Cassie Thomson

Aujourd'hui nous devons nous rendre à l'hôpital pour évaluer l'étendue des dégâts.

Nous sommes rentrés à la maison hier soir, malgré nos embrouilles de la journée. J'ai peur de dire quelque chose de mal et que Hugo démarre au quart de tour. Du coup je ne parle pas beaucoup, je parle que si Hugo me parle.

Nous prenons un taxi et nous rendons à l'hôpital.
En descendant du taxi, Hugo me prend la main. Je ne retire pas ma main et me contente de le regarder. Il me regarde aussi et me souris. Je serre davantage sa main :
      - Je ne veux pas rentrer pour entendre des mauvaises nouvelles... - Cassie
      - Il n'y a pas que des mauvaises nouvelles dans la médecine tu sais. - Hugo
      - Hugo... Je veux pas que tu partes de ce monde, je veux que tu restes avec moi. Je veux passer ma vie avec toi, avoir une grande famille, une maison, un petit chien... Je veux voyager avec toi, je veux te câliner, t'embrasser et faire l'amour avec toi jusqu'à bout de la nuit. Pourquoi la vie est si cruelle ? Pourquoi nous sommes amenés à être séparés à jamais ? Hein ? - Cassie

Lorsque je termine ma tirade je respire et explose de larmes. Hugo me serre dans ses bras. Quoiqu'il dise et qu'il fasse il sait que rien de tout ça n'arrivera :
      - Viens avec moi. - Hugo
      - Où ? - Cassie
      - Viens avec moi là-haut. On sera tous les trois ensemble pour l'éternité. - Hugo

Je me décroche de son emprise. Je suis complètement troublée par ce qu'il vient de me dire. C'est insensé de dire une chose pareille. Jamais je ne pourrai me forcer à mourir, il y a des gens qui m'aiment, j'ai une vie, bientôt un enfant... Je ne peux pas envisager de mourir avec Hugo... :
      - On va être en retard à ton rendez-vous... Allons-y. - Cassie
      - Oui... - Hugo

Nous entrons dans cet immense bâtiment que je déteste un peu plus à chaque venue ici. Nous empruntons le grand couloir qui rejoint l'ascenseur. Nous commençons à connaître le chemin à force...

Nous nous asseyons dans la salle d'attente où il n'y a personne d'autre que nous. Je prends un magazine qui se trouve sur la table et commence à le feuilleter.
J'en ai pris un au hasard sans vraiment regarder de quoi il s'agissait... Il s'agit des dépistages pour les cancers. Ça parle aussi des maladies génétiques, comme par hasard... Tout d'un coup j'ai un déclic :
      - Hugo... ? - Cassie
      - Oui ? - Hugo
      - Et si... et si Ewen attrapait cette fichue maladie... - Cassie
      - De la haut je ferais en sorte qu'il ne l'ait pas. Je vous protégerai. - Hugo
      - Je ne pourrai pas perdre la seule chose qui me restera de toi. - Cassie
      - Il te restera bien plus de chose que tu ne le crois. - Hugo
      - Ewen sera ce qui comptera le plus pour moi. À quoi d'autres tu penses ? - Cassie
      - Et bien... Tu verras, d'ici deux semaines... - Hugo
      - Tu parles de... mon herit... - Cassie
      - À nous Monsieur et Madame Koekelberg. - Médecin

*

J'attends dans la salle d'attente pendant que Hugo finit de passer ses examens. Ma jambe n'arrête pas de trembler. Je les tends donc et ferme mes yeux. Je pose mes mains sur mon ventre et prends des grandes inspirations pour me calmer.

Tout d'un coup, je sens Ewen qui bouge. Cela me redonne le sourire. Je caresse davantage mon ventre et j'ai l'impression que Ewen fait des figures de freestyle dans mon ventre.

La porte s'ouvre sur Hugo, il a perdu son sourire de tout à l'heure. Je me lève et avance vers lui :
      - Alors ? Ça s'est bien passé ? - Cassie
      - Non... C'est de pire en pire... Mon temps de vie se raccourci de plus en plus... Ils veulent me garder ici, jusqu'à la fin... J'ai dit non. - Hugo
      - Viens là. - Cassie

J'enroule mes bras autour de son cou. Je l'entends pleurer pour la première fois. Il n'arrête pas de renifler. Nous pleurons tous les deux au milieu de la salle d'attente où il n'y a toujours personne.

Il n'a pas voulu rester ici pour les quelques jours qu'il lui reste. Il veut passer le peu de temps avec nous. Il veut profiter de sa vie pour sa dernière semaine... :
      - On dégage d'ici, on n'y revient plus. - Cassie
      - Oui... - Hugo