Chap 46 : pdv Hailie (passé)
J'étais assise dans la cuisine, les yeux fixés sur mon grand-père, immobile dans son fauteuil. Il n'était plus comme avant depuis quelque temps. Le bonheur avait laissé place à la souffrance et ce constat me brisait complètement chaque fois que je le voyais.
Il avait pourtant été le meilleur des grands-pères, mais les souvenirs lui avaient été volés injustement. Ravagé par la maladie, il n'était plus lui-même, juste un spectateur d'un présent qui le perturbait.
-C'est injuste ! lâchai-je, révoltée.
Birdie se tourna vers moi alors qu'elle était affairée à préparer un gâteau. Elle remarqua mon regard mélancolique.
-Je suis d'accord avec toi, c'est injuste.
-Vous étiez si heureux ... soufflai-je, la gorge serrée.
-Les médicaments ne servent malheureusement plus à grand-chose.
-Il ne se souvient même pas de moi. Il ne se rappelle de rien ! Mes premiers mots, mes premiers pas, mon premier jour à l'école, mon premier récital de violon, mon premier tour à vélo. Quand il me regarde, je ne suis qu'une inconnue...
-Je sais, Hailie.
-Il ne se rappelle plus de maman, sa propre fille.
Je finis par me lever pour m'approcher de lui. Liam était toujours dans son fauteuil sauf lorsqu'il était allongé dans son lit. Je ne le connaissais plus que comme ça, assis durant de longues heures, sans bouger, sans comprendre ce qu'il faisait chez ces inconnus.
Parfois, quelques souvenirs reprenaient le dessus puis plus rien, comme si son cerveau s'asséchait soudainement. Vide, totalement vide.
Je saisis doucement sa main fripée. Dans un sursaut, Liam ouvrit les yeux pour tomber dans mon regard.
Je lui souris avec espoir.
-Grand-père ?
-Qui êtes-vous ? demanda-t-il d'une voix rauque.
-C'est moi, Hailie.
Il fronça les sourcils, effrayé. Son regard me glaça le sang. Il avait peur de moi.
-Non, je ne suis plus personne. Laisse tomber grand-père. Murmurai-je, anéantie.
Brusquement, je lui lâchai la main puis détalai en un clin d'œil. Traversant le jardin, je me mis à courir sur le trottoir. À courir de toutes mes forces. Juste pour oublier, pour ne plus jamais souffrir autant.
Je courus jusqu'à en perdre haleine.
À cet instant, je ne voulais être rattrapée par personne, juste fuir l'abîme qui s'était installé dans la tête de mon grand-père. Fuir la tristesse de ma grand-mère Birdie. Fuir la douleur de ma maman.
Fuir une réalité trop dure à accepter.
C'était donc ça vieillir ?
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