La nuit avait été rude.

Mon visage pâle ainsi que des cernes prononcés en étaient la preuve, mais Hailie était là. En pleine forme et en bonne santé.

La douleur était déjà oubliée et le petit bébé blotti tout contre ma poitrine me redonna le sourire. Elle était parfaite. Si belle alors qu'elle venait tout juste de naître. Je savais que je n'étais pas objective. Pour moi, elle était tout simplement magnifique.

Je serai davantage mon bébé contre moi. Elle sentait bon. Une odeur indescriptible que je découvrais pour la première fois. Je humai son parfum subtil et effleurai de mes doigts sa peau douce.

J'étais maman. Je n'en revenais pas. 

J'étais maman et heureuse de l'être étonnement. Je n'avais jamais imaginé ressentir cette joie un jour. Cela paraissait irréel.

Après de nombreuses discussions interminables, j'avais fini par avouer à mon mari que je ne voulais pas d'enfant. Au départ, il avait été choqué par ma confession puis il avait réussi à m'apaiser et à me faire voir les choses autrement. Gall avait eu raison de me faire changer d'avis. Je n'arrêtais pas de me le dire en contemplant mon bébé.

Il était en route pour nous rejoindre à l'hôpital, mais trop tard, Hailie avait été la plus rapide. Je savais déjà qu'il s'en voudrait d'avoir loupé ce moment incroyable, mais il n'y pouvait rien. Ce n'était pas de sa faute. Hailie était née en avance.

Tant pis, ce moment serait juste entre elle et moi.

Je fermai les yeux quelques instants, envahie par le sommeil, assommée par cette joie intense que je n'arrivais plus à canaliser.

Nous étions différents maintenant, Gall et moi. Fini les galères et la misère. Nous avions réussi à remplir notre compte en banque. Notre belle villa devait être dix fois plus spacieuse que notre petit appartement tout pourri du centre-ville. Nous avions les moyens de choyer notre fille, de lui donner le meilleur. Tout était parfait pour l'accueillir.

L'école, les copines, les jeux sur la plage ou les randonnées dans le nord, son futur diplôme, son permis de conduire, son mariage, ses éventuels futurs enfants. Je souhaitais tout ça pour notre jolie petite fille. Un avenir radieux.

Le petit bébé endormi respirait lentement au rythme de ma respiration. À cet instant, toutes les craintes que j'avais pu avoir venaient de s'évanouir. Il n'y avait aucun regret ni aucune déception.

J'étais la plus heureuse des mamans. Mais allais-je un jour regretter d'avoir changé d'avis ?

Cette nuit-là, alors je contemplais mon bébé endormi, je me jurai à moi-même de mettre tout en œuvre pour la rendre heureuse.

Je ne laisserais jamais personne lui faire du mal.