes mains, et du bout de mes doigts, caresse sa joue, son cou, son torse. Il pose ma main sous son tee-shirt, au niveau de son coeur. J'ai envie d'ouvrir les yeux afin de comprendre, mais je respecte la volonté de Louis en les laissant fermés, même si je sens mes joues chauffer face à son toucher. Face à son corps.
A son tour, Louis caresse ma joue du bout des doigts, lentement. Trop lentement.
Et après un instant de pause, je sens son rythme cardiaque s'accélérer sous ma main.
Et ses lèvres se posent sur les miennes.
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Hi:)
Tout d'abord désolée du long temps d'attente avant ce chapitre !
J'ai une question pour le chapitre suivant : voulez vous du lemon ? Ou cela vous gêne-t-il ?
En espérant que le chapitre vous ait plu.
All the love.
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