Chap 7 : pdv Hailie (passé)
J'avais toujours aimé rire mais depuis quelques mois, je ne ressentais plus vraiment ce bien-être. Bien-être que j'avais pourtant toujours ressenti jusqu'à présent.
Qu'est-ce qui m'arrivait tout à coup ?
En fait, je me sentais mélancolique et parfois je me surprenais à rire par automatisme, juste pour faire plaisir aux autres, sachant pertinemment qu'ils s'attendaient à cette réaction de ma part. Mais j'en avais marre. J'ignorais pourquoi j'en avais marre mais était-ce vraiment important de savoir pourquoi ?
J'en avais marre. Point barre.
J'avais l'impression que je devais toujours avoir le sourire aux lèvres. Que c'était ma marque de fabrique. Et je voulais être à la hauteur des attentes de mon entourage. Mais j'en avais parfois assez de tout ça.
C'était une sensation étrange de ne plus rien ressentir. Ma vie n'avait pourtant rien pour me déplaire. J'avais des parents adorables, une magnifique maison, une chouette école. J'avais toutes les raisons d'être heureuse et pourtant, quelque chose clochait en moi.
Quoi exactement ? Je l'ignorais totalement. Je ne me comprenais plus vraiment moi-même.
Mon quotidien, je le subissais sans comprendre pourquoi. Je ne parvenais plus à savourer chaque instant comme avant.
Quelque chose avait changé en moi, mais quoi ? Était-ce ça l'adolescence ? Était-ce à cause de Liam, mon grand-père ?
Je scrutai le plafond de ma chambre. Petite, mes parents avaient collé des étoiles sur celui-ci pour m'aider à ne plus avoir peur du noir. Depuis, j'avais pris l'habitude de les compter. Cela m'apaisait quand je me sentais triste ou anxieuse. J'écoutais ma propre respiration, fixant mon attention sur le battement régulier de mon cœur. Il battait sans jamais s'arrêter. Battement après battement, à l'infini. Cela me fascinait de l'écouter et de me sentir vivante.
Pourquoi n'arrivais-je plus à savourer pleinement ma vie ? Pourquoi je me posais autant de questions qui ne servaient à rien ?
Parfois, j'oubliais de dissimuler ma tristesse en « public » et maman me dévisageait aussitôt avec préoccupation mais moi, je ne voulais pas en parler. Surtout pas avec elle. Elle qui se coupait en mille pour que je sois heureuse, pour que ma vie soit parfaite. Cela ne me donnait plus envie de parler.
Jill, ma maman, se serait tranché les veines pour moi, je le savais. Ce constat me gênait parfois, car il me paraissait logique que je ne serais pas toujours heureuse à chaque instant de ma vie.
J'avais le droit d'être triste, de commettre des erreurs, d'être déçue, d'être trahie ou tout simplement perdue. J'allais aussi faire des faux pas ou des mauvais choix.
Mais à cet instant, alors que je sombrais de nouveau dans cette soudaine nostalgie, je me levai de mon lit pour atterrir devant le miroir afin de m'y regarder fixement.
Je contemplai mes longs cheveux bruns bouclés, tout comme ceux de ma maman puis je scrutai mes yeux émeraude. Je me forçai à sourire.
D'un coup, je décidai de chasser cette tristesse inexplicable qui n'avait aucune raison d'être. Je ne voulais pas être malheureuse sans raison. C'était débile, illogique.
Je voulais rejoindre mes parents dans le salon et oublier tout ça.
Jill croisa mon regard et accueillit ma venue avec bonne humeur. Mon papa tourna également la tête pour me faire signe de venir à leurs côtés.
Cet accueil me toucha. Cette fois-ci, mon sourire était de nouveau sincère, sans aucun artifice. Franchement, mes réactions étaient tellement bizarres. Tellement différentes d'un moment à l'autre.
-Ça va, Hailie ? demanda Jill.
-Je crois que j'avais oublié la chance que j'avais, murmurai-je sans chercher à être comprise.
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