Chapitre 24 : Tout en toi me brûle
J'ai profité de chaque seconde. Quand le soleil a caressé ma peau, quand l'eau de mer a chatouillé mes pieds nus, quand le sable s'est enfoncé sous mon poids, quand le vent m'a hérissé les poils. On a fait des concours de ricochets. C'est Cons qui a gagné. De peu. Son dernier lancé était incroyable. Impossible de rivaliser avec ça. Le galet a ricoché neuf fois avant de disparaître dans l'eau. On aurait dit un drone. J'étais juste derrière lui, en retard de trois points. Estéban avait moins d'expérience que nous. Il n'a pas passé ses étés d'enfance à faire des châteaux de sable et des roues comme Cons et moi, quand nous partions en vacances ensemble, avec ses parents. Il a jeté deux trois cailloux dans l'eau avant d'abandonner le concours. Il trouvait bien plus amusant de nous déconcentrer pendant nos lancés.
La plage était vide. Il faut dire que malgré le soleil, ce n'est vraiment plus la saison, mais aucun de nous ne s'est plaint du froid. C'était délicieux d'être seuls au monde, d'avoir le droit d'être heureux sans réfléchir à nos mots ou nos gestes, à la décence de nos jeux, de nos caresses ou nos baisers.
Il est tard, maintenant. Nous crevons de froid et nous sommes fatigués. On rentre à l'hôtel, décidés à nous faire apporter le dîner dans la chambre. Je crois que nous n'avons vraiment pas envie de rendre des comptes à qui que ce soit, de prendre le risque d'activer l'arbre avec plus de personnes, de prétendre devant les autres être seulement amis.
— Leurs pièces de viande font vraiment envie, mais je crois que je vais me concentrer sur les galettes, ce soir... Celle au boudin noir a l'air formidable. Ou alors une classique complète ? Et si j'inventais ma propre recette ? Vous allez manger quoi, vous ?
— Nous, on n'a pas appris le menu par cœur, Con.
— Vous n'avez pas le goût des bonnes choses.
— Oh... Détrompe-toi, glousse Estéban.
Il me met une main aux fesses qui n'échappe probablement à Cons. Je soupire.
— T'en rates pas une, toi.
— C'est vrai.
Cons nous devance pour ouvrir la porte de la chambre, indifférent aux provocations d'Estéban qui, non content de me peloter, en profite pour me mordre l'oreille. Je crois que le dîner va devoir attendre un peu.
— Dépêchez-vous ! Je meurs de faim !
— T'as pas le goût des bonnes choses, Con.
Cons s'enfonce en râlant dans la chambre, allume la lumière et s'immobilise au bout du couloir. Je n'y prête pas trop attention, au départ, jusqu'à ce qu'il dise :
— Heu... Bonsoir ?
Estéban et moi nous détaillons avec la même expression d'incompréhension, puis nous précipitons dans la chambre pour découvrir la réceptionniste de ce matin, assise sur le lit, le décolleté de sa chemise blanche assez largement ouvert pour que son soutien-gorge apparaisse.
— Vous ne m'avez pas appelée, alors je me suis permise d'entrer pour m'assurer que tout allait bien...
Nous restons interdis, les yeux sur la fille, ahuris et inquiets de la tournure inattendue que prend la soirée. Ma tête est pleine de synopsis, allant des plus loufoques aux plus effrayants, en passant par celui dans lequel elle sort un katana et nous... katanarde tous les trois. Cons est le premier à réagir. Il traverse la chambre, commence à fouiller dans nos affaires, déballe nos sacs un à un.
— Vous avez touché quelque chose ? Vous avez volé un truc ? l'incrimine-t-il.
— Non, répond-t-elle, surprise.
Il se redresse, rouge de colère, s'arrête en face du lit.
— Qu'est-ce que vous foutez là ? Comment vous êtes entrée ?
La fille recule sur le lit, recouvre sa poitrine de ses mains. Je vois la peur soudaine dans ses yeux. Je vois qu'elle réalise ce qu'elle a fait, le rêve dont le regard de Cons l'arrache. Elle avait vu entre eux une entente, un accord mutuel. Elle s'était prise pour la Carmen d'un Mission Impossible épicé. Elle avait cru qu'Estéban et moi serions sortis de la chambre en la voyant, ou qu'on l'aurait prise tous les trois, et voilà la réalité. Elle est presque torse nu sur le lit de trois clients dont elle a violé la propriété, et elle y risque son travail, peut-être même sa liberté. Je ne sais pas jusqu'où ce genre d'affaire peut aller. Mathis devrait pouvoir me renseigner, mais pour des raisons évidentes, je n'ai pas très envie de lui demander quoique ce soit. Ce que je sais, c'est que la panique dans les yeux de la réceptionniste est réelle. Elle bafouille :
— J'ai un pass pour toutes les chambres... Je... C'est vrai que c'est un peu cavalier, mais je... Je ne suis pas venue pour voler, je voulais...
— Vous voulez quoi ?
— C'est l'arbre, Cons.
C'est moi qui ai parlé. J'ai bien compris qu'absorbé par les vieux démons venus de la nuit où il s'est fait cambrioler, il y a cinq ans, il est à mille lieux de songer que cette fille a envie de lui. Je poursuis :
— Elle est venue pour coucher avec toi.
— Oh...
Il nous jette un regard perdu, se tourne vers la fille, incertain. Pendant un instant, je crois presque qu'il va accepter, qu'il a un peu envie, ou qu'il ne saura pas dire non. Je n'arrive pas à interpréter cette façon qu'il a de se mordre les lèvres, mais je suis bien conscient de ce qu'elle provoque en moi. Je suis jaloux. Je pourrais parier que c'est pareil pour Estéban.
— Je ne suis pas intéressé.
La fille est aussi désarçonnée que moi. Très jolie, entreprenante, elle ne doit pas avoir l'habitude d'être rejetée. Moi, je n'ai pas l'habitude de voir Cons rejeter qui que ce soit. C'est le mec qui dit oui, Cons. Pour l'aider, j'explique :
— En fait, on sort ensemble, tous les trois, alors...
Maintenant, on dirait qu'elle va fondre. J'ai tenté de dire ça le plus normalement du monde — et j'ai réalisé mes mots en même temps — mais un couple de trois garçons à peine adultes, c'est peu courant. Peu importe la façon dont on l'annonce, ça passe mal.
— Ah ? Ah, je... Je ne sais pas ce qui m'a pris, je suis désolée... Je ne savais pas que vous étiez gays, je vais... heu...
— Je suis pas g...
Cons est arrêté in extremis par Estéban, qui l'embrasse goulument. La fille rougit. Moi aussi. On devrait concourir pour la place de l'humain le plus proche de la tomate. Estéban s'en donne à cœur joie. Il fait défiler sa langue dans la bouche de Cons, qui n'a pas d'autre choix que de le suivre, un peu rouge, lui aussi.
— Même moi, je n'arrive toujours pas à lui résister après quatre d'amour, alors vous imaginez ! proclame Estéban avec un sourire radieux, quand il a terminé sa scène, toujours lové dans les bras de Cons. Ce charme discret, insoupçonnable... Dommage que monsieur préfère se faire titiller la prostate à grands coups de bite !
Cons s'étouffe et part tousser dans un coin. Je retiens de toutes mes forces mon éclat de rire. La réceptionniste se rhabille, plus empourprée que jamais. Elle a gagné le concours.
— Pardonnez-moi, messieurs... Je... Passez une bonne soirée.
— Salut ! lance joyeusement Estéban, tandis qu'elle disparaît dans le couloir.
Je laisse enfin aller mon fou-rire, me tords et tombe sur le matelas. Cons gît dans un coin. Estéban, en dernier maître de la situation, referme l'entrebâilleur sur la porte et nous rejoint, le visage grave.
— Bon... On n'est plus en sécurité.
Cons soupire, encore rouge, passe ses mains sur son visage.
— Attends... Avant toute chose, est-ce qu'on peut revenir deux secondes sur ce qu'il vient d'arriver ?
— Tu parles du baiser ou de l'histoire de la prostate ?
— De tout ! C'était...
— Tu vas adorer te faire titiller la prostate, bébé...
— T'es chiant !
— En attendant, j'ai fait sortir la nouvelle folle !
Un silence de plomb s'impose entre nous, tandis que nous prenons l'entière mesure des événements. Ce n'est plus une question d'éthique, mais de vie ou de mort. Si cette fille avait été dangereuse, armée, si l'un de nous lui avait fait face seul, alors...
— Putain...
— Ouais, comme tu dis, Ju...
— Elle était inoffensive, elle, mais imaginez qu'on tombe sur des tarés, des violents, des déviants sexuels, ajoute Estéban. Jusqu'à présent, à part pour Cons, l'affaire ne nous a pas touchés directement, mais il faut tout envisager, maintenant.
— Et puis j'ai l'impression que les effets s'amplifient, renchérit Cons.
Nous acquiesçons. Pour ma part, je me demande ce qui va advenir des gens sous emprise depuis longtemps. Si une seule journée peut provoquer de telles réactions chez une inconnue, dans quel état est Louise ?
— Vous croyez qu'on peut attendre jusqu'aux vacances ?
— Non, répondent-ils à l'unisson.
Nous repartons pour la Suède dans une semaine. La décision a été prise hier soir, pendant le dîner. On ne peut pas attendre plus longtemps, prendre le risque de se faire agresser, cambrioler, violer. On a passé ce début d'année tendus, à faire attention de ne se sentir attirés par personne, à ne pas regarder les autres dans les yeux, de peur de tenter le diable. Se contrôler à ce point est impossible, et je suis même surpris que notre malédiction n'ait pas pris plus de proportions. Depuis que Cons, Estéban et moi sommes amants, nous ne faisons, de toute façon, plus trop attention à ceux qui passent autour de nous. Moi, en tous cas, je ne veux rien d'autre qu'eux.
— Alors, ce petit week-end ?
Bertille me détaille avec un sourire en coin. Elle n'est pas prête pour ce que je vais lui raconter. C'est tellement croustillant qu'elle risque de s'y casser les dents. Je me remémore ces deux jours, du bain aux nuits serrés les uns contre les autres. J'ai dormi entre eux, dans les bras de Cons, avec Estéban dans mon dos. L'humeur était étrange, baignée dans la mélancolie d'un temps bientôt révolu.
Nous avons fait l'amour. Beaucoup. Je suis sous le choc du nombre de possibilités qu'offre une relation à trois. Estéban est parvenu à ses fins avec Cons. J'ai tout regardé dans un état proche de la transe. Ce n'était pas seulement la sensualité avec laquelle ils s'aimaient qui m'a mis dans cet état. C'est le bonheur qu'ils exhalaient à me voir assister qui m'a fait vriller.
— C'était b...
Je ne termine pas. Derrière Bertille, j'ai capté les yeux de Mathis. D'habitude, il ne se mêle pas de notre conversation, mais là, il me fixe avec des airs assassins, si bien que je n'ose plus continuer.
— On en parlera plus tard.
Elle suit mes yeux, tombe sur Mathis qui finit par se détourner. Elle hausse les sourcils, lui demande :
— Et alors, ton couple avec Gaëtan, c'est comment ?
Il fait mine d'être dérangé.
— On ne sort pas ensemble... C'est sympa. Il n'y a rien de très intéressant à dire. On n'est pas amoureux. On se réconforte à deux. C'est tout.
— C'est déjà pas mal.
Il souffle plus fort, passe ses mains dans ses cheveux, me fait de nouveau face et dit, les pupilles brillantes d'émotion :
— Je t'aime, Julien. Je ne m'en sors pas. Je n'arrive pas à arrêter de t'aimer. Je suis incapable de passer à autre chose. Je sais que ce n'est pas réciproque, que tu ne ressens rien parce que tu ne me connais pas, parce que je n'ai jamais vraiment cherché à me faire apprécier de toi. Et tu as raison. C'est toi qui es normal. Moi, je ne sais pas ce que j'ai. Je ne sais pas ce qui me prend, mais quand je te vois, quand je pense à toi, mon corps me fait mal tellement je te désire, tellement ton absence me fait souffrir. Je n'ai aucune explication à cet amour. Il vient de nulle-part. Du karma, du destin, je n'en ai aucune idée, mais je... Je...
Il s'arrête enfin, remarque les expressions étonnées des huit personnes devant lui, puis celle de Bertille, puis la mienne. Il murmure :
— Excusez-moi... Je ne voulais pas déranger.
Il m'observe encore, sans honte, comme s'il gravait mon image dans sa mémoire prodigieuse, puis il recommence à suivre le cours. Bertille me fait les gros yeux. Je réponds d'un geste qui signifie : « Je n'en sais rien ! » ce qui est faux, mais elle n'a pas besoin de le savoir.
A la fin du cours, Bertille s'éclipse en vitesse après m'avoir fait promettre de tout lui raconter dans les moindres détails. Je range mes affaires et m'apprête à sortir quand la main de Mathis se pose sur la mienne. Je tente de la retirer. Il me retient. La peine dans ses yeux m'est douloureuse.
— Je suis désolé pour tout à l'heure, mais tout est vrai... Je n'en peux plus. Ce que je ressens dépasse l'entendement. Je veux t'avoir dans mes bras, proche de moi, je veux t'embrasser, te faire l'amour. Gaëtan est très gentil, mais c'est à toi que je pense.
Sa sincérité me désarme. Il sent affreusement bon... Et dire que tout est parti de là, d'une simple odeur, d'un sourire lointain.
— Pardon, Mathis...
— Non, je t'en prie, ne t'excuse pas. Ton insouciance resplendit hors de toi, et le souci la ternit. Je t'aime, c'est tout. Tu n'en es pas coupable.
Je suis prêt à pleurer. Il garde ma main, la porte à ses lèvres, puis il s'écarte quand il m'a baisé les doigts.
— Tu es heureux ? demande-t-il.
— Je fais du mal autour de moi. Ça me pèse. Je suis terrorisé par le futur, effrayé de perdre ce que j'ai maintenant, de m'éloigner des gens que j'aime... Au-delà de ça, j'ai tout pour être heureux, et je sais que ça ne durera pas, alors j'essaye de tout savourer. Je crois que je suis dans une sorte d'euphorie, dans un état où je refuse de regarder en avant, en arrière, autour. J'ai l'impression d'être la personne la plus égoïste du monde.
— Pourquoi ?
— Parce que c'est ma faute, si tu crois que tu m'aimes... Ça n'a peut-être pas de sens pour toi, comme ça, mais tu n'imagines pas à quel point ce que je dis est vrai... Je vais régler tout ça bientôt, et tu m'oublieras, tu verras.
— Oh Julien...
Il caresse mon visage du bout des doigts. Je le laisse faire après avoir jeté un coup d'œil nerveux aux alentours pour vérifier qu'il n'y a aucun témoin. Je devrais peut-être m'écarter, mais j'ai l'impression de le faire déjà trop souffrir. Il a l'air d'avoir bien compris que je ne souhaite rien entreprendre avec lui, alors...
— Je ne veux surtout pas t'oublier.
Il a refermé ses mains sur ma nuque et s'est approché. Je ne sais pas pourquoi j'ai cru tout ce temps qu'il allait simplement me serrer dans ses bras. Il a fallu que nos lèvres s'effleurent pour que j'ai la présence d'esprit de me dégager. Je le pousse, m'écrie :
— Qu'est-ce que tu fais ?
Il heurte la table derrière lui, un peu sonné, mais pas fâché. Sa voix est toujours aussi douce quand il reprend la parole.
— Je ne peux pas m'en empêcher. Ton visage, ton odeur, tout en toi me brûle, Julien.
— Je suis désolé, mais je ne peux pas... Je n'ai pas envie de...
— Tu peux juste me laisser faire... Tu pourras dire que c'était ma faute...
Il a recommencé à marcher vers moi, très calme, très sûr de lui, tellement que je me mets à reculer, soudain, surpris d'être effrayé. Ce n'est pas à Mathis que j'ai à faire. C'est un désir brutal que je vois, exempt de conscience, d'éducation. Il n'est plus lui-même.
— Mathis...
— Je sais que je te plais un peu. Je te vois quand tu me regardes, quand tu me renifles. Tu imagines que tu es discret ?
Je déglutis. Oui, c'est ce que j'imaginais.
— Mathis, tu ne veux pas faire ça comme ça. Arrête.
— Je te désire à en crever.
J'ai reculé jusqu'au mur. Il se colle à moi, m'enlace de force, le nez dans mon cou, m'oblige à respirer son parfum sublime. Il bande sur ma cuisse.
— Laisse-moi t'embrasser... Juste une fois.
Il glisse face à moi et pose son front contre le mien. Son besoin de moi est si fort que je le sens me traverser. J'accepterais presque. Je réplique :
— Tu sais très bien que ça ne ferait qu'empirer les choses.
— Je sais, mais si tu as vraiment raison, si je cesse de t'aimer un jour, alors j'aimerais concrétiser au moins une part de mon amour avec toi, comme il faut, avec mon envie et ton consentement. Je ne me pardonne toujours pas ce que je t'ai fait dans les toilettes... Ça me hante. Je voudrais réparer ce souvenir de moi pour t'en laisser un meilleur, pour t'offrir quelque chose qui me ressemble, pour que toi, au moins, tu ne m'oublies pas complètement.
— Mathis...
— Dis seulement oui.
Je ne réponds rien. Mes lèvres sont sur les siennes. J'ai fini par me dire que foutu pour foutu, quitte à ne plus rien ressentir pour personne d'ici une semaine, autant faire maintenant ce dont j'ai envie. On ne construira rien, alors pourquoi se priver ? Il le veut. Ça me va. Je suis bien, blotti dans son étreinte musculeuse et virile, caressé par ses lèvres charnues. Je suis bien quand je le respire, quand son parfum me fait chavirer.
Il profite de ce baiser. Il me donne tout ce qu'il a. L'amour qu'il ne sait plus retenir me réchauffe et me frappe, me sauve, m'appelle à l'aide. Il s'accroche à moi, refuse de me lâcher, me rencontre et me quitte à jamais. Il me bouleverse. Cette passion fabriquée, même fausse, même fondée sur rien, elle me soulève parce qu'il y croit. Il croit en moi. En nous. Et il sait que je ne l'aime pas.
— Merci, Julien.
Il est terriblement dur, en bas. Il ne le cache pas. Si ça ne tenait qu'à lui, s'il n'écoutait que son corps et son âme, il me retournerait contre le mur et me pénétrerait à sec. Je vois qu'il hésite, qu'il y pense. Je le sens à ses mains qui me parcourent, à ses lèvres qu'il mord.
Il murmure :
— Tu n'en veux pas plus.
Ce n'est pas une question.
— Non.
— Si tu restes ici, je vais perdre la tête. Je vais faire des choses que je ne me pardonnerai pas.
Il finit par se décaler sur le côté, les yeux baissés, la mine douloureuse. Je ne bouge pas.
— Pars, Julien. J'ai peur de moi. Tu ne sais pas... Tu ne te rends pas compte.
Il garde ses yeux fermés pour ne plus me regarder, enchaîne :
— Je te suis dans l'école, parfois... Je t'ai suivi dans la rue. Comme Clémentine. Ou presque pareil. La plupart du temps, j'en suis à peine conscient. Je laisse mes pas me guider vers toi. J'ai besoin de toi. Plus ça va, et plus ça prend de l'ampleur. Je ne me reconnais plus. J'ai des pulsions violentes. Je veux savoir où tu vas. Je veux t'appeler, te parler. Je veux t'embrasser quand tu n'es pas loin. Je veux te prendre quand je te touche, et plus les jours passent, plus la raison pour laquelle je devrais respecter ton accord devient floue. Je donne tout ce que j'ai pour me maîtriser, actuellement, mais tu dois vraiment partir. Maintenant.
Je prends mon sac sans répliquer, désorienté. Je ne saisis pas complètement ce que je viens de foutre. Je ne saisis pas pourquoi j'ai fait ça. J'ai eu envie. J'ai déconné. Clémentine. Je dois sortir de là.
— Julien.
Mon « Oui » s'évanouit dans ma gorge. Je me suis immobilisé au sommet de l'escalier. Mes jambes tremblent. Je n'arrive pas à me retourner pour lui faire face.
— Ne reviens plus. Pas tant que je ne t'ai pas oublié.
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Julien est tellement bizarre dans ce chapitre... Il est du genre à se laisser porter par la vague depuis le début, mais là, ça prend des proportions improbables. Au début, je voulais qu'il s'enfuit. Les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Bref, on est en train d'arriver dans l'arc final du roman. Il est déjà beaucoup trop long ^^
Sinon, je tenais à vous informer que j'envisage de supprimer de nouveau Nigra Sum - BE10 de Wattpad. Vous êtes très peu nombreux à suivre ce récit (et pour le coup, ça me convient tout à fait), et j'ai peur que des personnes mal intentionnées tombent dessus, me volent mes idées ou me plagient. C'est déjà arrivé plusieurs fois, et depuis, je suis un peu parano. Comme Wattpad n'est pas la destination finale de cette histoire, et que j'ai d'autres aspirations pour elle, je ne suis pas convaincue que la laisser en ligne soit pertinent. Même s'il n'y a qu'un.e lecteur.trice dont je sais qu'iel suit ce roman-ci et Nigra Sum, je tenais à informer tout le monde de la nouvelle avant que l'histoire ne disparaisse pour de bon.
Bisous tout le monde ! J'espère que vous vous portez bien en cette période de trouble <3
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