Hugo Koekelberg

Je me souviendrai de ce jour toute ma vie. Il pleuvait sur Manhattan, c'était le 17 novembre et quelques flocons de neige se mélangeaient aux gouttes de pluie. C'était il y a 18 ans.

Ce jour là je suis allé à mon dernier jour d'école aux États-Unis, j'avais 11 ans et j'étais dans ma première année de collège.

J'adorais le collège, les cours, les professeurs. C'est assez bizarre mais même si j'étais plutôt mauvais élève j'ai toujours apprécié d'aller en cours, ce qui sort de la normalité...

J'avais pas mal d'amis, nous étions un bon petit groupe d'une dizaine de personnes.
Une personne était bien plus importante pour moi que les autres : Cassie. Cette fille je la considérais comme ma propre sœur, ma confidente, ma meilleure amie et je me souviens même lui avoir dit que j'étais amoureux d'elle. En y repensant je me dis que c'était complètement ridicule car je ne savais pas ce que c'était que l'amour.

Ce 17 novembre était un vendredi et ça faisait exactement quatre semaines que ma mère s'était faite enterrer à Rotterdam...

Je me souviens avoir énormément pleuré ce 17 novembre là. J'étais confronté au deuil de ma mère puis au fait de devoir déménager en Hollande et donc de devoir abandonner tous mes amis. Je ressentais beaucoup trop d'émotions...

Quand le dernier cours de la journée s'est terminé j'ai dit au revoir à tous mes amis, un par un. Mais la personne à qui j'ai dit au revoir au moins deux fois c'était Cassie. Je me souviens de ses larmes mélangées aux gouttes de pluies qui dégoulinaient sur nos visages, je me souviens de ses bras entourant ma taille et ce que je me souviens par dessus tout c'est ses paroles :
    - On se reverra Cassie. - Hugo
    - Je prierai pour que cela arrive Hugo. - Cassie

Malheureusement rien de tout ça n'est arrivé car nos chemins se sont complètement séparés. Je n'étais qu'en sixième et nous n'avions pas de portable et personne n'avait Facebook ou Twitter car rien de tout cela n'existait. Je n'ai donc jamais pu la retrouver.

Aujourd'hui, ce qui est le plus dur dans tout ça c'est de me dire que je ne me souviens pas de son nom de famille et que je ne pourrai jamais la retrouver même si je suis prêt à tout.

J'ai fait des recherches et tout ce qui va avec mais malheureusement ça n'a jamais été suffisant. On peut dire que j'ai abandonné mes recherches quand j'ai eu ma première copine à 16 ans.

Depuis je n'ai plus cherché à la retrouver car je me suis dit que c'était impossible de la retrouver en ayant que son prénom. Évidemment je me souviens d'où elle habite mais depuis le temps elle ne doit plus y habiter.

Je vais bientôt avoir 30 ans et je suis toujours célibataire mais je gagne bien ma vie. Beaucoup de personnes sont jalouses de moi mais d'autres sont fières de moi comme mon père et toute ma famille maternelle que je vois très régulièrement.
Je parle couramment le néerlandais grâce à ma mère qui me l'a appris, l'anglais car j'ai vécu à New York et je parle français depuis que j'ai 15 ans. Pour résumer, ma vie est plutôt cool et j'espère que ça va durer...

Je viens de rentrer dans la salle d'attente de l'hôpital. Aujourd'hui je passe une IRM pour voir si j'ai la même maladie qui a tué ma mère. J'appréhende énormément mais heureusement que mon père, ma cousine et mon meilleur ami sont actuellement avec moi.

*

De retour dans la salle d'attente nous attendons le médecin qui va nous recevoir dans son bureau pour parler des résultats.

Quelques minutes plus tard le médecin revient avec une enveloppe en main :
   - Vous pouvez me suivre messieurs Koakelberg. - Médecin

Mon père et moi suivons le médecin et traversons plusieurs couloirs. Nous prenons ensuite un ascenseur et atterrissons dans un hall. Nous traversons celui-ci puis finissons par entrer dans le bureau. Nous prenons place en face du médecin et attendons impatiemment les résultats même si nous avons très peur de la vérité...

Le médecin rapproche sa chaise du bureau et pose ses deux mains sur son bureau. Il relève ensuite les yeux vers nous et nous dit les trois mots qui me font comprendre la triste vérité :
    - Je suis désolé. - Médecin