Chapitre 55
PDV Lucy
Ça me reste dans la tête. Encore et encore. Ça tourne en boucle, ça ne part pas, comme une mauvaise chanson populaire dont on rêve de se débarrasser, mais que l'on ne cesse de fredonner contre sa volonté. Monstre. Tu es un monstre. Bordel. Pourquoi ? Pourquoi elle a dit ? Elle pouvait tout me dire. Mais pas cette phrase. Pas elle. Elle savait putain, ce que ça me faisait. Elle savait qu'elle me détruirai. Et pourtant elle a même pas hésité une seconde. Elle m'a balancé ça comme si tout lui était égal. Comme si je n'étais pas déjà au bord du vide, et qu'elle ne le savais pas. J'ai l'impression qu'elle m'a poussé elle même dans ce gouffre sans fond.
Et j'aimerai dire qu'encore une fois Matt me retiens de tomber. Mais j'ai peur qu'il n'y arrive pas toujours.
Je ne lui ai pas dit pour Alison. Avec Marie, il n'a pas besoin de mes petits problèmes en plus. Il le verra bien de toute façon. Aujourd'hui nous retenons en cours. Tous ensemble. Enfin, Marie, fraîchement rescapée, et vous ne savez pas à quel point cela me rassure, va rester à la maison sous les yeux aguerris de Josh, qui est désigné pour veiller sur elle. Ils ont mis en place un planning. Oui oui, un planning pour savoir qui reste s'occuper de notre petite Marie. J'ai bien sur voulu participer. Bien sur ils, enfin il, a refusé de me laisser seule. Donc je dois faire mes tours de garde en duo avec lui. Et faire les siens avec lui aussi. Il faut dire qu'il ne m'a lâché depuis hier soir. Il sais qu'il se passe quelque chose. Mais il ne m'a rien demandé. Je suppose qu'il a compris que cela avait un rapport avec un événement ayant eu lieu au lycée. Il doit donc avoir compris qu'il aura sa réponse sans me forcer à en parler. Toujours est tant qu'il a décidé de ne pas me lâcher. C'est pas comme si ça me dérangeais, mais j'ai peur que tout ça ne sois que pour le pari. Je sais qu'il a largement été mis de côté récemment, mais j'aurai toujours peur tant qu'il ne sera pas officiellement considéré comme caduc.
J'ai peur de m'enfoncer jusqu'à un point de non-retour dans ses sentiments qui sont nés en moi. Que ferais-je alors lorsque tout sera terminé ? Je ne me relèverais pas. Il est devenu mon pilier. Il m'a offert un toit, des amis, et l'impression de compter réellement pour quelqu'un. Et j'aimerai tellement que ce ne sois pas qu'une impression. J'aimerai me réveiller le matin sans me demander si il arrivera à gagner la troisième étape. Parce qu'il la gagnera un jour. Je ne résisterai pas longtemps et je le sais tout autant que lui. J'aime trop la sensation qu'il me procure lorsqu'il me touche. Celle qui naît dans mon cœur quand il me murmure au creux de l'oreille. Celle qui se répercute dans tout mon être quand nos peaux entre en contact, les frissons qui m'assaillent lorsqu'il m'embrasse. Je suis accro à toutes ses sensations qu'il est le seul à n'avoir jamais fait naître en moi. Il avait raison, il est mon premier pour tout. Quand à être le premier à me briser le cœur, je préfère ne pas ressasser sur cette option tout de suite. Je n'en ai pas besoin pour l'instant.
Lorsque je me réveille, c'est comme un automate que je me prépare à retourner dans ce que je considère maintenant comme mon enfer personnel. Mais après tout l'enfer n'est-il pas la place d'un monstre.
Je sens ses yeux dans mon dos quand je me lève, quand je m'enferme dans la salle de bain, quand je prépare mon petit dej'. Je sais qu'il analyse. Chacun de mes mouvements, comme pour savoir à quel moment je vais tomber. Mais après tout si il arrive à me rattraper avant que je ne me fracasse au sol sans être capable de m'en relever.
L'heure de partir arrive. L'heure de la confrontation approche. Va-t-il comprendre ce qu'il est arrivé ? Comment va-t-il réagir ? Je ne suis pas sur de vouloir le savoir. Parce qu'au fond j'appréhende. J'ai peur qu'il ne réagisse pas. Que comme celle que je considérais comme ma sœur, il se rende compte du monstre que je suis. Qu'il m'abandonne, comme tout le monde autour de moi le fais, comme je le mérite.
Remonté dans la chambre pour récupérer mon sac, je m'apprête à ressortir quand je constate qu'il s'est posté devant la porte, m'empêchant de sortir. Je plonge mes yeux dans les siens et le questionne du regard. Il s'approche de moi et passe ses bras autour de mes hanches, me rapprochant de lui. Je ne dis rien et le laisse faire.
- Parle moi. Tu ne parles plus depuis hier.
Un faible sourire naît sur mes lèvres. Je n'ai pas envie de parler, pourtant la lueur de tristesse dans ses yeux me fend le cœur.
- Je veux entendre ta voix.
Il pose son front contre mon épaule tandis que je fond à l'intérieur de moi.
- Pardon ...
Il relève la tête et un sourire sincère prend place sur mes lèvres quand je remarque l'étincelle qui brille dans ses prunelles.
- Ne t'excuse pas mon ange.
Son front se pose contre le mien, et cet instant magique me rempli le cœur et gonfle ma poitrine. Ces petits gestes veulent dire tellement plus que tout les mots du monde.
- Je ne sais pas ce qui t'es arrivé. Mais je te promet que je vais régler tout ce qui te rend triste amour.
Ce surnom. Je meurs intérieurement. Le sourire sur son visage me fait me liquéfier directement.
- J'ai une surprise pour toi.
Je lève un sourcil. Surprise ?
Il agite devant moi cette fameuse surprise, et j'ai envie de sauter de joie.
Lorsqu'il me tend le petit trousseau, mes doigts tremblent presque d'excitation. Les clés de la maison. Il m'a fait une clé de la maison. Ça peut paraître pas grand-chose, mais c'est une telle preuve. Il ne m'a pas invité ici juste pour ce foutu pari. Il me veut ici. Il veut qu'ici ce soit aussi chez moi. J'observe le porte-clé qu'il y a accroché. Une rose est désigné dans un métal argenté. Des petits cristaux noirs dessinent les pétales. C'est magnifique. Je relève la tête vers moi et il a l'air clairement satisfait de l'effet de sa surprise. Il pose sa main sur la mienne sur le porte-clé.
- Il est magnifique. Pourquoi celui-ci ?
- Black Roses.
Ses dents blanches m'éblouissent presque quand il me sourit. Il est heureux. Comme si ce porte-clé marquait une appartenance. Son appartenance sur moi.
- Merci.
Ma voix se brise sous l'émotion qui m'assaille. Il attrape mon menton de ses doigts et relève mon visage vers lui.
- Bienvenue chez toi.
Je fonce sur sa bouche. Ses lèvres répondent avec empressement aux miennes. Nos langues se cherchent, et des milliers de sensations explosent dans mon ventre quand elles se rencontrent. Elles entament un balais endiablé qui est interrompu lorsque l'air devient rare. On se regarde en reprenant notre souffle. J'aimerai réussir à savoir décrypter les émotions qui passent dans son regard. J'aimerai surtout qu'elles soient celles que j'espère. Les mêmes que les miennes.
Notre moment est coupé lorsque Jack hurle d'en bas « ON Y VA ! VOUS FEREZ DES BÉBÉS PLUS TARD !! ». Je rougis directement alors que Matt se penche à mon oreille.
- L'acte en lui même ne me dérangerai pas...
Je manque de m'étouffer alors que ce dernier ricane, fier de lui. Je lui suis plus rouge que jamais dans les escaliers, et ignore les rires moqueurs des personnes se trouvant en bas.
Assise dans la voiture, j'évite de penser à ce qu'il m'attend, et admire le petit bout de fer en le faisant tourné entre mes doigts. Black Roses.
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