Il savait qu'il aurait dû parler, qu'il aurait dû tout expliquer dans les moindres détails. Il le savait.

Mais ce jour-là, face à son ancien bourreau, Hugues Macbeth, le fragile courage de monsieur Herbert s'était évanoui instantanément. Tétanisé par ses années d'enfance tourmentées, il s'était laissé dominer une fois de plus par la peur et par la colère.

La lâcheté avait gagné du terrain.

Non, il n'était pas de ceux qui agissaient toujours comme il le fallait. Il n'avait pas hérité de cette envie qui vous porte vers le bien. On lui avait si souvent répété qu'il était un raté ou un incapable.

Son chemin semblait déjà tout tracé, pour quoi en dévier ? Pourquoi changer ? 

Pour qui ?

Mélancolique, il s'en était retourné vers son vieux fauteuil. Une fois assis, il avait levé des yeux brillants vers le trottoir où elle ne passerait plus jamais. Instinctivement, il l'attendait, mais elle ne lui ferait plus jamais signe.

Hailie.

Pourquoi était-il né perdant ?

Pourquoi n'y arrivait-il jamais ? Alors que les autres, eux, semblaient y parvenir ?

L'ombre d'Hailie le hantera encore et encore.

Quelques longs mois interminables étaient déjà passés et maintenant, il devait supporter sa culpabilité.

Ses journées étaient dorénavant noyées par les regrets, par tout ce qu'il n'avait pas eu la force de réaliser.

Il n'y avait pas que pour Hailie qu'il avait eu tout faux. Il repensa à sa mère puis à sa vie parsemée d'objectifs manqués.

Chaque matin, il se levait avec des remords, toujours plus de remords. Et le poids ne faisait que s'alourdir davantage.

Mais comment réussir lorsqu'on est persuadé de ne jamais avoir droit au succès ?